lundi 12 novembre 2007

Cocaïne: que nous disent les eaux de surface sur la consommation des habitants ?

hambre. Novembre 2008, Commission de la Justice.

14 Question de M. Jean-Luc Crucke au vice-premier ministre et ministre de la Justice et des Réformes institutionnelles sur "les résultats de l'enquête COWAT" (n° 7910)

14.01 Jean-Luc Crucke (MR): Madame la présidente, monsieur le ministre,
J'ai pris connaissance d'une recherche scientifique menée à la demande de l'État belge par les universités d'Anvers et de Liège, sur une période de deux ans, appelée COWAT (cocaïne – water) et qui vise à analyser le taux de pénétration de cocaïne dans l'ensemble des cours d'eaux et des stations d'épuration. Je trouve que c'est un procédé assez intéressant car il va peut-être au-delà des statistiques habituelles.
Avez-vous connaissance de cette étude? Quels sont les résultats de l'étude? Amènent-ils à considérer que certains endroits sont plus touchés que d'autres par cette consommation de cocaïne? Quelles conclusions peut-on tirer d'une telle étude? Quelles suites lui ont-elles été réservées?
A-t-on communiqué les résultats aux administrations de l'Intérieur et de la Santé publique?
Cela a-t-il permis d'améliorer les recherches en matière de cocaïne?
Peut-on disposer des chiffres de présence de cocaïne par arrondissement?
Depuis que j'ai rédigé la question, j'ai eu une conversation téléphonique avec un des scientifiques qui a collaboré à cette recherche. Pour revenir au Hainaut occidental, dont nous parlions tout à l'heure, il m'a dit que ma région, le pays des Collines, était une des régions les plus touchées par la cocaïne dans les recherches entreprises. On peut peut-être tirer d'autres conclusions de cela en fonction d'autres problématiques.
14.02 Jo Vandeurzen, ministre: Cher collègue, je savais qu'il y avait un lien entre nous car la région de Genk est également assez concernée.
La recherche de cocaïne et de métabolites dans les eaux de surface et les eaux de stations d'épuration en Belgique (COWAT) fait partie de la cinquième part de recherches financées par la Politique scientifique fédérale et est le fruit d'une collaboration entre les universités d'Anvers et de Liège. La recherche a été
annoncée en 2007 par le ministre de la Politique scientifique, Marc Verwilghen. La première prise
d'échantillons a été réalisée au cours de l'été et de l'automne 2007. La deuxième a eu lieu au cours de
l'hiver 2007-2008. L'étude a été officiellement présentée le 8 octobre 2008 au congrès "Politique scientifique
fédérale et recherche en matière de drogue: les composantes d'une politique".
Le projet COWAT a pour objectif de mesurer la cocaïne et ses métabolites, notamment la benzoylecgonine,
dans un certain nombre d'eaux de surface et d'eaux de stations d'épuration afin d'estimer la consommation
de cocaïne en Belgique.
Le projet COWAT a pour objectif de mesurer la cocaïne et ses métabolites, notamment la benzoylecgonine,
dans un certain nombre d'eaux de surface et d'eaux d'épuration afin d'estimer la consommation de cocaïne
en Belgique. Des échantillons ont été prélevés dans 28 cours d'eau, ainsi que dans l'influent de
41 importantes stations d'épuration d'eaux usées. Étant donné que la stabilité de la cocaïne dans l'eau varie
en fonction de la température, les échantillons ont été prélevés tant en été qu'en hiver, afin de détecter des
différences éventuelles. En outre, ils ont été recueillis le mercredi et le dimanche, jours où les différences de
concentration sont les plus marquées.
Les analyses et les informations complémentaires ont permis, pour les régions étudiées, d'estimer la
quantité de cocaïne consommée en grammes par jour par mille habitants. Les résultats ont été extrapolés à
l'ensemble de la population belge et aux différentes régions.
Il convient d'insister sur le fait que cette recherche ne permet en aucun cas de déterminer la consommation
individuelle. De plus, il faut savoir que les chiffres se rapportent à la cocaïne pure. La pureté moyenne en
rue s'élève environ à 52%.
La consommation de cocaïne a ensuite été calculée pour un noyau de consommateurs, à savoir des
