vendredi 18 juin 2010

TOURNAI, Pont-des-trous: on s'enlise

Compte-rendu intégral de la question parlementaire de JL Crucke et réponse Ministre Lutgen. Namur 16 juin 2010


M. Crucke (MR).
- Pour ce dossier « Pont des Trous » je peux maintenant l'appeler « éternel et inamovible », tellement nous en avons parlé. On a beau en parler ici, ce Pont des Trous ne bouge pas, il reste là et on se demande si à un moment ou un autre, ceux qui doivent co-décider en la matière - mais je dirais qu'à titre principal, ils sont, malgré tout, ceux qui doivent prendre la décision - la prendront un jour.

Vous vous souviendrez des discussions que nous avons eues ensemble. C'est clair que ce Pont des Trous pose, nonobstant sa qualité architecturale, un grave problème à la fois pour le développement fluvial dans le cadre du trafic Seine-Nord-Europe mais aussi pour le développement tout court du Tournaisis et j'oserais dire de la Région wallonne.

Le 19 avril dernier, nous convenions qu'il était temps de mettre fin à la récréation et vous invitiez la Ville à prendre ses responsabilités. Nous sommes deux mois plus tard, le Pont des Trous n'a toujours pas bougé, la Ville n'a toujours pas pris ses responsabilités.

L'ensemble des observateurs de ce dossier pensait que la Ville attendait la Journée du transport fluvial et de l'intermodalité en Wallonie, qui s'est tenue à Tournai le 2 juin dernier, pour avoir l'occasion, puisque effectivement on est en plein dans le sujet, d'annoncer la décision prise à l'égard du Pont des Trous. Comme Sainte Anne, les observateurs attendent toujours !

Du côté communal, le Bourgmestre se limite à déclarer : qu'il attend les résultats des études sur le site pour les étudier - ce qui à mon avis prendra un bout de temps - ensuite avec le Gouvernement ». Tous ceux qui ont entendu cela sont venus pour rien à Tournai puisque aucune décision n'a été annoncée. De quelles études s'agit-il ?

Auriez-vous, par hasard, oublié de communiquer à la Ville les études réalisées par la Région wallonne, qui sont complètes, qui sont, je dirais même, très intéressantes, ce qui permet de prendre une décision et que vous avez eu la délicatesse d'envoyer aux Parlementaires qui vous l'avaient demandée ? Y a-t-il d'autres études en cours que nous ne connaîtrions pas ? Si oui, lesquelles ? Le Bourgmestre a-t-il un classement à ce point défaillant qu'il ne retrouve pas les courriers que vous lui avez envoyés ? Et si vous l'avez fait, quand ces études lui ont-elles été communiquées ?

Deuxièmement, de manière un peu plus sérieuse, Monsieur le Ministre, ne pensez-vous pas sérieusement - et je ne vous demande pas ici une précision dans le temps - qu'à force de tergiverser - ce n'est même pas tergiverser car c'est une longue décision qu'on ne prend pas : c'est oui ou c'est non, mais qu'on fixe les gens -, que la Ville de Tournai va finalement faire en sorte qu'elle passera peut-être à côté de « la montre en or », mais poussera également la Wallonie à rater un des rendez-vous importants dans le développement fluvial. Je crains toujours - et je l'ai déjà dit ici-, bien que du côté flamand on continue à avancer, peu importe le Pont des Trous ou pas, l'effet « boomerang » en la matière.

Et enfin, ne vous semble-t-il pas raisonnable une fois pour toutes de fixer un échéancier en disant : « voilà les dead lines » de manière à un peu forcer la décision de la Ville si elle devait s'abstenir de prendre une décision dans les semaines à venir ?



M. Lutgen, Ministre des Travaux publics
, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. - Tout d'abord, je vous remercie pour vos félicitations, et je félicite également les différents candidats présents ici, qui se sont présentés et qui ont fait de beaux scores.

C'est un plaisir d'être ici, ce matin, en Commission, et un plus grand plaisir encore de répondre à M. Crucke sur le Pont des Tours pour la quatrième fois en peu de temps.

