« Phénomène du harcèlement au sein du milieu scolaire »
1.1 Question de M. Jean-Luc Crucke à Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale, intitulée « Phénomène du harcèlement au sein du milieu scolaire »
M. Jean-Luc Crucke (MR).
– Le phénomène du harcèlement, qui n’est évidemment pas propre au milieu scolaire, est souvent flou, peu aisé à cerner et ses conséquences sont difficilement quantifiables.
A l’évocation de ce problème en milieu scolaire, on imagine diverses situations de harcèlement entre enseignants et élèves ou inversement, entre élèves ou encore entre enseignants. Le phénomène revêt différentes formes. Cependant, ce qui est récurrent est que l’un se croit faible, l’autre fort. Le fort stigmatise les faiblesses de l’autre. Cela aboutit à ce que la personne harcelée commence à souffrir de sa différence. Cette situation peut mener au décrochage scolaire, au mal-être, voire,
dans des cas extrêmes, au suicide.
Quelles réponses peut-on apporter ? Y a-t-il des études sur le problème, plus particulièrement en milieu scolaire ? Ces études ont-elles conduit à définir des réactions appropriées, précoces ? L’absence de réaction rapide amène en effet souvent la victime à s’installer dans le silence, la peur, la passivité.
Comment les directions scolaires réagissent-elles ? Répercutent-elles ce genre de faits auprès des instances judiciaires ? Quels conseils prodigue-t- on aux directions d’écoles ? Quel encadrement propose-t-on à la victime ?
Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de
l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale.
– La question du harcèlement est préoccupante au même titre que toute forme de violence à l’école. Comme je l’ai fait savoir en réponse à de précédentes questions parlementaires, mon administration met progressivement en place, en concertation avec des acteurs de terrain, un plan d’action visant à garantir les conditions d’un apprentissage serein, le Pagas.
Une des mesures prévues par le plan pour que l’école garantisse un apprentissage serein, ce qui fait partie de ses missions essentielles, est la création
d’un observatoire de la violence scolaire.Ce type de violence ou de harcèlement peut revêtir différentes formes : garçons envers des garçons, garçons envers des filles, filles envers des filles, filles envers des garçons... L’observatoire de la violence
scolaire devrait, entre autres, permettre de récolter des données quantitatives et de développer des indicateurs de violence voire de décrochage scolaire, lorsque le harcèlement induit la peur de se rendre à l’école. La mission de l’observatoire
est d’analyser qualitativement et statistiquement le phénomène afin de mieux le comprendre, de distinguer les différents types de violence
ou de harcèlement et de proposer des réponses adaptées.
Les réseaux sociaux, les messageries instantanées,
l’internet et Twitter favorisent de nouvelles formes de harcèlement auxquelles nous ne sommes pas encore habitués. L’observatoire devra bien entendu en tenir compte dans ses analyses.
Une autre mesure de ce plan, particulièrement pertinente dans la lutte contre le harcèlement entre élèves, consiste à former les élèves à la médiation
scolaire. En effet, des formations réalisées dans certaines écoles ont révélé une capacité surprenante de responsabilisation chez certains élèves.
L’idée centrale de la mesure se fonde sur la conviction que les élèves, s’ils sont accompagnés, sont souvent compétents, ou susceptibles de le devenir,
pour assumer les conflits dont ils sont les auteurs, les victimes ou les observateurs. Il ne faut toutefois pas perdre de vue le devoir des adultes
dont le rôle est bien sûr de responsabiliser les élèves. Même dans l’enseignement fondamental, l’équipe pédagogique a constaté beaucoup moins
de violence dans les cours de récréation. Une telle mesure ne s’improvise pas : elle se travaille et se construit. Chaque génération doit se familiariser
avec ce système.
L’installation de cet observatoire et l’ensemble des mesures du plan Pagas, présentées sur le site www.enseignement.be s’ajoutent aux moyens
déjà à la disposition des enseignants, des éducateurs, des chefs d’établissement et des équipes des CPMS. L’institut de formation en cours de carrière
propose régulièrement des formations sur le sujet.
Les autres services de mon administration, les médiateurs scolaires et les équipes mobiles peuvent aussi utilement renforcer l’action des acteurs de
première ligne.
Ce n’est pas toujours facile car les enseignants et les équipes pédagogiques sont régulièrement confrontés à des soucis et tracasseries. Certaines
actions, groupées ou isolées, sont beaucoup plus perverses qu’on ne l’imagine. Il faut donc que des équipes spécialisées travaillent avec les acteurs de
première ligne pour traiter ces cas particuliers. Le phénomène existe aussi ailleurs qu’en milieu scolaire, par exemple à La Poste.
Ces services sont accessibles aux victimes qui y trouveront l’aide et le soutien de professionnels.
Mon objectif est de valoriser les compétences de chacun et de prendre le temps de la construction de relations constructives.
Quant aux sanctions et dénonciations éventuelles auprès des autorités judiciaires, tout est dans la mesure. Des problèmes peuvent survenir
au sein d’une famille. Il arrive, par exemple, qu’un des enfants de la fratrie soit dominant, sans qu’il n’y ait de dérapage. S’il y a dérapage, il doit être
porté à la connaissance des autorités judiciaires.
Cela relève de la compétence des équipes éducatives et enseignantes, des directions, des pouvoirs organisateurs. Il leur appartient d’opter pour la
mesure adéquate. Le recours à la justice n’est évidemment jamais souhaitable, mais parfois nécessaire.
Il faut en effet que les jeunes sachent qu’il n’y a pas d’impunité et que la vie en société implique des limites.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Votre réponse
me satisfait. L’observatoire permettra une meilleure connaissance du phénomène. Vous relevez également l’importance des réseaux sociaux sur l’internet qui ont tendance à amplifier ce qui se passe à l’école et à étendre le harcèlement hors
les murs de l’établissement.
Libellés : à l'école, harcèlement
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