Mme la Présidente. L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine, sur «les fouilles archéologiques du Blanc Scourchet à Ellezelles.» et l'interpellation de M. Crucke à M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine, sur «des fouilles archéologiques pour permettre la recherche du Trésor des Templiers.».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question et développer son interpellation.
M. Crucke (MR). Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, je pense que M. Senesael intervient également sur le sujet. Monsieur le Ministre, c'est un sujet qui me tient à c ur, j'ai la passion pour le sujet. On en avait déjà parlé ensemble une première fois, et votre réponse m'avait plu. Elle m'avait plu parce que j'avais vu que vous y aviez accordé un certain intérêt, pour ne pas dire un intérêt certain. Je reconnais bien là, outre le ministre du patrimoine, aussi un ministre qui a une certaine passion pour le tourisme, le développement de la Wallonie en général, parce qu'on peut y trouver un développement de la Wallonie.
Tout cela part d'un texte ancien - en plus, c'est cela qui est merveilleux, il y a de l'histoire, qui rejoint une richesse patrimoniale - qui s'appelle les Centuries, 4.000 vers, et que l'on peut dater de 1323- 1328. C'est un monsieur qui s'appelle Rudy Cambier, personnage qui vaut la peine d'être rencontré. Je lui ai même dit que je tenterais de vous réunir, - parce que je sais que vous connaissez la région et que vous aimez, de temps en temps, à des fins tout à fait privées, mais on peut aussi en venir à des fins moins privées, plus publiques... -, et de lui permettre d'exposer la manière dont il est arrivé à penser, pour ne pas dire affirmer, que le trésor des Templiers se trouve à Ellezelles, dans ce qui est sa propriété. Ce texte, en picard ancien, d'ailleurs très beau quand on voit certains éléments du texte, la calligraphie qui existait à l'époque. C'est extraordinaire. Il a été rédigé par un moine qui s'appelle Yves de Lessines et qui raconte comment trois hommes ont tenté de sauver le trésor des Templiers en le cachant - cela aussi, c'est tout un poème - en plein c ur de la terre des débats - c'est le nom qui est cité dans les Centuries -, une terre sans maître, au milieu du pays des collines, en plein centre d'un village qui a, au demeurant, pas mal de qualités sur le plan folklorique, qui est le village
d'Ellezelles. Quand on lit cet ouvrage - 4.000 vers, ce n'est pas rien - je ne l'ai pas lu entièrement, que les choses soient claires, mais je me le suis fait relater par M. Cambier, on est dans ce qu'on appelle un chemin initiatique où le côté visuel a une importance capitale. En réalité, on part d'un point à un autre et on déchiffre un point par rapport à un autre, notamment par le côté visuel. Il y a un élément de réflexion mathématique à faire, mais c'est la vue qui vous amène au point suivant. C'est vous dire si c'est important. Il faut savoir que les points de départ sont différents mais, depuis le XIVe siècle, cette vue qui permet ce chemin initiatique n'a jamais été obstruée. Il n'y a jamais eu, heureusement, de sceau qui aurait mis une construction en plein milieu, qui ferait en sorte qu'on ne puisse pas gérer ce chemin initiatique. Je l'ai fait. Ce n'est pas par curiosité, mais je l'ai fait un peu par égoïsme local ou chauvinisme local parce qu'une des stations finales qui permet d'arriver à Ellezelles et passe par la commune de Frasnes-Les- Anvaing, c'est Moutiers. Le petit village de Moutiers est déjà, en soi, toute une histoire, où il y a deux églises sur la place. Cela se voit rarement, un petit village avec deux églises. Donc, de là, j'ai essayé de faire ce chemin initiatique pour arriver au Blanc Scourchet à Ellezelles. Je vous assure, c'est merveilleux. Il y a d'ailleurs un chemin, un sentier balisé qui permet de suivre cela. C'est vous dire si cela ne date pas non plus de quelques semaines, de quelques jours. Il y a derrière tout cela une théorie fort importante et il y a cette route qui mène au Blanc Scourchet, l'une part de Paris, l'autre de La Panne, de Bruges, de Ninove, de Cologne, de Nivelles et de Cambron.
