Accord de coopération entre les universités de Lille et de Courtrai
Question de M. Jean-Luc Crucke à M. Rudy Demotte, ministre-président, intitulée « Accord de coopération entre les universités de
Lille et de Kortrijk »
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Monsieur le
ministre-président, le communiqué de presse publié
le 29 septembre par l’Eurométropole m’a surpris.
Il annonce une collaboration académique
entre le pôle universitaire de Lille et la KULeuven
Campus Kortrijk (Kulak). Or, d’après ce communiqué,
cette alliance dépasse le simple accord
de coopération académique sur un objet précis,
elle serait « une coopération politique, économique
et universitaire qui viserait au renforcement
de la collaboration en matière d’enseignement,
de recherche, d’innovation et d’apprentissage
des langues ».
J’ai été avant tout étonné par l’absence de la
Communauté française ou de la Région wallonne
dans cet accord. Vous connaissez les liens qui nous
unissent tant à Lille qu’à Courtrai. Nos institutions
et, plus localement, la Wallonie picarde, ont
toujours été des partenaires loyaux. J’ai du mal à
comprendre la logique de cet accord.
La Communauté française a-t-elle été approchée
pour participer à cette initiative ? Si oui, a-telle
refusé de s’y associer et pour quelles raisons ?
Quel est aujourd’hui l’investissement de la
Communauté française, voire de la Région wallonne,
dans l’Eurométropole ? Comment cet investissement
est-il concrétisé ? Quels sont les moyens
qui y sont consacrés ?
Au vu de cet exemple, les relations établies par
la Communauté française et la Région wallonne
au sein de l’Eurométropole par le biais de la Wallonie
picarde ne devraient-elles pas être réexaminées
? Notre présence ne devrait-elle pas être accentuée,
à Lille mais également à Courtrai ? En effet,
l’Eurométropole est constituée de trois pans et
ne doit pas être uniquement abordée par son versant
français.
M. Rudy Demotte, ministre-président. – Monsieur
le député, comme vous le soulignez, le
29 septembre dernier, la Kulak et l’Université de
Lille Nord de France ont signé un accord de coopération
qui officialise des coopérations bilatérales
existantes et porte sur des sujets précis. Cette
coopération est du ressort exclusif de ces deux établissements.
Je n’en tire aucune conclusion à ce
stade. En tous cas, elle ne résulte pas d’une initiative
du groupement européen de coopération territoriale
Eurométropole Lille-Courtrai-Tournai.
À ma connaissance, il n’y a pas eu de contact
VERSION PROVISOIRE
( 5 ) CRIc No22-R.I.3 (2010-2011)
sur ce sujet avec les universités belges francophones.
Sachez cependant que d’après mes informations,
il n’y a aucune volonté de la part des partenaires
français d’écarter des partenaires wallons
des coopérations.
Monsieur Crucke, vous êtes membre du bureau
de l’Eurométropole. Vous savez donc qu’un
projet baptisé Transfrontalia vient d’être déposé
par ce groupement européen de coopération territoriale.
Cette démarche associe pleinement la Fucam,
l’UMons, le Choq et le Centre de langues de
Louvain. Son objectif est d’améliorer la connaissance
de la langue et de la culture du voisin. Il en
va de même dans l’enseignement supérieur artistique,
où des collaborations sont également étudiées
entre les trois partenaires à l’initiative de
l’agence de l’Eurométropole. Nous ne pouvons
donc pas craindre une mise à l’écart de notre Région,
et plus singulièrement de sa pointe avancée,
la Wallonie picarde.
L’implication concrète de nos instances au sein
de l’Eurométropole se traduit d’une manière différente.
