mardi 29 septembre 2009

Immersion réponse MD Simonet

Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de
l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale.
– Je connais votre intérêt pour l’immersion
et l’apprentissage des langues. Nous en avons déjà
discuté et analysé les paramètres qui influencent
son développement.
L’immersion reste un des profils d’enseignement
proposés en Communauté française. Tous
les parents ne font pas ce choix et tous les pédagogues
n’y adhérent pas. Donc tous les pouvoirs
organisateurs ne souhaitent pas l’organiser. Certaines
familles choisissent ce type d’apprentissage
dans l’enseignement fondamental sans vouloir le
prolonger. Par contre, d’autres le souhaitent.
De même, certains parents inscrivent leur
enfant dans l’enseignement primaire néerlandophone
sans prolonger ce bain linguistique lors du
passage dans l’enseignement secondaire. C’est un
choix.
Certains enfants quittent l’immersion parce
qu’ils y souffrent à la fin des six ans ; ils sont
confrontés à un rythme ou à un niveau d’exigences
qui ne leur conviennent pas ou à toutes sortes de
difficultés, a fortiori s’ils connaissent des difficultés
d’apprentissage « dys ».
J’insiste sur ces aspects pour souligner que
l’attente envers l’enseignement en immersion n’est
évidemment pas de même nature et de même ampleur
dans l’enseignement fondamental et l’enseignement
secondaire. Il n’en demeure pas moins
que des enfants ne trouvent pas de place pour
continuer dans la voie de l’immersion ou qu’ils ne
trouvent pas de place dans le réseau qu’ils souhaitent
rejoindre ou dans le profil d’école qu’ils
recherchent. Une fois encore, l’organisation d’une
filière d’apprentissage en immersion relève de la
liberté des pouvoirs organisateurs. La ministre ne
dispose pas vraiment des leviers légaux lui permettant
d’autorité de rationaliser la distribution de
l’offre par région, par réseau ou par type d’enseignement.
J’observe néanmoins que le processus d’augmentation
de l’offre s’amplifie. Du côté de l’enseignement
fondamental, on dénombre neuf imVERSION
PROVISOIRE
( 35 ) CRIc No3-Educ.2 (2010-2011)
plantations supplémentaires pour l’année scolaire
2010-2011. Depuis l’année scolaire 1998-1999,
nous sommes passés de 3 à 152 implantations, ce
qui représente, pour l’enseignement primaire, un
public de 11 023 élèves au 1er octobre 2009. Je
ne dispose évidemment pas encore des chiffres de
cette rentrée scolaire.
Dans l’enseignement secondaire, on dénombre,
pour l’année scolaire 2010-2011, dix établissements
supplémentaires, tous situés en Région
wallonne, dont quatre athénées organisés par la
Communauté française, cinq établissements du réseau
libre confessionnel catholique et un établissement
du réseau officiel subventionné.
Dans quatre cas, il s’agit de l’immersion en
langue anglaise. Ainsi, depuis l’année scolaire
1999-2000, nous sommes passés de trois établissements
à quatre-vingt-huit, ce qui représente un
total de 7 078 élèves au 1er octobre 2009, soit
2,07 pour cent de l’ensemble des élèves scolarisés
dans l’enseignement secondaire ordinaire.
Je relève également une donnée importante.
Au 1er octobre de l’année dernière, 791 élèves
étaient en immersion en sixième année primaire,
2 887 en première année primaire et 3 089 en
troisième année maternelle. L’effet d’entonnoir
que vous évoquiez est donc davantage à retardement
et on peut considérer que l’offre s’adapte
au niveau du secondaire. Il faut d’ailleurs espérer
qu’elle s’adaptera de manière progressive. Il est
vrai que les écoles secondaires sont de plus grande
taille et qu’elles peuvent plus aisément augmenter
le nombre de places disponibles que les écoles
primaires qui sont aussi parfois plus à l’étroit.
Chaque situation est différente.
Voici la répartition des écoles dans le fondamental
et le secondaire : en Brabant wallon, 31
pour le fondamental et 10 pour le secondaire ; en
Hainaut, 44 et 25 ; en province de Liège, 32 et 18 ;
en province de Namur, 27 et 11 ; dans le Luxembourg,
9 et 8 et à Bruxelles, 9 et 16. À Bruxelles,
on constate que l’ordre de grandeur est inversé.
Le libre choix de l’immersion suppose une
analyse préalable de la demande en fonction des
caractéristiques de la population scolaire, des
fonctions vacantes dans l’établissement puisqu’on
ne peut écarter un enseignant nommé pour organiser
une immersion, des garanties de recrutement
de personnel qualifié, d’un avis favorable
du conseil d’entreprise, d’une concertation dans la
zone d’enseignement et d’une décision du pouvoir
organisateur.
Il ne me paraît pas judicieux de supprimer ces
limites qui sont parfois des freins mais qui ont
le mérite de respecter le contexte local lors d’une
prise de décision.
Un forcing vertical, de type Top Down, n’est
pas non plus le bienvenu. En effet, si le processus
est lent et exponentiel, il se fait par adhésion pédagogique.
Si nous voulons atteindre un objectif de qualité
dans l’enseignement des langues pour tous,
nous devrions disposer des moyens budgétaires
permettant un travail en petits groupes. Or nous
constatons qu’actuellement, les groupes se composent
de 24 élèves dans le premier degré, de 27
dans le deuxième degré et de 30 dans le troisième
degré. Les organismes privés offrent de meilleures
conditions mais les contraintes que connaît la
Communauté française ne nous permettent pas de
scinder les classes.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Je partage le
point de vue développé par la ministre et je la remercie
pour les chiffres qu’elle nous a cités et qui
nous permettent d’avoir une vue précise de la situation.
Le maître-mot en pédagogie est l’adhésion
et il est également valable pour l’enseignement en
immersion. Il ne faut pas supprimer les conditions
d’adhésion, internes ou externes, qui sont essentielles
à la réussite de l’immersion.
Il est possible que l’effet entonnoir ne se manifeste
pas encore aujourd’hui mais plutôt à moyen
terme. Cela ne manquera cependant pas de se produire
si nous ne corrigeons pas le tir.
Je suis persuadé que l’enseignement en immersion
choisi par les parents représente la façon la
plus juste sur le plan social pour que les enfants de
toutes les conditions sociales puissent apprendre
deux ou plusieurs langues.
Je constate que l’effet d’entonnoir apparaît en
humanités sans que la cause ne dépende de votre
ministère ou des Régions mais d’un problème de
transports scolaires. En effet, des enfants peuvent
être exclus de l’enseignement en immersion si la
distance à parcourir est trop longue que pour utiliser
le transport scolaire. On recrée donc une inégalité
sociale entre les élèves dont les parents sont
plus disponibles et peuvent assumer des déplacements
supplémentaires et ceux qui ne peuvent se
le permettre.
On compte aujourd’hui 11 000 élèves en immersion
dans le fondamental et 7 000 dans le secondaire
; 70 pour cent d’élèves en immersion en
primaire poursuive ce type d’études. Il importe de
savoir si les 30 pour cent restants ne poursuivent
pas ces études par choix ou en raison d’une difficulté
sociale. Dans ce dernier cas, la situation serait
dramatique et il faudrait rétablir un dialogue

entre les entités, la Communauté française, la Région
wallonne et la Région bruxelloise. J’espère
qu’on prendra, à moyen terme, conscience de ce
problème.

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