Tous les chemins mènent à la Croix Philosophe parce que l'endroit où l'on pense que se trouve le trésor des Templiers, c'est un croisement entre deux vieux chemins qu'on appelle la Croix Philosophe. Monsieur le Ministre, vous avez compris, c'est vraiment une histoire de vues, et quand je dis vues, c'est avec un V majuscule. Mon histoire aurait pu s'arrêter là si la bêtise humaine ou la cupidité matérielle de l'un ou l'autre ne faisait pas qu'avant cette dernière étape initiatique, la propriétaire, et chaque propriétaire fait ce qu'il veut, je ne suis pas là pour critiquer la propriétaire non plus, le but n'est pas celui-là d'ailleurs, mais la propriétaire a décidé de lotir un terrain qui se trouve face à l'endroit où on pourrait retrouver le trésor. C'est important par rapport à ce que j'ai dit en « terme visuel » parce que c'est vraiment en plein milieu du jeu de quilles. Et lorsque nous avions évoqué à l'époque ce dossier ensemble, vous m'aviez dit qu'il y avait des fouilles qui allaient être effectuées et qu'il fallait se montrer prudent et attendre de voir le résultat des fouilles. Le problème est que ces fouilles ont été réalisées et sont terminées sur le terrain qui est à lotir. Et là, je souris un peu parce que tout le monde sait que sur ce terrain, on ne va rien trouver, ce n'est pas là que se trouve le trésor, c'est sur le terrain de M. Cambier. Par contre, ce terrain a une certaine importance par rapport à tout ce côté visuel dont je vous ai parlé. On lotit ce terrain et on fout en l'air toute la trame du dossier de la recherche du trésor des Templiers, les centuries perdent leur valeur. C'est un crime patrimonial. On est vraiment pris entre un intérêt patrimonial qui est l'intérêt général, historique, et j'aurais envie de dire, plus qu'historique parce qu'on pourrait retrouver là un gisement en terme de tourisme intelligent dans la région et un intérêt plus particulier qui est celui de dire « je valorise un terrain qui m'appartient, c'est un terrain à bâtir». Cette demande de lotissement se fait quand même, c'est important de le dire, même si je ne suis pas toujours d'accord avec lui et le fonctionnaire délégué, je suis même plus souvent en désaccord, contre l'avis du fonctionnaire délégué, contre les recommandations du Parc Naturel des collines. Je sens bien qu'une commune dit qu'elle veut privilégier une sorte de richesse immobilière sur un patrimoine commun et historique. Monsieur le Ministre, il y a quelques éléments dans le dossier qui en dehors de ce qu'on appelle les Centuries, peuvent avec une dose raisonnable de confiance, vous faire dire que cela vaudrait la peine qu'on fouille sur le terrain de M. Cambier. Il a luimême, et c'est parfois un reproche qu'on lui fait sur le plan décrétal, je réponds peut-être à une remarque que vous pouvez me faire, mais il s'est prêté luimême à des sondages archéologiques par une firme anglaise Earth Sciences Systems Ltd qui est reconnue pour son sérieux, qui a vraiment pignon sur rue en la matière et qui a détecté du métal. On s'est arrêté à cela mais on sait bien aussi ce qu'on cherche dans le trésor. Il y a en tout cas une source d'informations intéressante. Je dis que c'est parfois un reproche qu'on lui fait parce qu'il a commencé de fouilles avant d'avoir l'autorisation de l'administration. Enfin, j'espère qu'on ne s'arrêtera pas à cela. Vous me faites «non» et donc, je suis très rassuré, parce que l'un ou l'autre fonctionnaire lui avait dit cela mais il fallait bien qu'il crédibilise la démarche aussi. Sans cela, ce dossier aurait peut-être été moins crédible tandis qu'avec cela, il l'est d'autant plus. Monsieur le Ministre, sachant cette vérité littéraire et historique, connaissant les essais qui ont été faits, je pense qu'à l'heure d'aujourd'hui, on devrait pouvoir se mettre d'accord sur l'un ou l'autre point et c'est pour cela que je veux vous poser ces questions. Est-ce que vous êtes d'avis qu'il faut sauvegarder ce site du Blanc Scourchet, et quand je dis sauvegarder le site, c'est en ce compris les terrains à lotir, et l'inscrire d'extrême urgence sur la liste de sauvegarde de la Wallonie afin qu'aucune construction et a fortiori aucun lotissement n'y soit possible, ne fut-ce que pour un délai limité? Je comprends très bien qu'on ne puisse pas dire à un propriétaire ad vitam aeternam qu'il a un terrain à bâtir qu'il ne pourra jamais l'utiliser si demain on prouve qu'il n'y a rien et que ce trésor est finalement une magnifique histoire mais sans fondement. Mais je pense quant à moi qu'elle a du fond. Peut-on, pour un temps limité, pendant un délai d'un an, dire