Vous avez très correctement résumé les choses. Une étude a été réalisée sur les possibilités de trajets, petit contournement, grand contournement, etc.

J'ai donné, si mes souvenirs sont exacts, cette étude quiconque la demandait : aux Parlementaires de la majorité comme de l'opposition, aux autorités locales évidemment - c'est bien la moindre des choses - pour que chacun puisse prendre la mesure des différentes possibilités et de l'impact que cela peut avoir sur le plan d'abord du réseau fluvial et de son importance en matière de développement économique pour notre Région, en mettant cela dans un contexte un peu plus large que simplement le Pont des Trous puisqu'on étend tout le projet Seine-Escaut, dont fait effectivement partie le Pont des Trous, avec tous les éléments aussi qui concernent le patrimoine.

Deuxième élément, toute une série d'études existent, qui sont toujours en cours, pas spécifiquement sur le Pont des Trous, mais sur l'ensemble du projet Seine-Escaut, sur l'impact environnemental, sur l'impact économique, etc.

De mémoire, mais j'ai parfois une mauvaise mémoire, il y a 15 jours, j'avais indiqué à la Présidente en Commission - mais finalement à tout le monde - que j'étais prêt à venir dans les prochains mois - pas dans les prochains jours - avec un exposé complet sur tout le projet fluvial en Wallonie et pas uniquement le projet Seine-Escaut puisqu'il y a l'articulation avec la France d'une part, l'articulation aussi avec la Flandre puisqu'il y a du côté wallon un petit passage entre la France et la Flandre qui passe par la Wallonie avec toutes les implications que cela peut avoir.

Il y a tout l'aspect des boues de dragage qui est maintenant dans les mains de mon Collègue le Ministre Philippe Henry. Il faut donc voir cela de façon globale puisque les investissements qui auront lieu sont importants et il faut les accélérer au maximum.

Concernant le Pont des Trous spécifiquement, j'attends effectivement de la part de la Ville de Tournai, qu'elle puisse prendre position.

Vous m'avez posé des questions comme si j'étais M. Massy. Je ne suis pas M. Massy, je n'ai pas cette chance-là, heureusement pour lui. Je ne sais pas de quoi il parle quand il dit qu'il y a des études, qu'il faut voir... Je ne sais pas vous répondre par rapport à cela. Une seule chose m'anime : c'est premièrement voir le projet Seine-Escaut globalement et deuxièmement, voir le réseau fluvial aussi de façon globale en Région wallonne avec toute une série d'éléments qu'il faut pouvoir régler. Cela va de l'écluse de Lanaye d'un côté, en passant par le Pont des Trous, par les boues de dragage, en passant par l'articulation avec la France puisqu'il faut quand même qu'il y ait une adéquation au niveau des investissements entre ce qui se fait du côté français et du côté wallon, sinon on risque de se retrouver dans une situation où nous aurions fait tous les investissements et malheureusement la mise à gabarit n'aurait pas été réalisée de l'autre côté. Donc, il y aura encore des rencontres aussi à ce niveau-là. Mais en tout cas, dans le timing, je ne dis pas qu'on doit commencer en même temps précisément, mais il faut au moins qu'il y ait des garanties fortes de part et d'autre pour que les choses se fassent correctement.

Bref, il reste beaucoup de choses. Concernant le Pont des Trous, les trois possibilités existent. Elles ont été impactées sur le plan environnemental, sur le plan même du patrimoine aussi, sur les possibilités qui existaient. à chacun de prendre ses responsabilités, de prendre une décision. C'est important quand même parce qu'il me semble que ne pas demander aux autorités locales quel est leur avis pourrait être considéré comme une faute. On dirait : « que se passe-t-il au Gouvernement wallon, un Ministre seul décide qu'il faut faire le petit, le moyen contournement, qu'il faut rehausser, etc. ». J'ai vu également un architecte qui est allé faire un croquis. On peut faire plein de choses, mais le Pont des Trous n'est qu'une pièce - certes importante - mais qu'une pièce parmi un puzzle beaucoup plus large, plus important que nous devons évidemment construire ensemble, qui dépasse d'ailleurs largement la réalité des sensibilités politiques. je crois qu'on doit dépasser ce type de sensibilité au travers de ce qui est censé être pour la Wallonie, pour son développement, pour l'aspect intermodal, pour la voie fluviale dans notre Région.

