mercredi 26 janvier 2005

Interpellation de Jean-Luc CRUCKE au Ministre NOLLET sur "l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité est-elle inexorable?"

Mme la Présidente. L'ordre du jour appelle l'interpellation de M. Crucke à M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique, sur « l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité est-elle inexorable? ».
La parole est à M. Crucke pour développer son interpellation.

M. Crucke (MR). Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, après les auditions que nous avons eues hier en commission, j'ai envie de répondre à la place du ministre et dire oui. C'est inexorable, encore faut-il ne pas charger la barque inutilement et peut-être éviter que lorsque l'on peut ne pas lever une taxe, on la lève. On ne va pas refaire tout le débat que nous avons eu en fin d'année 2010 sur cette nouvelle taxe qui frappe les ménages wallons, les citoyens, les entreprises. Je reste persuadé que ce n'est pas une bonne chose. Ceci dit, si je me suis permis de revenir aujourd'hui vers le Ministre c'est parce qu'il y a une réalité sur le plan économique que l'on ne peut nier. On voit bien qu'il y a une augmentation du prix du gaz et de l'électricité. Si on fait une comparaison 2008, 2009 et 2010, on sent bien qu'on est dans un trend qui est revenu à la hausse et qui est d'ailleurs comparable à un moment où le Gouvernement fédéral et souvenez-vous M. le Ministre, à l'époque nous étions sur les mêmes bancs, vous dans l'opposition et moi dans la majorité, mais au Gouvernement fédéral a pris des mesures pour limiter cette augmentation à l'égard des personnes qui sont les plus nécessiteuses et qui sont financièrement les plus fragiles. Ma question, face à une réalité du marché, est de savoir comment le ministre peut contrer pour partie cette réalité du marché? Quelles sont les mesures prises et peut-être à prendre pour éviter cela?
Deuxièmement, on en parlait tout à l'heure par rapport à la situation de monopole, il faut reconnaître que nonobstant une libéralisation du marché, Electrabel garde sur ce marché un monopole de fait. Ca ne plait pas toujours quand on dit cela, ni à Electrabel, ni aux autres fournisseurs d'électricité mais j'ai du mal, quand je vois les chiffres, à appeler autrement la politique d'Electrabel que celle d'une politique de monopole. Que peut faire le gouvernement pour tenter de faire jouer le marché à plein? Est-ce que face à ce problème de monopole qui est constaté et qui ne me semble pas contestable, il y a aussi des possibilités qui permettraient de jouer plus la concurrence, plus le marché, et moins le monopole.
Troisièmement, c'est un débat que nous avons déjà eu mais quand je vois l'augmentation de ces prix, je pense que l'on doit accélérer la décision à prendre et la solution à trouver, c'est la fusion et le rapprochement des GRD. Je lisais un article de presse récemment où les GRD étaient classés tant pour l'électricité et le gaz en fonction des prix qu'ils pratiquaient par rapport aux consommateurs, aux clients, qu'ils soient privés ou entreprises. C'est quand même assez grave de voir que sur le plan de l'électricité à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie, quand on prend les dix GRD les moins chers, un seul est wallon, c'est celui du Brabant wallon. Tous les autres sont derrière. C'est un peu moins vrai quand on parle du gaz parce que dans le gaz on a Simogel et l'ALG qui se retrouvent dans les trois premiers mais après on se trouve à nouveau en fin de liste. Réellement, en termes de concurrence si je parle des entreprises, en termes de pénibilité financière si je parle de citoyens, il y a une réalité qui est extrêmement différente en fonction de l'endroit où l'on vit. Je pense sincèrement qu'une harmonisation des prix passe par une fusion des GRD et je me demande s'il ne faudrait pas maintenant s'attaquer à bras le corps à ce problème vu les difficultés dans lesquelles les entreprises et les citoyens se trouvent face à ce que j'appellerai la montée inexorable des prix du gaz et de l'électricité.

Mme la Présidente.
La parole est à M. le Ministre Nollet.

M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique. Les prix de l'électricité et du gaz comprennent diverses composantes. Pour répondre à la question de savoir si c'est inexorable, il faut aller voir à l'intérieur de ces différentes composantes. Le poids des composantes du prix varie en fonction du point de raccordement, du profil et du niveau de consommation du client. Le tarif «réseau de distribution» représente moins de 40 % du prix de l'électricité pour un client résidentiel type contre environ 20% pour un client industriel. Les tarifs «réseau de distribution» varient d'un gestionnaire de réseau à l'autre. Les différences, parfois importantes, s'expliquent par des raisons objectives de densité de population et de topographie. La fusion des GRD permettrait d'uniformiser les tarifs « réseaux ». Dans certains cas, cela entraînerait probablement une hausse par rapport aux tarifs actuels, dans d'autres cas, une baisse. Quant à la redevance de voirie gaz, vivement réclamée par les pouvoirs locaux, elle est plafonnée pour les petits consommateurs et dégressive pour en réduire l'impact sur les consommateurs industriels. En Région wallonne, depuis l'ouverture totale des marchés au 1er janvier 2007, le prix de l'électricité pour les clients résidentiels est plus élevé pour un client alimenté par un fournisseur désigné (généralement l'opérateur historique que vous aimez tant) que pour un client actif qui a choisi le produit le moins cher du marché. Il est donc important pour les clients de bien comparer les offres en fonction de leur situation. A cette fin, le simulateur tarifaire mis en place par la CWaPE est un outil très intéressant permettant aux ménages de comparer les offres des fournisseurs. Actuellement, 20 fournisseurs sont actifs sur le marché régional de l'électricité et 17 sur le marché régional du gaz. Electrabel reste l'acteur dominant mais sa part de marché diminue au profit des nouveaux entrants. Actuellement, pour les ménages, les fournisseurs imposent un forfait de base complété par un prix au kWh. A la suite de l'application de ce forfait, plus on consomme, moins cher on paie à l'unité. Cette situation rend l'énergie proportionnellement très coûteuse pour les petits consommateurs. La réflexion en matière de tarification progressive est un objectif à rencontrer dans un avenir proche lorsque sera tranchée la question de savoir si nous agissons avant ou après un éventuel transfert de compétence en matière de tarifs relatifs aux réseaux de distribution. On est quasi prêt mais il y a une difficulté liée à savoir si la compétence tarifaire est transférée et c'est à la limite, je dirais, plus facile mais si jamais cela devait trop traîner parce que certains au sein d'un même parti disent « avec la NV-A» puis « sans la NV-A», c'est un peu lourd et lent, alors on pourrait réagir autrement. La réflexion en matière de tarification progressive est avancée et cette mesure incitant à la réduction de la consommation revêt un caractère environnemental, mais il s'agit également d'une mesure sociale puisqu'elle permettrait de réduire le coût énergétique pour les petits consommateurs. La question du prix de l'électricité dépend surtout des prix mondiaux de l'énergie et du manque de concurrence au niveau de la production. Pour rappel, la production d'énergie ressort de la compétence de l'Etat fédéral. Il faut souligner que, même si de nouveaux fournisseurs sont entrés sur le marché wallon, le manque de concurrence joue au niveau de la production et des capacités d'importation. Par ailleurs, les fournisseurs n'ont souvent pas d'autre choix que de s'approvisionner auprès de l'opérateur historique. A ce propos, la prolongation des centrales nucléaires détenues par l'acteur dominant freine encore la concurrence au niveau de la production. Toutefois, au niveau wallon, le mécanisme des certificats verts a permis un réel essor de ce type de production depuis son entrée en vigueur en 2002. En effet, la part de la production d'électricité produite à partir de sources d'énergie renouvelables dans la consommation finale d'électricité en Région wallonne est passée de moins de 3% en 2001 à près de 10% en 2009. Ce mécanisme permet de développer une certaine concurrence dans le secteur de la production d'électricité verte. Vu la tendance internationale, il est probable que les prix de l'énergie vont croître au cours des prochains mois et des prochaines années. Dès lors, afin de limiter l'impact sur la facture des ménages, des petites entreprises et des industries, il est indispensable d'orienter les investissements vers les économies d'énergie. A ce titre, les primes énergies octroyées aux ménages ont été réorientées, comme vous le savez, vers l'isolation et majorées, comme vous le souhaitiez aussi certainement, pour les ménages à bas revenus. Par ailleurs, les accords de branches ont permis aux entreprises de réaliser des investissements rapidement rentabilisés. Ce mécanisme va prochainement être adapté et étendu aux PME et au secteur tertiaire afin d'en étendre le champ d'application.

Mme la Présidente
. La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. J'entends bien, lorsqu'on parle des GRD, évoquer les différentes contraintes auxquelles elles sont soumises, mais je considère que cela n'explique pas tout. J'ai envie de vous dire aussi que l'efficacité des gestionnaires de réseau est ce que l'on doit cibler parce qu'ils ne sont pas tous aussi efficaces l'un que l'autre et cette non efficacité influe sur le prix de la facture, qu'on le veuille ou non. C'est une des raisons pour lesquelles je suis favorable à cette fusion des GRD.
Deuxièmement, vous avez raison quand vous expliquez que nous ne disposons pas en tant que région de tous les mécanismes qui permettent d'avoir une influence décisive sur le prix de l'électricité, la compétence de tarification. Il y a un certain temps que je suis favorable à tout ce qui est transfert de compétences vers la région, et sûrement celle-là, mais j'ai quand même envie de vous dire de ne pas trop attendre. En dehors de divergences que vous pourriez trouver dans des partis d'opposition, regardez d'abord dans ceux qui déjà depuis quelques mois travaillent à sept pour tenter de trouver une solution. Vous savez très bien que je suis pour un transfert des compétences vers les régions, je suis pour une politique efficace, lisible et visible. Il faut plus de lisibilité dans les compétences de ce pays. En matière d'énergie, nous travaillerons beaucoup mieux si nous sommes wallons que ce qu'on fait pour l'instant au niveau des compétences. Je n'ai pas peur à vous engager à aller plus loin. Vous connaissez mes positions, elles sont très claires. Je vais vous envoyer tout ce que j'ai écrit sur la chose. Je me préoccupe peu de la NV-A, ce n'est pas elle qui va décider pour la Wallonie. Osez prendre vos responsabilités, osez relever vos manches, ayez une véritable politique énergétique qui soit visionnaire et cela vous pourrez le faire quand vous aurez toutes les compétences. C'est trop facile de dire qu'il y a encore une partie là bas. Arrêtez là bas, l'avenir de la Belgique n'est pas au Fédéral. L'avenir de la Belgique est dans ses Régions et quand les Régions auront plus de compétences, elles se parleront mieux. Voilà ce que je pense réellement, si vous voulez encore un avenir dans ce pays qui s'appelle la Belgique.

Mme la Présidente. Je déclare l'incident clos.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre NOLLET sur "l'ouverture des formations de la Région à d'autres services publics"

M. Crucke (MR). Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, la question en tant que telle prouve déjà qu'il existe des formations au sein de la Région wallonne et nous en parlions tout à l'heure. Je suis tombé sur ce cas à la fois un peu cocasse et j'ai envie de dire, je pense, même limite. Le chef de la zone de police des Collines me citait le cas d'un de ses fonctionnaires de police qui souhaitait participer à une formation donnée par la SPW, formation, et cela ne s'invente pas, sur la violation des règles en matière des marchés publics. C'est dommage que la cour soit partie parce qu'elle pourrait aller voir ce qu'on avait là-dedans. Ce fonctionnaire de police a été éconduit. Après avoir été accepté, on a dû lui dire par courrier qu'il ne pouvait pas aller à la formation parce que ces formations étaient réservées, et c'est là le côté un peu cocasse, aux membres de l'administration de la Région wallonne et aux fonctionnaires des OIP. Lorsque je lis la réponse qui est donnée, le SPW invoque comme motivation à sa réponse le fait qu'il violerait les règles en matière de marchés publics s'il acceptait d'autres fonctionnaires que ceux de la Région wallonne ou des OIP, parce qu'il pourrait apparaître sur le marché comme étant un opérateur. J'ai envie de dire, il y en a déjà tellement des opérateurs sur le marché, qu'à la limite il ne demanderait que d'être reconnu comme opérateur, ce ne serait, à mon sens, pas un drame, surtout si les formations sont de qualité. Mais ce qui, Monsieur le Ministre, me paraît plus contradictoire dans la réponse, c'est que ce même fonctionnaire de police est accueilli à bras ouvert par des formations identiques données au fédéral ou par la province de Hainaut. Si les règles valent pour les uns, je suppose qu'elles doivent valoir pour les autres aussi, d'où ma question : est-ce que vous ne considérez pas qu'il faut faire évoluer, peut-être les modalités, les caractéristiques? Peut-être qu'effectivement le SPW puisse être reconnu comme étant un opérateur, ce qui permettra d'avoir un marché public et si d'autres sont meilleurs, ils donneront la formation à la place du SPW. N'y a-t-il pas là aussi une opportunité financière, même pour les formations données au SPW puisque les fonctionnaires qui ne seraient pas de la région ou pas des OIP paieraient pour la formation. En l'occurrence dans ce cas-ci il était totalement disposé à payer la formation sans la moindre difficulté. Estce qu'il n'y a pas là une initiative réellement à prendre pour être pragmatique et tout simplement pragmatique. Je pense qu'une bonne formation doit pouvoir et surtout en matière de marchés publiques pourrait être donnée à tout le monde, quel que soit l'endroit où le fonctionnaire exerce ses compétences?

Mme la Présidente. La parole est à M. le Ministre Nollet.

M. Nollet, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique. Je me dois avant tout de rappeler que l'administration wallonne s'est dotée d'une direction de la formation à destination de son personnel afin notamment d'assurer en faveur de celui-ci les formations de stage, de carrière ainsi que certaines formations ouvertes aux agents à leur initiative ou à celle de leur service. Le code à la fonction publique prévoit que cette direction soit exclusivement compétente à l'égard du SPW et des OIP dont le personnel est soumis au code. Vous comprendrez dès lors que le budget alloué et le personnel de la direction de la formation SPW sont déterminants en conséquence. Cette direction n'a donc pas la possibilité d'assurer la formation de toute personne extérieure qui en ferait la demande, même si elle est fonctionnaire de police. Il ne m'est pas possible de vous expliquer pourquoi, ni selon quelle modalité le fonctionnaire de police en question a pu s'inscrire à des formations dispensées par les services publics fédéraux ou la province du Hainaut, il faudrait pour cela, questionner les administrations. Par ailleurs, et vous soulignez l'intérêt financier budgétaire que la Région wallonne aurait à étendre l'intervention de sa direction de la formation à des personnes qui sont extérieures, vous en avez parlé, mais c'est aussi dans votre texte de questions. Puis-je néanmoins vous inviter à me préciser votre propos par rapport à cela? Peut-être envisagezvous d'éventuels transferts budgétaires qui émaneraient alors de ces administrations? En outre, si les services offerts par la direction de la formation devenaient payants, cela entraîneraient des implications aussi en matière de marché public et vous savez que nous y sommes particulièrement attentifs, vous l'avez entendu dans les débats précédents. J'attire votre attention sur le fait que le code permet aux membres du personnel qui y sont soumis de faire appel à un service de la formation extérieure dans la seule hypothèse où la formation désirée ne peut être organisée par les services de formation interne du SPW. Cette formation doit, dans ce cas, être agréée. Toutefois, je pense que le fait de mettre en commun les moyens budgétaires et humains de plusieurs services publics pour la formation du personnel est intéressant. Il faut cependant que le cadre soit clair, notamment en ce qui concerne le financement. Comme vous le savez, j'ai déjà pris des mesures concrètes en ce sens. Sur ma proposition, le Gouvernement wallon et le Gouvernement de la Communauté française ont adopté en première lecture, le projet d'accord de coopération portant création d'une école d'administration publique commune. Le public visé est celui des services des gouvernements, de leurs OIP, des pouvoirs locaux et le personnel de la CoCoF auraient également accès à l'école selon des modalités indéterminées par le contrat de gestion.