Il s’agit tout d’abord d’une implication financière
définie dans ses statuts, via la quote-part
de la Wallonie et de la Communauté dans son
financement. Cette participation est de 4,3 pour
cent pour chacune des deux entités, La contribution
totale des quatorze partenaires s’élève à
1 135 000 euros ; elle a été approuvée le 14 avril
dernier par le bureau et l’assemblée des instances,
où vous représentez également l’État fédéral. Un
montant total de 92 000 euros est donc à charge
de la Wallonie et de la Communauté, chaque instance
participant donc à hauteur de 46 000 euros.
La Wallonie et la Communauté française sont
donc représentées au bureau et à l’assemblée, les
instances politiques de l’Eurométropole. Je vous
fais grâce de l’énumération des membres. Pour
rappel, ces instances veillent notamment à ce que
les politiques menées soient des politiques d’intégration
multiniveaux.
Je précise qu’un quart des membres de l’assemblée
d’Eurométropole – c’est-à-dire quinze
personnes – sont issus de la Wallonie picarde. Six
groupes de travail thématiques compléteront l’ensemble
institutionnel que je viens de décrire, leur
rôle étant de faire émerger des projets concrets au
sein de l’Eurométropole. Ils associent à leurs travaux
des élus, des techniciens et des personnalités
de la société civile.
Monsieur Crucke, vous êtes vice-président du
groupe de travail « services à la population »,
chargé notamment des questions d’enseignement
et de formation. Cette matière est clairement l’un
des sujets de préoccupation de notre pouvoir fédéral,
de laWallonie et de la Communauté française.
Je partage votre sentiment : ce fait n’est peutêtre
pas dû aux structures, mais il est révélateur
d’une culture assez ancienne de contacts directs
entre des institutions qui reposent sur de bonnes
relations culturelles entre la région de Lille et le
Courtraisis, mais aussi sur des canaux philosophiques
à la base de la conclusion d’accords.
Mon souci est celui de l’intérêt général. Une
relation doit impliquer tous les partenaires. C’est
la raison pour laquelle, même si ce projet n’est pas
un projet de nos structures, j’ai confié à M. Loten,
qui joue pour nous un rôle de diplomate actif, la
mission de rencontrer l’ensemble des acteurs pour
encourager le projet Transfrontalia.
Mais, comme vous, je reste extrêmement vigilant
car la situation que nous connaissons n’est pas
seulement anecdotique. Elle est révélatrice d’un
courant de fond auquel nous devons répondre.
Dans cette relation triangulaire, chaque partenaire
doit pleinement participer au processus d’apprentissage
des langues et d’établissement de relations
entre institutions. Mais au-delà des institutions et
de la connaissance des langues, c’est le respect de
la spécificité de chacun qui doit être garanti.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Le fait que le
ministre-président partage mon point de vue n’est
pas dû au hasard. Nous avons une perception assez
semblable du rôle de nos institutions et de la
vigilance dont il faut faire preuve à tout moment
dans cet ensemble tripode. Je n’ai aucune raison de
douter que l’initiative ne provient pas de l’Eurométropole.
Ce qui est choquant et a jeté la confusion,
c’est que le logo de l’Eurométropole a été utilisé
dans la communication et le communiqué de
presse. C’est pour cela que je suis satisfait de la
réponse.
Si je me méfie, ce n’est pas tant des partenaires
français. Sachant qui est à la tête des « relations internationales
» en Flandre et a écrit une note très
agressive à notre égard. Il convient d’être doublement
vigilant.
Je terminerai par une note plus positive. Monsieur
le ministre-président, j’ai déjà eu l’occasion
d’évoquer avec vous la possibilité que la Communauté
française et la Région wallonne, les deux
institutions que vous représentez, rendent un jour
officiellement visite à Lille et à Courtrai. Je pense
qu’il ne faut pas jouer une ville contre l’autre. Il
serait intéressant symboliquement que nos institutions
y appuient la logique triangulaire, la logique
de l’eurodistrict. Ce serait une manière différente
de montrer que l’on peut être proche sans
être dupe et, surtout, que l’on veut progresser.
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