dimanche 18 mars 2007

Esprit d'entreprise (suite) réponse du Ministre

03.02 Vincent Van Quickenborne, ministre: Monsieur le président, stimuler l'esprit d'entreprise en Belgique est effectivement une mission importante qui comprend trois composantes que j'appellerai "argent", "facilité" et "envie".
Des efforts considérables ont été faits ces cinq dernières années pour chacune de ces trois composantes.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'argent", vous n'êtes pas sans savoir que, depuis la réforme de l'État, la politique d'aide économique est une compétence des Régions, à l'exception du Fonds de participation fédéral qui met un certain nombre d'instruments à la disposition des PME. Je pense notamment aux prêts Starteo pour les nouveaux entrepreneurs et aux niveaux produits Initio et Casheo de ma collègue Sabine Laruelle.
Au niveau des Régions, différents instruments de financement se sont ajoutés ces dernières années, notamment les divers prêts garantis et la structure ARKIV de la société flamande de participation. Davantage d'argent est donc disponible pour les entrepreneurs qui débutent, mais il convient de rester vigilant, surtout en ces temps de crise économique et financière. De là la décision prise, la semaine dernière, par la commission des Finances de la Chambre visant à interpeller les chefs d'entreprise des différentes banques. Assurer un meilleur monitoring est une bonne mesure puisque le financement envers des starters et ceux qui veulent entreprendre doit être assuré.
En ce qui concerne l'aspect "facilité", nous avons accompli des démarches importantes ces cinq dernières années. Je pense, notamment, à la création des guichets d'entreprise et de la Banque-Carrefour des entreprises et à la centralisation, simplification et suppression de certaines formalités administratives relatives à la création d'une nouvelle entreprise. Une étape importante de la simplification administrative était l'informatisation de l'acte constitutif notarial qui est déjà une réalité depuis deux ans.
Grâce à cette réforme, la durée moyenne nécessaire pour accomplir les formalités administratives relatives au lancement d'une entreprise est passée de 56 jours en 2003 à 4 jours à l'heure actuelle. La Belgique se place ainsi en tête du peloton européen comme nous le montrent les chiffres de la Banque mondiale. Par ailleurs, le nombre de starters a augmenté de plus de 20.000 ces cinq dernières années puisque nous sommes passés de 49.693 starters en 2003 à 71.790 en 2008.
Enfin, il est indéniable que le troisième l'élément, l' "esprit d'entreprise", est moins développé chez nous que dans d'autres pays de l'Union européenne ou aux États-Unis par exemple. Lorsque nous rencontrons des étudiants, comme je l'ai fait moi-même il y a quelques semaines, et que nous les interrogeons, nous constatons que seule une minorité des jeunes ont envie de créer une entreprise. Il est vrai que c'est décevant. Cette différence s'explique en partie sur le plan culturel – et, en ces temps de crise financière et économique, le goût du risque va certainement encore diminuer – et, en partie, du fait du système de sécurité sociale.
Nous pouvons nous féliciter de bénéficier d'un système de sécurité sociale qui comporte beaucoup d'avantages et de sécurité pour les employés et les fonctionnaires. Pour les indépendants, c'est un statut plus précaire, mais qui a été amélioré ces dernières années en termes de pension, d'allocations familiales et de soutien aux indépendants. La différence entre la pension minimale d'un indépendant et celle d'un employé est de 40 ou 50 euros par mois. Il y a dix ans, on parlait de 300 euros nets par mois.
Chez les jeunes circule toujours l'idée que, quand on commence à travailler dans une entreprise, on reçoit une voiture, un téléphone, tout est réglé, tandis que c'est plus difficile quand on commence comme entrepreneur. Je peux en témoigner, parce que j'ai deux frères qui étaient des employés pendant des années. Ils ont démarré une entreprise il y a deux ans. Avec la crise économique, c'est encore plus difficile pour eux de survivre.
Des actions ont été entreprises pour les deux niveaux. L'entreprenariat fait partie des objectifs finaux de l'enseignement, avec le concours des différentes Communautés. Les jeunes sont ainsi confrontés à la possibilité de lancer une entreprise. Le statut des indépendants est également amélioré grâce aux efforts énormes de Sabine Laruelle qui est l'une des meilleures ministres des Indépendants. C'est UNIZO qui l'a dit. S'ils le disent, cela doit être correct!
Le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux ont entrepris bon nombre d'actions et un certain nombre de mesures supplémentaires sont reprises dans le plan d'action fédéral PME. Je pense notamment, monsieur Crucke, à l'introduction d'une nouvelle forme de société, la "SPRL Starter". On l'a vu en France, en Allemagne: c'est en diminuant le capital initial qu'on peut inciter des jeunes ou d'autres personnes à lancer une entreprise.
Quand on regarde l'index GEM (general entrepreneurial index), on voit que le niveau de la Belgique reste toujours largement inférieur à celui des autres pays. Votre idée de concertation avec les Communautés (pour la formation) et les Régions (pour le financement) peut être envisagée. Comme c'est actuellement la période des élections régionales, je vous suggère de l'organiser lors de la rentrée parlementaire.
Je pense que vous avez raison. Mettre sur pied plus d'actions serait positif, mais de tels changements ne se font pas en une seule législature. Nous avons facilité le lancement d’une entreprise. Nous avons vu les effets dans les chiffres, ce qui est bien, mais il nous faudra faire plus. Voilà pourquoi je vous ai présenté quelques idées.

03.03 Jean-Luc Crucke (MR): Monsieur le président, je veux sincèrement remercier le ministre pour sa réponse qui va bien au-delà des réponses stéréotypées.
Monsieur le ministre, je prends acte des renseignements que vous avez donnés par rapport aux efforts effectués et aux résultats. Mais vous avez aussi la modestie et l’intelligence d’être conscient du travail restant à faire. Je l’ai dit dans la question et vous l'avez répété dans votre réponse: il y a une compétence pour partie extrêmement régionale. S’il y a une chose sur laquelle nous sommes sur la même longueur d’onde, quel que soit le régime linguistique auquel on appartient, c’est l’importance de l’enseignement. J’ai toujours cru que l’enseignement, hormis tout ce qu’il peut apporter sur le plan individuel en matière de connaissances, avait ceci d'important: créer l’esprit de liberté, d’autonomie et d’indépendance, c'est-à-dire pouvoir se situer au-delà d’une voie dans laquelle on se trouve et de laquelle on n’ose pas dévier. C’est pourquoi je vous dis : "Mettez votre casquette de ministre de l’Économie, allez voir les Régions et lancez ce "PLAN ", dont les lettres pourraient correspondre au "Projet de LANcer l’activité".
Pour terminer, sincèrement, je pense qu'il y a en plus ce que les anglophones nomment "the second chance". La culture de la seconde chance est de se dire qu'un échec n'est pas un drame. On sait ce que sont les hauts et les bas en politique! Du bas, la meilleure façon d'arriver en haut est de vouloir remonter; mais en haut, la crainte est de redescendre. Il reste donc beaucoup de choses à faire: vous pouvez prendre la main!

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