Mme la Présidente. La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). La deuxième partie de la réponse du ministre me plait plus que sa première partie. Je pense que dans l'école d'administration publique il y a effectivement des opportunités à développer en termes de formations et pas seulement de formations ciblées, de formations continues également. Je pense qu'il faut aller plus loin. C'est très bien les rapprochements entre la communauté et la région, il faut oser aller plus loin. Finalement, quand j'entends que certains sont acceptés au fédéral ou à la province du Hainaut, cela veut dire qu'on répète à des endroits différents des formations identiques. L'efficacité, ce serait réellement qu'il y ait une synergie. Je pense que c'est un beau dossier pour vous, d'essayer de faire fonctionner les administrations par des accords de coopération parce que c'est comme cela que l'on fonctionne dans ce pays, c'est une vérité qu'il faut accepter de manière à être les plus ouverts possible tout en respectant les règles du marché public. Mais pour moi ce n'est pas un drame de mettre en concurrence plusieurs services de formation tant que les règles sont respectées. Pourquoi pas, si cela sert à éviter de multiplier les formations dans tous les coins et que réellement on a là la meilleure formation qui soit donnée à ceux qui veulent être plus performants? C'est le but qui faut rechercher, ce n'est pas le moyen qui, dans ce cas ci, doit être privilégié.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE à la Ministre TILLIEUX sur "la privatisation des homes publics"

M. le Président. L ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke, sur «la privatisation des homes publics» et la question orale de Mme Bertouille sur « la volonté de certains CPAS de se séparer de leurs maisons de repos» à Mme Tillieux, Ministre de la Santé, de l Action sociale et de l Égalité des chances.
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). Monsieur le Président, Madame la Ministre, chers collègues, je voudrais tout d'abord vous adresser mes meilleurs v ux, notamment à Mme la Ministre que je n'ai pas encore personnellement vue cette année. C'est un plaisir de vous voir. J'ai pris connaissance d'un certain nombre de déclarations qui ont été faites dans la commune d'Ath, cette bonne commune d'Ath, où le CPAS est riche de plus d'un home public, parce qu'il y en a au moins deux. J'aimais bien la directive qui a été développée par certains en fonction que l'on se trouve, comme dirait certains comptables, du côté des manifestants ou des «verbalisants». Il est question ici de collaborations à entrevoir entre le service public, les homes publics, et simplement de privatisation. Je parle ici au conditionnel parce que je ne connais pas suffisamment le dossier pour aller plus loin. Il semble qu'il soit question de la collaboration qui pourrait exister entre les homes publics («Roselle» et «Primevère») et les mutualités socialistes. Pourquoi pas? Si on va plus loin, on passe vite de la collaboration à la privatisation du service. D'une manière ou d'une autre, avez-vous été approchée dans ce dossier? La ministre des Affaires sociale et de la Santé publique, en charge du bienêtre des personnes âgées, des seniors, a-t-elle été interpellée par le CPAS? Il semble qu'il y ait des difficultés et que la situation actuelle ne permette pas de garantir le service. Je crois que tout doit partir de là. Je vous avouerai bien qu'à titre personnel, je ne suis pas contre une privatisation, contre une collaboration ou contre plus de privatisation. Le travail en commun entre le privé et le public, généralement, me plaît.Je ne vais pas maintenant dire qu'il faut jeter tout cela. Rien n'est bon, tout est mauvais? Non. Encore faut-il savoir ce que l'on veut faire quand on ouvre un tel chantier? Il faut commencer par une base. Voilà ce que l'on sait faire, ce que l'on peut faire, voilà ce que l'on a les moyens de faire, voilà ce que l'on ne sait pas faire, ou ce que d'autres pourraient mieux faire. Ce schéma là existe-t-il ? Vous a-t-il été présenté? Deuxièmement, s'il vous a été présenté, quelle est la manière dont l'administration rentre dans cette réflexion? Associe-t-elle à cette réflexion ou bien considère-t-elle que, d'une manière ou d'une autre, chacun a des prérogatives et il n'est pas question d'innover, pas question d'aller vers des chemins qui seraient des chemins un peu différents de ceux que nous avons l'habitude de voir? Trois : si on emploie ces chemins, comment faiton jouer la rentabilité de celui qui vient de l extérieur? On externalise certains services? Et qu un partenaire ou l autre n a rien avoir dans le choix qui se fera par rapport à la connaissance qu on pourra avoir ou par rapport à la sensibilité qu on peut avoir, ou l amabilité historique des uns et des autres ? La législation sur les marchés publics doitelle
être d application ? Non, si on externalise, on externalise dans le cadre d une législation qui prévoit la mise en concurrence. On aurait donc plusieurs opérateurs extérieurs qui tous pourraient avoir droit aux marchés et aussi jouer dans ce jeu. Quatre : ce que l on voit à Ath, est-ce quelque chose que vous rencontrez dans d autres CPAS, dans d autres communes? Est-on dans une forme de vague où les services publics, CPAS en l occurrence, n auront plus les moyens d assumer un certain nombre de tâches qui leur sont habituellement dévolues? Ressentez-vous quelque chose dans son évolution? Ou bien doit-on considérer que c est une exception par rapport à ce qu on connaît sur le territoire? Si je pose la question, c est pour deux raisons. La
première, c est si réellement on est vers une transformation du paysage, vers une sorte de vague qui va transformer un peu à la fois le secteur, je pense que nous, législateurs, Parlement wallon, il faut qu on se saisisse du dossier. Ce n est plus seulement un ministre vis-à-vis d une commune qui peut dire qu il donne l aide de l administration, qu il donne son point de vue et essayer d avancer dans le dossier. C est plus un élément structurel qui devient un débat. On doit sérieusement y mettre un certain nombre de balises. Par rapport à l expérience qui est la vôtre, la connaissance que vous avez du dossier sur l ensemble des communes wallonnes, avez-vous cette impression que le cas que connaît la Ville d Ath pourrait se répéter?
Dernière question, on part d une situation x, Ath comme ailleurs, les pouvoirs publics sont souvent intervenus pour permettre à cette situation d exister en tant que telle : subsidiations, subventionnements ont permis d améliorer un certain nombre de homes, de chambres d accueil. C est la logique même du partenariat entre les régions et les communes. À partir du moment où on sort d un schéma public-public pour le faire évoluer soit vers une privatisation, soit vers un schéma privé-public, y a-til un risque de remboursement vis-à-vis des subventionnements qui ont été accordés par le pouvoir public qu est la Région wallonne? Là aussi, si je vous pose la question, c est parce qu on me l a posée sur le plan local. Je pense qu il faut que chaque décideur sache avant de prendre ce qui peut être un tournant peut-être pas négatif, il faut au moins qu il sache à quel jeu il joue. Si on vient par après dire: « On vous a aidés, on vous a indiqué, vous avez fait cela, c est une nouvelle structure» et qu après on vienne réclamer les financements du passé, c est clair, l'oiseau, on ne lui donne même pas la possibilité de s envoler ! Les ailes sont coupées et je crains que les ogres, qui sont à l extérieur, n attendent qu une seule chose, que tout se casse et que l oiseau soit réellement étouffé et ce ne sera plus qu un oiseau pour le chat. Voilà les cinq questions que je me posais par rapport à la situation que l on vit à Ath. Essayons quand même de faire en sorte que le débat puisse être utile à la fois au local et à la réflexion du Parlement wallon.

M. le Président.
La parole est à Mme Bertouille pour poser sa question.

Mme Bertouille (MR).
Monsieur le Président, Madame la Ministre, chers collègues, je ne répéterai pas les questions que vient de vous adresser mon collègue, M. Crucke. Effectivement, d après les échos que nous avons eus, sans concertation avec le Conseil de l action sociale, le Président du CPAS d Ath a annoncé son intention de se séparer de ses deux maisons de repos au profit de deux mutuelles. Cette décision apparaît comme surprenante d autant plus que les deux maisons de repos en question sont tout à fait aux normes, qu elles sont en équilibre financier, et qu elles rendent un service à une population fragilisée et garantissent un service neutre et de qualité aux Athois. Et donc, c est la vie de tout un chacun qui est concerné à Ath. Madame la Ministre, quelle est votre position par rapport à ce dossier qui est un exemple de ce qui se déroule au niveau de la Région wallonne? Le Président du CPAS d Ath justifie sa décision par une volonté de recentrer le CPAS sur ses missions de base. Les maisons de repos rentrentelles dans les missions de base des CPAS ? Si oui, encouragez-vous tous les CPAS à agir dans ce sens, et donc, à se «séparer» de leurs maisons de repos ? Enfin, on parle d un partenariat privilégié avec deux mutuelles. À ma connaissance, les autres mutuelles qui existent dans la région n ont pas été contactées. Avez-vous eu des informations à ce sujet? D autres partenariats avec d autres secteurs privés ont-ils également été envisagés?

M. le Président. La parole est à Mme la Ministre Tillieux.

Mme Tillieux, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Égalité des Chances. Madame la Députée, Monsieur le Député, je n'ai pas connaissance de l'éventuelle volonté du Centre public d'action sociale d'Ath, de partager ou de céder la gestion de la maison de repos « la Roselle». J'ai par contre connaissance d'un autre dossier de ce type, celui du CPAS d'Herbeumont qui a cédé la gestion de sa maison de repos « Home la Bonne Espérance» à la fondation « Tounov-Solvay ». Sachez que je n'encourage pas ces privatisations. Je suis tout au contraire attentive au maintien de la diversité de l'offre des lits de maison de repos, notamment par le secteur public qui assure le caractère d'intérêt général de l'activité. Mais vous savez que les secteurs coexistent : privé, commercial, associatif et public. Force est toutefois de constater que pareilles décisions de céder ou de partager la gestion d une maison de repos, relèvent du pouvoir autonome des autorités locales, sous réserve du respect des règles de tutelle. Selon les informations que vous me donnez, il ne s'agit pas d'un transfert vers le secteur commercial, mais d'un éventuel transfert vers le secteur associatif qui assure une mission déléguée de service public. Dans ce cas, il y a transfert de l'activité du secteur public vers le secteur associatif; les subsides aux infrastructures éventuellement octroyés restent acquis car ce dernier secteur étant également éligible aux subventions. Par contre, s'il y avait transfert vers le secteur privé commercial, un remboursement des subsides octroyés serait demandé au prorata de l'amortissement. Pour le reste, il faudrait probablement connaître un peu mieux les intentions pour aller plus avant dans l analyse d un éventuel transfert ou partage, ou cession totale de gestion.

M. le Président. La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). Je remercie Mme la Ministre pour sa réponse brève mais précise. Elle est indicative parce que ce que je craignais, c est que ni votre administration, ni le cabinet n aient été informés de ce type de tractation. Il n'est pas ici question de petits homes. On a affaire à des structures qui sont importantes dans le cadre du service, une visibilité conséquente et une efficacité, tant dans la gestion que dans le service qui est donné. On joue ici dans peut-être une valorisation d un outil public pour avoir des recettes qui rentrent dans un outil. Je sais comment fonctionne le capitalisme, mais j ai toujours pu comprendre qu on avait mis certaines balises et vous-même en me répondant, vous les rappelez. Cela m inquiète car cela veut dire qu on ne joue pas dans un cas où difficulté impose solution et là, la richesse des solutions c est d en trouver une. L exemple que vous donnez en plus, celui d'Herbeumont, est instructif car je pense que ce que nous devons conseiller à tous ceux qui sont sur le terrain et s intéressent à ce dossier, c est d aller voir ce qui s'y fait. Certes, comparaison n est peut-être par raison, mais en tout cas, cela permet d avoir des indications de réalisme sur ce qui peut ou ne doit pas être fait. Vous m avez répondu clairement par rapport aux subsides. J aimerais juste avoir une précision, c est que la loi sur les marchés publics est d application, même lorsqu'on fait appel au secteur associatif. C est qu on ne choisit pas un opérateur ou un partenaire par affinité, mais on a plutôt des partenaires en concurrence. Je n ai pas entendu votre réponse à cet égard, mais peut-être qu un signe de la tête Je reviendrai sur cette question délicate parce que je pense que je vois où est la brèche.

M. le Président. La parole est à Mme Bertouille.

Mme Bertouille (MR). Madame la Ministre, je ne suis pas tout à fait rassurée par rapport à la problématique d Ath. Je crains que cette mainmise d un secteur bien particulier ne se développe dans ce secteur des maisons de repos, comme on voit se multiplier toutes ces opérations dans le secteur des hôpitaux. Je ne suis donc pas rassurée quant à l évolution de la situation pour les maisons de repos en Région wallonne.

mardi 25 janvier 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre Paul FURLAN sur "l'expérience pilote relative à l'actualisation du cadastre immobilier"

M. le Président. L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville, sur « l'expérience pilote relative à l'actualisation du cadastre immobilier».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, j'ai vu, la veille de la Noël, le 23 décembre, dans la presse, une fuite organisée ou non organisée seul l'avenir nous dira quel était le cheminement par un journaliste bien informé d'un point qui, le jour même, devait être abordé au gouvernement et qui a été reporté. Peut-être depuis lors, a-t-il été réabordé, vous me le direz. Vous souhaitiez mener un projet-pilote, ce sont les termes que vous employiez dans l'article puisque le journaliste a eu l'occasion de vous avoir au téléphone. L'expérience pilote part d'un élément que je trouve en soi intéressant, même si et là, les renseignements que vous me donnerez nous permettront d'y voir un peu plus clair j'ai comme une impression que la réalité est très différente de commune à commune. Je le dis parce que j'ai un peu questionné dans ma commune, quand j'ai vu une expérience pilote et un peu ailleurs aussi. Donc, on part du principe qu'on a c'est la loi dans chaque commune un agent référent qui est chargé d'amener l'information vers le cadastre, le Ministère des Finances fédéral. Qui dira encore que le Fédéral et les régions ne travaillent pas ensemble, quand on voit l'initiative que vous prenez, c'est clair que cela peut être intéressant? M. Reynders me demandait de bien vouloir vous préciser qu'il était fort intéressé par cela! Je lui ai d'ailleurs dit d'être prudent avec vous parce que l'on sait très bien comment les choses se passent. Souvent, derrière une façade agréable, on sent le croche-pied qui arrive!
L'idée de départ, c'est de se dire que, manifestement, les agents communaux ne travaillent pas assez ou pas bien ou oublient de travailler et l'on prévoit un agent référent. Je schématise un peu, je lis entre les lignes ! En ne communiquant pas au cadastre les renseignements qui sont liés aux modifications d'un habitat, forcément, il y a moins de recettes, certes vers le Fédéral, mais il y a aussi moins de recettes vis-à-vis des communes puisqu'on parle généralement du précompte immobilier. D'où votre initiative et l'expérience pilote que vous appelez, dans chaque province : x fonctionnaires qui seraient engagés pour quelques communes et qui joueraient les « rattrapages». Réfléchissons ensemble. Sur base de renseignements que j'ai pu récolter, je peux vous dire que la situation est vraiment très différente de commune à commune. Dans ma commune, la secrétaire communale était furieuse sur vous en disant: « Mais pour qui il nous prend!» Chez nous, l'information, elle est directement communiquée, la personne en question travaille de manière remarquable. Évidemment, nous, c'est une commune libérale, je sais bien qu'on y travaille bien, mais peutêtre que ce n'est pas la même chose...
(Réaction de M. le Ministre Furlan)
Par contre, renseignements pris ailleurs, je sens bien que vous touchiez quand même une réalité qui existe dans certaines communes. Votre point de départ n'est pas en soi de critiquer parce que, effectivement, il y a sans doute ce retard. Qu'avez-vous comme informations par rapport à ce retard? Comment le Ministre de l'Intérieur de la région arrive-t-il à dire : « Je considère que là, on est en retard, dans des délais qui sont anormaux et donc, forcément, en termes de volume financier, des délais qui font en sorte que les communes n'encaissent pas un montant de x ». Quel est ce montant ? Comment l'évaluez-vous ? Comment, grosso modo, arrive-t-on à se dire : « Il y a là une recette que les communes n'ont pas».? Comment imagine-t-on pouvoir privilégier certaines communes par rapport à d'autres puisque, vous le dites vous-même, 700 000 euros seront peutêtre dégagés et vous ne pouvez pas satisfaire tout le monde, donc, ce sera quelques communes par province qui pourront bénéficier de l'expérience pilote. Quelles communes? Quelles sont les conditions pour que ces communes puissent entrer dans cette éventuelle expérience pilote, a-t-on bien défini les critères qui permettront de le faire ou bien sera-ce un choix ad hominem par rapport aux communes? A t-on un critère qui a déjà été objectivé?
Troisième question, toujours par rapport à cela, 700 000 euros, cela représente nos engagements, mais je suppose que cela ne représente pas que nos engagements. Comment ventile-t-on cette sommelà? Y a-t-il là des paramètres qui ont été pris pour l'analyse du dossier? Ce n'est pas le tout de refaire le travail de fond, c'est intéressant d'avoir aussi une analyse de fond du dossier. Quatre, y a-t-il une concertation avec le Fédéral? Je l'ai dit dès le départ, je pense qu'il y a une liaison commune. Est-ce que vous vous êtes mis ensemble pour tenter de réduire l'enveloppe régionale en disant au Fédéral : « Je fais une partie de votre boulot, peut-être que vous pourriez nous aider».
Dernière question, parce que je vous prends pour tout sauf pour un innocent, donc, je me dis, quand vous avez réfléchi à la question, vous avez sûrement certains cas en vue pour lesquels le retard est plus important qu'ailleurs. Quelles sont les communes qui ont inspiré votre réflexion, d'où êtes-vous parti pour généraliser la réflexion? C'est juste une remarque historique pour bien comprendre quel est le cheminement du ministre.
Voilà les questions que je voulais poser sur un projet que je ne rejette pas d'un revers de la main. Je pense que, contrairement à ce que ma secrétaire communale me disait, il y a d'autres communes où les choses ne se passent pas comme chez nous et donc, il y a matière à travailler.