personnes âgées de 15 à 45 ans. Selon ce modèle appliqué, la consommation journalière moyenne, le
week-end, est de 1,41 gramme de cocaïne par 1.000 habitants âgés de 15 à 45 ans. En semaine, elle est de
1,03 gramme; cela représente 1,75 tonne de cocaïne pour l'année considérée, soit 17 millions de doses, une
dose étant égale à 100 mg de cocaïne par an.
Depuis la publication du rapport de recherche, ce chiffre a été rectifié à 1,88 tonne par an. Étant donné que
le monde scientifique ne possède pas encore de vision claire quant à la dissolution et à l'immobilisation des
métabolites de cocaïne dans l'eau de surface et l'eau des stations d'épuration, l'équipe de recherche part du
principe que les résultats sous-estiment la consommation réelle. Une recherche plus approfondie à ce sujet
permettra à l'avenir de se faire une idée plus précise de la consommation de cocaïne.
Comme nous nous y attendions, les concentrations les plus importantes ont essentiellement été mesurées le
week-end et dans les grandes villes, c'est-à-dire Anvers, Bruxelles et Charleroi.
Comme nous nous y attendions, les concentrations les plus importantes ont été mesurées essentiellement le
week-end et dans les grandes villes: Anvers, Bruxelles et Charleroi. D'un point de vue régional, on constate
que la consommation la plus élevée est enregistrée dans la Région de Bruxelles-Capitale avec 1,83g par
jour par 1.000 habitants âgés de 15 à 45 ans le week-end et 1,29 g par jour en semaine.
Les résultats de la recherche sont généralement comparables avec les résultats d'autres recherches
menées sur une plus petite échelle, notamment en Espagne, en Italie et au Royaume-Unie. Les chercheurs
soulignent que la technique utilisée actuellement ne peut être appliquée qu'à des fins qualitatives mais
qu'elle permet à terme de donner une image précise des contaminants dans un cours d'eau. Il est possible
par conséquent de désigner les régions présentant une consommation accrue ou de suivre la consommation
dans le temps afin d'observer rapidement les augmentations éventuelles. En effet, les résultats peuvent être
obtenus en quelques jours.
D'après les chercheurs, la recherche peut également servir de base à une étude sociologique ou
épidémiologique complémentaire, ou encore à l'élaboration de campagnes de prévention. Elle peut aussi
aider l'autorité et les organisations à désigner les régions problématiques et à fixer des priorités en vue d'une
politique en matière de drogues bien étayée. Pour des résultats plus détaillés, je vous renvoie au rapport
final de recherche consultable sur le site internet de la politique scientifique fédérale. Je ne mentionnerai pas
l'adresse maintenant mais je vous donnerai les détails plus tard.
Des représentants de l'Agence fédérale de médicaments et des produits de santé et de l'Institut scientifique
de santé publique notamment ont fait partie du comité d'accompagnement pour cette recherche. Le service
de la politique criminelle, qui assiste le ministre de la Justice, a pris récemment connaissance du rapport de
recherche définitif et examine dans quelle mesure cette recherche est utile pour soutenir la politique fédérale
en matière de drogues. De même, la police fédérale a pris connaissance de la recherche et de ses résultats.
Compte tenu du caractère oral de votre question, il est impossible d'interroger les parquets dans un délai
aussi court sur les chiffres relatifs à la présence de cocaïne par arrondissement judiciaire.
14.03 Jean-Luc Crucke (MR): Je voulais remercier sincèrement le ministre pour sa réponse. On critique souvent les expertises scientifiques mais dans ce cas, elle est à la fois intéressante et utile, de manière
pluridisciplinaire. Les chiffres cités sont édifiants. Quand on entend que l'analyse peut être plus sévère, c'est
inquiétant. Tous les cocaïnomanes ne sont pas forcément des délinquants, même s'il faut de l'argent pour se
droguer. Mais derrière tout cela, il y a aussi le grand banditisme, la grande délinquance, le transfert entre les
États, l'argent noir. C'est cela qui est très inquiétant.

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