qu'on ne touche à rien en termes de surface et d'aménagement du territoire? Est-ce que le ministre peut marquer son accord pour que ce site soit ensuite classé comme un site historique de premier plan? En tout cas, que la démarche soit effectuée pour aboutir à cette décision. Conformément a l'AGW du 17 juin 2004, le ministre autorise-t-il que soient effectuées ou en tout cas, je sais que la demande a été faite, j'ai vu M. Cambier qui a adressé tout le dossier à la fois à votre administration, à vous-même, au Ministre-Président Demotte également, des fouilles sur le terrain de M. Cambier qui permettent de mettre à jour les biens et les documents historiques que le terrain contient? Et enfin, parce que la dernière fois, vous m'aviez également parlé d'un rapport de l'administration que vous attendiez et je ne sais pas si ce rapport sur le terrain à lotir, et si c'est cela, je ne vous demande même pas le contenu du rapport parce qu'il n'est pas intéressant par rapport à l'historique dont je vous parle, mais si par contre, c'était un rapport plus conséquent sur le sujet, évidemment, il serait intéressant d'en prendre connaissance ou en tout cas, de ses conclusions. Voilà, Monsieur le Ministre où on en est. Vous savez, je ne vous le dis pas pour flatter votre ego, on sait très bien que ce n'est pas dans mes habitudes et je ne vais pas commencer aujourd'hui. Mais à tous les interlocuteurs que j'ai rencontrés dans ce dossier depuis quinze jours-trois semaines, je leur ai dit:« J'ai confiance en la décision du ministre. Sa réponse à la première question était une réponse intelligente et utile.». Je crains aussi, Monsieur le Ministre, de manière purement subjective, comme on peut faire une analyse d'un dossier où parfois on se dit que l'un ou l'autre ne joue peut-être pas dans la même cour, qu'au niveau de l'administration peut-être, certains ont tenté de circonscrire l'ampleur de ce dossier en limitant ce fameux terrain à lotir. Et ce serait vraiment dommage parce qu'on passerait à côté de la darse, si vous me permettez l'expression, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Mais dans ce cas, il faut savoir en casser quelques-uns, quitte à dire à l'Administration communale d'Ellezelles, et je sais qu'il y a sur le banc communal d'Ellezelles, mais n'en faisons pas une affaire politique de grâce, des personnes que vous connaissez, quitte à leur dire de prendre patience. L'enjeu vaut de vous demander cette patience, l'enjeu de ce dossier vaut la peine qu'on n'aille pas créer un lotissement qui foutrait tout en l'air s'il devait se réaliser. Voilà, Monsieur le Ministre, l'espoir que j'ai et que d'autres ont également en vous interpellant aujourd'hui.
Mme la Présidente. En fait, vous avez fusionné votre question orale et l'interpellation, c'est bien. M. Senesael a demandé à se joindre à l'interpellation de M. Crucke.
La parole est à M. Senesael.
M. Senesael (PS). Merci à M. Crucke pour son interpellation parce qu'au-delà des clivages politiques, cet enjeu pour la Wallonie picarde peut être d'importance, d'importance capitale, ne fût-ce qu'au niveau historique, au niveau patrimonial, et au niveau aussi de la connaissance de notre territoire. C'est l'asbl Yvo de Lessinis, chargée de l'organisation du chantier de fouilles du site du Blanc Scourchet à Ellezelles qui prépare un dossier de demande d'autorisation de fouilles archéologiques à l'endroit présumé être le lieu d'enfouissement du Trésor des Templiers, d'après le décryptage du texte des Centuries par Rudy Cambier, personnage ô combien attachant comme M. Crucke vient de le rappeler. À côté de cela, Rudy Cambier prépare aussi un dossier de demande de protection du paysage autour du Blanc Scourchet à Ellezelles, point culminant de la description de l'itinéraire emprunté par les Templiers dans les Centuries. Par parenthèse, je suis aussi attaché au dossier des Templiers puisque je suis natif de Saint Léger, la commune des Templiers à Etaimpuis avec un couloir secret qui reliait ou aurait relié l'église des Templiers de St Léger à la cathédrale de Tournai. En tant que professeur d'histoire, j'ai suivi aussi un peu l'itinéraire de ces templiers et à l'instar de mon collègue Jean Luc, j'y suis particulièrement attaché. Au vu des déboires survenus tout récemment,relatifs à la fouille du site à un mauvais endroit, puisje vous demander d'accorder une attention particulière à ces nouveaux dossiers que prépare M. Cambier à destination du SPW DG04 afin de faire enfin la lumière sur cette affaire du trésor. En particulier, j'attire votre attention sur le caractère tout à fait atypique