M. le Président. La parole est à M. le Ministre Furlan.

M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville. Monsieur le Président, Monsieur le Député, je vous remercie pour votre question. Je pourrais tenir des années sur le précompte immobilier. C'est un sujet passionnant mais je vais m'en tenir à mes feuilles ou je vais déborder. D'abord, d'où tire-t-on cette analyse? Elle ne sort pas d'une analyse commune par commune, mais plutôt d'une analyse macro-économique, de chiffres émanant de Dexia. Vous avez le profil financier des communes où l'on voit des disparités extrêmement importantes et non objectivement explicables, cela peut être deux communes voisines ou des communes qui, en termes de richesse par habitant, ou en termes de pression immobilière, correspondent à des zones relativement similaires, même à des endroits différents du pays et qui ont un taux de rentabilité du précompte immobilier de 1 à 4, ce qui est impressionnant. Pour soulager votre secrétaire communale et je vous demande de lui faire passer le message le message est peut-être effectivement à destination de certaines communes qui ne font peut-être pas bien leur boulot, mais aussi à destination du Fédéral. Je vous explique: la base de calcul du précompte immobilier, l'impôt est perçu à 95% par les pouvoirs locaux. D'abord, vous l'avez relevé, cela pose de nombreux problèmes et c'est là que je peux être intarissable -sur le mode de calcul relativement obsolète aujourd'hui. Il faut peut-être un peu de courage pour pouvoir s'y pencher, sur la notion même de précompte immobilier, qui est par définition un impôt anti-social. Mais, au-delà mettons cet aspect de côté, j'y reviendrai si vous me le permettez le Fédéral n'a aucun intérêt à la perception de cet impôt. Les Flamands l'ont d'ailleurs régionalisé, si vous l'avez remarqué. Il faudrait peut-être le faire en Wallonie, cela nécessiterait la création d'une administration, évidemment. Mais convenons que le Fédéral et si vous pouvez m'aider justement à faire passer un message à Didier met peu de moyens à la perception du précompte.
(Réaction de M. Crucke)
La mission du Fédéral, c'est de percevoir l'impôt sur base de données qui sont fournies par les communes et je dois dire qu'il y a un désinvestissement du Fédéral dans cette administration, parce que le return pour le Fédéral est faible, voire nul, sans doute. Je n'en veux pas à Didier quand je dis cela. Les différents Ministres des Finances qui se sont succédés ont sans doute eu la même réflexion. Bref, vous l'avez souligné, c'est une source de perte de recettes fiscales pour les pouvoirs publics et essentiellement pour les pouvoirs communaux. Vous l'avez induit dans votre question, c'est aussi, me semble-t-il, en tout cas à mon avis, une source d'iniquité fiscale large entre les citoyens. Deux ménages, propriétaires du même bien immeuble, et un seul propriétaire a les moyens financiers de l'améliorer, qui peut payer moins de précompte immobilier que l'autre. C'est une source d'iniquité fiscale, on ne tient compte ni des revenus, ni de la capacité contributive, ni même du taux de rénovation. Cela pose quand même un problème intellectuel qui me fait dire qu'on devrait pouvoir revoir les choses en profondeur. J'ai bien conscience que je sors de la question.
La voie idéale, pour moi, c'est une refonte complète de l'impôt foncier. Si l'on va un peu moins dans l'idéal, c'est organiser de manière plus sérieuse la péréquation fiscale. Si on attend ces deux dossiers comme soit les monstres du Loch Ness, soit l'Arlésienne qui n'arrivera jamais, est-ce que, dans l'attente, on ne fait rien et est-ce qu'on reste spectateur du manque de recettes fiscales pour les communes et de l'iniquité fiscale pour les citoyens? D'où l'expérience pilote que j'ai proposée. Alors, l'expérience pilote, vous avez raison, mais j'y
reviendrai à la fin parce que vous m'avez interrogé sur l'importance finalement de la « distorsion». Force est de constater qu' à part les études macroéconomiques ou micro par rapport au profil Dexia, commune par commune, dans lequel on voit des disparités importantes, personne, à mon avis, ne doit disposer à l'heure actuelle de mesures précises quant aux améliorations qui ont été apportées à des bâtiments qui auraient pu, en suite de cela, échapper au cadastre. Mais quelques éléments peuvent vous donner peut-être une idée de l'ampleur du phénomène. Il y a des expériences pilotes menées à la fin des années 1990 qui ont montré qu'au minimum 5 % du revenu cadastral légitimement dû échappe au recensement cadastral. Autre exemple, la matrice cadastrale recensait, fin 2001, 1 110 758 salles de bains alors que le recensement décennal de l'INS conduisait à un total de 1.242.425, soit un écart de 12%. Or, vous savez que le revenu cadastral est lié à l'état de rénovation, de salubrité ou de service qui est presté dans un bâtiment. L'Union des villes et communes estime je la laisse responsable des chiffres ainsi qu'entre 35 et 50 millions d'euros de recettes annuelles échappent chaque année aux communes wallonnes. C'est tout sauf négligeable, évidemment.
À partir de cela, nous sommes d'accord, on décide soit de taxer et on taxe tout le monde de la même façon, de manière équitable, soit on fait autre chose. Mais quand on taxe quelque part au vogelpik, et c'est un peu ce qui se passe pour le moment avec le précompte immobilier, non seulement il y a la perte, mais il y a une iniquité pour moi qu'il me tient à c ur de réparer. J'ai proposé au gouvernement de prendre en charge les frais de la mise en place d'un processus pilote qui viserait à engager, dans chaque province, deux agents chargés d'aider les communes dans leur travail d'appui aux agents chargés de cette mission. Est-ce suffisant, n'est-ce pas suffisant? Vous l'avez rappelé dans votre question, l'arrêté royal du 10 octobre 1979 pris en exécution du Code des impôts sur les revenus en matière de fiscalité immobilière, impose à chacune des communes de nommer un indicateur expert, cela s'appelle comme cela, chargé d'assister le cadastre dans ses expertises. Concrètement, on constate que cette tâche est souvent difficile à remplir par les communes, certaines la remplissent bien, certaines la remplissent mal. On augmente donc l'iniquité entre les citoyens, parfois par manque de moyens, parfois par méconnaissance tout simplement de l'importance du rôle que l'on attend de cet agent, parfois sans doute aussi, vous l'avez aussi sous-entendu, par manque de volonté politique, par manque de courage politique, sans doute. Donc, un appui provincial au niveau du pouvoir qui bénéficie également dans une moindre mesure du produit de l'impôt me semble être une piste intéressante pour uniformiser. Pour quelle commune? Ce n'était pas l'objet de ma note au gouvernement. Ma note au gouvernement consistait à mener une expérience pilote avec chacune des provinces, chacune des provinces ensuite à l'intérieur de son périmètre, de proposer un certain nombre de critères et un certain nombre d'actions. Je pense que les réalités dans la Province du Luxembourg ne sont pas les mêmes que celles dans
la Province de Hainaut et donc, je n'ai pas voulu aller jusqu'à ce stade. Je ne vous cacherai donc pas que si mon cabinet travaille depuis quelques temps sur cette idée, le dépôt de la proposition sur la table du gouvernement a été anticipé par l'apparition de certaines marges budgétaires de fin d'exercice, ce qui m'a permis à un moment de déposer la note au gouvernement. Il faut encore les moyens pour le faire, tout simplement j'avais du non-consommé, je vais appeler un chat, un chat, c'était le moment de lancer l'opération. Je n'ai pas été suivi dans cette analyse en tout cas pas pour l'instant, mais il y a un accord du gouvernement sur le principe que c'était une bonne idée. Pour tout le monde, l'unanimité du gouvernement, c'était une bonne idée; le problème était que j'étais en dehors des balises de la circulaire budgétaire qui permet l'engagement. Voilà, on ne peut pas se fixer des règles et soi-même y déroger. Et j'admets que j'avais un peu « forcé la porte» mais mon objectif était de déposer une note d'orientation pour voir le ressenti de mes collègues et je dois vous dire que le ressenti était tout à fait positif. Donc, je ne désespère pas de pouvoir présenter à nouveau, en fonction des moyens budgétaires qui seront les miens en 2011, le dossier sur la table du gouvernement puisque l'accord de principe était acquis. Je pense que j'ai été franc dans ma réponse, je ne veux pas vous vendre n'importe quoi! Je pense en tout cas que nous pouvons partager une grande partie de l'analyse sur la nécessité de faire quelque chose. Mais je rappellerai pour conclure, car je pense que c'est vraiment le fond du problème au-delà des deux expériences pilotes des deux agents, que ce qu'on pourrait faire de mieux avec cet impôt, c'est de le jeter à la poubelle et d'en créer un autre, plus équitable, basé sur d'autres données. En deuxième lieu, si ce n'est pas possible, si cela demande un travail trop conséquent, il faudra sans doute penser à une péréquation fiscale. Cela ne veut pas dire augmentation de la pression, cela veut dire égalisation des citoyens devant l'impôt, me semble-til. Ce sera encore un travail conséquent à réaliser et au-delà, aider les communes dans le système actuel me paraît être la plus petite voie, la voie la moins imposable, la moins chère en tout cas, la moins ambitieuse, mais qui participerait quand même à l'amélioration du système. Voici les trois volets de cette problématique que je voulais aborder.

M. le Président. La parole est à M. Crucke pour un commentaire.

M. Crucke (MR). Oui, un petit commentaire, Monsieur le Président. Tout d'abord, je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Il a lui-même précisé les choses, mais je pense que c'est exact en fonction des deux articles que j'ai lus, il y a une certaine objectivité dans sa réponse. Ceci dit, Monsieur le Ministre, je pense qu'il faut être conséquent, pas seulement avec soi-même, mais conséquent avec les politiques qu'on veut mener. Quand vous dites que c'est un des seuls éléments sur lequel nous ne serons pas d'accord, qu'il y a un désinvestissement du Fédéral, ce n'est pas suffisant, vous-même vous l'avez dit en réalité. Quand je dis que ce n'est pas suffisant, je veux bien prendre l'autre volet aussi, d'ailleurs je vais y revenir. La Région flamande a pris ses responsabilités. De deux choses l'une: ou bien en Wallonie on prend nos responsabilités, on assume, on gère, et il n'y a pas besoin d'aller dire aux autres qu'ils ne le font pas bien, qu'ils le font bien, qu'ils peuvent faire plus. C'est terminé, on a appris, c'est ce que j'appelle moi le transfert de compétences de maturité. On assume le fait de ne pas percevoir ou que certains ne fassent pas assez leur travail et on ne peut pas comme cela être entre deux eaux. C'est ce qui m'a le plus étonné, c'est ce qui me prouve que la maturité n'est pas encore arrivée au sein de ce gouvernement, des composantes de ce gouvernent en tout cas quand je vois qu'il y a blocage sur un sujet qui, au demeurant, peut prêter à contestation. Mais en tant qu'expérience pilote, il y a eu blocage la première fois, on a été remballé et depuis lors, on n'a pas encore reçu l'accord de principe. Si vous croyez que quand le Ministre Antoine vous dit «accord de principe», il a marqué son accord, vous ne le connaissez pas.

M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville. Il y a eu un gouvernement depuis.

M. Crucke (MR). Et on n'a toujours pas reçu l'accord. Cela veut dire que vous ne prenez pas le risque une deuxième fois de vous voir remballé!
Chez M. Antoine, ils ont fait campagne sur «l'union fait la force», je ne sais pas si vous vous en souvenez. Chez Écolo ils n'aiment pas les provinces, donc, vous êtes vraiment mal pris dans une logique qu'on appuie pour aller plus loin. Je ne vais pas vous dire qu'une fois de plus vous avez besoin de l'opposition pour trancher, mais de temps en temps, on se demande si ce n'est pas nous qui devons faire l'arbitre à ce niveau!
Parce qu'en soi, cela ne mange pas de pain, si ce n'est pouvoir révéler un certain nombre de phénomènes, et j'étais sceptique au départ en lisant cela sur le premier plan, puis après, non, je me suis dit : «Il n'a pas tort, il faut savoir ce que l'on veut». Moi je ne suis pas pour une imposition plus lourde. Je suis pour l'imposition juste et donc, c'est votre raisonnement aussi. Je suis très curieux de voir comment vous allez vous sortir de cela, c'est vraiment intéressant. À un moment donné, un des deux va lâcher! Qui sera le premier: celui qui a les sous en mains ou ceux qui sont contre les provinces? Je maintiens que l'idée était bonne et que l'on peut nous, sur les bancs de l'opposition, avoir la joie de vous soutenir. N'oubliez donc pas, le jour où vous ferez le choix entre les communes, qui vous a soutenu et qui ne vous a pas soutenu !

M. le Président.
Il faudra juste convaincre la secrétaire communale!

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "la gestion des centres-villes et la dérive mouscronnoise"

Mme la Présidente. L'ordre du jour appelle la question de M. Crucke à M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports, sur « la gestion des centres-villes et la dérive mouscronnoise».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, avant d'en arriver à Mouscron, je souhaiterais que nous fassions ensemble le bilan de ce fabuleux dossier où la Région wallonne tient un titre mondial, comme première région qui a légiféré sur la gestion des centres-villes. Je me souviens qu'à l'époque, le gouvernement en faisait vraiment sa gloire, indiquant le modèle à suivre, l'exemple. En Région wallonne, la gestion centres-villes était non seulement performante mais nous avions également une législation en la matière. Faisons le point quasiment deux ans après. Cette législation nécessitait un certain nombre d'arrêtés d'application. Pouvez-vous nous citer l'ensemble des arrêtés d'application pris en la matière pour pouvoir rendre ce décret efficace ? Ce n'est pas tout que les parlementaires vous suivent et votent un texte, il faut encore que le gouvernement fasse son travail! Comme vous l'avez souvent dit dans d'autres commissions, sous la précédente législature, quand un décret sort, les arrêtés d'application sont déjà préparés puisque le gouvernement sait parfaitement bien où il veut aller. Dès lors, j'aimerais que vous me précisiez, me citiez l'ensemble de ces arrêtés d'application tels qu'ils ont été pris car, je vous l'avoue, j'ai un peu de mal à les retrouver, mais c'est sans doute une erreur de ma part dans la lecture de notre législation. Parlons aussi de ces associations. Combien sontelles aujourd'hui? On a parlé de 20, est-on encore à ce chiffre? A-t-on de nouvelles associations qui, conformément à cette législation, ont tenté d'être reconnues par le gouvernement? Y a-t-il eu un élan de cet ordre dans d'autres communes pour d'autres associations que celles qui existaient sur une base plus empirique? Quel est le budget accordé par la Région wallonne dans l'aide qu'elle apporte? Même si elle est transitoire, il doit exister des données qui sont sorties par la Région wallonne. Quel est le montant que la Région wallonne verse pour cette politique de gestion des centres-villes? Je vous pose ces questions parce que, lorsque je lis les propos du président de l'asbl gestion mouscronnoise, on a l'impression qu'il ne dispose d'aucune aide. Je le cite, ce n'est pas moi qui le dit, je ne suis qu'un modeste parlementaire qui vient vous rapporter ce qui est dit par ce président. Voilà ce qu'il dit :« Comme toutes les gestions centresvilles du pays, Mouscron souffre car le subside qui permettrait de payer le manager et un mi-temps n'est pas arrivé et n'arrivera pas bien qu'un décret a été voté en ce sens.» Mouscron étant pour certains le bout de Wallonie, il est possible que l'argent n'arrive pas, mais qu'en est-il de la situation ailleurs? Je me permets d'émettre des doutes parce que j'ai vu qu'à Tournai, ils étaient en boni. Comment se fait-il que vous n'alliez pas jusqu'à Mouscron mais bien jusqu'à Tournai? En outre, il semblerait que d'autres se plaignent aussi, à Liège, par exemple. Mon ami, le conseiller communal, M. Peters est intervenu et on lui a confirmé les difficultés de recevoir les deniers publics. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est pour 2009 et 2010 quant aux sommes versées? Concernant les plans stratégiques, là aussi, la législation prévoit que chaque gestion centres-villes doit remettre un plan stratégique. Pouvez-vous me confirmer que pour toutes ces asbl, associations qui ont été reconnues, les plans stratégiques ont bien été reçus par le gouvernement ? Si ce n'est pas le cas, qui ne vous les a pas rendu? Des rappels vont-ils être envoyé à ces associations? Pour ce qui est du traitement des managers, le gouvernement avait prévu d'établir une grille de recommandations qui serait communiquée aux associations pour définir le traitement auquel ces managers ont droit. Je suppose qu'en deux ans, on a pu définir ces recommandations. Pourrait-on me communiquer la grille? En d'autres termes, quelles sont les indications qui ont été données aux gestionnaires des centres-villes par rapport à la rémunération que peuvent percevoir les managers ? Avant-dernière question relative aux stewards. Ces derniers ne vivent quasiment que grâce aux deniers publics. Il faut reconnaître, en tout cas, qu'ils font un travail méritant et utile et que beaucoup en sont satisfaits. Comment a-t-on réparti ces stewards? Existe-t-il une clé qui répond à un certain nombre de besoins, de demandes? En d'autres termes, tient-on compte de la population, du noyau urbain, du nombre de commerces, de la zone de chaland, du positionnement dans la hiérarchie urbaine? Tous ces critères sont-ils pris en compte ou est-ce en fonction des amitiés ou autres? Vous connaissant, ce n'est pas impossible que vous le fassiez aux dés mais je pense aussi que vous pouvez être plus sérieux. J'attends donc de votre part
que vous me communiquiez vos critères. Enfin, j'en viens à l'asbl mouscronnoise de la gestion centre-ville, où une instruction est désormais lancée et où on atteint tous les summums. Vous avez sans doute appris que le manager, que je ne citerai pas, est suspecté de harcèlement moral, d'utilisation du personnel à des fins privées et d'emplois fictifs. Ce n'est quand même pas rien, pour autant que les faits se justifient et se vérifient. A ce stade, je ne peux faire que rapporter ce qui a été écrit, dit, débattu au conseil communal.
Lorsque vous avez appris les faits, avez-vous ordonné une enquête? Si oui, qui conduit ces enquêtes? Je suppose que vous n'avez pas les conclusions en tête, mais pour quand sont-elles attendues? Cette enquête portera-t-elle également sur la rémunération du gestionnaire qui, au demeurant, perçoit 5600 euros bruts par mois, alors qu'il est gestionnaire d'une société de gardiennage chez les concurrents. Je trouve que de voir ce qu'il se passe des deux côtés de la barrière linguistique peut en effet être intéressant. Quelle est la moyenne des traitements de ces managers? Est-on loin ou pas des montants évoqués? Par rapport à Mouscron, quelle est la répartition entre ce que verse la Région wallonne, ce que verse la ville et ce que versent les commerçants? Peut-on avoir le prorata? Est-il normal, mais ce n'est peutêtre pas le cas en ce qui concerne la région, que la ville de Mouscron ait analysé des comptes 2009 au mois de décembre 2010? Est-ce que la région a reçu ces comptes plus tôt? Si je vous pose la question, c'est pour une raison bien simple, c'est que dans cette magnifique législation que le monde entier nous envie, l'article 21 précise que ces ASBL doivent être en équilibre et que si elles ne le sont pas, le gouvernement peut suspendre ou supprimer carrément l'association. Toutefois, le gouvernement dispose d'un délai limité. Je suppose qu'avec l'intelligence qui est la vôtre, vous avez sans doute regardé ces comptes depuis un certain temps et que vous pourrez me dire quelle a été la réaction du gouvernement face à un déficit budgétaire latent de 50000 euros en perte en 2009. Il semblerait que 2010 soit encore pire.

