mardi 25 janvier 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "la scission de la Fédération Royale Nationale de Balle Pelote (FRNP)"

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Samedi après-midi, monsieur le ministre, vous étiez attendu à Ath pour l’inauguration du premier mur mobile de balle pelote « OneWall ». En votre absence, j’ai eu le plaisir de représenter la Communauté française à cette cérémonie. Ce fut une expérience intéressante parce que c’était probablement l’une des dernières fois que francophones et néerlandophones étaient réunis.
La scission de la Fédération royale nationale de balle pelote, dont je souhaite vous entretenir aujourd’hui, y a évidemment fait l’objet de nombreuses discussions. Je ne sais pas où s’arrêtera l’hémorragie mais il est clair que ce sport subit le même phénomène que d’autres, notamment le football : la scission de sa fédération. Si on peut y trouver une logique par rapport à l’évolution du sport en Communauté française, les éléments à prendre en compte dans le sport ballant sont différents de ceux que l’on rencontre dans d’autres pratiques. Les clubs d’élite néerlandophones sont certes plus nombreux, mais la plupart des joueurs de talent qui y évoluent sont francophones. Ils ne sont pas satisfaits de la scission ; malheureusement, ce ne sont pas les joueurs qui prennent les décisions mais les directions de clubs. Si l’on prend en considération l’ensemble des clubs ballants, on constate qu’ils sont beaucoup plus nombreux dans la partie francophone du pays qu’en Flandre. Cette scission pourrait être douloureusement vécue par les francophones si l’on n’organise pas les choses de manière intelligente. J’ai dit au président de la fédération, qui me semble être quelqu’un de bonne volonté et soucieux de l’intérêt de ses joueurs et des clubs, qu’il y a des obstacles qu’il faut renverser et d’autres qu’il faut contourner. En l’occurrence, il faudra les contourner de la manière la plus intelligente possible. Avez-vous eu un contact avec la fédération à ce sujet ? Y a-t-il eu débat ? Avez-vous pu prendre position ? Que pensez-vous de l’évolution de la situation Il faut savoir qu’une fédération wallonne est déjà subventionnée par la Communauté française, à savoir la Fédération wallonne amateur de balle pelote. Or son activité serait essentiellement centrée sur la Province de Namur et ne s’étendrait donc pas à l’ensemble de la communauté. Est-ce un problème ? Pensez-vous pouvoir faire en sorte qu’il n’y ait qu’une seule subsidiation pour une fédération francophone ou évoluera-t-on vers deux fédérations quelque peu différentes ? Quels sont les montants que la Communauté française octroie déjà à la Fédération wallonne amateur de balle pelote ? Enfin, avez-vous pu faire entrer la balle pelote dans les stages d’été pour les jeunes ? En effet, elle est à l’origine de la pratique sportive, elle reflète la ruralité et ressuscite l’ambiance des villages. La restructuration des clubs n’empêche pas la fidélité à ce sport. L’organisation de ces stages d’été a-t-elle porté ses fruits ? A-t-elle conduit plus de jeunes vers ce sport ballant ? Ce que j’ai vu à Ath ce samedi est impressionnant. Énormément de jeunes et même de très jeunes enfants étaient présents. J’ai quitté le Centre d’exposition et de valorisation agricole (Ceva)avec la nette impression que la balle pelote est un sport attractif pour jeunes et moins jeunes, et à l’avenir prometteur si on l’aide à se structurer convenablement.

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports.