de cette entreprise qui ne s'accommode pas de la marche d'un chantier de fouilles ordinaire, en ce qu'elle nécessite notamment des moyens techniques, électroniques ou magnétiques pour sonder préalablement le sol, ceci au vu des matières incroyablement fragiles recelées dans le sol. Si les retombées culturelles et touristiques engendrées par cette découverte étaient considérables, non pas seulement pour une commune mais pour toute une région, il faut savoir qu'à différents niveaux, elles se sont déjà fait sentir en particulier dans le développement d'un réseau de sentiers de promenades lié aux derniers chemins des Templiers. En effet, Monsieur le Ministre, des organismes publics, associatifs et privés, sont en train de monter ou de concrétiser des projets de voies lentes et durables, directement liés aux recherches de M. Cambier et qui s'inscrivent dans un projet de territoire durable. Je vous sais également sensible à tout ce qui est développement de la mobilité douce et notamment, le RAVeL, pour que vous soyez aussi particulièrement attentif à cette dynamique. Il y a d'un côté la promenade de Moutiers Wodecq, inaugurée en avril dernier, et qui emprunte le même parcours que les Templiers en 1307 d'après les Centuries. Il y a le projet de Sentier Rando des Templiers que prépare actuellement l'Intercommunale IDETA et la Maison du tourisme du Tournaisis, lesquelles prévoient un balisage et une fiche pratique dans le cadre de leur développement des sentiers de randonnée. La randonnée vélo transfrontalière Audenarde-Wodecq, une boucle de 62 kilomètres gérée par l'asbl flamande «Pottelberg» sera inaugurée au printemps prochain. Il y a la deuxième boucle autour de Moutier que les sentiers de grande randonnée inaugureront aussi au printemps prochain, et pour évoquer le secteur privé, il y a enfin le double projet d'Éric Domb relatif au personnage d'Yves de Lessinnes, quinzième prieur de l'Abbaye de Cambron, auteur présumé des «Centuries» entre 1323 et 1328. Il s'agit, d'une part, de l'aménagement d'une voie lente entre Wodecq et Brugelette qui relierait le point culminant décrit dans les Centuries à Wodecq, lieu de résidence de leur auteur, Cambron Casteau, l'actuel Pairi Daiza. Il s'agit,d'autre part, d'un son et lumière sur le site de Cambron Casteau retraçant l'histoire du personnage emblématique d'Yves de Lessines. J'ai voulu ainsi apporter un autre éclairage ou en tout cas complémentaire à l'intervention de notre collègue Jean Luc. Au vu de toutes ces opérations et aménagements, que ceux-ci soient en projet, en cours de réalisation ou déjà réalisés, n'est-il pas temps, Monsieur le Ministre, de mettre enfin les moyens nécessaires et adéquats et j'insiste sur «adéquats» pour percer le mystère du Blanc Scourchet à Ellezelles. Vous sachant tout à fait disponible à notre écoute et aussi favorable au développement de cette région, je vous remercie des réponses positives que vous ne manquerez pas de nous apporter.
Mme la Présidente. La parole est à M. le Ministre Lutgen.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. Merci Madame la Présidente, merci à M. Crucke, à l'excellent M. Crucke pour plagier Daniel Senesael qui a autant de qualités et d'attachement, c'est vrai, l'un comme l'autre, à votre région et même si je ne suis pas né à Moutiers ou dans un couloir reliant une cathédrale à une église en Wallonie picarde, je suis aussi attaché à cette région parce que je trouve qu'elle recèle d'abord de beaucoup trésors sur le plan patrimonial mais qui a aussi une culture d'entreprises, qui est dynamique et qui va de l'avant, et qui a aussi une certaine idée de l'accueil. Je ne peux évidemment que m'en réjouir. Au-delà de tout cela, M. Crucke, vous m'aviez interrogé sur ce sujet. Vous avez, avec beaucoup d'honnêteté, reconnu que nous avions bien pris votre demande en considération. En effet, il est certain qu'il existe un intérêt de ma part. En aucun cas, nous ne voudrions balayer cette demande d'un revers de la main. J'ai évoqué un rapport de mon administration que j'ai effectivement sollicitée après avoir entendu et lu beaucoup de choses dans la presse, parfois sans avoir moi-même l'information au sein de mes services. Différentes questions ont été posées pour essayer d'y voir le plus clair possible dans l'ensemble de ces éléments. Vous avez, avec beaucoup de talent, l'un et l'autre, parcouru l'intérêt sur le plan historique, patrimonial - à vérifier, sur certains points, je le souligne - mais aussi touristique. Bref, le rapport que j'ai sollicité auprès de mon administration nous informe que trois demandes de mise sur liste de