(M. Noiret, Doyen d'âge, prend place au fauteuil présidentiel )

M. le Président. La parole est M. le Ministre Antoine.

M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports. M. le Président, 2011 sera comme 2010, nous commencerons ensemble et nous finirons ensemble, c'est notre habitude pratiquement, puisque nous clôturons souvent nos travaux ensemble et je vous remercie de votre fidélité. S'il n'en restait qu'un, ce serait vous, si je comprends bien.
Plusieurs questions sont abordées par M. Crucke. Il y a : un, quelle est la réalité du financement des ADL et des gestionnaires de centre-ville ; deux, quel est le contrôle sur ceux-ci ; trois, quelle sera l'évolution décrétale, cela je l'ajoute et quatre, quelle est la situation de Mouscron?
Vous voyez, Monsieur le Président, que nous avons du pain sur la planche et je vais essayer d'y répondre le plus complètement possible, au risque peut-être d'être un tout petit peu long, mais je vais essayer de le faire de la manière la plus concise. Pour ce qui concerne les ADL et les gestionnaires de centre-ville, puis-je rappeler qu'il y a une législation très claire, mais qu'elle n'a pas été respectée. Oui, ne faites pas semblant d'être étourdi par ma réponse. Puisqu'on peut organiser les ADL jusqu'à 40 000 habitants et les gestionnaires de centre-ville ne peuvent commencer qu'à 20 000. Il ne vous a pas échappé qu'il y avait des gestionnaires de centre-ville, dans des communes ou des villes de moins de 20 000 habitants. Non ? Par exemple, la Ville d'Hannut ... (Rumeurs)
Vous vous êtes tellement précipité avec un leitmotiv, j'ai dit à Michaël : « il va tomber dans le panneau : socialiste» Lui, il est là au buzzer, il ne communique pas bien : « socialiste». Pas de chance.
(Rumeurs)

M. Crucke (MR). Sauf à me tromper, M. Bolland est socialiste.

M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports. Oui, qu'est-ce que je veux dire par là? Moi, je ne vise pas et je ne porte pas de jugement, j'ajoute même que probablement, Hannut en fait bon usage. Il n'empêche, nous avons une législation qui détermine des seuils et des plafonds. Ce que je veux simplement indiquer, c'est un constat. Je succède à d'autres, et je ne porte strictement aucun jugement, mais que sur ce seul point-là déjà, nous avons un problème. Nous avons un problème de respect des critères et nous avons une zone entre 20000 et 40000 habitants, cela est mathématique, où vous pouvez à la fois avoir une ADL et un gestionnaire de centre-ville. Je considère que cette superposition n'est pas nécessairement la plus heureuse, notamment pour nos finances de la région, premier élément. Toujours sur les constats dont nous avons 18 cellules gestion centre-ville, je peux vous les donner, si vous les voulez, cela fera un peu plus pour le rapport, Arlon, Binche, Blény, Charleroi, Châtelet, Dour, Florenne, Hannut, La Louvière, Liège, Louvain-la-Neuve, Mons, Mouscron, Namur, Sambreville, Tournai, Verviers et Wavre. Le budget total pour 2010, parce que je veux être complet, en termes d'APE, cela représente 48,5 équivalents temps plein, pour un montant de 787 721 euros et M. Vanderkerkoven a même compté vingt cents en plus, 787 721,20 euros. Les PTP représentent 527 194,58 euros pour un total de 90 postes. Les chiffres que je vous indique pour ce montant sont ceux qui ont été liquidés au 31 octobre 2010. C'est un tout petit peu plus probablement. Pour les contrats premiers emplois, nous en sommes là à 90 postes pour un montant de 2 840 500 euros. Enfin, il y a une subvention complémentaire pour cinq postes et des frais de fonctionnement pour permettre à ces différentes ASBL d'arriver à financer la totalité de 123 835 euros. Bref, le budget total des gestionnaires de centre-ville est de 3 845 123,84 euros.
En ce qui concerne les ADL, nous en avons 59. On subventionne, comme vous le savez, 65 500, si c'est un niveau 1 ou un niveau 2+ et 60 000 si c'est un niveau 2. Elles sont soit organisées en ASBL ou en régie communale autonome. Nous avons là un total de subvention de 3 865 000 euros qui se répartissent et qui, alors, ajoutés aux gestionnaires de centre-ville, arrivent à 7 888 123,84 euros au total, pour les deux dispositifs. Comment sont financés ces 7,888 millions, arrondissons, si vous le voulez bien? Cinq millions septante-trois mille cent sept euros à charge de votre serviteur, soit 64% des moyens. Pour mon Collègue Jean-Claude Marcourt, 1 409 000 euros, 18% et exactement le même montant pour mon Collègue Paul Furlan. Voilà pour la réalité des ADL et des gestionnaires de centre-ville. J'en viens alors, si vous le voulez bien, au décret de 2009 et l'absence d'arrêté. Tout simplement, je ne m'en suis jamais caché Mme Barzin vient de partir, je lui dis clairement que je ne comptais pas prendre ces arrêtés puisque je voulais faire évoluer la législation. Je considère que, eu égard à ce que je viens de vous indiquer sur les seuils de population, sur le financement des frais de fonctionnement, audelà même du financement des postes, et là je considère tout à fait légitime que nous les financions, les APE ou les PTP, ou la part dans les CPE, mais pourquoi faut-il encore financer la structure dans chacune des villes qui chapeautent ces services? Lorsque nous avons lancé les conseillers en énergie, les conseillers en logement, ou les APE, nous ne versons pas aux communes des frais de gestion des points APE dont elles bénéficient. Je crois que personne n'en bénéficie. Je considère que c'est davantage une chance pour les communes et les villes concernées d'avoir des points APE qui, pour faire bref n'est-ce pas, ou les PTP sont des agents soit stewards, soit d'encadrement. C'est plutôt un avantage. Je pense que les communes peuvent acquitter le reste. J'espère pour fin 2011, c'est-à-dire début 2012, puisque nous sommes en année civile, opérer cette réforme en distinguant mieux ce qui est gestion centre-ville, ce qui est ADL et la nature de nos interventions, et avoir un meilleur partenariat régioncommune, avec un bémol, parce que nous devons être fort attentifs à d'éventuels transferts provenant de l'État fédéral, puisque, vous le savez, il y a aussi toute la dynamique des grandes villes qui pourrait un petit peu perturber le modèle. Je vous parle ici, toute chose restant égale, je crois qu'intellectuellement, vous l'admettrez. Vous me demandez les postes de managers de centre-ville et ses assistants sont financés pour la plupart des structures par la mesure APE. C'est le cas également à Mouscron. Je m'étonne des propos tenus par le président de l'ASBL mouscronnoise puisque les APE sont payés directement par le FOREM. Je ne vois pas en quoi il y aurait une difficulté de traitement en la matière. En tout cas, elle ne m'a jamais été signalée. Vous ne m'enlèverez pas que j'ai quand même quelques présences ou intérêts pour Mouscron. Jamais cela ne m'a été communiqué comme tel. Du reste, c'est contraire à la législation et à la pratique au niveau des APE en la matière, puisque le FOREM le verse mensuellement. Il peut parfois y avoir des régularisations, mais c'est le principe de la mensualité. Les activités des cellules de gestion de centreville sont contrôlées annuellement, Monsieur Crucke, par un comité de pilotage dans lequel vous retrouvez l'ensemble des ministres du Gouvernement wallon. Il est présidé par le représentant du Ministre de l'Emploi, mon représentant. La coordination régionale, quant à elle, est située au sein de la DGO6 et sa mission est d'assurer la coordination qualitative entre les cellules. C'est le travail de M. Saenen. L'évaluation des projets s'opère sur base d'un rapport d'activités dont la teneur est présentée aux membres du comité de pilotage. Les comptes annuels sont bien entendu réclamés et analysés par mon administration. Chaque association est du reste prévenue et informée des éventuels griefs qui lui sont reprochés par la région ou les recommandations formulées par le comité ad hoc. En ce qui concerne plus particulièrement le traitement des managers en liaison avec le cas par hasard dont vous avez eu connaissance, je vous rappelle qu'on se situe, à ce niveau, dans un rapport contractuel entre l'employeur et le travailleur. Dans le cadre pilote qui caractérise le dispositif actuellement, ce sont essentiellement les conventions collectives de travail qui priment. Si l'employeur ne peut déroger pour fixer une rémunération plus basse, rien ne l'empêche toutefois de l'apprécier à la hausse. Cela, c'est sa responsabilité, mais cela ne modifie pas la subvention que nous leur versons à travers les points APE. La région n'intervient donc pas, Monsieur Crucke, sur les conditions salariales négociées entre les deux parties. Il sera toutefois utile d'examiner en temps utile ou au cours des prochains mois la facon dont la région peut intervenir sur ce point, tout en respectant la légitime autonomie de ces associations sans but lucratif. J'y serai sensible à l'avenir. Le projet pilote a également vu naître progressivement différentes fonctions que vous avez mentionnées, celle de stewards urbains. Le steward, par sa présence, contribue manifestement à lutter au quotidien contre le sentiment d'insécurité, permet d'assurer les missions essentielles pour rendre le cadre de vie agréable et souvent beaucoup plus propre. Actuellement, le nombre de stewards urbains diffère d'un centre urbain à l'autre. Ils sont principalement engagés sous le statut PTP et CPE. La dévolution de ceux-ci, et Mme Barzin me le confirmait en aparté, vous pouvez le vérifier auprès d'elle, répond au projet stratégique qui est déposé par la ville, pour l'essentiel. Du reste, je relève toute forme de responsabilité, puisque je n'en ai pas attribué. C'est bien de cela qu'il s'agit en la matière. Pour en revenir maintenant au cas plus mouscronnois, bien sûr étant informé de la situation par la presse, j'ai évidemment immédiatement diligenté l'inspection sociale pour qu'une enquête soit réalisée dans les meilleurs délais afin d'éclaircir la situation, les responsabilités et les rumeurs, ou accusations qui circulent. Au moment où je vous parle, malheureusement, les conclusions de cette enquête ne m'ont malheureusement pas encore été communiquées. Je l'attends avec impatience. Je ne manquerai pas bien sûr de prendre attitude le moment venu sur ce dossier. Pour être tout à fait précis et vous apporter toutes les informations souhaitées, l'ASBL mouscronnoise bénéficie de 20 postes PTP, de 11 postes CPE et de 33 points APE. Ces chiffres en font une structure qui se situe, pour faire bref, dans la moyenne plutôt supérieure au niveau de la Région wallonne. Voilà ce que je voulais vous dire. Dès que j'aurai le rapport, je ne manquerai pas de revenir vers vous, ou vous m'interrogerez, j'imagine. J'espère avoir été suffisamment complet à votre gré.

M. le Président. La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Sincèrement, cela ne va pas, Monsieur le Ministre. On connaissait déjà, dans ce parlement, les décrets Tipp-Ex. Voilà maintenant qu'apparaissent les décrets morts-nés. On vote au parlement des décrets et on ne les applique pas, même si l'embryon continue à survivre, on ne sait comment, en tentant de contrôler cahin-caha ce qui peut être contrôlable. Cela ne va pas.
(M. le Ministre Antoine s'exprime hors micro)
Est-ce que vous vous rendez compte ce que vous êtes en train de dire aux citoyens. Pour les parlementaires qui sont ici, retenez bien ce que je dis, cela, c'est un décret fin de législature « Vite-vite, il faut y aller», parce que M. le Ministre doit sortir avec quelque chose. Hé, là! Nous, on a travaillé. On a tellement bien travaillé que, deux ans après, on n'est nulle part. On a une situation comme Mouscron qui arrive. S'il n'y a pas un parlementaire qui vient le dire ici, comment est-ce qu'on le saurait ? Comment est-ce qu'on a surveillé ce qui s'est passé là-dedans? J'ai les plus grandes craintes sur la manière avec laquelle on gère l'utilisation des deniers publics. Ce n'est pas rien, chers collègues. Huit millions d'euros ici. Ce n'est pas rien, des finances publiques.
(M. le Ministre Antoine s'exprime hors micro)
On les vérifie à ce point qu'à Mouscron on est en déficit. Votre décret dit même que, s'ils ne sont pas en équilibre, vous pouvez, vous devez demander des comptes. Ils ont un mois pour répondre. Quand estce que le gouvernement a écrit? Jamais. Il n'a pas écrit. C'est un de ces dossiers dont on se fout au gouvernement. Moi, ce qui me fait le plus râler, ce n'est pas seulement qu'on prend les parlementaires pour des presse-boutons, cela, vous savez, parfois, on est habitué, mais ce qui me fait, dans ce dossier, le plus râler, c'est que c'est l'argent du citoyen qu'on utilise et qu'on ne surveille pas. C'est inadmissible. Je vous le dis comme je le pense. Maintenant, j'ai pris aussi acte de votre souhait, puisque c'est ce que vous avez dit: « On va changer. On va remodifier.» Vous serez attentif également au salaire des managers. Il ne manquerait plus que cela, Monsieur le Ministre. Est-ce que vous trouvez normal qu'un gaillard qui a une fonction en-dehors de celle-là touche 5 700 euros sans être surveillé? Vous avez raison, c'est contractuel. Là, vous avez raison. Pourquoi est-ce que, à l'époque, le gouvernement a dit: « Il y aura une grille de recommandations» ? Est-ce que vous ne pensez pas que, si le gouvernement avait fait son travail avec une grille de recommandations, les malheureux gestionnaires de cette ASBL, dont on sait souvent comment ils sont pris là-dedans, auraient aujourd'hui la main un peu moins tremblante, en se disant : « peut-être que l'on va se retrouver devant le tribunal un jour»? Allez, soyons sérieux. N'attendez pas 2012 pour faire du travail en la matière. Il est plus que temps que le gouvernement se relève, prenne le sort de cette association en main, félicite ceux qui travaillent sans arrêté d'application et le font bien, parce qu'il y en a qui le font bien et très bien, tant mieux, mais à aller tirer les oreilles à ceux qui le font mal, c'est ce qu'on vous demande comme ministre et c'est ce que je vous demande comme parlementaire.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "Nouveau logo de l'ADEPS"

M. Jean-Luc Crucke (MR).
L’Adeps s’est parée d’un nouveau logo et de nouvelles couleurs, à l’exclusion du bleu, ce que je regrette. Généralement, un changement de logo par un organisme implique un changement de philosophie de son
projet. Quelle sera la direction prise par le projet de l’Adeps sous ces nouvelles couleurs ? Y a-t-il réorientation ? Quelle sera la chronologie de cette transformation et son coût ? En effet, le matériel de l’Adeps, y compris les voitures, va devoir changer de logo, ce qui entraîne des coûts. Selon quels critères les structures seront-elles transformées pour correspondre à la nouvelle image de l’Adeps ?

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports.
Il ne s’agit en effet pas d’un simple changement de logo même s’il était nécessaire de rafraîchir le précédent peu lisible. Il est indiscutable que ce changement signale un nouvel élan.
Nous découvrons au fil des commissions les nouvelles actions, comme le sport d’élite. De 23 contrats en 2009, nous passons à 70 l’année prochaine. De plus, nous finançons 680 jeunes sportifs d’élite actuellement et nous espérons atteindre les 1 000 à la fin de la législature. Avec Marc Franco, nous avons créé le centre d’évaluation de la performance. Ce centre a reçu 500 000 euros pour accompagner nos meilleurs sportifs. Les frères Borlée, par exemple, y ont été préparés scientifiquement pour les jeux de Barcelone, avec plusieurs professeurs d’université. Nous avons également acquis pour 300 000 euros une chambre de raréfaction d’oxygène afin de tester nos sportifs de haut niveau. Le centre sportif de
haut niveau est la pièce majeure de cette politique. Nos spécialistes analysent actuellement les dossiers et la conformité au cahier des charges avant que le jury ne fasse son choix. L’investissement
s’élèvera à 70 millions d’euros. Voilà pour le sport d’élite.
Nous avons aussi concentré notre action sur le sport pour tous avec les programmes « Été sport », « Mon club, mon école » et le financement de la création de clubs. Je me réjouis d’ailleurs du nombre de demandes, notamment dans des disciplines absentes de certaines provinces.
Le deuxième grand volet de notre politique est l’effort que nous avons consacré aux fédérations dont nous avons sensiblement augmenté les subventions. Par ailleurs, nous avons accordé un crédit de 1,2 million d’euros à la formation des jeunes, des formateurs et des arbitres. Pour la première
fois en vingt ans, nous allons relancer une formation d’entraîneur de premier niveau.
Nous attendons les propositions des clubs. Ajoutons à cela les nouveaux moyens dégagés dans la perspective de la communautarisation de la fédération belge de football et des autres fédérations qui suivront. Enfin, 42 millions d’euros – soit la totalité des moyens – ont été réservés pour les infrastructures afin de rénover l’ensemble de nos centres Adeps.
Pour rappel, en 2003, alors que le MR était au pouvoir, l’enveloppe budgétaire pour le sport s’élevait à 33 millions d’euros. Elle est passée à 45 sous Michel Daerden. Aujourd’hui, nous atteignons 91,5 millions d’euros. Si nous y ajoutons les 55 millions de la Région wallonne, nous atteignons les 150 millions, soit un pour cent des budgets de la Communauté et de la Région confondus. Cela nous a permis d’octroyer l’année dernière une bourse de 2 000 euros à tous les clubs sportifs pour handicapés. Nous savons en effet qu’il n’est pas évident de trouver des sponsors dans ces disciplines. Pour accompagner cette nouvelle politique, l’administration a renforcé ses effectifs. À ma demande, le gouvernement a approuvé le recrutement de six collaborateurs affectés aux infrastructures sportives, contre un seul auparavant. Nous avons également fait appel aux services de M. Devos à la Région wallonne et obtenu deux recrutements complémentaires. Les deux administrations vont dorénavant collaborer de manière transversale. Le nouveau logo a un aspect plus moderne que le premier qui datait des années 80. Il était de couleurs mauve et verte et n’était pas très lisible. Il avait donc vécu ! De surcroît, la charte graphique de l’Adeps n’était pas uniformisée. D’autres logos circulaient avec la mention de l’Adeps mais pas de la Communauté française. Or l’Adeps, rappelons-le, est un des services de notre Communauté. Désormais, le nom de la Communauté française figurera clairement au bas du nouveau logo. Jusqu’à présent, les deux logos étaient affichés pour un seul événement, ce qui ne nous semblait pas des plus heureux.
Je vous donne ici la légende des spécialistes : « Le pictogramme représente une femme ou un homme, un jeune ou une personne âgée. C’est une personne en mouvement, qui s’élève grâce au sport. Elle représente tout à la fois le volley, le tennis, le saut en hauteur, le basket, le foot. » À bien y regarder, on peut déceler plusieurs disciplines. Le graphisme montre un sportif qui gagne, qui saute de joie. Le choix de plusieurs couleurs nous a été recommandé pour illustrer la multitude des publics visés et la diversité des actions : sport pour tous, haut niveau, élite, monsieur et madame tout le monde.
Les couleurs sont « vives et peps, nature et soleil », ajoutent les spécialistes. Les couleurs différentes du mot Adeps permettent d’identifier la véritable signification de l’acronyme : éducation physique et sport.
Infrasport bénéficie également d’un nouveau logo, avec un graphisme assez semblable à celui de l’Adeps. Cela nous permettra de rappeler que Région et Communauté œuvrent à la même politique sportive. Le temps de deux ministres ayant deux approches différentes est heureusement révolu. Le matériel sera progressivement remplacé. Nous n’avons rien jeté, contrairement à ce qui apparaît dans des courriels fantaisistes. Ainsi, le calendrier mural 2011 de l’Adeps, commandé avec un certain retard, porte le nouveau logo. Par contre, le petit calendrier de bureau, commandé plus tôt, arbore toujours l’ancien logo. Les deux logos coexisteront donc encore durant plusieurs mois. Le stock existant de matériel de promotion (essuies, valises, etc.) sera épuisé avant l’achat des objets frappés du nouveau logo. Dexia a tout relifté en un week-end. Nous avons préféré la technique d’ING-BBL qui a opté pour un remplacement progressif, là où cela s’avère nécessaire. Un contrat location-vente nous lie avec Hyundai qui met à la disposition de nos agents des véhicules qui sont régulièrement remplacés. Lors de chaque remplacement, ils seront ornés du nouveau logo. Il n’y aura donc aucune dépense complémentaire. L’opération a coûté au total 5 000 euros, soit le prix du logo et du graphisme.


