mercredi 30 mars 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE à la Ministre Marie-Dominique SIMONET sur "Désignation de la nouvelle direction de l'école communale d'Obigies"

Jean-Luc Crucke (MR). – Peu de directeurs ont fait autant parler d’eux dans cette commission que le nouveau directeur de l’école communale d’Obigies. Il vient d’être désigné par le conseil communal lors de sa séance du 14 février. Quand je vous avais interrogée à ce sujet, madame la ministre, vous n’aviez pas encore reçu la délibération. Un recours au Conseil d’État vient d’être introduit par un des quatre candidats, reposant sur la méconnaissance du décret du 2 février 2007. Ce décret porte sur le statut des directeurs d’école et prévoit le classement par paliers des candidats à la direction. Le candidat d’un palier inférieur ne peut pas être désigné si une personne d’un palier supérieur a postulé. Or, dans le cas présent, M. Denis serait de palier 5 et la personne introduisant le recours serait de palier 2. On a beau être pour ou contre le décret, il doit être appliqué. Dura lex, sed lex. On ne peut reprocher à l’administration de ne pas avoir attiré l’attention de la commune sur le problème, elle l’a fait à plusieurs reprises. Nonobstant, le conseil communal qui nage en plein imbroglio, a voté. En tant que responsables politiques, nous devons être légalistes. Avez-vous bien reçu l’extrait de la délibération ? Confirmez-vous qu’il existe un recours et que, à plusieurs reprises, l’administration a bien attiré l’attention du bourgmestre, des échevins et des conseillers communaux sur leur obligation de respecter la loi ? Sommes-nous bien dans un système de paliers successifs ? Quelle suite réserverezvous au dossier ? En effet, vous aviez affirmé, qu’en cas de non respect de la loi, vous pourriez récupérer les subsides octroyés à l’école et que, par conséquent, la commune pourrait être condamnée à rembourser la Communauté française. Le cas échéant, j’aimerais connaître l’importance du montant à rembourser.

Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale. – Je vous ai déjà répondu partiellement lors de la séance du 22 février, mais je ne disposais pas alors de tous les documents. Depuis lors, le pouvoir organisateur a transmis l’extrait officiel de la délibération du conseil communal de Pecq du 14 février à l’administration. Un examen attentif du document permet de constater que quatre des candidatures ont été jugées recevables par le pouvoir organisateur. Trois candidats se situaient au deuxième palier car ils répondaient aux conditions énoncées à l’article 58 du décret du 2 février 2007 fixant le statut du directeur, parce qu’ils avaient la qualité de membre de personnel nommé à titre définitif par un autre pouvoir organisateur de l’enseignement officiel subventionné. Comme vous l’avez souligné, le candidat admis au stage se situait quant à lui au cinquième palier, bien qu’il soit nommé dans le réseau libre subventionné. L’intéressé avait été désigné comme instituteur temporaire à l’école communale de Pecq le 1er septembre 2010. Nous avons donc affaire à des candidats au deuxième palier et à un candidat au cinquième palier. En opérant son choix, la commune lèse les candidats du deuxième palier et ne respecte pas les prescrits statutaires. Pour le surplus, cette décision ne semble pas faire l’objet d’une motivation adéquate et ne démontre pas, conformément à l’article 59, § 3, alinéa 1 du décret du 2 février 2007 fixant le statut du directeur, l’impossibilité d’admettre au stage l’un des trois candidats mieux classés. En conséquence, en l’absence de base légale, il ne peut être question pour la Communauté française d’agréer l’admission au stage de la personne désignée par le pouvoir organisateur et par conséquent de le subventionner en qualité de directeur stagiaire. En toute logique, le paiement de l’indemnité de direction a donc été suspendu depuis le 1er mars 2011. Il me revient également qu’un recours a été introduit au conseil d’État par un des candidats évincés. Pour le surplus, il me paraît nécessaire d’attendre les conclusions de la Cour constitutionnelle dans le cadre de la question préjudicielle concernant la constitutionnalité de l’article 58, § 1b du 2 février 2007. Cette procédure à laquelle la Communauté française est partie est actuellement en cours. Le cas échéant, il sera envisagé de mettre en oeuvre la procédure de mise en demeure prévue à l’article 24, § 2bis de la loi du 29 mai 1959, dite du Pacte scolaire, ainsi qu’une procédure de récupération auprès du pouvoir organisateur des indemnités indûment accordées au directeur admis au stage.

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Madame la ministre, je vous remercie pour votre réponse et votre fidélité dans ce dossier où vous avez toujours été très claire. Je regrette cependant le maintien de cette position au détriment de l’ambiance scolaire et des personnes, en ce compris le directeur et les parents. Modifier une situation en mettant en péril certains intérêts me semble ubuesque. Je partage et respecte votre logique selon laquelle il n’existe pas de modification adéquate, mais je déplore un retournement de situation appliqué au péril de certains intérêts. Etant donné la suspension de désignation, il va de soi qu’aucune subvention ne sera accordée. . . Je comprends par ailleurs que vous attendiez le recours constitutionnel afin de vous prononcer, mais je doute que les élus de Pecq soient réellement conscients de ce que leur coûtera ce dossier. Il est bien question ici de budget ! (M.Jean-Luc Crucke, président, reprend la présidence de la séance.)

mardi 29 mars 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "Avis négatif du Conseil de la Concurrence sur la réforme du championnat de foot"

le président. – Je vous propose de joindre ces questions. (Assentiment)

Jean-Luc Crucke (MR). – Le Conseil de la concurrence a émis un avis négatif sur la réforme du championnat de football et plus précisément sur le fait que le descendant de D1 en D2 ne serait connu qu’après une période de trois ans. Cet avis ne peut que renforcer la position défendue par la grande majorité des clubs francophones et wallons ainsi que par les juristes consultés par le ministre. La Ligue Pro a fini par abandonner son système de relégation triennale en seconde division et Charleroi a été autorisé à rejouer son match contre le CS Bruges. Il semble dès lors qu’un vent de raison ait soufflé sur le monde de football. Monsieur le ministre, quelle est votre analyse de la situation ? Avez-vous eu l’occasion de revoir les clubs francophones et wallons depuis l’avis ? Une stratégie a-t-elle été développée ? Le championnat commencera en juillet 2011. Dans l’intérêt des joueurs, des clubs et des spectateurs, il est plus que temps de connaître les stratégies de chacun et de ramener tout le monde à la raison.

André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – Selon moi, monsieur Crucke, vous en savez probablement autant que nous. Vous remarquerez néanmoins combien nous avons été proactifs puisque la Communauté française a joué un rôle significatif, voire déterminant, dans ce dossier, nos amis flamands et germanophones n’ayant pas réagi. Avant que l’Union belge ne se prononce, nous avons rencontré les clubs de division 2 qui se plaignaient légitimement de la réforme qui leur était proposée sans pour autant qualifier leurs critiques en droit. Il est évidemment important de pouvoir s’appuyer sur le droit, la jurisprudence, la doctrine et des éléments juridiques irréfutables. C’est pourquoi nous avons consulté le cabinet d’avocats renommé Philippe & Partners qui, en résumé, a conclu au caractère illégal et antidémocratique des éventuelles sanctions ou actions en justice que les clubs de division 2 pourraient mener à l’encontre de l’Union belge, et non pas de la Ligue Pro, puisque l’Union seule est responsable de l’organisation du championnat. Nous avons transmis cette consultation juridique aux clubs de division 2 ainsi qu’au président de l’Union belge, M. De Keersmaecker, afin qu’il puisse prendre connaissance de nos arguments avant sa réunion et qu’il réfléchisse à nos demandes avant de prendre une décision bancale pour ne pas dire illicite. Dans le même temps, la Ligue Pro avait souhaité soumettre pour avis avancé ce projet de réforme au Conseil de la concurrence. Celui-ci a conclu que si la Fédération poursuivait dans cette voie, l’auditorat ouvrirait une instruction d’office, en application de la loi sur la protection de la concurrence économique – ce que nos avocats ont indiqué – et que cela occasionnerait des sanctions financières très lourdes, à charge de l’Union belge. Tout cela a dû participer à la décision d’abandonner ce projet et d’en revenir, « plus sagement », à l’ancienne formule. Vous m’interrogez sur notre capacité. Je rappelle que la fixation des règles d’organisation des championnats appartient aux fédérations internationales et nationales. Les décrets de 2006 et de 1999 prévoient que nous nous bornions à encadrer les fédérations en termes de subside, de respect de la charte éthique, de formation ou de règles d’infrastructure. Dans le cas présent, comme l’Union belge n’est pas une instance communautaire, nous n’avons strictement aucune influence. J’ajoute que l’Association des clubs francophones de football, toujours en constitution, n’a pu réagir. Cela dit, je m’étais engagé sur deux points devant les clubs de division 2. Le premier consistait à réunir les uns et les autres autour d’un avis juridique. Si j’en crois les remerciements des clubs, je pense que nous avons rempli notre mission. Le deuxième concerne l’aide aux clubs, notamment de la D2. M. Thans a pris un certain nombre de contacts ; nous en avons pris aussi. Nous reviendrons, le moment venu, avec un plan d’aide à ces clubs, sachant que le fossé entre la division 1, la division 2 et les autres clubs est considérable. Que les choses soient claires, il n’entre pas dans mes intentions de financer d’équipe professionnelle ou d’équipe première mais bien d’essayer de mener une véritable politique de formation, notamment dans le football, par les clubs, eu égard à leur rayonnement dans chacune de leur région. Nous restons extrêmement attentifs à l’évolution de ce dossier et aux surprises qu’il pourrait encore nous réserver. Pour moi, on ne peut pas, lorsque l’on est patron de fédération, invoquer le fair-play, la tolérance, le respect des règles et ne pas les respecter soi-même. C’était l’essence de mon courrier. Je suis très heureux de constater que l’action des uns et des autres a permis d’éviter l’application d’un règlement aussi stupide qu’illégal.

Jean-Luc Crucke (MR). – Je remercie le ministre pour sa réponse mais aussi pour l’action judicieuse qu’il a exercée dans ce dossier. L’avis des juristes consultés a sans doute pesé lourd dans la marche arrière de la Ligue Pro.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "Sélection du Centre de Haut Niveau"

le président. – Je vous propose de joindre ces questions. (Assentiment)

Jean-Luc Crucke (MR). – Il me revient que la compétence ou la neutralité de certains membres du comité chargé de la sélection semble poser problème. Tout à l’heure, monsieur le ministre, vous avez parlé de M. Francaux. S’agit-il du directeur du Centre d’évaluation de la performance sportive (CEPS) ?

André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – M. Francaux anime, avec ses collègues universitaires, le Centre d’évaluation de la performance sportive qui accompagne nos athlètes, tels que les frères Borlée ou autres. Il s’agit de la même personne, mais il n’est pas membre du jury.

Jean-Luc Crucke (MR). – Je vous remercie. Un pas important a été franchi dans le dossier du centre de haut niveau, auquel vous êtes très attaché. Quatre villes candidates ont été écartées. Trois restent en lice : Liège, Mons et Louvain-la- Neuve. Monsieur le ministre, mes questions sont simples. Quelles motivations ont fondé ce choix ? Quelle analyse a-t-on réalisée ? Tout concours implique logiquement que certains soient écartés et d’autres sélectionnés. Il importe cependant d’en comprendre les raisons. Le communiqué de presse annonçant la sélection indiquait la nécessité d’un complément d’information pour les trois candidats restants. Auront-ils droit aux mêmes questions ou à des questions différentes ? Quelles sont-elles ? Cette demande d’information complémentaire devrait prolonger le délai initialement prévu. Pouvez-vous préciser la durée de ce délai ? Est-il judicieux de procéder de la sorte ? Cela pourrait-il influencer la décision finale ? Le cas échéant, comment le calendrier sera-t-il revu ? Enfin, il ne suffit pas de remettre un échéancier, encore faut-il en préciser les étapes décisives. Ne serait-il pas judicieux de fixer les dates et les événements importants correspondants ?

