Avenir Pac: reponse de Sabine Laruelle. La Chambre 22 10 2008
Sabine Laruelle:" Je suis quasi persuadée qu’on arrivera à un accord sur deux éléments : tout d’abord le bilan de santé qui nous occupe maintenant mais également sur l’avenir de la politique agricole commune après l’horizon 2013. C’était l’objet de nos discussions au conseil informel d’Annecy.
Je crois que le président du conseil, M. Barnier a eu raison de dire qu’il est important qu’on discute du fond avant la forme. Certains ont regretté, comme la commission, que l’on aborde déjà l’après 2013 alors qu’on est en plein exercice pour le bilan de santé.
Je crois qu’il est bien que l’on s’y prenne largement à temps. Comme vous le savez, je suis une européenne convaincue et la politique agricole commune est une des politiques qui est vraiment menée au niveau européen.
Même de façon emblématique, il est important que l’on puisse continuer à travailler sur cette politique agricole commune.
Quand on dit qu'il y a deux blocs qui s'opposent, tout le monde a en tout cas reconnu qu'il fallait une politique agricole commune et qu'il fallait pouvoir en discuter. Il est vrai qu'en ce qui concerne les modalités, les discussions seront beaucoup plus difficiles.
En ce qui concerne la crise alimentaire mondiale, vous parlez de flambée des prix.
Je crois que le problème en Europe, en tout cas, est que les agriculteurs qui étaient actifs dans des productions fortement couvertes par les organisations communes de marché – que ce soit le lait ou les céréales – ne se sont pas préparés à la volatilité des prix. Prenez les céréales, par exemple. On pouvait peut-être parler d'une envolée il y a deux ans mais aujourd'hui, on constate un véritable tassement voire un effondrement de ceux-ci. Je crois que ces agriculteurs doivent apprendre à travailler avec cette volatilité des prix, ce qui a toujours été le cas pour le porc et les fruits et légumes par exemple.
Aujourd'hui, on travaille au niveau mondial. Les prix sont fixés au niveau mondial. Il suffit qu'il y ait une sécheresse, une inondation dans un coin du globe pour que le reste du monde soit affecté. C'est l'une des raisons qui explique l'envolée du prix des céréales les deux années précédentes.
Nous sommes donc tous tributaires de l'ensemble de la production mondiale.
Le prix des céréales est, je le répète, en train de baisser fortement. C'est une très mauvaise nouvelle pour les agriculteurs. Cela pourrait être une meilleure nouvelle pour les populations qui dépendent du pain ou de produits issus des céréales pour vivre et survivre. Ce sont évidemment toujours les deux aspects qu'il faut pouvoir prendre en compte.
Je suis par contre contente que cet enjeu alimentaire vienne au cœur des stratégies et préoccupations. Il y a 3 ans d'ici, tout le monde critiquait l'agriculture en disant qu'on produisait trop et on obligeait les agriculteurs à mettre en jachère. On se rend compte qu'on aura toujours besoin d'agriculteurs et de producteurs alimentaires.
En ce qui concerne les gains de productivité au niveau européen, il y en a encore certainement qui sont possibles mais on arrive tout doucement à une certaine limite. Il faudra voir cela dans le cadre de la coopération au développement.
Pour rappel, avant le sommet de la FAO, nous avions discuté avec Charles Michel de deux propositions. D'une part, faire en sorte qu'une partie des fonds coopération soit préservée à la remise en route des agricultures locales dans les pays en voie de développement – Charles Michel me proposait 10% – et, d'autre part, on suggérait que si l'on travaillait avec de l'aide alimentaire, il faudrait aussi définir qu'une partie de celle-ci devrait être produite localement. C'est aussi une façon de créer des marchés, notamment en Afrique où on peut attendre des gains de productivité.
Pour résumer, d'abord, il est positif de discuter maintenant de l'avenir de la politique agricole commune.
Ensuite, les positions des pays sont connues: deux grands blocs apparaissent, certains pays sont plus soucieux que d'autres et leurs visions sont parfois bien différentes.
Troisièmement, la Belgique demande à maintenir les outils de gestion de l'offre: en effet, on peut se trouver en situation de pénurie, puis retomber très vite dans en surproduction.
Enfin, on ne peut aborder cette problématique de défi alimentaire mondial qu'en y associant la coopération et les pays en voie de développement.
05.03 Jean-Luc Crucke (MR): Monsieur le président, je remercie la ministre. Il est clair qu'on ne pouvait attendre de ces deux jours de réunion une solution pour 2013 et après. Le rapport que vous en faites me semble nettement non plus optimiste mais moins alarmiste que ce qu'on peut en lire dans la presse. C'est un élément dont doivent disposer les agriculteurs pour information plutôt que de s'inquiéter de ces divisions.
Deuxièmement, je partage votre point de vue sur la volatilité des prix. C'est réaliste. Cela dit, il conviendra d'insister encore sur l'importance de la diversité des cultures et des productions. C'est l'éternel conseil de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
L'incident est clos.
Het incident is gesloten.
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