M. le président. – Je tiens à préciser que l’évolution des budgets résulte également du refinancement de la Communauté française, dont les effets ne se sont fait sentir qu’à partir de 2003-2004.

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports.
En 2003, le sport représentait 0,4 % du budget, nous sommes maintenant à un pour cent. J’aimerais faire plus parce que le sport a très longtemps été sous-financé.

M. Jean-Luc Crucke (MR).Quand nous l’interpellons sur un sujet précis, M. Antoine a l’art de rappeler toute sa politique sportive, mais je ne m’en plains pas ! Je m’attendais à un montant plus élevé que 5 000 euros. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas de bleu ! Je note également que le remplacement sera progressif.

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "la scission de la Fédération Royale Nationale de Balle Pelote (FRNP)"

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Samedi après-midi, monsieur le ministre, vous étiez attendu à Ath pour l’inauguration du premier mur mobile de balle pelote « OneWall ». En votre absence, j’ai eu le plaisir de représenter la Communauté française à cette cérémonie. Ce fut une expérience intéressante parce que c’était probablement l’une des dernières fois que francophones et néerlandophones étaient réunis.
La scission de la Fédération royale nationale de balle pelote, dont je souhaite vous entretenir aujourd’hui, y a évidemment fait l’objet de nombreuses discussions. Je ne sais pas où s’arrêtera l’hémorragie mais il est clair que ce sport subit le même phénomène que d’autres, notamment le football : la scission de sa fédération. Si on peut y trouver une logique par rapport à l’évolution du sport en Communauté française, les éléments à prendre en compte dans le sport ballant sont différents de ceux que l’on rencontre dans d’autres pratiques. Les clubs d’élite néerlandophones sont certes plus nombreux, mais la plupart des joueurs de talent qui y évoluent sont francophones. Ils ne sont pas satisfaits de la scission ; malheureusement, ce ne sont pas les joueurs qui prennent les décisions mais les directions de clubs. Si l’on prend en considération l’ensemble des clubs ballants, on constate qu’ils sont beaucoup plus nombreux dans la partie francophone du pays qu’en Flandre. Cette scission pourrait être douloureusement vécue par les francophones si l’on n’organise pas les choses de manière intelligente. J’ai dit au président de la fédération, qui me semble être quelqu’un de bonne volonté et soucieux de l’intérêt de ses joueurs et des clubs, qu’il y a des obstacles qu’il faut renverser et d’autres qu’il faut contourner. En l’occurrence, il faudra les contourner de la manière la plus intelligente possible. Avez-vous eu un contact avec la fédération à ce sujet ? Y a-t-il eu débat ? Avez-vous pu prendre position ? Que pensez-vous de l’évolution de la situation Il faut savoir qu’une fédération wallonne est déjà subventionnée par la Communauté française, à savoir la Fédération wallonne amateur de balle pelote. Or son activité serait essentiellement centrée sur la Province de Namur et ne s’étendrait donc pas à l’ensemble de la communauté. Est-ce un problème ? Pensez-vous pouvoir faire en sorte qu’il n’y ait qu’une seule subsidiation pour une fédération francophone ou évoluera-t-on vers deux fédérations quelque peu différentes ? Quels sont les montants que la Communauté française octroie déjà à la Fédération wallonne amateur de balle pelote ? Enfin, avez-vous pu faire entrer la balle pelote dans les stages d’été pour les jeunes ? En effet, elle est à l’origine de la pratique sportive, elle reflète la ruralité et ressuscite l’ambiance des villages. La restructuration des clubs n’empêche pas la fidélité à ce sport. L’organisation de ces stages d’été a-t-elle porté ses fruits ? A-t-elle conduit plus de jeunes vers ce sport ballant ? Ce que j’ai vu à Ath ce samedi est impressionnant. Énormément de jeunes et même de très jeunes enfants étaient présents. J’ai quitté le Centre d’exposition et de valorisation agricole (Ceva)avec la nette impression que la balle pelote est un sport attractif pour jeunes et moins jeunes, et à l’avenir prometteur si on l’aide à se structurer convenablement.

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports.
Je n’ai jamais caché mon coup de coeur pour la balle pelote, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué d’étonner l’excellent journaliste sportif Philippe Vande Weyer lors d’une interview récente. La balle pelote a en effet une réputation de jeu de café, mais il n’en est rien. Il s’agit d’une véritable discipline sportive dont les règles sont complexes et qui requiert des compétences et des qualités comme l’endurance, la rapidité, la souplesse, la précision du geste technique. Par le passé, ce sport était d’ailleurs très prestigieux dans nos contrées. L’organisation de ce sport est toujours nationale. J’entretiens d’ailleurs d’excellents contacts avec M. Bauters, le président de la Fédération royale de balle pelote. Nous avons décidé ensemble de relancer ce sport. Peu de jeunes s’y intéressent et des clubs ont disparu, alors que cette pratique était très répandue du côté francophone. Comme vous l’avez dit, monsieur Crucke, s’il y a beaucoup de clubs flamands, ils sont composés en grande partie de joueurs francophones. Lors de l’Euro 2010 à Valence, notre équipe nationale était d’ailleurs soutenue par la Communauté française. Les joueurs étaient francophones mais l’entraîneur était néerlandophone. Il est donc possible de trouver des accords dans de telles situations ! Le retentissement du championnat d’Europe a redonné de la vigueur et de l’enthousiasme aux responsables de ce sport pour baliser l’avenir. Nous avons apporté notre contribution en finançant différents murs mobiles ou One Wall. Ce sport de fronton est fort développé, aux États-Unis
notamment. Ce « squash à la main » exige une condition physique extraordinaire et plaît énormément aux jeunes car il nécessite peu d’accessoires : une balle, un gant, un mur.
Je puis vous dire en primeur que, lors du Salon des mandataires qui aura lieu en février au Wex, nous avons programmé un village du sport dans lequel sera érigé un fronton. J’inviterai tous les mandataires locaux et les sportifs à venir découvrir le fronton financé par la Région wallonne, dans l’espoir que ce type de matériel puisse être déployé dans toute la Wallonie. Chacun pourra donc découvrir la balle-pelote lors d’une démonstration. Nous avons attribué d’autres moyens à cette fédération afin de lui permettre de vulgariser cette discipline. J’en viens à nos actions de promotion de la balle-pelote. Nous avons subsidié la rénovation des vestiaires de Dave, la réfection des ballodromes d’Havrenne, d’Éprave, de Mont-Gauthier et l’extension du chalet de la Pelote niloise. Nous sommes intervenus dans les frais de déplacement de la Fédération à Valence. Nous avons octroyé des crédits pour l’acquisition de trois murs mobiles et nous avons versé près de 35 000 euros de crédits de promotion à la Fédération et à certains clubs, notamment ceux de Gougnies, Vaudignies, Acoz, Ottignies et Grand-Leez. Bref, nous avons
consenti de sérieux efforts afin de redorer le blason de la balle-pelote. Seuls deux clubs, Acoz-Coquis de Gerpinnes, en Hainaut, et Ottignies, en Brabant wallon, ont participé à l’opération « Été sport ». C’est pour moi une petite déception. C’est d’autant plus regrettable que tous les clubs sportifs qui demandaient à participer à cette opération et dont le dossier remplissait les conditions ont obtenu satisfaction.
Au passage, je tiens à souligner qu’il n’y a pas d’arbitrage politique des demandes. J’en viens à l’avenir de la fédération nationale. En fait, il existe deux fédérations : la Fédération royale nationale du jeu de paume, qui organise tous les championnats, et la Fédération wallonne amateur de balle-pelote.
La Fédération royale nationale du jeu de paume n’est pas reconnue par la Communauté française puisqu’elle a conservé son caractère national, même si elle est membre du COIB. Cela ne nous a cependant pas empêché de l’aider par des crédits de promotion et d’infrastructures en Région wallonne. Nous avons d’ailleurs des relations très fréquentes avec M. Bauters. La Fédération wallonne amateur de balle pelote (FWABP) a été reconnue en son temps par la Communauté française. Elle a bénéficié de subventions. Cependant, les cercles qui en faisaient partie se sont progressivement ralliés à la Fédération royale nationale du jeu de paume. La FWABP existe toujours mais elle ne répond plus aux critères de reconnaissance fixés par la Communauté française depuis 2007 et ne bénéficie donc plus de nos subsides. Avec ses moyens, la FWABP s’efforce de promouvoir la balle-pelote auprès des jeunes, notamment par des actions dans les écoles, les centres sportifs et les quartiers. Dans les faits, elle a noué de nombreuses collaborations avec la Fédération nationale. Il n’y a donc aucune rivalité : l’une organise les compétitions, l’autre se consacre à la sensibilisation de la jeunesse à ce sport.
Mais depuis peu, comme je viens de le dire, la Fédération royale nationale du jeu de paume souhaite aussi faire la promotion de son sport et entreprend des démarches auprès des jeunes. On assiste donc aujourd’hui à des démarches parallèles.
Nous avons prévu plusieurs journées de one wall, c’est-à-dire de mur mobile, semblables à celles qui ont été organisées à Ath et auxquelles vous avez participé. Elles se feront notamment avec le service provincial de la Jeunesse du Hainaut. Nous avons mobilisé trois cents professeurs d’éducation physique pour leur faire découvrir cette discipline. Au-delà des communes, nous voulons donc aussi toucher les écoles afin d’aider cette fédération.
M. Bauters m’a effectivement informé de l’évolution de la Fédération royale nationale du jeu de paume. Deux ailes distinctes verraient le jour, une pour le Nord et une pour le Sud du pays. Le conseil d’administration a examiné le texte de l’accord négocié avec les représentants flamands. Après en avoir délibéré, ses membres ont décidé de ratifier cet accord. L’année 2011 sera donc une année de transition qui permettra d’installer les nouvelles structures des asbl et des championnats. Trois associations seront créées. La Fédération royale nationale du jeu de paume subsistera, comme pour les autres disciplines. Elle sera chargée de l’organisation des championnats, de la Coupe de Belgique, des journées nationales et de quelques événements majeurs. Les deux autres fédérations, la néerlandophone et la francophone, regrouperont respectivement 24 et 160 clubs. On constate donc un certain déséquilibre. De plus, comme M. Crucke l’a signalé, un grand nombre de joueurs francophones jouent dans les 24 clubs néerlandophones lors des compétitions. Ce sport est donc largement francophone, même s’il est toujours sous responsabilité nationale. La nouvelle entité francophone sollicitera sans aucun doute une subvention dès 2012. Nous vérifierons la conformité de son organisation aux décrets
de 1999 et 2006 et nous analyserons son plan-programme. Nous serons alors amenés à la subventionner de manière régulière. Je pense que la Fédération royale nationale du jeu de paume a compris que, pour obtenir des subventions, elle devait avoir une aile francophone et une néerlandophone.
D’après les échos que j’ai eus, tout se passe dans un climat de respect mutuel, même si d’aucuns regretteront la défédéralisation de ce sport.
Le plus important est la volonté commune à mon cabinet, à l’administration ainsi qu’à M. Bauders et à sa fédération de mieux faire connaître la balle-pelote. Nous organiserons prochainement un match de gala qui mettra en présence notre équipe nationale et l’équipe d’Espagne. Ce sera un match de revanche, et nous inviterons à cette occasion tous les clubs wallons et francophones ainsi que différents établissements scolaires qui ont marqué de l’intérêt pour cette discipline.


M. Jean-Luc Crucke (MR).
Je suis en phase avec les propos et les décisions du ministre. La voie suivie me semble être la bonne pour le jeu de balle. La subvention de trois one wall est à mon avis très importante pour la dynamique future de ce sport qui le conduira à devenir une discipline olympique.
Comme d’autres sports, le jeu de balle doit évoluer. Le one wall est un des sports qu’affectionnent les Américains. Je ne pense pas que les États-Unis décident de tout, mais on sait que, lorsque l’on réussit à toucher la population et les sportifs américains, on a une chance supplémentaire que la discipline devienne olympique. Même si le geste est un peu différent entre le jeu de balle et le fronton, la formation en jeu de balle reste la meilleure pour devenir performant en one wall.
Je regrette qu’il n’y ait que deux clubs qui se soient inscrits dans le projet « Été sport ». J’espère que cela n’impliquera pas l’éviction de la balle pelote des futures initiatives. Ce n’était qu’un premier essai, la fédération se mobilisera peut-être davantage à l’avenir.
Même si la scission de la fédération semble une évolution inéluctable, je suis heureux d’entendre que vous êtes prêt à subventionner la fédération francophone quand elle verra le jour.

lundi 24 janvier 2005

Interpellation de Jean-Luc CRUCKE au Ministre FURLAN sur "l'évolution de l'institution provinciale et le devenir des communautés de communes"

– L'ordre du jour appelle l'interpellation de M. Crucke à M. Furlan, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville, sur « l'évolution de l'institution provinciale et le devenir des communautés de communes ».

La parole est à M. Crucke pour développer son interpellation.

(MR). – Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, on a peut-être eu le débat ce matin avec la Cour des comptes. C'est une interpellation qui est reportée de 15 jours, grâce au fabuleux règlement que ce parlement connaît et que le monde entier nous envie, celui qui fait en sorte que ceux qui travaillent sont pénalisés, ceux qui se reposent peuvent rester chez eux, ils sont fort heureux. Je le dis aux amis écolos parce que comme je l'ai vécu à la Communauté française avec Mme Hoyos in personem, qui est arrivée en retard et que j'ai laissé passer, avec une grande sensibilité et grand plaisir d'ailleurs, on se rend compte parfois qu'il y a des choses qui fonctionnent ailleurs et pas ici. Enfin soit.

(Réaction de M. Noiret)

Ne vous inquiétez pas pour cela. Nous, on a voté contre le règlement, on sait pourquoi.

(Réaction de M. Disabato)

Non, on ne vote pas contre tout, c'est un peu réducteur. Justement, généralement, on essaie de faire attention à ce qu'on fait et on ne vote pas contre tout.

Je reviens aux provinces et pour exciter mon heureux collègue écolo qui ne se décide pas à intervenir dans le débat ...

(Rumeurs)

Monsieur le Ministre, je reviens à la et, entre-temps, depuis que la a été votée, je vois que les déclarations fusent. Jusqu'à preuve du contraire, dans la , on ne parlait pas de suppression des provinces, on parlait de, je lis « L'évolution de l'institution provinciale à travers un transfert de compétences », premier chantier, deuxième chantier, puis l'avènement des communautés de communes, en lieu et place des provinces. On se rend compte, pour ce deuxième paramètre, qu'il est important, indispensable même, qu'il y ait une évolution constitutionnelle. Il faut croire qu'entre-temps, certains prennent leurs rêves pour des réalités.

Je lisais un débat dans la presse, je cite - sinon on va croire que je prête à certains des propos qui ne sont pas les leurs - M. Nollet qui était interviewé il y a quelques jours à la sur les provinces : « Nollet, tout sourire, a une nouvelle fois enfourché son cheval favori de la bonne gouvernance », en faisant remarquer que le Hainaut - la province où vous habitez, que j'habite également, celle qui nous permet d'être heureux - disposait à elle seule de plus de conseils provinciaux que la Région wallonne ne compte de députés. Vous comprenez que ce n'est pas normal. Si ce n'est pas réducteur par rapport à ce que sont les provinces, je ne sais pas ce qu'est être réducteur dans un débat. Mais il est vrai qu'à la télé, c'est 15-30 secondes, on fait passer au bazooka la grosse machine, et voilà, tuez les provinces, tout ira mieux demain. On a oublié de dire qu'il faut que la Constitution soit un élément d'évolution. Depuis sept mois, M. Nollet participe, comme d'autres, aux négociations. Je n'ai pas vu qu'il y avait une grande évolution, qu'il est intervenu.

Il y en a pour tout le monde. Je vois M. Fourny qui me regarde en se disant : « Est-ce qu'il va faire en sorte de nous oublier ? ». Non, je ne vous oublie pas.

Là, c'est M. Antoine qui va, dans la même mission ...

(Réaction de M. Disabato)

Monsieur Disabato, selon le règlement, vous ne pouvez pas intervenir dans le débat.

Je n'oublie pas M. Antoine qui lui, je cite le commentaire qui vient d'un journaliste, sans rire, «L'absentéisme est tellement important au sein des conseils provinciaux que plusieurs ont dû être reportés faute de quorum suffisant » partout sauf chez nous alors, en province de Hainaut, le taux de présences est de 85 % pour des gens qui n'en ont soit disant rien à foutre, c'est quand même pas mal et aucune séance n'a jamais été reportée, peut-être qu'il parlait d'autres provinces, c'est possible, mais je vous assure que les conseillers provinciaux, toutes tendances politiques confondues, même celles où certains conseillers provinciaux, paraît-il très récemment, dérapent avec les deniers de leur groupe, tout le monde est offusqué, quand je dis offusqué, c'est un vain mot.

En dehors de ces déclarations, je veux revenir à plus sérieux, ce qu'on demande c'est de faire du travail sérieux, c'est de faire avancer ce dossier dont on parle depuis un certain temps. Ici, il faut le dire, mais on a l'impression aussi qu'on ne voit pas toujours quelle avancée.

Deux groupes de travail ont été mis sur pied. Vous-même vous avez dit que les deux doivent évoluer en synergie, qu'ils doivent avancer même si dans un des deux éléments on sait très bien qu'on tient compte d'une évolution éventuelle de la Constitution, revenons-en alors au premier groupe de travail qui compose ce groupe. Qui réfléchit sur les deux thématiques et quel est l'échéancier, en dehors d'éléments constitutionnels, qui a été donné ? Puis sur ce premier groupe, on parle de compétences, de transfert de compétences. Aujourd'hui, quelles sont les compétences sur lesquelles le débat a lieu ? Le débat est-il proche d'aboutir ou non ? On n'est pas à mi-législature mais on n'est pas loin, en termes politiques on sait très bien que 15 jours, 1 mois ce n'est rien, parce que dans l'année, il faut donner des indicateurs bien précis. On parlait tout à l'heure...