Bea Diallo (PS). – Tous les parlementaires sont intéressés par ce dossier important, non seulement pour les sportifs, mais pour la Communauté française. Certains élus ont choisi de s’exprimer par voie de presse et de faire du show ; d’autres, comme M. Crucke, ont fait le choix de porter cette discussion en commission et de privilégier le débat d’idées. Nous avons donc pu lire qu’après réception des dossiers, le jury avait décidé que trois candidatures resteraient en lice : Liège, Mons et Louvainla- Neuve. Par ailleurs, j’ai pu lire aussi que la commission d’avis qui regroupe des membres de votre cabinet, de l’administration, du monde sportif francophone et le patron de l’Insep, le célèbre institut des sports français, a néanmoins décidé de demander des précisions aux trois candidats retenus. Ceux-ci ont jusqu’au mois de mai pour apporter leurs réponses et des auditions auront lieu par la suite.Monsieur le ministre, comment les membres de ce jury ont-ils été choisis ? Vous avez peut-être fourni davantage de renseignements sur le sujet devant une autre assemblée. Peut-être cela m’a-t-il échappé. Pour ma part, j’en suis resté à vos propos de novembre dernier, lorsque vous évoquiez la procédure en ces termes : « Ensuite, nous réunirons un jury composé des différentes administrations de la Communauté française et de la Région wallonne, du COIB, de l’AISF, d’experts extérieurs et internationaux. Comme vous le voyez, le panel est assez large. Je soumettrai prochainement au gouvernement une proposition pour désigner les personnes qui siégeront dans les jurys, en respectant la plus grande indépendance possible. » Monsieur le ministre, pourriez-vous donc nous faire part de la composition du jury et des critères qui ont présidé à ces choix ? Je voudrais notamment examiner avec vous la représentation de la Cocof et de la Région wallonne dans ce jury dans la mesure où il me semble nécessaire, pour la Communauté française, de s’appuyer tant sur l’expertise bruxelloise que wallonne en matière d’infrastructures sportives. Un représentant bruxellois et un représentant wallon ont-ils bien été désignés ? Le cas échéant, comment expliquer un éventuel traitement différent de ces deux institutions que sont le service Infrasports de la Région wallonne et le service des sports de la Cocof ? Quel mode de fonctionnement a-t-on retenu pour les travaux de ce jury ? Sur quels critères les différents membres seront-ils amenés à effectuer leur choix final ? Y a-t-il des membres avec voix délibérative et d’autres avec voix consultative ?(Signes d’acquiescement du ministre.) Quel mode de décision a-t-on retenu ? Va-ton privilégier le consensus, ce qui contribuerait à doter le futur centre de la Communauté française d’une légitimité forte ? À votre avis, la décision finale interviendra-t-elle avant l’été ? En conclusion, l’étape que la Communauté française va franchir est aussi essentielle que sensible car elle doit permettre de départager des dossiers sur des critères de qualité objectifs. La transparence et la bonne marche du processus contribueront à valider le résultat de la sélection et donc l’adhésion de la Communauté française, dans toutes ses composantes, à un projet d’envergure que nous attendons depuis des années. Ce projet doit se réaliser dans l’intérêt des sportifs de haut niveau qui doivent bénéficier d’infrastructures et de cadres adéquats pour s’épanouir sportivement mais aussi dans tous les autres aspects de leur vie. Les experts ont une tâche difficile et il faut que leur travail se fasse dans les meilleures conditions.

André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – Je remercie les parlementaires qui portent une attention soutenue à ce projet. Il se passe rarement une commission sans que l’on ne m’interroge sur le sujet. Il ne m’est d’ailleurs pas toujours possible de donner de nouveaux éléments. Certains parlementaires ne viennent pas en commission mais font des déclarations dans la presse. Il est difficile dans ce cas de nourrir un débat avec eux. Pourtant j’aurais pu ainsi corriger certaines erreurs dans leurs propos. Selon certains, nous ne nous intéresserions qu’aux sportifs de haut niveau au détriment des autres sportifs, des clubs plus modestes ou de nos centres Adeps. Rien n’est plus faux. Pour cette seule année 2011, 41 millions d’euros sont inscrits au budget pour la rénovation des centres Adeps. C’est un effort inédit en Communauté française puisque ces crédits étaient auparavant de huit millions d’euros. La Région wallonne affecte aux infrastructures sportives cinquante-cinq millions d’euros. Pour 2011, en tenant compte de la participation bruxelloise, 96 millions d’euros y seront donc consacrés. La première phase du plan « piscines » a été budgétisée à hauteur d’une cinquantaine de millions d’euros d’ici la fin de la législature. À ces 96 millions d’euros s’ajouteront donc quinze millions du plan « piscines ». C’est dire qu’un effort significatif a été consenti pour les infrastructures. Reste ce projet majeur qu’est la construction du centre pour les sportifs de haut niveau. D’après les estimations, il coûterait de soixante à septante millions d’euros. En tant que ministre des Sports, je suis particulièrement heureux. L’objectif de la déclaration de politique communautaire est de ne construire qu’un seul centre et non plusieurs comme on l’avait envisagé. Je ne cesse de le répéter, mon objectif est de poser la première pierre de ce centre qui sera utilisé par mon successeur à la plus grande satisfaction de toutes les fédérations et du COIB. Je rappelle que ce sont ces fédérations qui ont établi la liste des disciplines qu’ils entendaient privilégier. Enfin, nous avons voulu établir une procédure la plus transparente et la plus accessible possible. Nous avons établi un cahier des charges et constitué un jury chargé de nous aider dans notre choix. Le gouvernement, sous le contrôle du parlement, aura bien entendu le dernier mot. Je regrette les passions que suscitent ce dossier, parfois sans raison. En tant que sportif, il faut d’abord se réjouir de voir un gouvernement s’atteler à ce dossier sans retard. Nous avons eu la volonté d’envoyer le cahier des charges à toutes les communes, de la plus petite à la plus importante. Toutes ont eu donc la possibilité de déposer un dossier. Une première séance du jury de sélection a été organisée ce 21 mars dernier afin d’analyser les différents dossiers entrés par les communes ou les villes. Je n’ai pas fait de communiqué de presse. C’est une fuite, heureuse ou malheureuse, à vous de juger, dans un grand quotidien vespéral qui a permis de dévoiler le nom des trois villes dont le dossier était recevable. Le jury rédigera un rapport dont le gouvernement tiendra compte lors de sa délibération. Le procès verbal, qui n’est pas encore disponible, devra mentionner les raisons pour lesquelles la candidature de certaines communes n’a pas été retenue. Le cahier des charges était très clair. Sans doute ne remplissaient-elles pas les conditions de superficie, d’affectation du sol, d’accessibilité ou de proximité d’une université. Quoi qu’il en soit, au cas où Bruxelles, Bouillon ou Andenne s’estimeraient lésées, elles pourraient se faire entendre. Je préfère donner du temps au temps pour permettre à chacun de s’exprimer mais, à ce stade, je n’ai pas encore eu de réaction négative. Mon chef de cabinet adjoint a voix consultative. Il est avant tout observateur et ne peut participer aux délibérations. Trois villes ont remis un dossier qui correspond au cahier des charges et le défendent âprement. Il s’agit de Liège, qui se mobilise pour le projet Speed, de Louvain-la-Neuve, avec sa figure emblématique, Eddy Merckx, et de Mons, avec un nageur remarquable qui suit tout cela de très près. Le jury bénéficie de l’assistance technique de deux bureaux d’architecture, Urban Platform et Archi 2000, dont l’engagement résulte d’un marché public. Ils n’ont pas non plus de voix délibératives. J’en viens à la composition du jury. Trois personnes de l’administration en font partie. La présence de M. René Hamaite, directeur général de l’Adeps, et de M. Léon Zaks, directeur du service de l’infrastructure, s’imposait d’elle-même. Quant à celle de M. Dirk Desmet, elle vient de ce que le service de l’infrastructure de la Communauté française ne dispose que d’une seule personne pour suivre les infrastructures sportives alors que l’équipe de la Région wallonne est beaucoup plus étoffée. Mais cela devrait bientôt changer puisque j’ai demandé à M. Nollet de procéder à des recrutements complémentaires eu égard au nombre de dossiers Adeps pendants. Nous avons voulu enrichir l’équipe « Communauté française » et nous appuyer sur le savoir-faire indubitable de l’équipe de M. Desmet ou de M. Devos. Le jury compte donc trois représentants des services de l’infrastructure. M. Kir m’a précisé qu’un contact avec son cabinet et son administration aurait lieu le moment venu. Coordonnant le dossier bruxellois, il a cependant précisé qu’il lui serait difficile d’intégrer le jury. Pour la représentation du monde sportif dans le jury, M. Pierre-Olivier Beckers, président du COIB, a désigné M. Pascal Mertens. Je ne comprends pas le ressentiment de Mme Defraigne envers M. Mertens puisqu’il vient des Mutualités libérales. Ce choix souverain relève du COIB. M. Thierry Mauder, directeur du Centre de haut niveau de l’Insep, est le deuxième représentant sportif du jury. Nous souhaitions bénéficier de son expertise. Le troisième est M. Alexandre Walnier, président du Conseil supérieur des sports, viceprésident de l’Association interfédérale du sport francophone (AISF) et président de la Fédération d’escrime. À lui seul, il représente énormément de milieux et, en outre, il préside l’instance consultative de la Communauté française. Pour ma part, j’avais songé à M. Jacques Borlée comme expert du milieu sportif car il a une conception très cohérente du sport. Toutefois, pour éviter la moindre suspicion puisque ses fils étudient à l’UCL, M. Noël Levêque, conseiller de la RTBF pour l’athlétisme et un des meilleurs entraîneurs de cette discipline, le remplacera. Pour les représentants financiers du jury, la responsable de la Cellule d’information financière, Mme Stéphanie Wintein, a désigné M. Raphaël Schneider, spécialiste français des partenariats publics-privés recruté au sein de la CIF. Ce type de montage financier sera probablement celui que nous retiendrons pour le financement du projet. Pour les représentants des médias, la plupart des journalistes de la presse écrite que j’ai abordés ont décliné l’offre. Nous nous sommes donc tournés vers le directeur des sports de la RTBF, M. Michel Lecomte. Absent à la première réunion, il s’est désisté pour ne pas délibérer sur des dossiers dont il n’a pu assister à la présentation. C’est tout à son honneur. L’accompagnement est assuré par M. Marc Jeanmoye, responsable de l’Adeps et originaire de Liège, je le précise pour qui de droit, même s’il dirige la Cellule sportive en toute impartialité. Il n’a pas voix délibérative dans le jury. Ce jury me semble équilibré. Comme vous pouvez le constater, nous progressons. Les candidatures devaient être déposées pour le 23 décembre. L’examen de leur recevabilité est en cours. Une série de questions techniques élaborées par le jury seront soumises aux villes pour leur permettre de préparer leurs réponses afin d’éviter tout favoritisme. Les villes défendront leur candidature le 24 mai. Le bureau d’architecture se rendra éventuellement sur place pour vérifier la disposition des lieux. Un rapport me sera transmis et je présenterai le dossier à mes collègues du gouvernement dans le courant du mois de juin. Chacun aura ainsi l’assurance d’avoir été entendu et compris, et d’avoir eu la possibilité de réagir. Ce dossier est important. Je tiens à respecter la plus grande discrétion, je ne veux pas être suspecté du moindre favoritisme.

Jean-Luc Crucke (MR). – Monsieur le ministre, vous ne devez guère vous étonner des nombreuses questions sur le sujet. Il est parfaitement légitime que les parlementaires vous interrogent même à propos d’un comité d’avis puisque la décision sera prise par le gouvernement. Pour vous paraphraser, ce dossier n’est pas « léger ». Il s’agit tout de même de plus de 2 milliards de francs ! On peut comprendre qu’on se bouscule dans les starting-blocks et que cela va continuer maintenant qu’une première étape a été franchie. Il y aura des influences, des pressions, il faudra néanmoins décider en toute sérénité ! Je regrette que nous n’ayons pas obtenu aujourd’hui réponse sur les raisons et motivations précises pour lesquelles certaines personnes ont été retenues plutôt que d’autres. J’y reviendrai donc ultérieurement. Monsieur le président, il me semble opportun et utile que notre commission puisse entendre les trois candidats restants afin qu’ils nous expliquent la manière dont ils ont monté leurs dossiers, le contenu de ces dossiers, leurs avantages et inconvénients. Ce serait un bel exercice de transparence et de démocratie. Je vous demande donc officiellement de solliciter, sur avis de la conférence des présidents, l’audition de ces trois opérateurs dans notre commission.

