Question de Jean-Luc Crucke à Jean-Claude Marcourt
Question de M. Jean-Luc Crucke à M. Jean- Claude Marcourt, vice-président et ministre de l’Enseignement supérieur, intitulée « Difficulté pour les parents de choisir une filière d’enseignement supérieur adaptée aux compétences de leur enfant »
M. Jean-Luc Crucke (MR). – J’écoutais récemment une émission radiophonique fort intéressante de la RTBF sur l’enseignement supérieur et sa préparation. J’étais fort étonné par le nombre de questions. Le sujet intéresse beaucoup, à tel
point que l’animateur a d’ailleurs promis de revenir sur le sujet. Le débat était centré sur les filières qui préparent le mieux à l’enseignement supérieur,
hautes écoles et universités. Les statistiques citées se fondaient sur trois types d’enseignement secondaire : enseignement général, de transition et qualifié.
Un article de presse récemment paru dans De Standaard allait plus loin et divisait l’enseignement général selon les options. Il démontrait que les étudiants ayant opté pour les sections latin-sciences ou latin-grec en secondaire avaient
plus de chances de réussir leurs études de droit.
La Communauté française dispose-t-elle de statistiques
fiables pour analyser avec recul cette problématique
? Si oui, des paramètres pourraient-ils améliorer les données recueillies ?
Ne pensez-vous pas que l’information donnée aux étudiants en fin de secondaire pourrait être mieux ciblée et désamorcer certaines craintes ? Je suis convaincu qu’il existe « un complexe de la filière choisie », c’est-à-dire que certains jeunes
pourraient réussir des études qui leur plaisent mais ne s’y inscrivent pas par peur ou parce qu’on les en a dissuadés. Ne faudrait-il pas, monsieur le ministre,
créer un espace de dialogue et d’information qui permettrait d’envisager l’adéquation entre les études réalisées, les acquis et les ambitions de
l’étudiant ?
Peut-on réellement faire un lien direct entre un échec en première année d’université ou de haute école et la préparation initiale en fonction des filières
que j’ai évoquées ?
M. Jean-Claude Marcourt, vice-président et ministre de l’Enseignement supérieur. – Ordinairement, qu’il s’agisse des universités, des hautes écoles ou de l’enseignement supérieur artistique, l’enseignement supérieur en Communauté française
est accessible à toute personne disposant du certificat d’enseignement secondaire supérieur, le CESS.
Ce certificat s’obtient quelle que soit la filière fréquentée dans l’enseignement secondaire : général, technique de transition, technique de qualification,
professionnel ou en alternance – mais plus rarement – et également dans l’enseignement spécialisé.
On peut aussi l’obtenir en se présentant devant le Jury de la Communauté.
Au fil du temps, notre enseignement supérieur a également développé plusieurs modalités d’accès pour les personnes ne disposant pas du CESS mais
répondant à un certain nombre de conditions.
Notre enseignement est particulièrement ouvert et seules des conditions spécifiques entraînent la restriction. Nous défendons tous cet état de fait et pouvons en être fiers, mais il explique en grande partie le taux d’échecs, spécialement en première
année de baccalauréat. À ce sujet, les indicateurs de l’enseignement montrent que le taux de réussite des étudiants de première génération en première année de baccalauréat varie de 40 à 50 %; que les filles obtiennent en moyenne de meilleurs
résultats tout comme les étudiants qualifiés de « à l’heure », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas redoublé dans l’enseignement obligatoire. Les étudiants issus
de l’enseignement général réussissent proportionnellement mieux que les étudiants des autres filières.
Même si ces résultats s’expliquent par le fait qu’à de rares exceptions près, l’accès à l’enseignement supérieur en Communauté française n’est
soumis à aucun filtre, même si l’échec en première année de bac est en partie influencé par des causes exogènes – je pense à l’accès à la majorité et ce
que cela comporte, notamment en matière d’autonomie – nous ne pouvons nous contenter de cet état de fait.
Il est intéressant de constater que la situation ne s’aggrave pas. Nous notons une augmentation du nombre d’étudiants et le Conseil des recteurs
francophones relève que le taux d’échecs des élèves de première génération en premier bac est identique depuis vingt ans. Or notre enseignement
supérieur s’est largement démocratisé et amplifié. On compte en effet une augmentation d’étudiants de 30 à 40 % entre 1987 et 2007. La rentrée
2010 permet de constater que cette amplification se poursuit.
Le taux d’échecs demeure donc sensiblement pareil malgré cette massification de l’enseignement supérieur et l’ouverture à des publics moins favorisés
qui, voici peu, étaient moins enclins à accéder à l’enseignement supérieur. De nombreux experts, parmi lesquels des sociologues de l’éducation, indiquent
que loin de s’aggraver, le système montrerait plutôt des signes d’amélioration vu que cette massification des publics n’entraîne pas de baisse de résultats moyens ni de qualité de Certes, cet élément supplémentaire est loin d’être négligeable. Il ne doit cependant pas empêcher les pouvoirs publics de s’atteler à favoriser la
réussite du plus grand nombre d’étudiants tout en demeurant rigoureux sur les exigences à remplir.
Dans ce sens, je suis favorable à un test indicatif, non pour restreindre l’accès, mais pour informer l’étudiant et sa famille du stade où il se trouve
par rapport aux exigences attendues. Cela lui permettrait, à l’aide de la remédiation, d’atteindre les objectifs fixés. Je salue par la même occasion les
efforts fournis ces dernières années par les institutions d’enseignement supérieur pour renforcer l’information et la guidance de leurs futurs étudiants,
en organisant notamment des cours préparatoires durant les vacances scolaires ainsi qu’en offrant la possibilité aux élèves de rhétorique d’assister à certains cours. L’enseignement secondaire accomplit également des efforts, notamment via
les centres PMS et les impulsions données lors de la législature précédente, pour que soient menées des actions d’information et d’orientation des
élèves. Le décret « missions » jette les bases de cette politique et plusieurs pistes sont évoquées dans la DPC.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Vous confirmez les propos tenus durant cette émission ainsi que les impressions des parents qui interpellaient les animateurs de l’émission. L’ouverture de notre système est un élément de démocratisation de l’enseignement supérieur qu’il faut à tout prix défendre.
Il est rassurant d’apprendre que le taux d’échec ne s’est pas aggravé. Le chiffre reste cependant assez élevé et a un coût social. Je ne m’oppose pas à l’idée d’un test indicatif, mais cela demande une analyse plus approfondie. S’il s’avérait que ce
type de test n’améliore pas le taux de réussite, je plaiderais pour la mise en place d’un test éliminatoire.
M. le président. – Voilà qui clôt l’heure des questions et interpellations.
–
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