(Réactions dans l'assemblée)

M. Disabato n'aime pas les provinces, il l'a dit, il faut accepter, c'est son droit. Si vous le partagez au moins avec M. Nollet, je vous assure, ce n'est pas le cas de tout le monde chez écolo. Soit.

Par rapport à ses compétences, où en est-on exactement ? Dites-nous où en est l'accord ? Peut-il encore intervenir ? Je pense qu'il faut qu'on soit clair avec ceux qui aujourd'hui gèrent les provinces et cela permettra réellement de dire que ces groupes de travail qui ont été mis sur pied ont avancé et réalisé un certain nombre d'avancées comme je l'ai dit.

L'échéance 2012, qu'on le veuille ou pas, elle est très proche des provinces, des conseils communaux, est-on réellement dans cette volonté d'aboutir à une réforme qui permettra lorsque ces nouveaux conseils provinciaux seront mis sur pied d'avoir une situation clarifiée, est-ce que les décrets nous parviendront in tempore non suspecto avant l'échéance, avant renouvellement ? Je pense que cela aussi c'est un élément indicateur qui doit pouvoir être précisé.

J'en viens maintenant à l'évolution de ce qui serait une transformation des provinces en communautés de communes. Je vous dis directement, moi, je ne suis pas contraire à cette évolution-là, je pense que cela peut être une réalité plus proche du terrain, mais je suis aussi de ceux qui disent de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.

Je me souviendrai d'un débat qu'on a eu il n'y a pas si longtemps que cela à Tournai. On sait ce que l'on a en mains, on ne sait pas ce que l'on aura. Iil faut à la fois être prudent par rapport à l'évolution, ambitieux s'il y a un consensus pour que l'évolution puisse intervenir et un consensus qui soit un consensus qui ne soit pas majoritaire dans le sens majorité-opposition, qui soit réellement le sentiment d'un meilleur fonctionnement, si c'est pour avoir quelque chose qui fonctionne mieux, je pense que l'on ne peut pas en tant que démocrate, dire non. Si c'est pour aller vers une aventure nouvelle, supplémentaire pour le plaisir et le goût de l'aventure de jouer dans un nouveau trip et après, se ramasser toutes les casseroles sur la figure en se disant que ce n'était pas cela qu'il fallait faire, alors il vaut mieux être réellement très prudent, et j'en suis là dans la réflexion, je ne suis pas le seul à en être là, à dire tout ne fonctionne pas comme certains le disent - mal dans les provinces - il y a certaines choses qui fonctionnent bien.

Donc, il faut qu'on puisse là aussi faire la part des choses et dans cette évolution-là, par rapport à cette nouvelle géographie, qui pourrait correspondre au bassin de communautés de communes, pourquoi ne pas d'ores et déjà aller vers les communes, leur demander quel est leur sentiment ? Est-ce qu'on n'a pas un peu finalement fait le travail à l'envers ? Je ne parle pas du groupe dont j'ai parlé sur les compétences, je pense que vraiment c'est quelque chose qui doit se faire sur un point intellectuel, administratif, politique.

Mais les communes sont concernées par leur devenir de proximité. Est-ce qu'on n'a pas attelé la charrue avant les bœufs. Est-ce qu'il ne faudrait pas demander aux communes, est-ce que vous êtes prêtes à fonctionner dans une autre structure et si c'est une autre structure, quelle est celle que vous entrevoyez comme étant la structure qui optimaliserait les compétences de proximité ? Cela ne me semble pas en soi une question hirsute, mais je pense qu'elle permettrait d'être en phase avec ce besoin de proximité tel qu'on le décide.

Enfin, je reviens sur une déclaration qui est une des vôtres, qui était de dire que vous aviez constaté sur le terrain que certaines expérimentations se font et vous étiez prêt à aider ces expérimentations. Quelles sont les expérimentations qui se font quand vous parlez de certaines qui se font sur le terrain, quelle aide souhaitez-vous leur apporter ? Une aide purement morale ? Le soutien moral du ministre, si c'est uniquement moral, je ne sais pas s'il fallait le déclarer, si c'est plus qu'un soutien moral, s'il y a un soutien matériel, financier, budgétaire, peu importe ? Si on est prêt, et je pense que ce serait cela, si on est prêt à tester certains mécanismes de fonctionnement avant de réellement prendre une décision sur le plan de la finalité, quelle est l'aide à laquelle vous pensez ? Vous parlez de ces expérimentations.

Voilà, Monsieur le Ministre, la question que je voulais vous poser, désolé si l'on se répète par rapport à ce matin, mais elle me semble claire et précise.

. – La parole est à M. Fourny.

(cdH). – Je vous remercie, Monsieur le Président. C'est vrai que c'est un débat intéressant, Monsieur Crucke, et j'interviens volontairement dans le débat.

Je pense que les provinces, contrairement à ce que d'aucuns peuvent penser, ont toute leur pertinence. C'est la démonstration de ce qui se fait en Province de Luxembourg, de ce qui se fait bien, dans des conditions optimales et la mise en structures des intercommunales en Province de Luxembourg ont leur rationalisation : leur pertinence par secteur a démontré toute l'efficience d'un système qui existe depuis très longtemps, qui peut fonctionner avec des résultats optimaux.

Donc, moi, je ne suis évidemment pas opposé au fait que l'on dépoussière quelque peu l'institution. Les réformes que l'on engage pour la diminution du nombre de députés, au niveau des conseils, entre dans une certaine logique. Même si je ne partage pas franchement la pertinence de tous les choix qui ont été faits au niveau de la réduction du nombre parce que je ne pense pas que l'on va améliorer pour autant la qualité, l'efficacité, on va augmenter la charge de travail sur les personnes et je ne suis pas sûr que ce soit vraiment opportun quand on passe de 6 à 4. Quelle est la grande différence au niveau de l'efficience ?

Le débat est lancé et on aura l'occasion d'en parler ici, dans cette commission. Ceci étant, je pense que les provinces doivent effectivement retrouver des liens beaucoup plus approfondis avec les communes, les communautés de communes et amplifier ces liens, parce que le lien de la proximité, de l'efficience, il se trouve là et c'est important. J'aimerais entendre la position du ministre par rapport aux avancées qui sont faites dans ces domaines-là et ce vers quoi on tend pour améliorer la qualité du travail sur le terrain parce que c'est cela évidemment. Même si l'on a pu connaître, en certains endroit,s des déviances, des problèmes d'efficacités, de visibilité, des problèmes de proximité, c'est vrai qu'il faut en tirer les conséquences et chacune des provinces a des spécificités tout à fait particulières. Je prends celle du Hainaut, il y a un domaine d'actions tout à fait différentes par rapport à celle du Luxembourg, inversement par rapport à celle de Liège : elles ont toutes développé, en fonction de leur connaissance du terrain, en fonction de leur réalité, des compétences qui leur sont propres. Moi ce qui m'intéresse et ce qui m'importe au travers de la réforme qui va être apportée, c'est de savoir si là où elles sont performantes dans leur domaine, elles vont pouvoir continuer à exercer leurs compétences en améliorant la performance ? C'est le plus important sur le fond, c'est de savoir comment on va le faire et comment on va y arriver.

Donc, là, Monsieur le Ministre, j'aimerais vous entendre sur cette question-là, elle me paraît importante.

Petite question qui me paraît accessoire par rapport à l'ensemble, c'est la problématique dont on parle depuis longtemps, c'est le transfert des routes et des cours d'eau, je sais que des questions ont été posées là-dessus, mais ce sont des problèmes récurrents qui reviennent et qui touchent particulièrement les gens en cette période de l'année.

C'est important, d'où l'intérêt de la démarche et des questions qui sont posées, parce qu'elles touchent les gens et tout le monde ne comprend pas les arcanes des différents niveaux de pouvoirs : qui fait quoi et comment ?

Je pense qu'au travers de la réforme qui est initiée maintenant, il y a un pas à franchir pour pouvoir permettre une situation cohérente de l'ensemble et par rapport à cela, quels sont les objectifs et quels sont les moyens financiers qui vont être dévolus aux uns et aux autres, et par voie de corrélation, quels sont ceux qui seront retranchés au niveau des provinces.

Dans le Fonds des provinces, il y avait une répartition équilibrée qui se faisait aussi en tenant compte de certains critères, dont celui du kilométrage des routes, dont celui du kilométrage des voiries, il ne faudrait pas qu'au travers d'une reprise évidemment des cours d'eau, il y ait par incidence une reprise disproportionnée des fonds qui étaient dévolus à ces provinces pour permettre leur entretien, qui entraînerait par ailleurs des conséquences néfastes au niveau de la gestion, que ce soit du personnel, de la politique que l'on menait jusqu'à présent.

Voilà, je m'inscris dans ce débat-là, j'aimerais pouvoir vous entendre sur ces questions qui sont évidemment et éminemment d'actualité.

. – La parole est à M. Disabato.

(Ecolo). – Je vais un peu paraphraser ce que M. le Ministre dit souvent : « La , rien que la , toute la  ».

Pour être précis par rapport à la position de mon groupe, nous serons fidèles à cette . Cela ne veut pas dire que je ne peux pas avoir un point de vue personnel, Monsieur Crucke, on est d'accord là-dessus, il faut quand même avoir des nuances.

(MR). – Je sais ce qu'est la fidélité.

(Ecolo). – Oui, on parlait justement de l'infidélité, pas chez vous personnellement, on s'entend au niveau du groupe.

(MR). – Vous avez un avis différent.

(Ecolo). – Oui, c'est une manière de voir les choses, si on veut voir à d'autres niveaux de pouvoir, je pense que ce n'est plus de l'infidélité, c'est carrément de la polygamie. Donc, même si on voulait supprimer les provinces, ce ne serait pas possible puisque c'est inscrit dans la Constitution.

à ce stade-ci, la Constitution n'a pas encore été modifiée, pas encore, puisqu'il y a des volontés de réformer, de donner la possibilité aux régions d'en exercer la compétence pleine et entière, donc, il faudra voir comment cela va se passer. C'est un débat qu'il faudra replacer dans ce cadre-là, dans le cadre de la réforme institutionnelle qu'on va avoir aussi au niveau fédéral puisqu'il serait intéressant de modifier un peu cette « lasagne » démocratique. En effet, c'est vrai qu'on a pas mal de couches avec parfois des compétences qui s'entrecroisent et je pense que la volonté de ce gouvernement est d'essayer d'apporter un peu de cohérence.

M. le Ministre, ce matin, a dit que dans les 6 mois, il déposerait un projet sur la table du gouvernement pour voir un peu comment on améliore cette gestion des compétences.

(Réactions de M. le Ministre Furlan et deM. Crucke)

Donc, je trouve que c'est quelque chose qui est assez positif. Par ailleurs, le gouvernement a déjà travaillé, je ne suis pas particulièrement d'accord avec ce que M. Fourny disait par rapport à la réduction du nombre de conseillers provinciaux. Je trouve en tout cas que c'est quelque chose d'assez utile, c'est pour cela que le gouvernement a d'ailleurs décidé de le faire avec la mesure, au niveau global : on a regardé les choses, au niveau global, on a regardé les choses, et je pense qu'on est arrivé à quelque chose qui me semble tenir assez bien la route et c'est une réduction où on a regroupé aussi différents districts et je trouve que c'est quelque chose qui peut arriver à quelque chose de beaucoup plus positif.

Est-ce que tout fonctionne mal dans les provinces ? Bien sûr que non !

Sincèrement, l'enseignement provincial du Hainaut est un très bon enseignement, qui a une très bonne réputation, qui a une très bonne qualité et je suis prêt à défendre l'enseignement provincial.

Est-ce que c'est à travers la gestion provinciale qu'on peut régler l'enseignement ? Je pense que c'est au travers des communautés de communes, ce qui est déjà le cas d'une certaine manière, parce qu'on gère l'enseignement de manière décentralisée à travers la Province de Hainaut. Je vais dire, en fait je pense qu'il y a un combat des mots, parce que quand on dit « évolution vers une communauté de communes », pour moi, cela veut un peu dire « suppression de la province », sauf qu'on fait évoluer vers autre chose, vers quelque chose qui est beaucoup plus adapté, un ensemble.

Je trouve qu'il y a vraiment moyen de travailler avec un ensemble de communes pour développer des services, au bénéfice notamment des communes, pour avoir une gestion la plus performante possible. M. Fourny a repris cette notion de performance et je suis assez d'accord avec cela. Je trouve que l'objectif, ici, cela ne doit pas être de rationaliser pour dire de rationaliser. Ce qu'il faut viser, à mon sens, c'est vraiment l'efficacité. Je rebondis sur ce que vous avez dit et je suis assez d'accord avec cela, sur le fait qu'il faut associer les communes. Je pense que les communes sont aussi bien placées pour entendre leur avis et voir ce qui serait le mieux, de pouvoir mutualiser un niveau supra-communal, et qu'est-ce qui serait intéressant de pouvoir ramener au niveau communal. C'est un débat assez intéressant à faire.

Et donc, il faut peut-être poser la question à M. le Ministre, afin de savoir s'il compte associer les communes de manière générale à la réforme à laquelle il est en train de travailler.

. – Je me permets d'intervenir brièvement, parce que c'est un débat qui m'intéresse également et qui n'est pas récent puisque, régulièrement, le débat sur les provinces revient. Je pense que ce qu'il faut essentiellement dans ce débat, ce sont des arbitrages au gouvernement et de la real politique. Je pense qu'on ne doit pas passer à côté de l'occasion, même si la politique, ce sont des compromis, chacun n'aura pas sa thèse à 100  %.

Il ne faut pas passer à côté d'une réelle réforme parce que je pense qu'il faut distinguer l'institution provinciale en tant qu'institution politique. Est-ce qu'une province fait encore beaucoup de réglementations ? Est-ce qu'une province a encore un pouvoir légistique important ? À mon avis, la réponse est non.

Va-t-on changer la face des provinces parce qu'on va passer de six à trois conseillers provinciaux ? Personnellement, je n'en suis pas nécessairement convaincu.

Par contre, ce qui est intéressant, c'est de voir comment on colle à l'évolution institutionnelle du pays. Les provinces ont été créées à un moment où la région et les communautés n'existaient pas, et c'était un relais naturel. Comment colle-t-on à la réalité institutionnelle et comment conserve-t-on les services qu'elles rendent et qu'elles rendent bien ?

Comment, d'autre part, arrive-t-on aussi à une certaine homogénéisation de leurs compétences, parce que c'est vrai qu'elles ont développé des spécificités qui sont diverses, par la notion d'intérêt provincial, comme l'est la notion d'intérêt communal, ou est-ce un fourre-tout ? On peut, à ce moment-là, retrouver des moyens et subventionner X clubs de football, ou de natation ou investir. À ce moment-là, c'est un grand organisme de subventionnement, mais cela n'est plus nécessairement quelque chose qui consiste purement à faire des règlements. Je pense que la province n'a plus nécessairement cette fonction-là.

Il faut pouvoir maintenir néanmoins la qualité des services qui sont rendus et essayer d'avoir un débat serein, et non pas en fonction de telle majorité, tel parti à la tête de telle ou telle province. Parce que, parfois, j'ai le sentiment que le but est bien plus politicien que de tenter d'essayer de rendre le meilleur service possible aux citoyens.

Quand on est dans les communes, on constate qu'il y a souvent un manque de moyens et qu'il y a besoin de supra-communalité. Je pense à la question des gestions d'infrastructures sportives : quelle commune peut encore, si elle n'a pas une certaine dimension - je regarde M. Noiret qui vient d'une commune qui est concernée -, avoir une piscine sans mettre à mal, si on est une petite commune, la gestion communale ? Il y a intérêt à avoir cette supra-communalité.

Je parle aussi de culture, elle doit pouvoir être essaimée partout. La province le fait bien en Province de Liège. C'est aussi la question des hôpitaux ; je crois que ce n'est pas une petite question et qu'on ne peut pas se limiter à ce que j'appelle « faire de la cosmétique », pour dire : « Vous avez vu, on a fait notre réforme, on a dézingué  la moitié des conseillers provinciaux et on a beaucoup avancé ».

Le risque est là et il faut pouvoir aboutir à quelque chose qui soit une réforme plus performante dans ce qu'on fait en termes de gestion du citoyen.

M. Crucke a posé la plupart des questions en termes de calendrier. Je vais peut-être ajouter une question essentielle. Il y a beaucoup d'initiatives qui sont sui generis en matière de communautés de communes dans les provinces. Bien souvent, elles se font autour d'un grand centre, autour d'une grande ville. Vous avez dit qu'on soutiendrait éventuellement les initiatives. Mais ma crainte est de dire que si le pouvoir régional ne s'implique pas correctement, vous allez avoir des croissants de territoire qui ne sont pas comblés. Je m'explique. Je prends ma zone, coincée entre Liège et Namur. Namur attire naturellement une fédération autour d'une ville, Liège aussi. Mais que fait-on des zones qui vont devenir périphériques ? Ce sont des zones, si le pouvoir central ne s'en occupe pas, qui vont avoir moins de droits, moins de services.

Ma question est la suivante: comptez-vous, par rapport à cela, si à un moment donné on constate que le maillage n'est pas complet, vous occuper d'avoir une répartition qui soit la plus équitable possible sur le territoire wallon ?

La parole est à M. le Ministre Furlan.

, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville. – Pour la plupart, ces questions ont été abordées largement dans le débat ce matin. Mais c'est un débat qui est intéressant et sur lequel nous aurons à revenir encore une multitude de fois.

D'abord, vous l'aurez remarqué, c'est un débat qui transcende les partis. C'est important d'avoir au parlement des débats qui transcendent les partis, qui apportent parfois un peu de fraîcheur.

D'aucuns l'ont souligné, c'est un débat où la Constitution intervient. Les provinces et tout ce qui est d'intérêt provincial, c'est un article de la Constitution, ce qui fait que les provinces - et M. Fourny l'a dit -, en fonction de leurs spécificités, en fonction de leur sensibilité, en fonction de la réalité de leur territoire, ont développé des matières tout à fait différentes. Quand on parle de la réforme « des provinces », vous m'excuserez de dire que chacun verra cela à l'aune de la sienne, de son vécu. Ce qui se passe dans le Luxembourg n'est pas forcément ce qui se passe à Liège ni dans le Hainaut.