Bea Diallo (PS). – Je vous rejoins sur l’importance de trouver le bon équilibre entre sport de haut niveau et sport pour tous. J’insiste sur l’objectivité et la transparence du processus. Plusieurs intérêts sont en présence dans ce dossier et le jury aura à poser un choix difficile. Les porteurs de projets défendent la qualité de leur propre dossier. Je rappelle cependant qu’il s’agit de privilégier celui qui répond au mieux aux critères établis par la Communauté française. Ce sont, avez-vous rappelé, les fédérations qui ont choisi les sports qui seront accueillis dans ce centre. Je pense que ce sont celles qui ont développé le lobby le plus efficace qui sont parvenues à vous les suggérer. Quand les questions que vous évoquiez seront-elles élaborées par le jury ? Quand les visites sur place et les vérifications techniques auront-elles lieu ? À partir de quelle phase Bruxelles sera-t-elle associée ? L’indépendance des membres du jury est fondamentale. À l’instar de ce qui se fait pour les mandataires politiques, une charte permet-elle de prévenir tout conflit d’intérêts ? Un rapport au gouvernement par des experts n’avait-il pas été prévu ? Est-ce vous qui vous chargerez de faire ce rapport au gouvernement ? Certaines personnes ne seront sans doute pas contentes. Ce qui importe, c’est que les sportifs disposent de ce centre tant attendu. L’intérêt des politiques passe après. Pour que la Belgique retrouve sa place dans le sport, il faut lui donner les moyens adéquats.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre NOLLET sur "la désignation du nouveau directeur de la SLSP Toit et Moi"

Mme la Présidente. – L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke sur « la désignation du nouveau directeur de la SLSP Toit et Moi ; l'interpellation de M. Di Antonio sur « la désignation du nouveau directeur gérant de la société de logement « Toit et moi » en région montoise » et la question orale de M. Disabato sur « la nomination politique du directeur général de « Toit et moi » à M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique.
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). - Dès lors, l'interpellation est abandonnée.

Mme la Présidente. – Non, si M. Di Antonio arrive, il pourra développer son interpellation.

M. Crucke (MR). – Normalement, on commence par l'interpellation.

Mme la Présidente. – Je suis l'ordre du jour. M. Di Antonio prendra la parole ensuite.

M. Crucke (MR). – Si nous disposons d'un nouveau règlement, qu'on me le dise. Pour ma part, je ne demande pas mieux. Il y a longtemps que je pense que notre Parlement est connu dans le monde entier pour son règlement particulier.
Mme la Présidente. – La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, au début du mois de janvier, je vous adressais une question qui portait le titre révélateur, « l'excellence ne doit-elle pas s'imposer à Toit et Moi ». Et vous me répondiez être extrêmement déçu par la procédure employée par Toit et Moi en précisant que, manifestement, les règles n'avaient pas été suivies dans la désignation d'un gérant-directeur. C'est alors une première procédure qui tombait à l'eau. Ainsi, si pour certains, on vit aujourd'hui un nouvel élément, pour ma part, j'estime que c'est le remake d'un remake !
On a eu une première procédure qui est tombée à l'eau alors qu'il y avait à l'époque, semble-t-il, des candidatures d'envergure : un ingénieur ayant une expérience probante dans le logement social français, une personne ayant une expérience dans une AIS bruxelloise et un mandataire employé dans une société de logement social. Malgré tout, il y avait un quatrième candidat dont on n'avait pas assez bien tenu compte du CV et on recommençait tout !
Je vous disais déjà que je trouvais que c'était un mauvais signal et je ne suis pas le seul à le dire. Les syndicats l'ont largement relayé. C'est un mauvais signal à l'égard d'une société qui ne cesse de faire parler d'elle, et pas seulement pour son directeur-gérant . On pense notamment au déficit budgétaire abyssal, un des plus grands déficits des sociétés de logements en Wallonie, qu'on a du mal à redresser, c'est le moins qu'on puisse dire !
On évoque aussi un cadre excédentaire et on sait que certains membres du personnel vont perdre leur emploi. On a aussi assisté aux démissions du directeur ou d'autres membres du personnel. La dernière histoire en date concerne une responsable du personnel qui a préféré se retirer, ne souhaitant plus entendre parler de ce qui se passe là-bas.
Et, puis, alors, on en arrive à la question d'aujourd'hui que vous me permettez d'actualiser suite à la décision d'hier soir. Ainsi, il faut désormais tenir compte d'un certain nombre d'éléments dont l'annulation de la décision découlant d'un vote du conseil d'administration de la société de logement qui avait désigné M. Donfut, classé en seconde position avec 10 points de retard. Cette désignation était d'autant plus curieuse au vu de la présentation élogieuse du premier candidat. Malgré cela, c'est un vote politique qui est intervenu. On ne peut pas l'appeler autrement, un vote politique avec une voix d'écart, qui a permis la désignation de M. Donfut.
Cette décision intervient alors que le Commissaire du gouvernement demandait une suspension. Je n'ai d'ailleurs pas compris, Monsieur le Ministre, pourquoi ce n'est pas l'annulation qui a été réclamée, mais seulement une suspension de la décision. Pourquoi pas directement l'annulation ?
La Wallonne du logement est donc saisie et, hier soir, on nous annonce, par des biais différents - c'est pour cela que je suis certain que cette affaire n'est pas terminée - cette décision. On est maintenant dans le remake du remake d'un nouveau remake. On nous annonce que la décision prise par le conseil d'administration est annulée. Cette information arrivait par une première dépêche Belga. Il est d'ailleurs parfois intéressant de voir l'heure à laquelle ces dépêches sortent ! Il y en a qui sont plus rapide que le conseil d'administration ou que la Wallonne du logement et qui communiquent plus vite encore ! Une affirmation part à une vitesse éclaire ! La Wallonne du logement est encore en train de se réunir que déjà, à mon avis, certains ont l'information. Vous vérifierez les heures, c'est assez intéressant à voir !
La Wallonne du logement a alors communiqué sa décision indiquant un défaut de motivation dans la désignation.
C'est là que cela devient intéressant. En effet, tous ceux qui s'intéressent au dossier se disent que les pendules sont remises à l'heure. Les choses sont claires. Défaut de motivation, désignation politique, tout ce qu'on ne voulait plus entendre, ne plus voir dans cette Wallonie, on ne le verra plus. C'est fini.
Pourtant, un communiqué du principal intéressé annonce qu'il se félicite de la décision. Je lis, parce que je ne voudrais pas que l'on écorche quoi que ce soit dans le raisonnement : « Je suis assez satisfait. On savait que sur la forme la motivation n'était pas suffisante, et que la décision serait cassée. Mais le plus intéressant aujourd'hui, c'est que la Wallonne du logement mette en évidence le fait que, quand le jury a déclaré apte deux candidats, ils devaient investir cet examen d'aptitudes. Or il a voulu aller plus loin, poussé par je ne sais qui, et a émis des éléments négatifs pour nous départager. »
En d'autres termes, Madame la Présidente, Monsieur le ministre, quand un jury est appelé à classer les candidats en fonction de leur mérite, de leur valeur et qu'il a le malheur de dire qu'un candidat est meilleur qu'un autre, c'est un jury idiot. Un jury qui outrepasse ses compétences. C'est ce que je comprends si je lis le raisonnement qui est soutenu par Monsieur Donfut.
Et il poursuit :« Ce n'était pas sa mission. Pour me mettre en deuxième position, il a utilisé des arguments un peu fallacieux comme ma vision trop stratégique et mes réponses trop politiques. Ce n'est pas comme cela que l'on classe un candidat ! La Wallonne du logement a mis tout cela en évidence. Le Conseil d'administration de Toit et Moi a aujourd'hui une plus grande liberté qu'avant pour délibérer».
En d'autres termes, Monsieur Donfut annonce déjà qu'il revient ! On a fait un tour pour rien. Ce n'était pas la peine de faire tout cela. De toute façon, on m'a sorti par la fenêtre, je reviens par la porte. Il ne faut pas vous en faire et on m'a donné raison.
C'est là que je dis que je dois actualiser la question d'aujourd'hui. Monsieur le Ministre, quel a été le raisonnement précis de la Wallonne du logement par rapport à ce défaut de motivation ? Est-ce que réellement, la Wallonne du logement fait en sorte que M. Dondut en sorte avec un blanc-seing?
J'aimerais que sur ces termes, on puisse être clair. Quand vous voyez ces deux dépêches d'hier soir, on se demande si on vit encore dans le même monde. Est-ce là la nouvelle Wallonie qui ressemble tant à l'ancienne, celle qu'on ne voulait plus voir, qui a déjà repris le pas ?
J'aimerais connaître le point de vue du Ministre du Logement. La Wallonne du logement peut avoir son point de vue, la législation est là pour cela, mais en tant que le Ministre du Logement, garant des bonnes procédures, doit pouvoir également avoir son avis. Et je me répète, ce n'est pas n'importe quelle société de logement, c'est la plus grande ! On n'est pas ici sur un dossier banal. On est sur un dossier qui, à la limite, doit servir, soit d'exemple, soit de contre-exemple. Je vois le vaudeville auquel on est en train de se prêter.
Deuxième question, pour ne pas être trop long, Madame la Présidente. Qu'en est-il en termes d'émoluments ? Je me dis que généralement, quand on s'intéresse tant à une fonction, il y a peut-être à la clé quelques sous, sinon on en se bagarre pas trop pour cela. Que représenteront les émoluments de la fonction de directeur-gérant ? Que méritera celui qui sera désigné, puisqu'à présent, il n'y a toujours personne qui est désigné. Et quelle est la différence par rapport au directeur précédent ?
Et, enfin, dernier élément, Monsieur le Ministre, dans votre raisonnement j'aimerais que vous alliez un peu plus loin que la société en tant que telle. Comment voyez-vous cette situation par rapport au commun des mortels, j'ai parlé du personnel tout à l'heure, dont certains quitteront inexorablement et inévitablement la société, mais je vous parle aussi de la société civile qui regarde ce cirque. Comment considérez-vous qu'une procédure doit être entamée
pour que réellement, des règles soient respectées ?
Quelle est la procédure claire et nette qu'on n'arrive pas à appliquer dans cette société de logements publics ? Existe-t-il un modèle, une circulaire, une recommandation ou bien tout cela n'est-il vraiment pas connu de ceux qui doivent être les décideurs en place ? Si cela existe, pouvez-vous simplement le rappeler de manière à ce que, réellement, ce cycle prenne fin.

Mme la Présidente. – La parole est à M. Di Antonio pour développer son interpellation.

M. Di Antonio (cdH). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, je ne vais pas revenir sur la chronologie des faits. Je pense qu'elle a été reprise par M. Crucke et elle est bien connue et bien médiatisée. Simplement, je souhaite repartir des événement d'hier et de cette décision de la Wallonne du logement considérant que la motivation était largement insuffisante.
On peut effectivement, dans un premier réflexe, se réjouir de cette décision, même si les dégâts sont faits pour les citoyens de notre région. Les réactions dans la rue, sur les forums montrent ces dégâts en termes d'images d'une certaine gouvernance : quelqu'un qui n'a pas réussi l'examen - les raccourcis exagèrent un peu les situations - ou qui a été classé deuxième obtient le poste. Il est vrai qu'on donne l'image d'avoir choisi quelqu'un qui n'était sans doute pas le meilleur pour le poste et en tout cas qui n'était pas le premier classé, et il sera évidemment très difficile de revenir en arrière.
Ce message, qui a été envoyé aux travailleurs et à la population en général, pose problème.
Les questions : qu'en est-il maintenant ? Effectivement, il faut éclaircir la position de la Wallonne du logement. L'examen, lui, reste-t-il valable ? Ce classement reste-t-il valable ? Le jury aurait-il dû se contenter de classer les gens entre très aptes, aptes, non-aptes ? C'est une question importante, parce que si les conclusions du jury restent celles-là, demain le CA peut-il se réunir et imaginer une nouvelle motivation sur base des mêmes examens, des mêmes résultats et refaire un tour ? Ce qui, en termes de nouveau d'image et de bonne gouvernance, atteindrait encore un niveau plus catastrophique. Si, dans une semaine, le CA se réunit pour dire on représente M. Donfut mais avec une nouvelle motivation, je ne vous dis pas l'explication qu'il faudra mener auprès de la population.
Mon autre question est méthodologique, parce que cette situation est vécue dans d'autres structures, par exemple pour la désignation d'un chef de corps. Ce jury devait-il classer les gens ou pas ? Y a-t-il des règles établies à ce niveau? Devait-il établir un classement en termes de points ou devait-il se contenter de dire quel candidat était apte à occuper la fonction ?
Finalement, c'est un peu cela qui est à la base du problème aujourd'hui. Sans doute, les deux étaient-ils aptes suite aux examens, mais un des deux était classé devant l'autre. Les jurys doivent-ils aller jusque-là ? Dans ce cas-là, c'est donner effectivement tout pouvoir au jury et un pouvoir relativement restreint au conseil d'administration qui doit juste entériner les décisions du jury. Comment opérer dans ce type de cas ?
Voilà mes questions, surtout tournées vers l'avenir. Que va-t-il se passer aujourd'hui en rappelant la situation de cette société qui est, je dirais, un exemple dans la tradition de mauvaise gestion et de mauvaise gouvernance depuis des années et des années ? Depuis le début des années 90, on entend parler en mal de cette société. Ne parlons même pas des problèmes financiers qui sont colossaux. L'enjeu est important et urgent !