Je suis désolé de ne rien pouvoir vous dire d'autre aujourd'hui. il n'existe pas d'autre étude spécifique par rapport au Pont des Trous, si ce n'est sur le classement, le non-classement, etc.. J'ai dit très clairement, et je le redis ici, il me semble plus que possible à la fois d'aménager le Pont des Trous et par cet aménagement, de l'améliorer, ce qui n'aura sans doute pas tout à fait la même image, mais en 1948 il y a eu aussi des aménagements particuliers, et réussir le passage et la réalisation de mises à gabarit de l'ensemble de ce réseau fluvial. C'est essentiel et vital pour le développement de la Wallonie. Le Pont des Trous pourrait être revalorisé aussi en même temps. L'un n'empêche pas l'autre, c'est mon point de vue. Maintenant, j'attends évidemment de recevoir de la part des autorités communales notamment un point de vue en espérant que celui-ci tiendra compte des deux éléments que je viens de citer. J'ai d'ailleurs indiqué aussi que j'étais prêt - puisque j'ai la chance d'avoir à la fois le Patrimoine, les Travaux publics et les réseaux fluviaux - à mettre les moyens nécessaires pour revaloriser, en investissant, le Pont des Trous, abandonné pendant longtemps ou en tout cas pas suffisamment valorisé, me semble-t-il, qui est symbolique et qui représente aussi une des portes d'entrée au niveau de Tournai.

J'attends avec plaisir les prises de position des autorités communales de Tournai, sachant que par ailleurs - et je terminerai par-là - qu'il n'est pas simple, vu la nervosité qui peut exister sur ce dossier, de prendre position. Mais je crois que c'est la clarté qui doit l'emporter et à un moment donné il faudra dire : « nous avons une étude, différentes possibilités, voilà ce que nous pensons, nous, qui est le mieux pour la ville de Tournai. Et aussi, je l'espère, dans une vision plus large, d'intérêt économique pour les entreprises, pour l'environnement, puisque cela concerne aussi largement l'impact environnemental au niveau de notre Région.

Voilà ce que je pouvais vous dire ce jour en sachant pertinemment bien que nous aurons encore le plaisir, la chance, le bonheur et l'honneur d'en parler, d'en reparler dans les prochains mois et je vous répondrai avec grand plaisir.

M. Crucke (MR). -

De cette réponse, je retiens que la communication à la Ville de Tournai a été faite, que tous les documents ont été adressés, qu'ils ont donc tout en mains pour prendre la décision, qu'il n'y a pas d'autre étude sur le plan du Pont des Trous dans le cadre du développement économique qu'il faut attendre. Qu'il y ait d'autres documents sur des paramètres différents, c'est possible, mais pour prendre une décision, ils ont tout en mains. Je pense que sur place, tel qu'il se fait là, il y a un risque d'envasement du dossier. Je vous demande simplement, c'est vrai que les questions que je vous adresse devraient être adressées clairement au bourgmestre de la Ville de Tournai et à son Collège, et que vous n'allez pas répondre à la place de la Ville de Tournai, je le comprends bien, de « sonner les cloches » - et à Tournai, vous savez qu'il y a de grosses cloches comme partout, mais là quand ça sonne, ça fait mal puisqu'il y en a 400 - peut-être cela viendra-t-il aux oreilles du bourgmestre de Tournai.

Ce que je n'accepte pas, c'est que la Ville de Tournai prenne en otage le développement économique et la Wallonie, et à un moment donné, cela doit suffire. On prend du temps, on veut réfléchir, on veut des concertations, tout cela est normal - vous l'avez bien indiqué - dans ce processus du dossier qui respecte les intérêts des uns et des autres, mais on commence vraiment ici, non pas à en rire mais à en pleurer !

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