Je n’ai jamais caché mon coup de coeur pour la balle pelote, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué d’étonner l’excellent journaliste sportif Philippe Vande Weyer lors d’une interview récente. La balle pelote a en effet une réputation de jeu de café, mais il n’en est rien. Il s’agit d’une véritable discipline sportive dont les règles sont complexes et qui requiert des compétences et des qualités comme l’endurance, la rapidité, la souplesse, la précision du geste technique. Par le passé, ce sport était d’ailleurs très prestigieux dans nos contrées. L’organisation de ce sport est toujours nationale. J’entretiens d’ailleurs d’excellents contacts avec M. Bauters, le président de la Fédération royale de balle pelote. Nous avons décidé ensemble de relancer ce sport. Peu de jeunes s’y intéressent et des clubs ont disparu, alors que cette pratique était très répandue du côté francophone. Comme vous l’avez dit, monsieur Crucke, s’il y a beaucoup de clubs flamands, ils sont composés en grande partie de joueurs francophones. Lors de l’Euro 2010 à Valence, notre équipe nationale était d’ailleurs soutenue par la Communauté française. Les joueurs étaient francophones mais l’entraîneur était néerlandophone. Il est donc possible de trouver des accords dans de telles situations ! Le retentissement du championnat d’Europe a redonné de la vigueur et de l’enthousiasme aux responsables de ce sport pour baliser l’avenir. Nous avons apporté notre contribution en finançant différents murs mobiles ou One Wall. Ce sport de fronton est fort développé, aux États-Unis
notamment. Ce « squash à la main » exige une condition physique extraordinaire et plaît énormément aux jeunes car il nécessite peu d’accessoires : une balle, un gant, un mur.
Je puis vous dire en primeur que, lors du Salon des mandataires qui aura lieu en février au Wex, nous avons programmé un village du sport dans lequel sera érigé un fronton. J’inviterai tous les mandataires locaux et les sportifs à venir découvrir le fronton financé par la Région wallonne, dans l’espoir que ce type de matériel puisse être déployé dans toute la Wallonie. Chacun pourra donc découvrir la balle-pelote lors d’une démonstration. Nous avons attribué d’autres moyens à cette fédération afin de lui permettre de vulgariser cette discipline. J’en viens à nos actions de promotion de la balle-pelote. Nous avons subsidié la rénovation des vestiaires de Dave, la réfection des ballodromes d’Havrenne, d’Éprave, de Mont-Gauthier et l’extension du chalet de la Pelote niloise. Nous sommes intervenus dans les frais de déplacement de la Fédération à Valence. Nous avons octroyé des crédits pour l’acquisition de trois murs mobiles et nous avons versé près de 35 000 euros de crédits de promotion à la Fédération et à certains clubs, notamment ceux de Gougnies, Vaudignies, Acoz, Ottignies et Grand-Leez. Bref, nous avons
consenti de sérieux efforts afin de redorer le blason de la balle-pelote. Seuls deux clubs, Acoz-Coquis de Gerpinnes, en Hainaut, et Ottignies, en Brabant wallon, ont participé à l’opération « Été sport ». C’est pour moi une petite déception. C’est d’autant plus regrettable que tous les clubs sportifs qui demandaient à participer à cette opération et dont le dossier remplissait les conditions ont obtenu satisfaction.
Au passage, je tiens à souligner qu’il n’y a pas d’arbitrage politique des demandes. J’en viens à l’avenir de la fédération nationale. En fait, il existe deux fédérations : la Fédération royale nationale du jeu de paume, qui organise tous les championnats, et la Fédération wallonne amateur de balle-pelote.
La Fédération royale nationale du jeu de paume n’est pas reconnue par la Communauté française puisqu’elle a conservé son caractère national, même si elle est membre du COIB. Cela ne nous a cependant pas empêché de l’aider par des crédits de promotion et d’infrastructures en Région wallonne. Nous avons d’ailleurs des relations très fréquentes avec M. Bauters. La Fédération wallonne amateur de balle pelote (FWABP) a été reconnue en son temps par la Communauté française. Elle a bénéficié de subventions. Cependant, les cercles qui en faisaient partie se sont progressivement ralliés à la Fédération royale nationale du jeu de paume. La FWABP existe toujours mais elle ne répond plus aux critères de reconnaissance fixés par la Communauté française depuis 2007 et ne bénéficie donc plus de nos subsides. Avec ses moyens, la FWABP s’efforce de promouvoir la balle-pelote auprès des jeunes, notamment par des actions dans les écoles, les centres sportifs et les quartiers. Dans les faits, elle a noué de nombreuses collaborations avec la Fédération nationale. Il n’y a donc aucune rivalité : l’une organise les compétitions, l’autre se consacre à la sensibilisation de la jeunesse à ce sport.