Mme la Présidente. – La parole est à Madame Yerna.

Mme Yerna (PS). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, dans ce dossier, je pense qu'il faut essayer de garder la tête froide, même si c'est un peu difficile quand, événements après événements, les choses se répètent. Il y a, d'une part, la personnalité qui est en cause. On a cité Monsieur Donfut, et je pense qu'elle est pour beaucoup dans l'état de passion qui anime les constats autour de la désignation décidée par le conseil d'administration. Je vais donc essayer, si vous le voulez bien, de poser ma question et de faire mon intervention comme s'il ne s'agissait pas de Monsieur Donfut, parce que je pense que cela pose et conditionne notre réflexion avec une dimension politique beaucoup plus importante qu'elle n'aurait eu dans d'autres circonstances.
Ce qui me préoccupe, c'est que depuis les événements qui ont été rappelés ici, la Société wallonne du logement est devenue beaucoup plus directive dans le mode opératoire des examens de recrutement pour les fonctions d'importance dans les sociétés locales, a fortiori pour celles du directeur gérant. Et c'est donc, si je me souviens bien, sur base de la circulaire qui a été transmise aux sociétés, dès la première étape que la Société wallonne souhaite être associée à l'ensemble de la procédure, à savoir désignation d'un représentant de la Société wallonne dès la première étape, dans le jury, qui a pour une première mission d'examiner la recevabilité des candidatures.
Deuxième mission, faire appel aux experts extérieurs qui, au-delà des représentants locaux et du représentant de la Société wallonne du logement, vont constituer le jury, et avec eux construire le modèle de l'examen ou des épreuves des examens. Je dis bien d'examen et pas de concours, auxquels participent les candidats dont le CV est retenu.
Les épreuves sont en général à la fois des épreuves écrites et des épreuves orales, voire un assessment extérieur. Cela arrive dans un certain nombre de procédures. Il y a bien un jury qui fera la synthèse de ces différentes épreuves qui peuvent d'ailleurs être éliminatoires en fonction de ce qui a été inscrit dans l'appel, dans lequel doit également figurer la rémunération liée à la fonction. Tout cela a été, à ma connaissance, mis noir sur blanc sur une circulaire avec un membre de la SWL qui assiste et qui valide de l'intérieur du jury l'ensemble des étapes jusqu'au moment où le jury a fait son travail et où une proposition arrive devant un conseil d'administration dans lequel siège encore le représentant, le commissaire en l'occurrence, de l'ASBL.
Je suis toujours un peu étonnée depuis que j'ai vu la motivation de cette décision du conseil d'administration. Sans préjuger, encore une fois, de la personnalité qui est mise en cause, je me suis demandée si on ne l'avait pas écrite pour obtenir le résultat qu'on a aujourd'hui. Écrire d'une manière plus stupide que cela une motivation, il me semble que même quelqu'un qui serait dans son premier mandat et dans son premier balbutiement de rédaction d'une délibération, aurait fait mieux que cela.
Je m'interroge et je me demande dans quelle mesure le jury a bien fait un travail qui est un travail de validation d'une candidature : le candidat est bon, très bon, à moitié bon. Cest un examen et pas un concours. Il y a bien un conseil d'administration qui doit apprécier. Je rejoins tout le monde dans le cadre d'une politisation d'une décision, mais parce que nous savons aussi que nous avons parfois affaire à des bêtes de concours. J'ai vu un certain nombre de personnes réussir brillamment une épreuve et dont je n'aurais pas voulu en faire le collaborateur ou, en tout cas, le responsable d'une association, d'un service, d'une société, peu importe où le parcours politique peut nous conduire les uns et les autres. En effet, manifestement, on voyait qu'il y avait là des motivations différentes, soit une modification purement économico-commerciale, soit quelqu'un qui cherchait quelque chose pour passer le temps en attendant mieux, et caetera. Tout cela, ce sont des appréciations que l'on peut, à un moment donné, avoir et qui doivent à mon avis conduire un conseil d'administration à statuer.
Monsieur le Ministre, au moment où nous sommes, il y a deux solutions. J'ai entendu à la radio, le président du conseil d'administration de la Société wallonne du logement s'exprimer ce matin. J'ai bien compris ce qu'il disait, à savoir que la procédure a été menée correctement jusque, et y compris, la délibération du jury, mais que le conseil d'administration n'a pas fait bon usage de l'arbitrage qui était le sien pour choisir parmi les candidats proposés par le jury et, en tout cas, que le conseil d'administration de la Société wallonne du logement ne pouvait pas se satisfaire non pas de l'épreuve et de son résultat, mais de la motivation du conseil d'administration quant au choix qui a été opéré. L'expression que j'ai entendue en radio ce matin, c'était bien celle-là et elle me paraît relativement exacte.
Je ne parle pas encore une fois de tout ce qui est gouvernance, sensibilité, image, action sur le personnel, action sur le public en général. S'il s'agissait de choisir entre M. Dupont et M. Durand, il me semble que les choses auraient été plus simples que dans la situation actuelle. Si on fait abstraction de cela, il me semble que la procédure étant respectée, étant dans une situation d'examen et pas de concours, la Société wallonne se prononce bien sur la délibération du conseil d'administration de la locale et elle dit : « sur base de votre motivation, je ne peux pas marquer accord sur votre décision. Donc, soit vous maintenez votre décision et vous la motivez correctement et on voit ce que l'on peut faire, soit vous décidez, vous, conseil d'administration de la société locale d'en faire autre chose ».
À l'écoute et à la lecture de ce que j'ai pu voir, c'est là où j'en suis dans ma réflexion. J'aurais aimé savoir si mon interprétation est correcte.
(M. Jamar, Président, reprend place au fauteuil présidentiel)

M. le Président. – La parole est à M. Disabato.

M. Disabato (Écolo). – Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, je vais essayer de ne pas répéter tout ce qui s'est dit ici, mais il est clair que l'on ne parle pas, comme l'un de mes collègues l'a dit, de n'importe quelle société de logements sociaux. On parle de « Toit et moi », la plus grosse société de logement social de la Région wallonne, 5 500 logements, qui a vécu un parcours pour le moins difficile, avec dans un premier temps le drame des Mésanges - chaque année, on participe à la commémoration - qui, justement, a vu le gouvernement prendre ses responsabilité à l'époque sous l'arc-en-ciel et qui a développé un plan d'un milliard d'euros visant à la sécurisation et la « salubrisation » du parc locatif des logements sociaux en Région wallonne.
Par ailleurs, à la suite de ce drame, il y a eu l'envoi d’un commissaire spécial suite à la découverte de dysfonctionnements. Il y a ensuite eu une polémique sur la gestion du commissaire spécial, des difficultés financières énormes, et caetera. Ce Gouvernement wallon a d'ailleurs pris ses responsabilités puisqu'il a annoncé la recapitalisation des quatre plus grosses sociétés de logements sociaux de la Région wallonne dans les mois et les années à venir.
Nous sommes ici dans un cas plus que particulier, avec cette sélection qui se voulait indépendante et il me semble que sur la procédure elle l'a été, au départ, puisque l'on a fait une épreuve écrite : 94% pour le premier classé et 82% pour le second. Il y a ensuite eu un assessment, puis un oral. Là, les choses étaient très claires sur le classement entre les différents candidats. Je suis totalement en phase avec ce que Mme Yerna disait sur le fait que le jury a fait son travail et a fait un travail qui, pour moi, était assez correct.
Le Conseil d’administration est bien sûr souverain pour décider de déroger à une proposition qui est faite à un certain moment - je suis totalement d'accord avec cette possibilité-là. Seulement, on doit le justifier de manière correcte. Avouons quand même que les trois justifications sont assez faibles, dont la première : « attendu que le candidat M. Donfut a obtenu 9 voix contre 8 à son concurrent ». Si cela est une justification, je peux alors vous en donner beaucoup de justifications : il a un chat noir, il a une grand-tante qui s'appelle Marylise, et caetera.
Par ailleurs, cela montre clairement cette faiblesse-là, qu'il s'agissait plutôt d'une nomination politique. Si on ajoute aussi à cela le fait qu'il y a eu un courrier de tous les administrateurs d'une seule tendance politique qui demande à modifier la décision du CA, cela encourage effectivement à penser que cette nomination est effectivement politique. Pour moi, c'est assez clair.
Quand je parle de l'image, pour garder l'idée d'avoir la tête froide, ce n'est pas quelque chose que j'invente, c'est la société elle-même qui trouvait que c'était important de changer son image. Première preuve, elle change le nom de sa société « Sorelobo » et le transforme en « Toit et moi ». Par ailleurs, vous pouvez retrouver, si vous allez voir les PV des différents CA, que l'image était quelque chose d'important pour le CA dans son ensemble, pour changer le modèle d'une société qui avait vraiment souffert de dysfonctionnements politiques d'une époque que l'on croyait révolue.
Cela envoie non seulement un signal contradictoire par rapport à ce que le CA demande, mais cela envoie aussi un très très mauvais signal à la population. Je vous rappelle tous les signaux que l'on essaye, au niveau du Gouvernement wallon, de donner aux Wallons : « Réveillez-vous, prenez votre destin en mains ». Ici, on donne le sentiment que ce n'est pas la compétence qui a prévalu, mais d'autres arguments.
Par ailleurs, un des arguments mis en avant lors des différents conseils d'administration était la disponibilité des candidats. Apparemment, une question très claire a été posée à ce sujet aux différents candidats. Un candidat avait une disponibilité totale, tandis que le candidat retenu, M. Donfut, a dit clairement qu'il entendait continuer à exercer ses activités politiques comme il le faisait précédemment. Or, c'est tout de même une société de logements sociaux qui a des défis assez conséquents. Si on veut pouvoir répondre à ces défis conséquents, il est pour moi essentiel de donner tout son temps, toute son énergie au redéveloppement de celle-ci.
J'avais une question un peu plus précise, c’est que le candidat retenu dont la SWL a cassé la décision est en même temps conseiller communal d'une commune affiliée à la Société de logements sociaux « Toit et moi ». Je sais que ce n'est pas illégal, car le Code wallon du logement intervient plutôt sur ce qui est mandat exécutif, mais il habilite le gouvernement à aller plus loin et à interdire cette possibilité de cumul entre deux fonctions de ce type. Entendez-vous aller dans ce sens-là dans une réforme ultérieure ?
La société « Toit et moi » est dans une phase de restructuration difficile. On a notamment évoqué les problème de personnel puisqu'il avait un cadre surnuméraire. Même si le plan est encore en négociation actuellement, il y aura quelques licenciements. Le personnel, lui aussi, a clairement demandé que l'on choisisse le candidat le mieux armé, plutôt qu'une nomination politique.
Il y eu, à un moment donné, une volonté de certains, au CA, de modifier, a posteriori, la justification de la décision, en ajoutant des éléments qui n’ont jamais été évoqués au CA qui a pris la décision. Pourriez-vous me dire si cela est légal ? Si une autre justification devait être développée, la procédure ne devrait-elle pas être recommencée ?
Il est clair que cette nomination donne un mauvais signal, je l'ai dit, à la population et au secteur privé que l'on essaye d'attirer vers le secteur public.
Je ne voudrais pas, non plus, que l'on en arrive à dévier la question. Je ne suis pas ici pour parler de pour ou contre M. Donfut. Ce n'est pas du tout la question qui doit se poser. La question que l'on doit se poser est de savoir quel est le meilleur candidat, celui qui peut répondre aux défis de la société pour la redresser financièrement et donner aussi un soutien social aux différentes personnes qui y logent.
On ne peut que réévaluer aussi les questions à la lumière de ce que le CA de la SWL a dit hier. J'ai été surpris du timing, des réactions qui ont été données. Je suis à tout le moins surpris de la réaction de M. Donfut - je ne vais pas citer à nouveau, mon collègue l'a fait toute à l'heure in extenso - mais quand même, je trouve que c'est crier victoire, c'est déjà se sentir dans le rôle de celui qui va être conforté alors que rien n'indique, pour moi, pour l'instant, que la décision doit être validée. Ce serait encore plus mauvais, selon moi - je reprends ce que mon collègue M. Di Antonio a dit - si maintenant, on faisait si comme rien n'était et que l'on décidait in fine d'adouber le candidat qui a été désigné, pour moi, de manière plus ou moins irrégulière,
C'est la troisième fois que l'on va recommencer la procédure. Une première fois, il a fallu recommencer les choses par rapport aux critères. Cette procédure-ci était la deuxième fois et maintenant, la SWL renvoie à une troisième procédure. Il est vraiment temps que la société de logements sociaux cesse de tergiverser avec tout cela et mette en oeuvre la décision la plus efficace possible pour son redéveloppement.