sauvegarde et/ou de classement ont été adressées au SPW en date du 27 mars 2008, du 31 mars 2008 et du 23 septembre 2010. Toutes ces requêtes concernent des parcelles différentes. Deux d'entre elles, formulées par les propriétaires euxmêmes, portent notamment sur le classement de parcelles comme sites archéologiques. Malheureusement, ces demandes étaient incomplètes, ce qui a été précisé aux demandeurs qui n'ont pourtant pas donné suite aux sollicitations de mon administration. La troisième demande concerne les cinq nouvelles parcelles qui ont fait l'objet des sondages effectués le 23 novembre dernier. Ces parcelles ne sont pas propriété de la personne qui a introduit la demande. Le courrier adressé par le demandeur à mon administration, ainsi qu'à moi-même, précisait qu'une pétition nous serait envoyée. En effet, le demandeur n'étant pas propriétaire, sa requête doit être appuyée par une pétition qui rassemble la signature de 300 personnes inscrites au registre de la population de la commune où le bien est situé, s'il s'agit d'une commune comptant moins de 5.000 habitants. Je ne vais pas rentrer dans les détails des autres possibilités, c'est la formule la plus classique dans ce genre de situation. Bref, trois demandes ont été introduites, pour trois groupes différents de parcelles d'un même site; deux demandes portaient sur un classement mais étaient incomplètes, la troisième porte une inscription sur la liste de sauvegarde et est relative à un nouveau lot de parcelles. Toutefois, cette demande doit être appuyée par une pétition. Il va de soi que ce dossier a un grand intérêt, je ne dis pas le contraire. J'ai, moi aussi, entendu M. Cambier nous signaler que les fouilles entreprises ne servaient à rien, une autre localisation étant plus opportune. Je veux simplement indiquer qu'en ce qui concerne les fouilles, une demande d'autorisation a bien été introduite en 2001 par une asbl, qui n'est pas celle qu'on cite habituellement. Cette demande était incomplète, d'après les informations qui me sont revenues de l'administration. Sur cette base, mon prédécesseur a signé un arrêté ministériel de refus. L'asbl a introduit une requête en annulation, mais s'est finalement désistée. Concernant les recherches pratiquées par la société anglaise, dont on parlait tout à l'heure, à ma connaissance, et celle de mon administration, nous n'avons jamais reçu les rapports. Je vous fais part de ce que l'administration m'affirme officiellement et jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas de raison de ne pas lui faire confiance. Que ce soit en 2001, date de la première demande d'autorisation de fouilles, avant ou après cette première demande, nous n'avons donc pas les rapports en question. J'en viens maintenant aux sondages effectués par les services d'archéologie le 23 novembre dernier. La parcelle sondée a fait l'objet, d'une part, d'une demande de lotissement par son propriétaire, et d'autre part, d'une demande - comme vous le savez - d'inscription et donc, d'un éventuel classement pour intérêt historique et paysager, puisque les deux peuvent intervenir. Je ne vais pas reprendre vos propos sur ce sujet. L'objectif des sondages était de vérifier le potentiel archéologique en vue d'argumenter les deux demandes. Il est logique de vérifier ces éléments. Cette intervention consistait en 13 tranchées de 2 mètres de large sur 40 mètres de long, 60 centimètres de profondeur et distantes de 10 mètres chacune. Ce sont donc plus de 600 mètres cubes de terre qui ont fait l'objet de ce sondage. Deux sondages de 1,5 mètre de profondeur ont également été réalisés en vue d'une étude géologique. Aucun vestige n'a été trouvé, le terrain a été remis en état. Cette intervention s'inscrivait dans une démarche d'archéologie préventive, dont les priorités sont établies en fonction de la nécessité de libérer de toute contrainte archéologique des terrains à aménager. C'était bien l'objet de la demande. La demande ne portait pas sur autre chose que cela. Nous avons donc répondu et les choses ont été exécutées très rapidement, à partir du moment où l'information m'est revenue, et vous y avez contribué. Quant à savoir si rien n'a pu être trouvé dans ces parcelles, dois-je rappeler que ces deux demandes de classement introduites en 2008 concernaient une reconnaissance de parcelle comme site archéologique, j'insiste une deuxième fois sur ce point. Il me semble pouvoir dire que les services de l'archéologie ont rempli leur mission légale en matière d'archéologie préventive, mais ont également fait preuve de proactivité ces derniers mois et ces dernières semaines