Mais depuis peu, comme je viens de le dire, la Fédération royale nationale du jeu de paume souhaite aussi faire la promotion de son sport et entreprend des démarches auprès des jeunes. On assiste donc aujourd’hui à des démarches parallèles.
Nous avons prévu plusieurs journées de one wall, c’est-à-dire de mur mobile, semblables à celles qui ont été organisées à Ath et auxquelles vous avez participé. Elles se feront notamment avec le service provincial de la Jeunesse du Hainaut. Nous avons mobilisé trois cents professeurs d’éducation physique pour leur faire découvrir cette discipline. Au-delà des communes, nous voulons donc aussi toucher les écoles afin d’aider cette fédération.
M. Bauters m’a effectivement informé de l’évolution de la Fédération royale nationale du jeu de paume. Deux ailes distinctes verraient le jour, une pour le Nord et une pour le Sud du pays. Le conseil d’administration a examiné le texte de l’accord négocié avec les représentants flamands. Après en avoir délibéré, ses membres ont décidé de ratifier cet accord. L’année 2011 sera donc une année de transition qui permettra d’installer les nouvelles structures des asbl et des championnats. Trois associations seront créées. La Fédération royale nationale du jeu de paume subsistera, comme pour les autres disciplines. Elle sera chargée de l’organisation des championnats, de la Coupe de Belgique, des journées nationales et de quelques événements majeurs. Les deux autres fédérations, la néerlandophone et la francophone, regrouperont respectivement 24 et 160 clubs. On constate donc un certain déséquilibre. De plus, comme M. Crucke l’a signalé, un grand nombre de joueurs francophones jouent dans les 24 clubs néerlandophones lors des compétitions. Ce sport est donc largement francophone, même s’il est toujours sous responsabilité nationale. La nouvelle entité francophone sollicitera sans aucun doute une subvention dès 2012. Nous vérifierons la conformité de son organisation aux décrets
de 1999 et 2006 et nous analyserons son plan-programme. Nous serons alors amenés à la subventionner de manière régulière. Je pense que la Fédération royale nationale du jeu de paume a compris que, pour obtenir des subventions, elle devait avoir une aile francophone et une néerlandophone.
D’après les échos que j’ai eus, tout se passe dans un climat de respect mutuel, même si d’aucuns regretteront la défédéralisation de ce sport.
Le plus important est la volonté commune à mon cabinet, à l’administration ainsi qu’à M. Bauders et à sa fédération de mieux faire connaître la balle-pelote. Nous organiserons prochainement un match de gala qui mettra en présence notre équipe nationale et l’équipe d’Espagne. Ce sera un match de revanche, et nous inviterons à cette occasion tous les clubs wallons et francophones ainsi que différents établissements scolaires qui ont marqué de l’intérêt pour cette discipline.


M. Jean-Luc Crucke (MR).
Je suis en phase avec les propos et les décisions du ministre. La voie suivie me semble être la bonne pour le jeu de balle. La subvention de trois one wall est à mon avis très importante pour la dynamique future de ce sport qui le conduira à devenir une discipline olympique.
Comme d’autres sports, le jeu de balle doit évoluer. Le one wall est un des sports qu’affectionnent les Américains. Je ne pense pas que les États-Unis décident de tout, mais on sait que, lorsque l’on réussit à toucher la population et les sportifs américains, on a une chance supplémentaire que la discipline devienne olympique. Même si le geste est un peu différent entre le jeu de balle et le fronton, la formation en jeu de balle reste la meilleure pour devenir performant en one wall.
Je regrette qu’il n’y ait que deux clubs qui se soient inscrits dans le projet « Été sport ». J’espère que cela n’impliquera pas l’éviction de la balle pelote des futures initiatives. Ce n’était qu’un premier essai, la fédération se mobilisera peut-être davantage à l’avenir.
Même si la scission de la fédération semble une évolution inéluctable, je suis heureux d’entendre que vous êtes prêt à subventionner la fédération francophone quand elle verra le jour.

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