M. le Président. – Je pense que les quatre intervenants ont développé en suffisance le sujet, de manière à permettre à M. le Ministre d'y apporter réponse.
La parole est à M. le Ministre Nollet.

M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique. – M. Crucke disait que nous étions dans un remake, et même un remake du remake. En fait, j'estime que nous sommes dans un très mauvais feuilleton, mais ce n'est probablement pas la dernière étape puisque le conseil d'administration de la société devra retravailler le dossier.
Je demande à tout un chacun ici - j'en parlais en aparté, juste avant - de bien comprendre le rôle qui est celui du ministre, en ce compris son rôle en tant qu’ultime recours.
Nous ne sommes probablement pas au bout des étapes à franchir. Bien entendu, interpellé au parlement, je réponds aux questions, mais vous comprendrez aussi qu'il y a des éléments qui restent aussi en ma possession pour les éventuelles étapes ultérieures dans le rôle d'ultime recours qui est le mien.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que je ne me suis pas exprimé. Monsieur Crucke, vous avez regardé tous les Belga hier soir, cette nuit et vous vous êtes dit : tiens, on n'a pas entendu le ministre. Mais vous savez très bien pourquoi, je viens de vous le préciser à nouveau ici. C'est d'ailleurs cela aussi qui cadre certains éléments de ma
réponse et vous comprenez, derrière mes propos, ce que je peux en penser.
Avant d'aborder la question de la motivation de la désignation du directeur gérant par le CA de la société, et même si d'autres l'ont déjà fait pour partie, je voudrais rappeler le déroulement des évènements pour que l'on soit au moins d'accord sur ces éléments-là et qu'à l'extérieur, on puisse aussi se baser sur ce déroulement.
La procédure de recrutement d'un nouveau directeur gérant a été lancée par la SLSP « Toit et moi », au mois de septembre 2010 pour pourvoir au remplacement de l'ancien directeur gérant suite à sa démission.
Le 26 décembre 2010, le CA décidait de relancer la procédure afin d'éviter tout risque de recours suite à l'écartement de candidats sur une base erronée. Cette nouvelle procédure comprenait un examen écrit, un assesment et le passage devant un jury composé d'un expert extérieur, d'un directeur gérant d'une SLSP, d'un représentant de la SWL, de deux administrateurs de la société « Toit et moi » et deux observateurs assistaient également ce jury.
Sur base de l'examen écrit, quatre candidats ont été invités à se présenter devant le jury qui s'est tenu le 25 février 2011. Le jury a éliminé un candidat, jugé non apte, et a établi à l'unanimité un classement des trois autres candidats qui se décline comme suit :
• 1. M. Pierre Claerbout,
• 2. M. Didier Donfut,
• 3. M. Michel Schoonbroodt.
Le jury a motivé ce classement en s'appuyant sur une liste de points forts et de points faibles relatifs à chacun des candidats, de même qu'à une analyse de leur aptitude à exercer la fonction.
En date du 5 mars, le conseil d'administration de la société « Toit et moi » s'est réuni pour désigner le directeur gérant. Compte tenu du rapport de conclusion du jury, plusieurs votes ont eu lieu. Je voudrais vous rendre attentifs au fait que le premier vote portait sur le travail du jury et à l'unanimité, je dis bien à l'unanimité, le conseil d'administration de la société « Toit et moi » a approuvé le travail du jury.
Le deuxième vote a porté sur le fait de savoir si le conseil souhaitait entériner le classement établi par le jury. Le vote, à bulletin secret, a indiqué que 13 personnes refusaient d'entériner le choix du jury contre quatre qui le souhaitaient.
Un troisième vote relatif à la proposition de relancer toute la procédure a abouti à 15 non, un oui et une abstention.
Un quatrième vote, à bulletin secret, a porté sur le maintien ou non du candidat classé troisième dans la réserve. Le vote a donné 13 voix pour écarter le candidat de la réserve contre quatre voix pour son maintien.
Un cinquième vote, à bulletin secret, destiné à départager les deux candidats restants, a donné le résultat suivant : huit voix pour Pierre Claerbout, huit voix pour Didier Donfut et une abstention.
Après débat, le conseil a procédé à un sixième vote, à bulletin secret, qui a abouti à la désignation d'un candidat, le candidat classé deuxième, à savoir M. Donfut : neuf voix en sa faveur contre huit pour Pierre Claerbout.
Le résultat étant contraire à la proposition du jury, le conseil a motivé son choix comme suit. Je vais vous le citer, mais je vais vous dire que cette motivation a également fait l'objet d'un vote : 10 voix pour, trois refus, deux abstentions, deux commissaires ayant quitté la salle. Il y a bien eu justification et il y a bien eu vote sur cette motivation. Je vous la cite maintenant : « attendu que M. Donfut a obtenu le plus de voix lors du CA à bulletin secret » - c'est ce que M. Disabato rappelait il y a peu - c'est la première justification, « attendu que les deux candidats sont compétents et complémentaires et qu'ils formeront une équipe cohérente pour mettre en oeuvre le plan de restructuration et le plan stratégique futur », c'est la deuxième justification, « attendu que M. Donfut bénéficie d'un parcours particulier (bourgmestre, parlementaire, ministre de l'action sociale) et que c'est une chance d'avoir un ancien ministre à la tête de la société », c'est la troisième justification, « le conseil d'administration estime que M. Donfut est le candidat à même de répondre aux exigences demandées et d'être un capitaine d'entreprise pour Toit et moi ».
Le commissaire du gouvernement a introduit un recours en suspension de la décision du conseil d'administration auprès de la Wallonne du logement. Telle est la chronologie des évènements.
J'en viens à présent aux aspects spécifiques à la décision prise par le conseil.
Dans vos questions, après avoir rappelé le principe de souveraineté du CA, vous m'interrogez sur la motivation de cette désignation.
Je souhaiterais tout d'abord indiquer que le CA a formellement motivé sa décision. Je l'ai déjà fait tout à l'heure. Dès lors, dans l'hypothèse d'un éventuel souhait de revoir sa décision ou d'apporter une modification à cette motivation, le conseil aurait pu se prononcer à nouveau au terme d'une nouvelle séance du conseil d'administration, comportant ce point à l'ordre du jour. Cela a d'ailleurs été, à un moment donné, évoqué. Je me positionne là avant la réunion du CA de la SWL.
Quant à la légalité d'une révision de la décision ou de la motivation, le conseil restait, le cas échéant, souverain pour retirer, s'il le souhaitait, les actes qu'il avait lui-même posés et, le cas échéant, en adopter d'autres à la place. En effet, une explication donnée postérieurement à l'acte n'aurait pu couvrir l'insuffisance ou l'absence de considérations de droit ou de fait fondant la motivation.
Pour rappel, le retrait d'un acte est, en lui-même, un acte susceptible d'être attaqué aussi en cas de défaut ou d'insuffisance de motivation. Un requérant pourrait par ailleurs considérer que cette modification de la motivation initiale la fragiliserait de facto et, par conséquent, fragiliserait la décision du conseil.
D'un strict point de vue juridique, il importe de rappeler que tout acte administratif, qu'il soit de portée individuelle ou réglementaire, ne peut pas être arbitraire. Dès lors, la motivation de l'acte doit reposer sur des motifs exacts, pertinents et admissibles qui doivent résulter du dossier constitué en vue de la décision et permettre aux juridictions saisies d'une contestation quant à sa régularité d'être en mesure d'exercer le contrôle de légalité qui leur incombe.
Le CA, comme vous le savez, de la SWL, saisi du recours du commissaire, s'est réuni le 21 mars. À l'analyse des différentes pièces ayant conduit à la décision du conseil d'administration de « Toit et moi », le CA de la SWL a constaté que les motivations ne sont pas conformes à la loi du 21 juillet 1991 relative à la motivation formelle des actes administratifs.
En conséquence, le CA de la SWL a unanimement considéré le recours comme recevable et fondé et en conséquence, il a annulé la décision du conseil d'administration de Toit et moi de désigner M. Donfut comme directeur gérant.
Il appartient maintenant au conseil d'administration de la société « Toit et moi », de tirer toutes les conséquences de cette annulation et des motivations qui l'ont guidé, au regard notamment de la procédure mise en place par le conseil d'administration, et qui peuvent différer - et c'est là que je ne sais pas répondre de manière générale à votre demande, même si je la comprends - d'une situation à l'autre en la matière. Mais le CA avait lui-même élaboré une procédure.
À la question relative à la rémunération pour le directeur gérant, question abordée, je crois, par M. Crucke, il faut signaler que la décision du conseil n'y fait pas référence. Toutefois, l'appel public à candidature annonçait une échelle A2, selon les grades régionaux, assortis des avantages suivants : mise à disposition d'un véhicule de société, assurance groupe et assurance hospitalisation.
Quant à la question de M. Disabato sur l'incompatibilité entre une fonction de directeur gérant et celle de conseiller communal d'une commune affiliée à la société, elle n'est en tout cas, à ce jour, pas prévue comme incompatible dans le Code wallon du logement. On peut bien entendu réfléchir, mais jusqu'ici, en son article 150 alinéa 1e, il est prévu que la qualité du directeur gérant est incompatible avec les qualités de bourgmestre, échevin, président du CPAS ou député provincial d'une commune ou d'une province sociétaire. Nous n'y réfléchirons de toute façon pas rétroactivement.
Tels sont les éléments de fait et de droit que, à ce stade de la procédure et vu mon rôle, je puis vous livrer.
Il n'y a donc pas, Monsieur Crucke, de blanc-seing qui a été donné, pas plus hier qu'avant-hier. Il y a annulation de la désignation de M. Donfut et retour au conseil d'administration, un point, c'est tout.
Et, parce que M. Crucke m'y invite aussi, je terminerai peut-être par l'essentiel.
Les locataires et les membres du personnel de « Toit et moi » m'ont fait part de leur inquiétude et je la partage. Cette société de logement public était déjà en proie à de graves difficultés financières, obligeant la Wallonie à intervenir financièrement pour lui éviter le pire. La voici désormais plongée dans une situation d'incertitude qui la fragilise davantage en terme de management.
S'il est du devoir de ses administrateurs de permettre à « Toit et moi » - et c'est maintenant leur rôle - de retrouver la sérénité dont elle a besoin pour la poursuite de son activité, croyez bien que, dans le respect scrupuleux des prérogatives que la législation réserve au Ministre du logement, je continuerai à suivre très attentivement l'évolution de ce dossier.