sur ce dossier. Compte tenu des précédentes demandes de fouille et de classement de certaines parcelles du site comme site archéologique, d'aucuns auraient pu faire le reproche de ne pas avoir effectué ces sondages. La moindre des choses était de le faire. Concernant l'autorisation de fouilles sollicitée par M. Rudy Cambier qui dispose, au sein de son asbl, d'archéologues et d'un équipement important, un courrier lui a été adressé, le 24 novembre dernier, par les services de l'archéologie. C'est moi qui ai demandé à mon administration d'écrire à M.Cambier pour lui expliquer les prescrits du CWATUP - auxquels vous avez d'ailleursfait référence dans votre interpellation - pour éviter toute mauvaise compréhension. Je comprends l'intérêt qui est le vôtre pour ce dossier et je le respecte parfaitement, mais il y a des procédures à respecter, qu'on se trouve à Ellezelles, à Arlon ou à Verviers. Je crois que tout le monde peut le comprendre. Une demande doit donc être réalisée en bonne et due forme. On a rappelé, malgré les années qui se sont écoulées pendant lesquelles il n'y a pas eu de demande - ce dossier étant en cours depuis 2001 - à M. Cambier l'ensemble des obligations qui existent, et elles ne sont pas non plus démesurées, pour pouvoir sonder dans les endroits qu'il considère comme les terrains les plus intéressants. C'est l'objet du courrier adressé par mon administration. Je la remercie d'ailleurs d'avoir envoyé les différents éléments pour que, non seulement, la procédure soit bien comprise, mais pour que l'administration et in fine moi-même puissions être sollicités et se prononcer. Je rappelle aussi que M. Cambier a quand même à sa disposition des gens de talents, dont vous MM. Senesael et Crucke, pour l'aider, le cas échéant, à rédiger les différents éléments. Je crois qu'il a aussi, autour de lui, dans son équipe, les outils à la fois intellectuels et matériels nécessaires pour pouvoir remplir et faire une demande en bonne et due forme. C'est donc sur base d'une demande que je pourrai - je l'avais d'ailleurs dit en aparté - prendre une décision. Sur base de cette demande, l'avis de l'administration sera sollicité, puis, je remettrai une décision. Je ne peux pas, comme cela, d'autorité - d'aucuns le voudraient parfois, mais beaucoup me le reprocheraient- décider qu'on vienne fouiller dans un jardin ou dans un autre. D'un coup de baguette magique, je pourrais alors aller voir dans le jardin de M. Senesael voir ce qu'on pourrait y trouver comme trésor, dossiers ou autres archives. Je dis cela par boutade, mais vous comprenez bien qu'il est normal de suivre les procédures et les respecter. Elles n'ont pas été imaginées pour rien. Il y a des raisons à tout cela même si je ne vais pas reprendre l'ensemble des éléments. C'est d'ailleurs M. Demurger, dans la préface de la réédition de son ouvrage consacré aux Templiers, qui disait: « L'histoire n'est pas figée, elle n'est pas non plus un éternel recommencement, elle fait son chemin, voilà tout». C'est une très belle phrase, cela permet d'être acteur de cette histoire, à condition de pouvoir, au travers de demandes, vérifier l'ensemble des éléments. Je ne suis pas resté les bras croisés puisqu'il y a deux éléments qui ont été réalisés depuis qu'on a eu le plaisir de parler de ce dossier. Les fouilles devaient être réalisées, une demande préventive ayant été clairement déposée sur le site dit archéologique. Cela a donc été fait. J'entends bien qu'il était prévisible de ne rien trouver mais je rappelle qu'il s'agissait de fouilles préventives, leur nom dit bien ce que cela veut dire. Par ailleurs, sur les autres parcelles, j'ai dit à mon administration de ne pas attendre que M. Cambier écrive pour lui expliquer les démarches qu'il doit suivre pour, le plus rapidement possible, solliciter une demande. Nous pourrons donc regarder l'ensemble des éléments à l'aune de ce qu'on pourrait, une fois qu'une décision sera prise, rencontrer sur le site. Voilà ce que je peux vous dire aujourd'hui et qui démontre combien il y a eu proactivité en la matière. L'intérêt réel mais il faut respecter les démarches dans toute demande et il n'y a pas lieu de faire exception dans le cas présent. Je compte continuer à faire preuve de réactivité et de proactivité au vu des délais et des enjeux. On continuera de la sorte tout comme mon administration, j'y veillerai. De toute façon, si je n'y veillais pas, je suis certain que, l'un comme l'autre, vous reviendriez en vue d'attirer mon attention sur une éventuelle absence de décision. Il nous faudra, néanmoins, le temps d'étudier le dossier et l'ensemble