Autre élément de préambule, c'est qu'on parle beaucoup des provinces dans cette enceinte en omettant, souvent involontairement, une partie - et non des moindres - des matières gérées par les provinces qui ne sont pas du tout de la compétence régionale wallonne. Ce sont des matières de sécurité qui découlent directement du Fédéral. Mieux encore, les matières de l'enseignement qui dépendent de la Communauté française et, pour prendre une province que nous connaissons bien, vous et moi, Monsieur Crucke, le Hainaut, qui a développé, à la différence d'autres, un savoir-faire en matière d'enseignement non négligeable, à tel point que cela représente à peu près 80  % du travail de la province. Il faudrait tout réformer, dans le Hainaut, que je n'en réformerais que 20  %, puisque le Ministre des Pouvoirs locaux n'a malheureusement pas cela dans ses compétences.

C'est un débat plein d'idées préconçues, convenons-en, entre les pourfendeurs à tous crins des provinces et les défenseurs à tous crins de celles-ci. Entre les deux, vous avez les détracteurs, les réaménageurs. Et moi, j'ai l'humilité de dire que je ne suis pas prestidigitateur, que je fais avec ce qu'on m'a donné. Je veux vraiment aborder le sujet sans tabou, sans idée préconçue, en ayant - vous l'avez tous souligné dans vos interventions - à l'idée d'augmenter l'efficience d'une institution, de la moderniser. Je pense que sur ce constat, on va tous être relativement d'accord, majorité et opposition. Après, on aura sans doute des divergences de vue, encore une fois, sur la manière, la façon de, le résultat à atteindre, l'objectif. C'est le débat politique.

Dernier élément de préambule, je ne suis pas du tout aidé dans ma réflexion par un certain nombre d'éléments. Je prends, ce matin, le rapport de la Cour des comptes : bien entendu, il porte sur les années 2007 et 2009. Je ne voudrais pas non plus qu'on fasse un constat sur base de ces années-là alors que, depuis lors, les choses ont évolué, et notamment en Province de Hainaut. Évidemment, cela n'aide pas quand on épingle la gestion du personnel, le manque de cohérence, les congés de maladie. Moi qui ne veut pas être un détracteur des provinces, je ne suis certainement pas aidé par ce genre de rapport. Non pas que je reproche à la Cour des comptes de l'avoir fait, entendons-nous, la Cour des comptes fait son métier. Évidemment, on se retrouve relativement démuni lorsqu'on veut dire que, demain, peut-être qu'il faut, au-delà la de modernisation, confier un certain nombre de missions complémentaires aux provinces et qu'on vous met sous le nez le rapport de la Cour des comptes. C'est particulièrement difficile pour moi.

Un petit mot sur la méthode, et cela répondra à une des questions que vous posez : associe-t-on les communes ? Je voudrais qu'elles soient associées à deux niveaux sur la méthode, je le rappelle sans cesse. Parfois, cela fait rire, parce que je mets en place beaucoup de groupes de travail, parce que j'ai mis en place un groupe de travail sur les provinces, qui s'appelle « groupe réforme des provinces », dans lequel on retrouve des représentants de mon cabinet, évidemment, des représentants d'associations des provinces - je pense qu'on ne fait rien sans les provinces elles-mêmes -, des représentants de l'Union des villes et communes. On me demandait si les communes étaient associées, elles le sont, dans un premier temps, à titre collectif, via les réunions de défense - et je dirai de manière individuelle comment elles le sont après - plus la , le .

Mon raisonnement est assez simple : il faut se réunir fréquemment et réfléchir entre hommes et femmes de terrain et de bon sens pour construire du concret, du solide et du durable. Ce groupe s'est déjà réuni une dizaine de fois, il travaille à des propositions concrètes. Je vais en faire l'état des lieux, si vous le permettez.

S'agissant de la gouvernance, je l'ai dit, vous l'avez dit aussi, certains l'ont dit : est-ce que c'est le dossier qui va moderniser les provinces ? Sans doute pas. C'est le message que j'ai fait passer aux provinces, c'est aussi le dossier qui permet de dire que des provinces ont compris qu'il fallait évoluer, parce que ce dossier-là, ils pouvaient le bloquer autant qu'ils le voulaient. C'est certes un dossier symbolique, mais qui montre aussi la volonté de l'institution de se réformer dans des matières plus importantes.

L'évolution du dossier de gouvernance, c'est la réduction d'un tiers du nombre de conseillers et de députés provinciaux. Je ne vais pas bouder mon plaisir pour vous informer aujourd'hui que le 23 décembre dernier, le gouvernement a marqué son accord sur l'avant-projet de décret en première lecture. Le Conseil supérieur des villes et communes a donné un délai d'un mois, donc, relativement rapidement. À mon sens, au cours du premier trimestre de cette année, ce dossier devrait être sur ma table pour en débattre au sein de ce parlement.

Je vous l'ai dit, je suis tout sauf un naïf et je crois que ce seul dossier ne va pas réformer les provinces, évidemment non . Mais je crois que c'est un dossier symbolique qui montre la volonté d'une institution d'avancer.

Je dirais, pour certains, au lendemain du décret décumul, c'est une autre avancée importante dans la bonne gouvernance. Pour d'autres, ce sera malgré le décret décumul, cela dépend où on se place, si on est au MR ou dans la majorité !

Concrètement, le nombre de députés provinciaux passera de 30 à 20 sur l'ensemble des cinq provinces, tandis que le nombre de conseillers provinciaux sera ramené à 223 au lieu de 336 actuellement.

Vous le savez, le nombre de députés - je ne vous ferai pas l'injure de le rappeler, mais si, quand même, c'est important, - sera déterminé de la manière suivante : deux députés par province, auxquels s'ajoute un député par tranche entamée des 500 000 habitants, ainsi qu'un député par province dont la superficie dépasse 40 000 kilomètres carrés.

N'y voyez pas un cas particulier, c'est un hasard.

Dès 2012, les exécutifs provinciaux se composeront donc de la manière suivante : trois pour le Brabant wallon, cinq pour le Hainaut, cinq pour Liège, quatre pour le Luxembourg - qui bénéficie des 40 000 kilomètres carrés - et trois pour Namur.

Le nombre de conseillers par province est déterminé par la population et varie aujourd'hui de 47 pour les provinces de moins de 250 000 habitants à 84 pour les provinces de plus de 1 million d'habitants. En appliquant une réduction linéaire d'un tiers du nombre actuel de conseillers, on obtient alors: 37 conseillers au lieu de 56 pour le Brabant wallon, Namur et le Luxembourg, et 56 au lieu de 84 pour Liège et le Hainaut.

Ceci dit, la difficulté du dossier était de deux ordres. D'une part, un arrêt de la Cour constitutionnelle qui nous disait que par la réduction du nombre d'élus, qu'elle soit provinciale ou autre, on ne pouvait pas tomber à un chiffre en dessous duquel le scrutin ressemblerait à un scrutin majoritaire.

D'autre part, la , qui allait un peu plus loin dans la proportionnalité, nous disait, à la caricature presque, que l'on devait avoir avant et après le même nombre de conseillers, ce qui est difficile en réduisant d'1/3. En réduisant d'1/3, j'ai essayé en tout cas de trouver la formule qui collait au plus proche, non pas de votre pourcentage réel de votes dans la population, parce qu'il est déjà altéré par la règle D'Hondt. J'ai fait en sorte qu'avant et après la réforme, si vous aviez 20  % du nombre de conseillers, vous ayez encore un chiffre qui avoisine les 20  % du nombre de conseillers. Évidemment, c'est difficile de trouver une formule unique pour l'ensemble, cela n'existe pas, mais j'ai essayé de regarder si, globalement, c'était juste et c'est juste, et c'est ainsi que vous en avez gagné un en Hainaut et perdu un dans le Luxembourg. C'était là le travail difficile, de présenter mathématiquement quelque chose qui ait le souci d'objectivité. Vous verrez, Monsieur Crucke, je vous prends à témoin que j'ai essayé de le faire de manière très correcte pour l'ensemble des formations politiques démocratiques.

Donc, je dirais à M. Crucke, qu'il connaît aussi bien que moi le parcours : maintenant, c'est dans le courant du premier semestre de cette année. Nous examinerons le texte, j'espère, dans le courant du premier trimestre, mais je ne sais pas à quelle vitesse le Conseil d'État, le Conseil supérieur des villes et communes de Wallonie exprimeront leurs remarques. Bref, si l'on se fixe l'échéance d'un semestre, nous débattrons ici dans le courant du premier semestre de l'année 2011 de cette réforme importante.

Deuxième volet, vous l'avez évoqué, le transfert de compétences. La deuxième grande étape. Vous parliez tout à l'heure de montagnes et de cols. Je n'ai pas le maillot à pois mais je vais essayer de le gagner. Donc, cette deuxième étape devra être concrétisée d'ici 2012 et elle concerne le transfert de certaines compétences provinciales à la Région wallonne.

Le premier aspect était urgent : il faut organiser des élections, il faut quant même que l'on sache dans quel jeu finalement les partis vont jouer. Le deuxième, tant que c'est prêt pour 2012, c'est prêt pour 2012, ce n'est pas urgent de savoir quand les voiries vont être gérées par un pouvoir ou par un autre ; entre-temps, elles sont bien là.

Ceci dit, je veux avancer de manière importante sur le dossier. On parlait de dossier symbolique avec la gouvernance, mais à mon avis un autre dossier symbolique, c'est le transfert des voiries et le transfert des cours d'eaux, décidé en 2004, jamais mis en application, jamais exécuté. Je l'ai dit ce matin à M. Borsus, sans vouloir polémiquer, je pense qu'on a une responsabilité collective dans ce dossier, Charles Michel, Philippe Courard, moi-même, entre-temps, il y a peut être eu M. Séverin, peu importe. Charles Michel c'était 2004, c'était la 1999-2004, s'il l'a votée en fin de législature c'est quand même pas de ma faute !

Tout cela montre la difficulté du dossier . Il ne faut pas voir que 700 kilomètres de voiries à transférer, cela, c'est tout simple, un décret ; on a transféré des administrations du Fédéral vers la Région wallonne en bien moins de temps que cela. Il faut savoir que cela doit se faire sans coût pour la Région wallonne et sans coût pour la province. Puisque la contrepartie c'est la diminution du fonds provincial - M. Fourny y faisait allusion en prenant les voiries - au montant transféré. Là, force est de constater que l'on ne s'entend pas sur le coût d'entretien d'un mètre de voirie. Est-ce qu'on y compte la charge de la dette ou pas ? Est-ce qu'il y a des contentieux du passé ? Tout cela est complexe, on n'a pas beaucoup avancé. Nous travaillons. En tout cas, mon collègue Lutgen et moi-même, on a pris le dossier, vraiment, Monsieur Crucke, au titre du fait que les dossiers n'ont pas avancé vu les divergences entre Ministres, ne nous le cachons pas. Il y avait des visions tout à fait différentes des choses ; en tout cas avec le collègue Lutgen, on a pris la décision d'avancer. J'ai demandé à l'Association des provinces wallonnes qui bloquait, de nous faire une proposition puisqu'ils n'étaient pas d'accord avec la proposition qui émane des services de la Région wallonne.

Aujourd'hui, je suis en possession d'une proposition, j'ai l'unanimité dans les 5 provinces, puisque représentées par l'Association des provinces avec lesquelles je vais maintenant discuter avec mon collègue Lutgen. Nous avons déjà eu plusieurs réunions, il faut vérifier un certain nombre de chiffres. Dans le transfert des voiries provinciales, 700 kilomètres, il y en a peu, c'est vrai, mais parfois il y a un bout de voirie provinciale qui peut être entre deux communes. Est-ce qu'elle doit aller vers les communes ou plutôt vers la Région ? Ce n'est pas exclu qu'il y ait quelques exceptions à la règle principale, il faut examiner presque centimètre par centimètre de voirie.

Il y a toutes les conséquences sur le personnel : je tiens à repréciser que c'était un postulat tant du Ministre Lutgen que de moi-même que le personnel affecté aux voiries dans les provinces ait le choix. C'était un élément de blocage déterminant. Soit il désirera être transféré au départ vers la Région, ce qui à mon avis risque peu d'être le cas - mais pourquoi pas, ça peut être une personne en début de carrière qui aura un horizon plus important que la province - soit il voudra rester à proximité de chez lui. Dans ce cas-là, probablement en cadre d'extinction voire même un autre volet qui pourrait être l'aide aux communes sous une autre version particulière. On n'en est pas là, je pense que c'est un postulat important, que c'est important que vous sachiez ce qu'il en est.

Nous avançons également sur les cours d'eau, je pense pouvoir déposer, - contrairement à ce qu'à dit M. Disabato tout à l'heure, non pas qu'il ait voulu vous induire en erreur, mais je pense que c'était un lapsus- avec mon collègue Lutgen, une note au gouvernement dans le premier semestre de l'année, tant sur le volet cours d'eau que sur le volet voiries. Le volet cours d'eau est fondamentalement différent. M. Borsus faisait tantôt une analyse ou me demandait de réfléchir sur le fait de revenir au décret de Charles Michel et confier les cours d'eau de 2e et 3 e catégories aux provinces en assurant la coordination aux communes. L'idée n'est pas idiote, je ne dis pas oui d'emblée, cela s'analyse. Pourquoi pas, finalement, cette proposition de M. Borsus ? Je ne veux fermer aucune porte. Je crois que c'est important de pouvoir analyser cela en toute sérénité.

Puis il y aura la seconde étape, qui est l'avènement des communautés de communes, des communautés de territoires à l'échelle des bassins de vie pertinents en lieu et place des provinces, nous dit la . On m'a déjà longuement interrogé sur ce sujet : sur la première étape, vous avez vu que concrètement la réflexion est en cours et que j'entends avancer. Sur la seconde étape, cela va être plus compliqué, convenons que la n'est pas aboutie sur le sujet. La communauté de communes, les communes et tout cela, c'est assez « ronflant », cela ne veut encore rien dire tout cela. Qu 'est ce qu'un bassin de vie ? Si vous prenez votre commune, vous allez voir le bassin de vie de l'enseignement, et ce n'est pas forcément le bassin de vie économique, il n'est pas forcément le bassin de vie sociologique. Il faudra que l'on s'entende sur la définition du bassin de vie et ce sera sans doute plus difficile à faire dans le Hainaut qu'à Liège. Le fait est qu'il y ait une ville phare, Liège, et le bassin de vie est plus proche de ce qu'est aujourd'hui la province ; dans le Hainaut, vous avez différents pôles d'attractivités.

Cela va sans doute évoluer. Alors que dit la  ? Ces bassins de vie, ces communautés de communes doivent s'occuper de la gestion des intérêts supra-communaux, du pilotage politique des intercommunales, du soutien aux politiques communales, de déconcentration de missions régionales et communautaires dans le cadre de stratégies établies par la région et/ou les communautés.

Quelle est l'échelle pertinente des bassins de vie ? Nous allons devoir entamer un travail important. Tant la première phase du travail est bien sûr politique, tant ici elle est bien sûr au-delà du politique, elle est sociologique en réalité. Cela nécessitera de grands débats sur ce qu'est une communauté de communes, comment doit-elle gérer, quels sont les bassins de vie, les pertinences ? Cela nous promet de beaux et de grands débats, inévitablement des débats qui prennent un peu plus de temps. La notion de bassins de vie, convenons-en, est variable dans le temps et dans l'espace. Les bassins de vie du début du siècle ne sont certainement pas les bassins de vie d'aujourd'hui, qui ne sont pas les bassins de vie de demain. L'évolution technologique fait que cela raccourcit les distances. Tout cela fera à mon avis partie du débat.

C'est une réflexion que je ne veux pas laisser de côté. Je vais concrétiser les deux premiers mais, aujourd'hui, je ne vous cache pas qu'en collaboration avec l', nous réfléchissons à la manière dont on pourrait organiser ce travail, la collaboration nécessaire avec les communes, le maillage territorial adéquat, les tailles critiques en fonction des matières. M. le Président l'a rappelé dans son intervention, tout cela dans la recherche de l'efficience, de l'intérêt général et de l'efficacité. C'est une matière complexe, j'espère que je le fais avec méthode en voulant sortir la tête du guidon. Vouloir des résultats à court terme, à mon avis, c'est courir à la catastrophe, je pense que vous en conviendrez avec moi. Ayons l'ambition de faire de notre schéma institutionnel, comme disait M. Disabato, quelque chose de cohérent. Pour trouver cette cohérence, il faudra sans doute prendre un peu de temps à la réflexion.

Pour répondre à votre question concernant un certain nombre d'expériences pilotes, évidemment je suis preneur. Mais je ne peux pas financer toutes les expériences pilotes qui se dégagent aujourd'hui, on ne fera plus beaucoup de pilotes et je pense qu'il y en a un qui va courir en formule 1, et je ne veux pas être le Ministre des Expériences pilotes non plus. Il y en a qui sont intéressantes et je vais vous en faire état. Il y en a qui ne sont pas financées par la Région wallonne, qui sont mises en place de manière spontanée entre les communes, d'autres qui sont subsidiées par mon département.

Il y a l'ASBL Pays de Famenne qui rassemble les six communes de Durbuy, Hotton, Marche-en-Famenne, Nassogne, Rochefort et Somme-Leuze (subvention de 60 000€ à charge des crédits des pouvoirs locaux); le projet «  Cœur du Hainaut, centre d'énergies», partenariat stratégique local et projet de territoire visant à définir une vision commune à l'horizon 2025 à Mons centre (non subventionnés) ; la Communauté urbaine du Centre (subvention de 60 000€ à charge des crédits des pouvoirs locaux) ; le projet Prospect 15 sur l'arrondissement de Dinant (subvention de 120 000€, dont 45 000 à charge des pouvoirs locaux); la Conférence des Bourgmestres de l'Arrondissement de Liège (non subventionnée)  et le projet porté par l'ASBL Wallonie picarde que vous connaissez parfaitement (50 000€ en 2009 et 2010). Monsieur Crucke, vous le connaissez mieux que moi, vous en faites partie.

Une sollicitation est nécessaire en vue d'une subvention. Ces projets étant innovants et considérés comme «  expérience-pilote», il est mal aisé de fixer au préalable des critères contraignants quant à la sélection de ces projets. Les expériences subventionnées font l'objet d'un suivi et d'une évaluation effectués par un comité d'accompagnement, en collaboration avec l'administration. Notre objectif étant de tirer tous les enseignements de ces expériences de coopération communale dans l'attente d'une réforme en profondeur de la structure provinciale.