M. le Président. – La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. J'entendais Mme Yerna dire qu'il faut garder la tête froide. Non ! Il faut garder une tête juste.

Mme Yerna (PS). – Pour moi, c'est la même chose.

M. Crucke (MR). – Qu'elle soit chaude ou froide, cela n'a pas d'importance. Mais juste, cela a de l'importance.
Et même si je comprends votre argumentation, on ne peut pas faire comme si M. Donfut n'existait pas. Il est omniprésent dans ce dossier. Il s'y met lui-même. Quand il n'y est pas, qu'on ne lui demande rien, il envoie son commentaire.
La meilleure des choses à faire pour cette société, c'est de le laisser loin de la société, c'est réellement de faire en sorte qu'il n'y touche plus, qu'il n'en parle plus. Que cet homme ait envie dans sa vie de refaire des choses actives, on peut le comprendre évidemment et on n'est pas là pour dire qu'on est pour ou contre. On peut comprendre qu'on ait envie d'être actif, mais là, le service qu'il rend à la société de logement, c'est le plus mauvais des services qu'il peut rendre à la fois à la société de logement, mais également au logement public en général. C'est le degré zéro.
Vous me dites que vous avez suivi le dossier, Monsieur le Ministre, j'en suis persuadé, mais vous ne serez pas le seul, je vais le suivre également. Il y a des années que je m'intéresse à « Toit et moi », déjà du temps de l'ancienne société, avec un directeur gérant qui habitait le Brabant wallon. Je n'oublie pas cette société parce que je pense que c'est vraiment tout le contraire qu'il faut faire dans la vie que ce qu'on y voit là-bas. Ce qui va se passer, c'est ce qui est écrit. Les amis de M. Donfut ont demandé à leur président du conseil d'administration d'avoir, au prochain conseil d'administration qui se réunira, comme vous l'avez dit, un avocat spécialisé en droit administratif qui vienne chapeauter et motiver la désignation.
Ce n'est pas du cirque, c'est pire que du cirque, c'est du mauvais cirque ! J'espère que tous ceux qui s'intéressent au logement public, et en particulier à cette société, ne joueront pas dans cette farce. Que ceux qui ont encore des amis dans le coin leur disent de ne pas faire ça. Si c'est le cas, cela mettra le feu aux poudres. Ce ne sera pas seulement au niveau des gens qui y travaillent. Cette société n'est pas la poule aux oeufs d'or, contrairement à ce que certains ont laissé penser. C'est une société qui est malade et qui a besoin d'un traitement lourd. On n'a pas besoin d'un joueur de couteaux, on a vraiment besoin d'un professionnel compétent. C'est cela que je voudrais voir arriver.
Pour ma part, Monsieur le Ministre, j'ai bien compris votre position, et même s'il y a des choses que vous voudriez dire et que vous ne pouvez pas dire, vous avez néanmoins laissé passer votre sentiment. Je vous connais assez pour savoir ce qu'au fond de vous-même, vous en pensez. Vous avez votre rôle de tutelle, mais est-ce que le meilleur des conseils que l'on peut donner à cette société, n'est de garder l'intéressé extrêmement loin et de recommencer une procédure dans les règles de l'art, toutes les procédures ayant été suivies jusqu'à la fin de l'expertise, de l'examen, du concours, on peut diverger sur les termes employés.
De grâce, permettons à cette société de travailler. Si j'ai parlé du remake d'un remake, c'est parce que je craignais ce qui est arrivé. Si on n'est pas attentif à cette situation, c'est la Wallonie entière qui sera entachée par tout ce que nous avions voulu éviter, majorité comme opposition. Or, on nous prouve que cela est encore possible et forcément, cela signifie que la législation n'est pas encore assez sévère. Il faudra donc, c'est notre rôle de politique, revenir sur un certain nombre de règles puisque, manifestement, certains passent encore à travers.

M. le Président. – La parole est à M. Di Antonio.

M. Di Antonio (cdH). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Effectivement, l'exercice n'était pas facile, vu les circonstances. En suivant votre descriptif, y compris dans le travail du jury et de sa délibération finale, on voit que tout s'est bien passé. Dès lors, je ne partage pas l'avis sur la nécessité de recommencer la procédure. A mon avis, le travail du jury est tout à fait valable.
Madame Yerna, je regrette, mais on ne peut pas faire abstraction du passé de M. Donfut. C'est la raison pour laquelle une nomination politique avec un changement de l'ordre des résultats ne peut pas être choisie comme procédure dans ce cas-ci. Le signal qui serait donné serait catastrophique.
Plus que jamais, je pense que c'est la compétence et seulement la compétence qui doit entrer en ligne de compte. Nous devons donner cet exemple. Et si on veut éviter une longue procédure avec des recours successifs, on ne peut souhaiter qu'une seule chose, c'est que l'intéressé lui-même comprenne qu'il faudrait mieux qu'il retire sa candidature. Les choses seraient beaucoup mieux comme ça pour la société et pour l'image du logement social en général.

M. le Président. –La parole est à Mme Yerna.

Mme Yerna (PS). – Le débat reste un débat difficile. Tout d'abord, je remercie M. le Ministre de nous avoir donné de nouveaux éléments. En effet, n'étant pas à l'intérieur du dossier, on ne les connaissait que par presse interposée. Je continue à dire qu'il ne faut pas non plus dans ce dossier, parce qu'il est justement emblématique, faire des amalgames. Je suis donc toujours un peu embarrassée quand on parle du drame des mésanges ou encore des difficultés financières. Les effets survivent aux causes.
Comme chacun d'entre nous, M. Donfut a le droit de faire une carrière quelque part. Etait-ce le meilleur endroit et le meilleur moment ? Si vous me le demandez, à titre personnel, je répondrai que non. Mais ce que je ne comprends pas, c'est comment, tout au long d'une procédure, on a considéré, que ce soit administrativement ou politiquement, que cette candidature était recevable, en acceptant que le candidat passe toutes les épreuves, si tout le monde, consciemment ou inconsciemment, dans un coin dans son esprit, savait que, de toute façon, le candidat n'était pas éligible, qu'il ait été le premier ou le second dans le choix du jury.
Je ne suis pas sûre qu'il n'y aurait quand même pas eu un certain nombre de commentaires si M. Donfut était arrivé en première position dans le classement du jury. On est alors dans l'autre élément évoqué ici et qui n'est pas à négliger dans un secteur comme celui-là, qui concerne l'image et des désirs de changement.
Ce n'était peut-être pas l'endroit et le moment de faire les choses de cette façon-là. Elles ont été faites, la candidature a été jugée recevable, les épreuves ont été passées, mais que ce serait-il passé si M. Donfut avait été classé en première position par le jury ? Qu'aurait-on dit aujourd'hui autour de cette table ?
Je le dis sans passion, car je pense même que politiquement, à titre personnel, ce n'était pas le meilleur moment ou la meilleure candidature à faire valoir. Mais dans ce cas-là, il fallait sûrement réagir plus tôt. Si j'avais été au Conseil d'administration, c'est ce que j'aurais fait.

M. le Président. – La parole est à M. Disabato.

M. Disabato (Écolo). – Je voulais remercier le Ministre pour ses réponses circonstanciées qu'il a apportées. On peut voir à travers sa réponse qu'il suit le dossier de près. J'aimerais aussi vous dire, pour paraphraser quelqu'un, qu'il y a des colères saines, pour reprendre la question de la tête froide. Il est des colères saines par rapport à des modes de fonctionnement qui posent problème.
Je vais vous dire très clairement que par rapport à la personnalité de M. Donfut, je trouve que ce n'est pas forcément le meilleur signal, mais cela lui appartenait. Ici, ce qui pose problème, c'est le fait que ce n'est pas le candidat qui est le mieux classé qui a été retenu. Encore une fois c'est moins la personnalité de Monsieur Donfut qui pose problème que le fait qu'il soit arrivé deuxième.
Quand on regarde, il y a eu trois épreuves. Assessment, examen oral, examen écrit. A un certain moment, on nous a dit « le jury a outrepassé ses droits et n'aurait pas dû classer les candidats. » Retirons alors l'assessment et l'examen oral. Disons qu'ils sont à égalité. L'examen écrit est très clair. 94%, 82%. Est-ce que là on ne peut pas dire que ce n'est pas un fait objectif sur la compétence des différents candidats ? Pour moi, en tout cas, je l'interprète très clairement comme une question de cohérence.
Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est sortir de cette fameuse série Z. Je pense qu'on est vraiment là dans la série Z. Ce n'est pas une mauvaise série. C'est carrément une série Z, quand on voit la manière dont les choses se sont passées. M.r Donfut devrait-il retirer sa candidature ? Je le pense aussi. Le fera-t-il ? Je ne le pense pas. Je pense qu'il n'est pas du tout dans cette optique-là. On le voit au travers ses différentes déclarations. Et par ailleurs, a-t-il le droit de refaire sa vie ? Moi, je le dis très clairement, oui. Moi, je n'ai vraiment aucun souci avec ça.
Ce qui me pose problème, c'est vraiment la manière dont cela s'est passé, encore une fois. Si la procédure avait été totalement respectée, si on avait accepté le résultat du jury et qu'on l'avait appliqué tel quel et que Monsieur Donfut avait été premier, je vous avoue, cela ne m'aurait pas enchanté au plus haut point, mais je n'aurais rien dit.
Ici, on est dans une procédure qui montre clairement qu'il y avait un meilleur candidat qui était très bien classé et qui a été jugé le plus apte à exercer ces fonctions. Il y a de nombreux défis à remplir pour l'avenir.
On a procédé à des destructions de logements, il faut rattraper le retard maintenant, puisqu'on n'avait pas, avec l'argent disponible, suffisamment que pour reconstruire une série de logements. Il y a toute une série de choses à faire à partir de cela. L'augmentation des impayés. Je suppose qu'en commission, vous avez, à de nombreuses reprises, abordé cette question, notamment par rapport à une paupérisation de la population. Cette société est vraiment face à des défis qui sont assez extraordinaires.
Moi, j'acte le fait que le CA de la Société de logements sociaux a validé, à l'unanimité, la manière de travailler du jury. J'acte aussi le fait, ce que vous me disiez, que la SWL a participé dès le départ à la procédure. Je trouve que cela concoure à démontrer que le jury a bien travaillé. C'est vraiment essentiel de le dire.
Maintenant, j'attendrai la suite. Je serai attentif, tout comme vous, et j'espère qu'on pourra trouver une solution tout en étant tout à fait conscient de la difficulté qui est celle de Monsieur le Ministre d'agir dans un cadre légal où il ne peut pas faire ce qu'il veut. Je vous remercie pour vos réponses.

M. le Président.
– Voilà qui clôture ce mini débat à propos de ce dossier important.
L'incident est clos.
(Mme Saenen, Doyen d'âge, prend place au fauteuil présidentiel)

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre NOLLET sur "l'absence de démarrage du 3ème paquet énergie de l'UE"

M. le Président. – L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique, sur « l'absence de démarrage du troisième paquet énergie de l'Union européenne ».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). – Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, comme vous le savez parfaitement bien, le 3 mars aurait dû être une date importante pour la libéralisation du marché européen puisque le troisième paquet aurait dû intégrer l'ensemble des législations des différents pays européens. Troisième paquet qui concerne à la fois le régulateur, mais également toute la concurrence. Hormis de rares pays, la Belgique n'est pas la seule à ne pas avoir avancé. Manifestement, la commissaire européenne en charge du dossier a considéré que le travail actuellement était insuffisant. C'est dommage. Quand on connaît le coût de l'énergie aujourd'hui, on peut estimer que ce troisième paquet, pourrait être utile, utilisé et donc, forcément, utilisable.
Monsieur le Ministre, par rapport à ce dossier, quel est le rôle de la Région wallonne ? Comment la région intervient-elle dans ce dossier ? Où en est la procédure de ratification ? Quels sont les retombées sur un plan plus wallon, de ce troisième paquet ? Y aura-t-il une initiative décrétale qui sera ou devra être prise ? Quelles sont les conséquences éventuelles de ce retard ?
On sent bien qu'il y a, au niveau fédéral, un blocage assez consistant entre le Ministre de l'énergie fédéral et la CREG. Toutefois, dans la mesure où une région a également des implications dans le dossier, je pense que le fédéral, même en affaires courantes, ne peut pas tout bloquer.