des éléments y afférant. Quoi qu'il en soit, la procédure a été réexpliquée le 23 novembre dernier. Je ne souhaite qu'une chose, c'est qu'une demande puisse être déposée dans les meilleurs délais par les intéressés et qu'on puisse prendre une décision très rapidement vu les enjeux très importants. Vous l'avez relayé avec une force extraordinaire, et je vous rends hommage en le disant. Désormais, mettez tous les moyens possibles pour faire en sorte que la demande rentre le plus vite possible. Chaque jour qui s'écoule depuis le 23 novembre dernier est un jour perdu. Je ne voudrais pas non plus qu'après, on me reproche de prendre trop de temps pour donner ma décision. Maintenant, cela fait déjà 15 jours que le courrier a été envoyé et, sauf erreur de ma part, - la demande ayant éventuellement pu rentrer ce matin à l'administration -, il n'y a pas eu de demande introduite à ce jour. En outre, au-delà du courrier, cela fait maintenant neuf ans qu'une première demande a été formulée. En toute hypothèse, mais c'est une autre discussion que nous devrions avoir. Quoi qu'il arrive, croyez bien que j'y serai attentif, vous l'avez bien compris au travers de mes propos. Sans tomber dans la passion qui l'emporterait, il nous faut aussi garder de la raison par rapport à un dossier comme celui-là, et rester rationnel. Avec la passion qui est la vôtre, et que je peux partager par rapport à une valorisation à la fois historique, littéraire et paysagère de cette zone, je crois que cela vaut la peine qu'on en reparle avec les différents acteurs concernés que ce soient les historiens, les archéologues, les opérateurs touristiques ou encore les communes concernées - elles sont nombreuses, puisqu'elles sont traversées par différents chemins -, afin de partager les points de vue. Nous devrions aussi y associer le Ministre Furlan car ce dossier présente indéniablement un axe patrimoinetourisme. Cette discussion peut venir in fine en raison de toute cette richesse patrimoniale, y compris en dehors du trésor des Templiers, puisque c'est toute cette zone qui a un riche passé. Partant de cela, et comme je vous le dis, c'est une discussion qui viendra en toute hypothèse par la suite, quel que soit le résultat des demandes. Et quoi qu'il en soit, j'espère que la demande viendra le plus vite possible. Quand on a consacré autant de temps à des recherches en information et qu'on est persuadé et convaincu que cet endroit recèle de trésors patrimoniaux, quels qu'ils soient, je trouve qu'il y a une responsabilité à introduire une demande. Je ne peux pas le faire à la place de qui que ce soit, tout le monde l'aura bien compris. Dès lors, que chacun prenne les contacts nécessaires, et je vous y invite, pour soutenir, le cas échéant, l'introduction de cette demande au niveau de la procédure et de la légalité par la ou les personnes concernées. J'aurai aussi une attention toute particulière par rapport à ce site.
Mme la Présidente. La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). Je veux sincèrement remercier le ministre pour sa réponse. Tout ce qu'il a dit sur le plan administratif est parfaitement correct et exact, conforme à la réalité. Il y a effectivement eu trois demandes, deux qui ont été jugées incomplètes et l'une qui visait des fouilles préventives même si on sait que ce n'est pas là qu'il fallait fouiller. Vous l'avez expliqué et je n'ai rien à redire par rapport à ces éléments. Je suis heureux d'avoir mené mon interpellation en collaboration avec M. Senesael. J'ai l'impression que c'est la preuve de l'efficacité d'une devise que connaît encore ce pays, à savoir « L'union fait la force». Avec votre aide, ce sera une union encore plus intéressante. Aujourd'hui, vous avez commencé par nous rappeler une vérité administrato-historique puisque c'est la réponse que vous deviez donner, ce n'est pas un reproche que je vous fais. Toutefois, deux éléments importants doivent être retenus dans ce dossier à l'heure actuelle.
Premièrement, nous devrons pouvoir, ne fut-ce que pour une période limitée dans le temps, neutraliser la demande de lotissement et deuxièmement, il s'agira d'effectuer des fouilles chez M. Cambier. Pour information, sachez qu'une demande vous a été adressée hier mais il est normal que vous n'en ayez pas encore eu connaissance. Ils ont essayé d'introduire leur demande dans les règles, deux demandes préalables ayant été jugées incomplètes. Tout cela prend donc un peu de temps et ne peut se faire en 24 heures.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. Madame la Présidente, puis-je ajouter quelques compléments d'information?