Comment obtient-on des subventions auprès de mon département ? Une fois encore, tout a une limite dans les projets pilotes. Aujourd'hui, j'en ai suffisamment, des pilotes. On va essayer qu'avec tous ces pilotes, on puisse faire avancer quelque peu la voiture et mettre de l'essence dans le moteur.

Mais pour obtenir une subvention, il est nécessaire d'en faire la demande auprès de mon département. Si le projet est considéré comme innovant, suite à une analyse de l'administration, ce n'est pas moi tout seul dans mon cabinet qui décide, d'ailleurs j'en ai très peu décidé, tous ceux-là sont des projets qui sont nés avant que je n'arrive au département ... Il est quand même assez malaisé, dans le cadre d'un projet pilote, de fixer des critères préalables à leur adoption. Tant un projet pilote en matière de voiries, on sait fixer des critères de trottoirs, on sait fixer des critères préalables. Ici, c'est pilotes dans le sens qu'ils doivent dessiner ou préfigurer une politique future. Si une politique future se décline à géométrie variable, c'est suivi aujourd'hui de très près par un comité d'accompagnement, il y a une évaluation qui se fait en collaboration avec mon administration. L'objectif de ces expériences pilotes, c'est que mon administration en tire ...

(Rumeurs)

Qui suis-je pour dire que je serai encore là ? L'important, c'est que l'administration soit derrière, que cette expérience pilote me serve ou à mon successeur. Il faut évidemment réfléchir à ce que devront être demain les communautés de communes, donc, j'encourage ce type d'expérience, comme j'ai pu le dire en Wallonie picarde.

J'en reviens quelques instants aux communes. Vous m'avez aussi demandé comment les communes sont associées. J'ai répondu à M. Disabato. Elles sont d'une part associées dans le groupe de travail, collectivement, par l'intermédiaire de l'Union des villes et communes, de la même manière que l'Association des provinces. Mais, en plus, j'ai demandé à chaque province - et cela été fait, les résultats sont en train d'être analysés -, partant du principe que chaque province développe des particularités différentes, en fonction de sa population, et cætera, je ne vais pas y revenir, j'ai adressé à chacune des communes un questionnaire. Cela a été fait de manière différente : en Province de Luxembourg, par exemple, ils ont réuni les communes. Je ne sais pas comment cela a été fait partout, je ne peux pas suivre tout le monde. Enfin, au minimum un questionnaire par commune. L'objectif de ce questionnaire est de demander aux communes ce qu'elles attendent, non pas de la province, mais surtout d'un pouvoir supra-local de proximité. Comme vous dites, on peut penser tout ce qu'on veut depuis notre bureau ou depuis ce parlement : l'intérêt est quand même d'aller demander aux communes ce dont elles ont besoin. Nous sommes donc en train, aujourd'hui, d'analyser les résultats.

Je pense que le Luxembourg avait lancé cela, bien avant que je ne le demande. C'est sur base de l'expérience luxembourgeoise que j'ai sollicité les quatre autres provinces pour le faire. Eux, ils ont été bien plus loin. En province de Liège, ils ont réuni les communes par groupe, avec l'implication des députés provinciaux, une partie des conseillers provinciaux, de l'administration de la province. Finalement, elles ne peuvent pas le faire commune par commune dans le Hainaut, il y en a 69, donc, c'est complexe. Mais ils ont réuni les communes en leur expliquant le sens de la démarche.

Évidemment, ce type de renseignement d'ordre statistique est éminemment intéressant pour notre future réflexion sur le développement des communautés de communes et l'évolution des provinces dans leur aspect, puisque ce n'est qu'un des aspects de l'aide aux pouvoirs locaux.

Je pense avoir été complet dans ce sujet qui me passionne et qui, manifestement, ne passionne pas que moi. Il n'y a pas beaucoup de projets, quand vous êtes ministre ou parlementaire, vous avez l'impression, si tout se passe bien, si nous nous comportons en gens responsables, de faire vraiment évoluer ou apporter votre petite pierre à l'édifice de la maison Belgique aujourd'hui. On verra ce qu'elle sera demain. C'est ce type de projet de réflexion qui va transcender les partis et qui va nous permettre ici d'avoir des débats intéressants même si, au-delà, il reste une majorité, une opposition et si, sur certains détails, nous aurons à nous opposer.

. – La parole est à M. Crucke.

(MR). – Je remercie le ministre pour sa réponse et les différents éléments qui ont été communiqués. J'ai un sentiment ambivalent. Je suis persuadé qu'un certain nombre d'échéances seront tenues par rapport aux élections 2012, c'est inévitable si on veut réellement que ce sujet puisse avoir le sens d'avoir été traité.

Sur les compétences, je n'ai pas réellement entendu de grande définition des compétences qui pourraient être transférées ou qui ne seraient pas transférables. J'ai cette impression.

, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville. – Il faudra peut-être repréciser, parce que le débat est important et je n'ai pas été suffisamment clair, j'en conviens.

Comme les spécificités nécessitent une analyse province par province, il n'est pas exclu - en tout cas, c'est mon raisonnement aujourd'hui, je ne dis pas qu'il n'est pas susceptible d'évoluer demain - de dire que cette contractualisation va se faire province par province. Croyez-moi, les déclarations qu'on fait parfois dans l'enceinte de ce parlement - certaines personnalités politiques - sur la disparition des provinces, notamment, peuvent entraîner l'institution à très peu participer à leur propre auto-évolution. À l'inverse, des rapports comme celui de la Cour des comptes peuvent nous inciter à dire qu'il faut aller beaucoup plus loin. La vérité est toujours un peu au milieu des deux. Je pense qu'il faut voir, province par province, ce qu'il est pertinent de laisser à l'échelon provincial et essayer d'arriver à un socle commun, étant entendu qu'un certain nombre de matières fédérales et communautaires ne sont pas de ma compétence. Sur ces matières-là, il ne m'appartient pas d'intervenir.

(MR). – Cela, par contre, je trouve que c'est un élément fort intéressant. Si on part sur une base contractuelle, qui est finalement un débat entre chaque province. Parce que c'est vrai que l'évolution s'est faite de manière différenciée, il faut le reconnaître et l'accepter. Si on part vers une base qui est une base de contractualisation, c'est aussi une base qui permet deux choses. D'abord, c'est de définir de manière stricto sensu ce que sont les compétences sur lesquelles les provinces vont dire : « C'est celle-là » et puis d'autres ... Et on ne va plus aller au vogelpik essayer d'aller chatouiller un peu d'autres compétences, on sait que c'est la région et les communes pour le reste, et le Fédéral pour ce qu'il en reste.

Deux, cela permet aussi, beaucoup plus que maintenant, le contrôle. Un contrat, si cela ne fonctionne pas, on peut y mettre fin. Là, par contre, cette réponse est intéressante, mais j'insiste...

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

J'en suis persuadé. N'attendez pas. Pour supprimer des provinces, comme certains rêvent de le faire, il faut une éducation, une institution. Mais n'attendez pas cela, parce que si vous attendez cela, vous arriverez - et je vous fiche mon billet - en 2014 et vous n'aurez, à ce moment-là, pas fait grand chose ou pas grand chose du tout. Je n'ai pas du tout envie qu'on se retrouve - même dans l'opposition - dans cette situation-là. Je pense que la contractualisation, effectivement, est une matière qui permet d'avancer et pour laquelle il n'y a plus de raison de dire qu'on tarde à trouver un accord. À un moment donné si, sur une compétence ou l'autre, il n'y a pas d'accord possible, il y a une autorité qui doit pouvoir politiquement - et là je parle des compétences que les partis politiques ont, je ne parle pas d'autorité sur une autre ...

(Réactions de M. le Ministre Furlan)

Je suis convaincu de cela aussi. Je pense qu'il n'y a pas de pire discours que de dire aux provinces qu'elles sont nulles. Ce discours-là, le tenir vis-à-vis de gens qui passent une partie de leur temps à travailler à l'intérêt public, leur dire qu'ils sont nuls, qu'ils ne font rien de bien, qu'il faut les supprimer, c'est la meilleure manière de cabrer tout le monde et de n'arriver à aucun résultat.

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

Si vous me permettez l'exercice, ce matin, j'étais chez M. Nollet. Quand vous voyez, au niveau de la région, comment on gère certaines compétences, je peux vous assurer qu'on ne doit pas être fier non plus de la manière dont l'administration gère certaines compétences.

Ce n'est pas une excuse pour ne pas avancer. Là, on a tous intérêt à ce qu'on clarifie. Ce sur quoi je peux être d'accord avec M. Disabato, c'est quand il disait que pour clarifier, il fallait éviter que cette lasagne ne devienne inmangeablet : on a tous intérêt à avancer dans le dossier.

Dernière chose...

(Rumeurs)

Vous l'avez dit, je n'ai pas de raison de penser que ce ne sera pas le cas, c'est sur l'implication, le point de vue des communes. Là aussi, qu'on le veuille ou pas, nous sommes d'autant plus loin des provinces que les communes sont proches des provinces. Quand on est dans une commune, on sait qu'une province est utile, on le sait. Celui qui dirige une commune et qui ne le sait pas, c'est qu'il ne la dirige pas ou qu'il n'y connaît rien.

Vous avez besoin d'un partenaire complémentaire que sont les communes pour avancer. Au niveau des communes, vous avez présidé la destinée, vous le savez mieux que moi, je n'ai pas besoin de le répéter.

. – La parole est à M. Fourny.

(cdH). – Je remercie d'abord le ministre pour la réponse apportée, qui dépasse largement les écrits qu'il nous a remis. C'est aussi l'intérêt de voir des commissions de ce type, où on peut discuter à bâton rompu. Je perçois l'intérêt de la démarche entamée qui, de prime abord, apparaît être cosmétique. Je reviens sur le fait de rediminuer d'un ou deux députés provinciaux ou de la moitié du nombre de conseillers provinciaux. Ce n'est pas cela, la pertinence. L'intérêt, c'est de voir quelle est la manière dont la province fonctionne avec efficience. Là, vous l'avez rappelé à juste titre.

On s'est rendu compte, au travers de ce débat, quelle était l'implication de la province dans toute une série de domaines qui étaient méconnus. S'il fallait détricoter ou supprimer les provinces, il y a évidemment les problèmes liés à la révision de la Constitution qui ne sont pas pour demain. Il y a tout le schéma financier, extrêmement complexe, derrière, et la puissance financière derrière. Évidemment, cela représente quelque chose, cela compte.

Demain, la contractualisation et la définition de certaines priorités, certaines compétences, c'est quelque chose de fondamental pour continuer à rencontrer des services de proximité efficaces, efficients, au profit de la population. Espérons que, demain, on va continuer à s'inscrire dans cette logique-là pour assainir les problèmes que nous connaissons par ailleurs.

, Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville. – Au Luxembourg, si vous n'avez pas la province, vous n'avez pas d'hôpitaux.

(cdH). – Évidemment. Si on n'avait pas d'hôpitaux, on n'aurait pas , on n'aurait pas le développement économique. C'est quelque chose de fondamental. Chez nous, cela compte, cela représente quelque chose. Tout cela se fait de manière saine, claire, transparente et tout le monde est autour de la table. On n'a fait d'obstruction à l'égard de quiconque. C'est le consensus luxembourgeois, tous les partis sont représentés autour de la table. Demain, il y en a un qui n'y sera plus.

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

Demain, il y en a un qui n'y sera plus. On le déplore évidemment, mais c'est un choix.

Ce que je voulais dire, ici, c'est que l'intérêt de la province, au niveau de l'efficacité, il est réel quand les choses sont bien gérées, avec sérieux, avec des gens qui veulent avancer, avec des perspectives claires et bien senties entre les différents partis politiques. Ce débat a permis de démontrer la chose. Demain, on aura encore l'occasion d'en rediscuter, de remettre en évidence les bonnes choses. Il ne faut pas toujours faire remarquer les mauvaises, il y a des bonnes choses qui se font dans les provinces.

. – La parole est à M. Disabato.

(Ecolo). – Je veux d'abord remercier M. le Ministre pour les réponses circonstanciées, parce que c'est un dossier qui est quand même assez complexe, il faut aussi le reconnaître. La situation est totalement différente entre les différentes institutions provinciales et on n'a pas du tout les mêmes compétences. C'est vrai qu'on part souvent du point de vue que l'on vit, sur notre propre territoire et notamment, quand je parle de la Province de Hainaut, c'est clair que je n'ai pas la même vision.

Au niveau du Luxembourg, il y a plus de pertinence. Je suis assez nuancé là-dessus, sur le fait que la province garde une pertinence au niveau d'une province comme le Luxembourg. En Hainaut, j'ai beaucoup plus de difficultés à voir véritablement la pertinence de maintenir le système en tant que tel, comme il est actuellement.

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

Mais le sentiment d'appartenance, c'est un problème. Chez notamment les personnes plus âgées, ce qui compte, ce n'est même pas la commune, c'est le village. Si on veut partir de ce sentiment d'appartenance-là, c'est vrai que c'est difficile. Par ailleurs, ce que j'ai toujours entendu, c'est que le territoire, c'est quelque chose que les acteurs veulent faire ensemble. C'est vraiment cela, c'est mettre les gens, à un certain moment, autour de la table. Je veux parler de quelque chose que je connais bien, c'est le partenariat stratégique local du cœur du Hainaut, qui a été appelé précédemment « le bassin de la Haine », parce que c'est la Haine qui nous relie géographiquement. On a voulu choisir un nom un peu plus poétique, c'est pour cela qu'on l'a appelé « cœur de Hainaut ».

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

C'est vraiment une expérience intéressante, mais qui reste difficile. C'est vrai qu'on travaille entre Mons et le Centre et que le Centre a un problème aussi d'identité, je vais dire parce que coincé entre Charleroi d'un côté et Mons de l'autre et toujours avec cette crainte d'être phagocyté par un pôle ou par un autre et puis il n'y a pas non plus de consensus pour une identité du Centre en tant que telle dans cette sous-région et donc, par ailleurs, ce pour quoi je plaide dans cette structure-là, c'est vraiment de voir ce qui nous rassemble tous ensemble, pas en voulant par exemple fusionner les deux télévisions communautaires pour prendre un exemple, mais en essayant de voir quels sont les rapprochements que l'on peut avoir en termes d'efficacité, en termes de bénéfice pour les citoyens, la population. In fine, on se retrouve avec des télévisions communautaires qui ont des difficultés financières, qui ont des difficultés financières à assumer leurs missions, ce pour quoi elles doivent être présentes.

Il faut à un certain moment pouvoir se regrouper et rassembler les forces quand on voit les agglomérations telles que développées du côté de Lille, par exemple, quand on voit la puissance qu'elles ont pour réclamer des moyens financiers, la communauté urbaine de Valenciennes, quand je vois la puissance qu'ils ont, ici, j'ai participé à une réunion sur la création d'un tramway, ils ont réussi à débloquer 150 000 000 d'euros.

C'est aussi une manière de se mettre ensemble pour faire des projets vraiment avec une taille critique suffisante que pour vraiment porter des projets d'envergure et je trouve que là, il y a véritablement un intérêt à développer cela.

Maintenant, par rapport à la réduction du nombre de conseillers provinciaux, ce matin j'entendais M. Bouchat qui disait : «Tiens on n'a pas réduit le personnel de la Province de Hainaut alors qu'on a réduit les compétences » C'est un peu cela aussi, je pense qu'à un moment on a réduit les compétences des provinces sans toucher au nombre de conseillers provinciaux. Je suis d'accord avec vous si on ne s'arrête qu'à cela, qu'à la réduction, la réforme n'a pas beaucoup de sens. La réforme se voit, c'est une première étape et elle se voit dans un cadre, dans un contexte beaucoup plus global et c'est vraiment comme cela qu'on arrivera à faire quelque chose de pertinent au niveau de la région, je vous remercie.

. – Je vous remercie ? Monsieur Disabato.

Pour clôturer, je vais être extrêmement bref, je vais faire trois petites remarques. C'est vrai qu'il faut modifier la Constitution si l'on veut supprimer les provinces, c'est déjà une difficulté très technique, mais on ne modifie la Constitution que lorsque l'on a l'accord des Flamands. C'est encore autre chose, surtout dans le climat actuel.

Je pense que la voie pragmatique, si l'on veut avancer, celle définie par M. le Ministre, c'est la plus intéressante et la plus efficiente. Je crois que ce qu'il faut éviter de mêler dans le débat, c'est le rôle politique que l'on assigne aux provinces et les missions qu'elles desservent. Je crois qu'il faut distinguer deux choses : ce que l'on veut qui subsiste comme institution politique et là, je pense que l'on peut avoir un débat ouvert et surtout ne pas se tromper sur les services qu'elles rendent. Effectivement, on a des visions différentes selon que l'on se trouve dans la Province de Liège ou dans la Province du Luxembourg ; il est clair que plus la commune est rurale, plus elle a besoin de l'aide d'un organisme, peut-être comme M. Crucke l'expliquait. Derrière, il y a aussi une notion de gestion correcte des moyens puisque les moyens publics n'augmentent pas. C'est aussi une notion importante et peut-être qu'on a raté une étape lorsqu'on a fait les gestions de la loi sur les services incendie en matière de sécurité : à titre personnel j'aurais souhaité que la province puisse s'impliquer plus et reprenne, mais je ne suis pas bourgmestre et les bourgmestres sont souvent jaloux de leurs compétences, j'ai appris à être très prudent dans cette matière. Les bourgmestres sont souvent jaloux de cette matière.

Je pense qu'ils ne mesurent pas les risques qu'ils prennent aussi, parce que - la responsabilité que les mandataires publics prennent en tout cas à l'heure actuelle en plus s'il n'y a pas de gouvernement, cela dépend toujours du Fédéral - je crois qu'il y aurait eu intérêt à ce qu'on retrouve des moyens pour une mission qui est essentielle par rapport à cela.

Dernière remarque en forme de clin d'œil, vous devez engager plus de liégeois dans votre cabinet parce qu'au niveau de Liège...

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

Ils s'intéressent très peu à ce qui se fait en matière supra-communale puisque au-delà de la conférence des bourgmestres de Liège, il y a une ASBL à Verviers. Nous venons d'en créer une à Huy-Waremme et au-delà de cela, il y a une coupole qui coordonne les trois arrondissements, qui est la coordination locale provinciale.

(Réaction de M. le Ministre Furlan)

Cela me rassure. L'incident est clos.