M. le Président.
– La parole est à M. le Ministre Nollet.

M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique. - La transposition du troisième paquet relatif aux marchés du gaz et de l'électricité est en cours de rédaction à la suite de divers contacts avec les acteurs, l'administration et la CWaPE.
Dans le cadre du droit wallon, la législation actuelle répond en grande partie aux obligations des directives. Pour le surplus, la transposition portera essentiellement sur le renforcement de l'indépendance du régulateur, l'évolution du régime relatif aux lignes directes et aux réseaux fermés et des adaptations mineures concernant le droit des consommateurs. Je pense par exemple au délai pour changer de fournisseur de trois semaines au lieu d'un mois, à l'information sur les mécanismes de règlement des litiges ou encore aux guichets uniques d'information.
Un projet de décret sera adopté au Gouvernement wallon dans les prochaines semaines. Les instances d'avis ainsi que les différents acteurs seront ensuite consultés afin qu'ils puissent faire part de leurs remarques écrites sur le projet.
L'adoption au Gouvernement wallon devrait avoir lieu en été, peut-être en septembre, selon le calendrier et le dossier sera transmis au Parlement wallon dans la suite.
Il faut souligner que seuls quelques États membres ont transposé les directives en droit national. À ce jour, le retard de transposition pris par la Belgique est sans conséquence. En effet, le commissaire européen en charge de l'énergie, M. Gunther Oettinger, a indiqué en marge du Conseil des ministres européens de l'énergie, attendre jusqu'à l'automne pour procéder à une dernière évaluation et lancer alors les premières procédures d'infraction.

M. le Président. – La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre NOLLET sur "le photovoltaïque social"

M. le Président. – L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique, sur « le photovoltaïque social ».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). – Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, je dirai que c'est un peu de manière, non pas insidieuse, mais inattendue, que j'ai pris connaissance du dossier dont je vais vous parler.
En effet, c'est dans le cadre d'une inauguration de logements sociaux de ce qu'on appelle la Société de logement du Haut Escaut située à Antoing, que le Président de cette société a fait une déclaration selon laquelle il disposait d'un projet novateur qui pouvait être une première en Wallonie, mais que ce projet se voyait entravé par la législation sur les marchés publics, comme si on avait imposé ces règles dans cet unique but. Il semble que ce soit un peu le raisonnement de l'intéressé selon lequel en l'absence de marchés publics, son projet novateur et révolutionnaire pourrait voir le jour et être fort utile pour tout le monde !
En plus de cela, et je pourrais vous le lire, mais ce n'est pas cela le plus utile, dans ce cas-ci, on semblait vous incriminer également puisque l'intéressé dénonçait une absence de suivi du cabinet, de la Wallonne du logement, malgré les interpellations qui auraient faites ou qu'il voudrait faire. Pour ma part, quelle que soit la personne qui attaque la région, je réagis, sauf si c'est fondé.
Monsieur le Ministre, puisqu'on parle bien de photovoltaïque social, je voudrais, dans un premier temps, que vous me décriviez ce projet. En quoi est-il à ce point révolutionnaire et novateur ? Le montage juridico-financier qui permettrait à la société d'équiper ses 607 habitations est-il bien validé sur ce plan-? Est-il exact de dire que l'obstacle à la concrétisation du projet se repose sur la loi sur les marchés publics ?
En outre, avez-vous pensé, ne serait-ce qu'une seconde, pouvoir autoriser l'intéressé à déroger aux règles du marché public ? Cela vous est-il venu à l'esprit ou bien ne faut-il pas encore rappeler à certains que, s'il y a des règles, c'est parce qu'il y a eu des dérives ? Et c'est parce qu'il y a eu dérive que souvent, le logement social a été décrié.
M. Stoffels était d'ailleurs intervenu sur cette matière lors d'une question d'actualité. Dans ce cadre, vous aviez mentionné un projet qui avait reçu une aide de la Région wallonne avec un budget de 3 millions d'euros. Pouvez-vous évoquer plus en détail cette initiative , puisque vous n'avez pas cité le projet ? Quelle est cette initiative ? Quand a-t-elle vu le jour ? Y a-t-il d'autres projets pilotes qui pourraient être lancés ?
Enfin, une généralisation de panneaux photovoltaïques au sein des sociétés de logement n'est-elle pas en soi contraire à votre volonté ? On en a déjà parlé ici, mais je sens que je dois systématiquement le répéter. Je suis réellement favorable au photovoltaïque, je pense que c'est une énergie qu'il faut pouvoir utiliser, mais si on le généralise de cette manière, ne nous inscrivons-nous pas dans un sens contraire à l'usage même que le photovoltaïque doit permettre ? Est-ce que ce n'est pas plus un effet d'aubaine qui revient, finalement, à contourner ce que j'appelle les priorités que sont l'isolation d'un immeuble ou les autres moyens qui doivent permettre d'avoir l'investissement le plus proche de l'utilité énergétique ?
J'imagine bien que si on pense à ce genre de travaux, cela veut également dire du travail, un suivi et du personnel complémentaire. Or, je pense au personnel de cette société et à la directrice, en l'occurrence, qui est une dame remarquable qui fait un travail de qualité sur le terrain. Mais peut-on imaginer se lancer dans un tel projet sans disposer du personnel nécessaire à son suivi?
Voilà, Monsieur le Ministre, mes questions sur ce dossier.

M. le Président. – La parole est à M. le Ministre Nollet.

M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique. – Je vous remercie Monsieur le Président. Je souhaiterais avant tout signaler que je regrette que le Président du Conseil d'administration de la Société du logement du Haut Escaut se soit plaint d'une absence de réponse quant à une sollicitation, dès lors qu'elle m'a été adressée uniquement par courrier électronique à une adresse inexistante ! Et qu'en l'absence évidente de réponse, aucun rappel ne me soit parvenu. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de répondre là-dessus à une question d'actualité. Vous étiez présent, je crois. Vous avez dû suivre cela attentivement.
Maintenant, je peux revenir plus en détail dans le cadre de la question orale. Je suppose que c'est le sens de votre nouvelle interpellation.
La Société wallonne du Logement (SWL) a eu à connaître des intentions du Président du Conseil d'administration de la Société de logement du Haut Escaut quant à un projet de pose de panneaux photovoltaïques. A la suite de cette prise de connaissance, à la demande de la SWL, le Président de la SLSP a transmis certains éléments technico-juridiques actuellement à l'étude au sein des services de la SWL.
Par ailleurs, il a été convenu qu'une réunion entre les représentants de la SWL et la SLSP se tienne dans les toutes prochaines semaines afin de faire le point sur le dossier . Dès lors il est prématuré, à ce stade, de se prononcer quant à la faisabilité de ce dossier. En ce qui concerne les coûts que devrait supporter la SLSP, il ne faut pas oublier
que la Société de Logement du service public ne pourra se baser que sur l'état actuel des aides octroyées pour les petites installations photovoltaïques raccordées au réseau, c'est-à-dire le compteur qui tourne à l'envers et l'octroi de certificats verts, vous connaissez le mécanisme aussi bien que moi.
La loi sur les marchés publics s'impose à tous. Dès lors, chaque fois qu'une société de logement commande des prestations rémunérées, de quelque manière que ce soit, une mise en concurrence s'impose. Il n'est pas permis à un pouvoir public de négocier directement avec un prestataire déterminé, faute de ne pas respecter les principes d'égalité de traitement et de non-discrimination régissant les marchés publics. Cette démarche peut être complexe et difficile à mener à bien, mais il n'en reste pas moins vrai qu'elle s'impose. En tant que mayeur, vous le savez tout autant que moi.
Je rappelle à cet égard la mission d'assistance qu'accomplit la SWL auprès des Sociétés de logement des services publics si jamais cela devait être utile ou nécessaire.
En ce qui concerne maintenant la projet pilote, le Gouvernement wallon a chargé, le 30 avril 2008, la SWL de la mission suivante :
• la fourniture et le placement, dans chaque SLSP participante, d'une installation de production d'électricité à partir de panneaux photovoltaïques, installation raccordée au réseau et située en priorité sur le siège social. Pour se faire, le Gouvernement wallon a attribué à chaque SLSP une subvention de 40 000 euros, tout frais compris ;
• l'étude d'une solution de tiers investissement, afin de financer l'implantation éventuelle de telles installations photovoltaïques sur des logements du parc des SLSP, ainsi que la proposition de modification de la réglementation éventuellement nécessaire. Cette deuxième partie de la mission, qui peut être considérée comme pilote, vu que le recours à un tiers investissement pour les installations photovoltaïques, n'a jamais été réalisée en logement social.

Afin de mener à bien le projet, la SWL a d'abord lancé un marché de services en vue de désigner un consultant. En séance du 14 décembre 2009, le conseil d'administration de la SWL a désigné la société momentanée FINERTI. Le consultant dispose des ressources disponibles auprès de la SWL. Il doit faire rapport de ses activités et de ses recherches à un comité de suivi. C'est assez classique en la matière.
La SWL a donc lancé un marché groupé de trois lots de fournitures et placement pour les comptes des SLSP participantes. La société momentanée DAUVISTER-KS SEPPI a été désignée par le CA de la SWL comme adjudicataire des trois lots en date du 25 octobre 2010. Les travaux ont commencé il y a peu, puisque c'était le 28 février 2011.
En parallèle, le consultant FINERTI procède à une étude de la faisabilité d'une solution de tiers investissement, tant au niveau juridique qu'au niveau économique, et l'étude des aspects économiques figure à l'ordre du jour de la prochaine réunion de suivi qui aura lieu le 24 mars, après-demain. Nous aurons, je suppose, l'occasion d'en reparler très bientôt, je vous connais.

M. le Président. – La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). – Je remercie le ministre pour sa réponse. Je ne reviendrai pas sur l'histoire du courrier électronique. Je me réjouis que la Société wallonne du logement puisse tenir une réunion à brève échéance et tenter de trouver une issue, parce que le dossier peut être bon sans pour cela devoir enflammer toute la région.
Je vous remercie également pour le rappel par rapport aux règles sur les marchés publics. Je dirais même que l'intervention du Président face à la presse m'a étonné à double titre. D'abord sur le principe, et je vous l'ai dit. Mais en plus, sur l'efficacité. En dévoilant l'opérateur avec lequel il travaille, il a fait en sorte que cet opérateur ne puisse plus jamais intervenir dans ce marché. Je n'ai vraiment pas compris le sens de son intervention.
Je pense qu'il faut mieux bien connaître cette matière et il est aberrant qu'on puisse encore présider des sociétés de logement avec aussi peu de connaissances. Enfin, je n'en dirai pas plus. Quant au tiers investisseur, je pense que c'est une bonne formule qui doit pouvoir être appuyée.
M. le Président. – Puisque le quorum est à présent atteint, je vous propose de revenir au cours normal de nos travaux.

lundi 28 mars 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "les constateurs environnementaux"

Mme la Présidente. – L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke, sur « les constateurs environnementaux » et la question orale de M. Senesael, sur « la prolongation des contrats des agents constateurs environnementaux » à M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports,


Mme la Présidente. – La parole est à M Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, dans le cadre du décret sur la délinquance environnementale du 5 juin 2008, le Gouvernement wallon a offert la possibilité à certaines communes de disposé de services des constateurs environnementaux par le biais d'APE.

J'ai déjà posé la question au Ministre Henry, qui nous a renvoyé vers vous pour une raison bien simple, c'est que ce système, pour ceux qui ont pu en bénéficier - et je pense pouvoir dire à l'unanimité - est devenu réellement indispensable dans les communes. Il faut reconnaître que sur le terrain on a du mal à ce demander maintenant comment on pourrait se passer de ces personnes. Pour ce qui me concerne, je considère que le travail qui est fait est un travail sérieux, bien fait, utile et j'oserai même dire à certain moment éducatif, pédagogique, même s'il faut systématiquement répéter les opérations, redire et parfois aussi sanctionner.

Or ces APE viennent à échéance. Dès lors, mes questions sont doubles. Pouvons-nous faire le bilan sur le système ? Est-ce que l'information est remontée au gouvernement ?

