Jeunes à haut potentiels: la Communauté française n'envisage pas pour l'instant les classes "kangourou "comme cela se fait en Flandre
8.7 Question de M. Jean-Luc Crucke à
Mme Marie-Dominique Simonet, ministre
de l’Enseignement obligatoire et de
promotion sociale, intitulée « Jeunes à haut
potentiel »M.
Jean-Luc Crucke (MR). – Voici une dizaine
d’années, le ministre Pierre Hazette lançait une recherche
sur les enfants à haut potentiel. Selon les
informations dont je dispose, les derniers chiffres
remontent à l’année scolaire 2007-2008. Il serait
donc intéressant de pouvoir les actualiser.
La Communauté française a préféré intégrer
ces enfants dans le système éducatif classique, avec
une possibilité d’accélération de leur cursus scolaire.
Le choix opéré par la Communauté flamande
semble différent. Elle a en effet créé des classes
réservées aux élèves à haut potentiel, appelées
kangouroe. Il serait sans doute intéressant, après
quelques années, de comparer le fonctionnement
du système de chaque Communauté. Disposezvous
d’informations suffisantes sur le système flamand
pour tirer des conclusions ?
Par ailleurs, les CPMS sont-ils vraiment aptes
à suivre en continu ces enfants à haut potentiel
ou estime-t-on qu’un soutien complémentaire doit
leur être accordé ? Enfin, l’expérience des enseignants,
élément capital et coeur de la réussite,
permet-elle de les encadrer correctement ?
Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de
l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale.– Les élèves à haut potentiel ont des besoins
spécifiques. Leur nombre est difficile à établir
et tous ne sont pas dépistés. Nous pouvons
cependant considérer que la majorité des élèves de
l’enseignement primaire qui se trouvent dans une
classe supérieure à celle correspondant à leur âge
sont des enfants à haut potentiel. Ils doivent bénéficier
d’un encadrement adapté pensé par les enseignants
et les équipes tridisciplinaires des centres
PMS.
Afin de les aider, une recherche-action interuniversitaire
a élaboré depuis 2000 un profil des
jeunes à haut potentiel, ainsi que des pistes d’action.
Elle a ensuite mis en place un réseau d’écoute
et d’accompagnement de ces jeunes et de leur famille.
Les professionnels de l’éducation et des PMS
ont également été sensibilisés au problème afin de
pouvoir identifier ces enfants le plus tôt possible et
de leur offrir le meilleur des accompagnements.
Depuis 2005, un site internet permet aux directeurs,
aux enseignants, aux éducateurs et aux
conseillers pédagogiques de prendre connaissance
des outils développés dans le cadre de la recherche
et de participer à un forum de discussion. Une
base de données reprenant une série de caractéristiques
des jeunes rencontrés a également été
construite. Cette recherche-action se poursuivra
en 2010-2011. Un budget de 75 000 euros a été
dégagé à cet effet. Ses objectifs sont l’écoute, l’accompagnement
et le soutien des acteurs de l’éducation
; l’organisation de formations continuées à
destination des professionnels ; la diffusion et la
formalisation de savoir.
Les acteurs de l’enseignement peuvent également
participer aux formations organisées par
l’Institut de la formation en cours de carrière. En
2010-2011, 63 participants se sont inscrits à des
formations spécifiques. Neuf membres du personnel
sont sur une liste d’attente. Il n’est pas impossible
qu’une session supplémentaire soit organisée.
Vu le succès rencontré par ces formations, l’IFC
proposera encore en 2011-2012 des sessions d’initiation
et d’approfondissement.
Je ne souhaite pas recentrer la recherche sur la
réanimation des anciens centres d’écoute. Ce n’est
pas le rôle des universités mais bien celui des acteurs
de première ligne tels que les CPMS. C’est
la raison pour laquelle la recherche a été prioritairement
axée sur la formation et la production
d’outils à destination des intervenants. Pour l’année
2011, j’ai proposé de faire voter un budget inchangé.
Ma priorité consiste à maintenir cette recherche
afin qu’elle produise des effets permanents
sur l’action des équipes de terrain.
Pour conclure, vous m’interrogez sur les
classes Kangourou qui permettent aux élèves à
haut potentiel de l’enseignement primaire flamand
d’accélérer leur cursus. Le temps ainsi libéré grâce
à ce modèle d’organisation leur permet de profiter
d’autres approches pédagogiques favorisant leur
épanouissement personnel, d’organiser des visites
culturelles ou des activités créatrices.
Ce dispositif prévoit de mettre à leur disposition
une classe réservée où, accompagnés d’une
personne formée, ils peuvent se ressourcer et
trouver un espace de dialogue. Toutes les écoles
peuvent volontairement et librement mettre ce
type de classe à la disposition des élèves à haut
potentiel pour leur offrir l’occasion, pendant une
durée minimale de quatre heures par semaine, de
travailler un projet, accompagné d’un enseignant
formé.
L’avantage de la formule est d’être accessible,
elle propose l’accompagnement d’un professionnel
formé, un lieu où se retrouver et travailler soit
en équipe soit seul. Mais elle a aussi des inconvénients.
Des élèves qui, au départ déjà se sentent
différents, risquent encore d’être stigmatisés. Gagnant
du temps dans l’apprentissage de matières
ardues pour les autres, ils sont autorisés à sortir
de la classe pour faire du sport ou participer à
des activités culturelles. En outre, seuls les élèves
disposant d’un QI de 130 défini sur la base des
tests, motivés, possédant une bonne estime d’euxmêmes
et n’ayant aucune difficulté à rattraper la
matière en cas d’absence, bénéficient de ce régime
de faveur. Or le critère du QI n’englobe pas toujours
tous les types de profils d’élèves à haut potentiel.
Le principe d’un accompagnement adapté est
intéressant et mérite réflexion. Ce projet a déjà
fait l’objet d’un débat entre mes conseillers et
les responsables de l’association EHP-Belgique.
Nous n’envisageons pas de créer des classes ou
des écoles spécialisées mais plutôt de permettre à
des membres du personnel, spécialement formés à
l’accompagnement d’élèves à haut potentiel, éventuellement
issus de l’enseignement spécialisé, de
soutenir les enfants et les membres du personnel
des écoles ordinaires où ils sont scolarisés, selon le
modèle d’accompagnement prévu par le décret sur
l’intégration.
Vous parliez d’intégration au début de votre
question. Nous avons en effet opté pour un modèle
d’intégration mais il faudrait peut-être pousser
plus loin la réflexion en prévoyant la présence
d’un enseignant à raison de quatre heures par semaine,
un peu sur le modèle de la classe Kangourou,
et envisager une prise en charge de ces besoins
spécifiques grâce à un accompagnement personnalisé.
Il est évident que cette réflexion doit intervenir
dans le cadre des moyens budgétaires disponibles.
Idéalement, de nouveaux moyens devraient
être dégagés.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Je vous remercie
pour votre réponse, madame la ministre et je
comprends vos réserves budgétaires. Les réponses
au problème restent théoriques. Cependant, vous
semblez ouverte à une évolution du système. Le
système instauré en Flandre est encore un peu trop
neuf pour en tirer toutes les conclusions.
Pour ma part, je suis favorable à la mixité,
sans pour autant en faire un principe intangible.
Le système de la Communauté française est assez
souple et permet à l’élève de progresser plus
rapidement. Le principe de l’accompagnement est
à retenir le jour où nous disposerons de moyens
supplémentaires. Cette question devrait être mise
à l’étude au sein du groupe de recherche en charge
du dossier.
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