Cours supplémentaires = remède à l'échec ?
Question de M. Jean-Luc Crucke à Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de l'Enseignement obligatoire et de promotion sociale.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Selon une étude
menée par Mme Bicke De Fraine, professeur de pédagogie
à la KUL, un nombre toujours croissant
d'enfants suivent des cours particuliers, nonobstant
la remédiation et autres dispositifs internes à
chaque école. Le prix de ce cours varierait entre
vingt et vingt-cinq euros par heure.
De tels cours semblent davantage répondre
aux besoins psychologiques des parents qu'aux
besoins scolaires des élèves. Ce résultat concerne
la Communauté flamande, mais la situation ne
doit pas être fort différente chez nous.
Constate-t-on chez nous aussi une croissance
du recours à des cours particuliers ? Disposezvous
de données sur la question ? En tant que
ministre de l'Enseignement, condamnez-vous ces
pratiques ? Estimez-vous nécessaire de revoir certains
paramètres liés à l'enseignement ou à la remédiation
? D'autres solutions ont-elles été envisagées,
peut-être moins onéreuses ?
Les cours particuliers portent souvent sur les
mêmes matières, comme les mathématiques, n'estce
pas l'apprentissage même de ces dernières qui
pose problème ?
Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de
l'Enseignement obligatoire et de promotion sociale.
– Une école de la réussite pour tous est un
objectif qui nous tient particulièrement à coeur.
Comme vous, j'ai pris connaissance de différentes
études qui mettent en évidence le nombre croissant
de parents qui sollicitent un soutien extrascolaire
pour leur enfant. Le phénomène des cours particuliers
n'est pas nouveau, mais il est en progression.
Ce marché est lucratif ; nombre de sociétés commerciales
s'y sont engouffrées en pratiquant des
tarifs parfois élevés.
Je rappelle qu'il existe des dispositifs publics
subventionnés, comme les écoles des devoirs, qui
offrent gratuitement un soutien scolaire aux élèves
en difficulté.
Certains professionnels de l'éducation qualifient
le marché du soutien extra-scolaire de « marché
de l'angoisse », soulignant ainsi l'anxiété
éprouvée par les parents sur l'avenir de leurs enfants
dans le contexte actuel de récession économique.
Dans la sphère scolaire, cette pratique
de surenchère inciterait des parents à payer des
cours particuliers pour améliorer les performances
de leurs enfants même en l'absence de difficultés
réelles. Cela crée des disparités croissantes entre
les élèves qui bénéficient de cours particuliers et
les autres.
Il n'existe à ce jour en Communauté française
aucune étude objective sur l'ampleur de ce type de
soutien prodigué par des sociétés privées. Je suis
très attentive à la question de la remédiation scolaire.
Un de mes collaborateurs a participé en septembre
2009 à une table ronde organisée par la
Fondation roi Beaudouin réunissant tous les acteurs
de terrain ititulée « La remédiation en Communauté
française : quel accès pour les jeunes ?
Quel choix pour les parents ? »
Il est compréhensible que, devant l'échec scolaire,
certains parents dépassés recourent à des
aides extérieures. Il faut surtout renforcer quantitativement
et qualitativement l'école dans ce domaine
pour donner la possibilité à tous les enfants
d'obtenir un soutien gratuit.
Comme le souligne la Déclaration de politique
communautaire, il faut généraliser la remédiation
immédiate dans les écoles en mettant l'accent sur
la détection précoce des difficultés d'apprentissage
et en dispensant une pédagogie différenciée adaptée
aux singularités des élèves. Le principal acteur
de cette remédiation immédiate est l'enseignant
qui est le spécialiste de l'apprentissage dans
sa classe. Si nécessaire, il doit adapter son enseignement
aux besoins spécifiques des élèves et collaborer
avec des intervenants tels les CPMS ou un
professeur supplémentaire qui le peut le seconder
dans sa tâche.
Le service du pilotage éducatif de la Communauté
française met à la disposition des enseignants
sur le site « www.enseignement.be »
une série d'outils relatifs aux pratiques d'évaluation
et de pédagogie différenciée. La lutte contre
l'échec scolaire est un défi important car trop de
jeunes redoublent plusieurs fois durant leur cursus,
avec pour conséquence un découragement qui
les pousse à quitter l'école. Ce défi doit être relevé
par les établissements scolaires avec les partenaires
de l'enseignement.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – On ne peut empêcher
les parents de stresser pour leur rejeton ! Le
phénomène qui consiste à suivre des cours extrascolaires
relève du domaine passionnel. L'école des
devoirs est une solution, mais seule la remédiation
permet de ne pas augmenter le nombre d'heures
de travail scolaire après l'école.
Les pouvoirs organisateurs, notamment communaux
ont parfois des ressources en capitalpériode
qu'ils pourraient affecter à la remédiation.
Mais ils sont également confrontés au problème
du nombre d'élèves par classe. Ils doivent donc
faire des choix.
Nous devrions fixer un certain nombre de
règles car si nous ignorons le problème, nous prenons
le risque d'un nivellement par le bas. Il est
important que les directions sachent quels enfants
suivent des cours particuliers après l'école afin que
le professeur modifie sa méthode.
En effet, si une classe est composée en majorité
d'élèves qui vont en remédiation ou suivent des
cours particuliers, il y a fort à parier que ce n'est
pas l'absence de compréhension des enfants qui est
en cause.
Libellés : Echec scolaire
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