Quel a été le coût de la mesure ? Est-ce qu'il y a des décisions qui sont prises en gouvernement pour pérenniser cette mesure et si oui lesquelles ? Le risque est aussi de perdre les éléments qui sont des éléments dynamiques et qui font le travail avec du talent.

Mme la Présidente. – La parole est à M Senesael pour poser sa question.

M. Senesael (PS). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, mon collègue vient d'en toucher un mot, il s'agit d'une problématique qui a été soulevée à deux reprises en commission de l'environnement de votre collègue Henry.

La question de la pérennisation des contrats des agents constateurs environnementaux me semble d'autant plus d'actualité que ces contrats arrivent à échéance fin de ce mois.

Le Ministre Henry, dans une réponse à une question, a mentionné qu'il avait pris contact avec vous afin d'examiner dans quelle mesure ce processus pourrait être pérennisé sur base de l'évaluation qui doit être menée. Le Ministre Henry n'est, en effet, qu'une partie contributrice de ce financement; la tutelle principale se trouvant chez vous.

Où en sommes-nous dans l'état d'avancement de ce dossier ? Quand les communes pourront-elles obtenir une information précise sur cette pérennisation que je souhaite positive ? Cette situation est d'autant plus urgente que si les communes concernées n'ont pas de réponse rapidement, elles vont être obligées d'envoyer un certain nombre de préavis aux personnes concernées. Je pense que ce serait dommageable quant à l'investissement humain qui a déjà pu être opéré pour mener à bien les missions qui leur on été dévolu.

Mme la Présidente. – La parole est à M. le Ministre Antoine.

M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports. – Je remercie nos deux collègues bien au fait de la situation, ce qui me permet de clarifier la position du gouvernement et l'évolution de ce dossier.

D'abord rappelons que nous avons un décret relatif aux incivilités environnementales qui a été promulgué le 5 juin 2008, qui est pleinement pertinent. Il suffit de voir combien dans toutes nos communes où le long des voiries régionales nous souffrons tous et toutes de l'incivilité de certains de nos concitoyens.

Pour ce faire le gouvernement a dès lors mis en place en octobre un certain nombre de moyens financiers complémentaires aux communes. Il s'agissait pour la première année de 1  754  880 euros, pour la deuxième année de 1  828  585 ce qui correspond à 90 agents à 8 points.

Le dispositif qui avait été décidé à l'époque prévoyait que pour les communes de moins de 10 000  habitants, il y avait un agent, entre 10 et 25 000 équivalents-habitants, c'était deux agents et trois agents pour les communes de plus de 25 000 habitants. Au budget, le poste APE venait s'ajouter un budget de fonctionnement qui avait été en charge du département de l'environnement à s'avoir M. Henry aujourd'hui, et hier M. Lutgen, d'un montant de 2 000 euros par équivalents temps plein. C'était pratiquement un point supplémentaire que l'on donnait.

L'appel à projet a été lancé en octobre 2008 et les demandes rentrées à la DGO3 fin novembre.

Les décisions prévoient l'octroi des postes pour 24 mois, puisque l'appel à projet mentionnait explicitement qu'il s'agissait d'un dispositif à titre transitoire et pilote. Aujourd'hui pour être précis 65 des 90 postes réservés sont occupés. La plupart des décisions viennent en effet à échéance le 31 mars 2011.

La difficulté pour moi est de deux ordres. D'abord, pour la première fois dans l'histoire du budget wallon, - je parle de 2011, mais déjà en 2010, - les budgets réservés à la politique des APE ne suffisent plus à honorer les différents contrats qui ont été délivrés ou affectés principalement dans l'année 2009, car depuis lors ils se font rares pour des raisons budgétaires. Ensuite, parce que ce dispositif avait été financé, je parle des agents constateurs, sur le seul compte du FOREM. Il ne constitue en rien un mécanisme de financement pérenne du système. Nous sommes bien conscients, M. Henry et moi-même, qu’aujourd'hui un certain nombre de communes demandent à prolonger ce service.

Vous m'en demandez du reste l'un et l'autre son évaluation. Là je dois vous renvoyez à la partie environnementale, je peux vous en donner l'évaluation sur le plan du travail c'est-à-dire est-ce qu'ils font bien le travail pour lequel ils sont affectés, c'est le travail de l'inspection de l'emploi. Mais l'aspect qualitatif c'est mon collègue, M. Henry, qui pourra vous le dire. Aujourd'hui, c'est vrai, passé fin mars nous n'avons plus de budget. C'est donc pour cela que ce point est explicitement inscrit dans le cadre des discussions de l'ajustement budgétaire et il n'est pas exclu que pour des raisons de calendriers, que vous avez rappelés, nous précipitions les décisions pour qu'il n'y ait pas de rupture. C'est un peu ce que nous avons fait - M. Senesael s'en rappellera - pour le APE job coachs ou nous avons pris aussi une mesure anticipée - c'est un préciput en terme technique - qui préengage le budget et l'ajustement du budget et pour lesquels j'ai obtenu des moyens pour prolongé les jobs coachs. Et je compte faire de même pour cette matière.

Mme la Présidente. – La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). – Madame la Présidente, je prends acte des déclarations du Ministre. elles sont partiellement prudentes et optimistes. Il n'a pas annoncé que la pérennisation avait été décidée à ce jour, mais par contre il a indiqué que le gouvernement se penchera très rapidement avant la fin du mois de mars sur le dossier. Je ne peux que répéter, Monsieur le Ministre, tout le bien que je pense de la mesure. On aura du mal à faire sans ces personnes lorsque nous avons été habitués à leur travail. Cela serait dommage de mettre fin à une politique qui est vraiment utile. Je vous fait confiance pour que ce dossier puisse recevoir l'aval du gouvernement.

Mme la Présidente. – La parole est M. Senesael.

M. Senesael (PS). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, il vous reste dix jours pour convaincre sachant votre détermination et l'optimisme qui vous caractérise, mais aussi la justification que vous avez apportée pour la pérennisation de ces agents constateurs, je ne doute pas un seul instant que vous apporterez un appui sans réserve pour que les communes puissent poursuivirent cet engagement pour la préservation de notre environnement.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "les besoins en personnel du secteur technologique"

Mme la Présidente. – L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports, sur « les besoins en personnel du secteur technologique ».

La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, ma question sera extrêmement courte. Je pense que vous avez pris connaissance de la communication d'Agoria suite à un sondage effectué au sein des entreprises du secteur technologique ; plus particulièrement, 150 entreprises ont été considérées. Sur base de l'information qui est remontée à Agoria, on considère que sur les cinq prochaines années, on pourrait créer, dans le secteur de maintenance et montage-grue, 6 000 emplois.

Ma question est donc extrêmement simple : avez-vous pris connaissance de cette information ? Comment le FOREM se prépare-t-il à ce type de demande ? Comment prépare-t-il les demandeurs d'emploi qui pourraient être ceux que l'on retrouve dans ces 6 000 emplois visés ? Ce sont des métiers qui sont certes techniques, de plus en plus spécialisés, donc qui demandent incontestablement de la formation.

Mme la Présidente. – La parole est à M. le Ministre Antoine.

M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports. – Effectivement, M. Crucke me demande comment j'ai été informé de l'analyse du secteur Agoria. Je ne l'ai été que par communiqué de presse.

Que nous annonce l'analyse d'Agoria ? Ils nous annoncent, sur cinq ans - c'est leur responsabilité -, il y a eu 6 000 postes vacants. J'ai envie de dire que cela corrobore d'autres analyses qui nous annoncent des créations d'emploi extrêmement importantes. Au passage, cela démontre quelles que soient nos discussions quelque peu byzantines sur la définition des chômeurs, quelle qu'en soit la définition, dans toutes les catégories aujourd'hui, il y a diminution du chômage et de la demande d'emploi. C'est indiscutable. Comme vous, nous nous en réjouissons. Les dernières mesures prises par le Fédéral vont y concourir, puisqu'il y a notamment tous les dispositifs anticrise - win-win et autres - qui sont maintenus.

Comment se répartissent ces 6 000 postes vacants : 532 chefs de projet, 398 chefs de chantier, 484 chefs d'équipe, 1 402 techniciens, 3 181 personnels exécutant.

Le FOREM n'est pas en mesure stricto sensu de corroborer ces chiffres, mais il peut présenter une estimation du nombre d'offres gérées sur un an, ce qui me paraît encore plus fiable - avec tout le respect que j'ai pour Agoria - dans le sous-secteur maintenance-montage-grue. L'année dernière, nous avons géré 550 offres d'emploi. Si vous le projetez dans la même période qu'Agoria, nous devrions avoir, sur cinq ans, environ 2 750 offres d'emploi, ce qui n'est pas négligeable.

Du reste, il faut bien préciser que le nombre d'offres que nous gérons au FOREM ne représente pas la totalité des offres d'emploi. Certaines nous échappent parce que l'entreprise procède par d'autres voies de recrutement.

D'autre part, il est très difficile d'isoler ce sous-secteur dans les systèmes de reporting du FOREM. Il s'agit d'un résultat issu d'une part relatif estimé par rapport au total des entreprises du secteur technologique et d'un croisement avec les commissions paritaires.

Enfin, cette estimation ne tient pas compte des offres reçues par flux automatiques en provenance du VDAB et d'Actiris, puisque nous sommes dans une réciprocité d'offres - comme vous le savez - et ne tient pas non plus compte des agences de placement ou d'intérim privées, qui constituent une voie privilégiée de ce secteur en matière de recrutement.

Il n'est donc pas exclu que les 6 000 emplois avancés par Agoria coïncident avec une forme de réalité économique, même si nous avons du mal, nous avons tout fait pour la valider.

J'ajoute cependant, pour nuancer, le chiffre de 6 000 emplois, qu'il faut faire attention : un seul poste de travail peut donner l'objet à plusieurs offres, parce qu'on essaie quelqu'un, cela ne fonctionne pas. Vous savez comment cela va.

En termes de formation, FOREM Formation est actif dans le secteur de la maintenance industrielle et dans le secteur des grues de montage. Dans chaque sous-région, une offre de formation aux métiers de la maintenance est proposée. Les métiers repris dans ces actions de formation couvrent l'activité depuis l'opérateur de production et la maintenance de premier niveau jusqu'à la spécialisation d'automaticiens en passant par les très demandés électromécaniciens de maintenance. Les derniers développements ont été effectués sur le site de Dinant où, grâce au concours de moyens de la Région wallonne et du FEDER, une nouvelle infrastructure a été créée dans laquelle de nouvelles méthodes pédagogiques sont mises en œuvre.

Pour la partie montage grues, une collaboration ponctuelle avec l'ASBL Montage - qui est d'ailleurs soutenue par les partenaires sociaux du secteur - est activée régulièrement depuis maintenant trois ans. Les formations sont organisées en alternance entre les régions de Charleroi et Liège.

Dès lors, le FOREM suit cela de très près et a proposé les adaptations de formation nécessaires.

Mme la Présidente.
– La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). – Je remercie le ministre pour l'information donnée. C'est vrai qu'il n'est pas simple d'analyser un chiffre lorsqu'on donne les éléments bruts.

Le seul regret, Monsieur le Ministre, c'est de se dire que ce type de communication devrait peut-être faire l'objet de plus de concertations, au préalable, avant qu'on ne l'annonce, entre le FOREM et Agoria. Je ne sais pas s'il y a des contacts réguliers, je suppose que oui.

(Réaction de M. le Ministre Antoine)

Je vois que quand on a ce type d'annonce, inévitablement, les gens se précipitent parce que ce sont des métiers d'avenir, mais ce sont des métiers d'avenir qui demandent, malgré tout, un suivi très ponctuel sur le plan de la formation.

M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports. – En sachant que pour le niveau de grutier, c'est terriblement relevé. Aujourd'hui, dans beaucoup de situations, on exige un ingénieur pour conduire une grue, parce que c'est extrêmement sophistiqué. Le niveau d'exigence a lui aussi évolué en fonction de la technologie des grilles utilisées.

M. Crucke (MR). – Je partage le point de vue du ministre. C'est bien pour cela que je dis que ce sont des secteurs dans lesquels on sait qu'on ne formera pas en vain. Les gars qui ont ce type de formation trouvent du boulot, incontestablement. Il n'est pas besoin de parler de délocalisation.