Mme la Présidente. Je vous en prie.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. Je vous en remercie. Soyons bien d'accord, l'un est lié à l'autre. Nous n'allons pas bloquer un lotissement si on constate finalement qu'il n'y a pas de vestiges sur le terrain, au-delà des fouilles qui pourraient être réalisées en fonction de la demande qui serait faite. L'un est quand même lié à l'autre.
M. Crucke (MR). Nous sommes bien d'accord que l'un est lié à l'autre. C'est bien pour cela que je vous demande un délai par rapport au lotissement. Je réclame ici un délai de suspension par rapport à cette demande et non pas une condamnation. Je pense que l'intérêt du dossier vaut la peine de suspendre quelque peu la demande relative au lotissement. Par ailleurs, la demande par rapport aux fouilles vous ayant été adressée hier, vous pourrez bientôt en prendre connaissance. Je vais aller plus loin dans mon raisonnement car votre réponse permet réellement d'aller jusqu'au bout du dossier. Je resterai donc attentif même s'il ne sert à rien de revenir tous les quinze jours en vous posant une question sur le sujet. Dès lors, je pense donc qu'il faut, premièrement, neutraliser la demande relative au lotissement et deuxièmement, effectuer les fouilles sur les parcelles désignées par M. Cambier. La demande vous ayant été adressée, j'aimerais savoir dans quelle mesure, Monsieur le Ministre, il ne serait pas intéressant que votre cabinet ou l'administration soit encore plus pro-actif et aide M. Cambier en lui indiquant ce qui doit être ajouté pour être complet et qu'on ne passe pas son temps entre des courriers envoyés et retournés, et qu'au bout du compte, on n'avance pas. Si votre cabinet ou votre administration pouvait apporter une aide pour compléter cette demande, ce serait une bonne chose. Si l'administration pouvait jouer un rôle actif dans la demande, ce serait des plus opportuns. Je m'engage également, dans la mesure où cette demande vous est arrivée, à réunir les Bourgmestres locaux impliqués tout comme les autres acteurs comme vous-même, Daniel Senesael qui m'a fait le plaisir d'intervenir aujourd'hui et des représentants de l'administration. Il s'agira de mettre tout le monde autour de la table et pour mieux « dépatouiller» le dossier au-delà des coups de téléphone et des
contacts informels. Je m'engage à le faire avant la fin de l'année ou au plus tard, au début de l'année prochaine, chacun ayant des agendas qu'il faut pouvoir respecter. Vous pouvez venir aussi, Monsieur le Ministre, et vous verrez que c'est un très beau coin où il y a plein de choses à faire. Pour votre campagne électorale, ce n'est pas inintéressant que vous veniez un peu dans les collines vous montrer. Je vous adresserai donc l'invitation, vous en ferez ce que vous voulez, et je le ferai également à l'égard du Ministre Furlan.
Mme la Présidente. La parole est à M. Senesael.
M. Senesael (PS). Tout d'abord, je vous remercie, Monsieur le Ministre, de ne pas avoir considéré les différentes demandes qui vous ont été adressées comme farfelues ou fantaisistes. Deuxièmement, je suis tout à fait d'accord avec vous pour respecter les démarches administratives indispensables dans ce dossier. Il faut absolument que les demandes parviennent en bonne et due forme. Par rapport à la proposition de M. Crucke, je ne peux qu'appuyer cette initiative. A cet égard, j'ajouterai qu'IDETA est le promoteur du tourisme dans la Wallonie picarde et qu'il peut donc aussi aider à mettre le dossier en place s'il le fallait. J'insisterai aussi de mon côté, on n'est jamais de trop. Troisièmement, je crois que Monsieur le Ministre a mis le doigt sur quelque chose de nouveau qui me paraît pertinent. En effet, si le dossier administratif doit être introduit en bonne et due forme et qu'il faut répondre à la demande de M. Crucke de geler, pendant une période déterminée, la demande relative au lotissement pour permettre aux fouilles d'être effectuées, il importe aussi de ne pas négliger la valorisation du patrimoine de cette zone et ce, en collaboration avec le Ministre Furlan. Je pense qu'on a parlé à un certain moment d'un rayonnement sur notre région avec les iguanodons de Bernissart, à la même enseigne, on peut se dire qu'il y a ici des niches de patrimoine et de tourisme, qui pourraient être développées et avoir un impact sur le développement économique de notre région, ce qui n'est jamais à sous-estimer.