jeudi 9 février 2006

QUESTION ORALE DE M. CRUCKE À M. ANTOINE, SUR "LA MOBILITE FRONTALIERE DU TRAVAILLEUR WALLON"

Mme la Présidente. L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Antoine, Vice-Président et Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports, sur «la
mobilité frontalière du travailleur wallon».

La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers Collègues, je vais pouvoir être un peu plus sympathique avec M. le Ministre, encore que les chiffres proviennent de la Flandre.
Je lisais très récemment dans Het Standaard et aussi Het Nieuwsblad, qu'entre mai et septembre 2009 (période courte), 3.600 wallons avaient trouvé de l'emploi en Flandre. C'est un bon chiffre.
D'abord, parce que c'est une période très courte, mais aussi parce que c'est une période qui a été
difficile sur le plan de l'emploi. Monsieur le Ministre, comment analysez-vous ce chiffre? Cela correspond à une augmentation de 10 % et est donc substantiel. Faut-il y voir ce qui est fort possible d'ailleurs le succès des équipes mixtes entre le VDAB et le FOREM? Si c'est le cas, peut-on encore améliorer ces procédures et même les étendre en même temps? Pour l'instant, elles fonctionnent sur Mouscron, Halle et Liège, mais la frontière linguistique ne se limite pas à ces trois sous-régions. IL y a peut-être des possibilités pour rendre ce système encore plus performant, d'autant que, vous le savez comme moi, le vieillissement va frapper plus la Flandre que la Wallonie et donc, il y a peut-être encore des marchés à obtenir sur le terme de l'emploi.
Peut-on également nous expliquer comment se ciblent ces 3.600 emplois? Quels sont les domaines dans lesquels les travailleurs ont été engagés? A-ton à faire avec des domaines dans lesquels la Flandre est en pénurie? Est-ce que, éventuellement, dans ces cas-là, ce sont des domaines qui répondent à des pénuries qu'on peut trouver en Région wallonne ou bien ce sont des pénuries qui peuvent 40 P.W. - C.R.I.C. N° 70 (2009-2010) - Lundi 1 février 2010 être aussi différentes. J'aimerais qu'on puisse le préciser par rapport aux métiers qui ont permis l'embauche de ces personnes. Dans une logique qui est assez semblable on a
un travail avec la Flandre il y a des relations avec la France, je le sais pour vivre dans l'euro-district, et
j'ai participé à des commissions qui en parlent assez souvent n'y a-t-il pas lieu là aussi, de cibler de manière plus précise la France, pour une simple raison, c'est qu'on y bénéfice d'un magnifique cadeau du Ministre des Finances, M. Reynders, qui a réussi à négocier avec les Français la révision de cette convention de double imposition entre la France et la Belgique qui, de facto, rendra dorénavant le travail d'un belge en France plus intéressant. Nous prenons pour l'instant des cohortes de français qui venaient chez nous, il y a effectivement des mesures transitoires encore. Il va devenir très rapidement intéressant pour un belge de travailler en France, tout comme il peut l'être en Flandre par rapport au premier principe que nous évoquions. On doit mettre une mécanique et une dynamique en place. J'aimerais donc savoir ce que vous conseillez à l'administration, quelles sont les recommandations et éventuellement les actions entreprises?

Mme la Présidente. La parole est à M. le Ministre Antoine.

M. Antoine, Vice-Président et Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports. Revenons d'abord si vous le voulez bien sur le chiffre communiqué par le Ministre de l'Emploi flamand sur le nombre de wallons ayant trouvé du travail en Flandre. Ce chiffre provient d'une estimation au départ des insertions à l'emploi observées entre mai 2008 et septembre 2009 selon la Dimona. Rappellons que cette déclaration à l'ONSS ne précise pas le lieu exact de travail. Il faut donc
considérer ces chiffres avec grande prudence. Selon les différentes vagues d'enquête, dont la dernière a été réalisée en juin 2009, 11 % des demandeurs d'emploi au travail ayant reçu une offre de mobilité travaillaient en Flandre. Cette proportion est remarquablement stable. Le volume cumulé des demandeurs d'emploi ayant reçu une offre de mobilité et ayant connu l'emploi dépasse aujourd'hui
les 5.800 personnes. Ces enquêtes nous apportent d'autres enseignements.
D'abord, l'examen des chiffres globalité des demandeurs d'emploi indemnisés d'une part groupe de demandeurs d'emploi ayant reçu une offre de mobilité, d'autre part montre un impact très positif de l'offre de mobitité sur la proportion de wallon travaillant en Flandre puisqu'on passe de 2,5 % à 11%.
L'échantillon nombre d'emplois occupés ne permet pas d'établir une liste fine des tendances en
termes de métiers exercés. Toutefois, des tendances se démarquent. Les emplois du transport et de la
logistique semblent surreprésentés en Flandre. Cette enquête fournit aussi des observations riches d'enseignement et confirme les tendances décelées antérieurement: les emplois en Flandre paraissent plus stables et relativement accessibles à des personnes tant au plan des compétences techniques requises, c'est-à-dire liés à la fonction occupée qu'au plan de la connaissance du néerlandais; alors que lors de l'enquête précédente une personne sur deux déclarait ne pas connaître le néerlandais, la proportion se réduit aujourd'hui à 34 % des travailleurs. Autrement dit, nous avons de plus en plus de
travailleurs bilingues; plus de 63 % des personnes travaillant en Flandre proviennent du Hainaut occidental et dont la moitié pour la seule ville de Mouscron qui, manifestement, a le record absolu de travailleurs qui franchissent la frontière linguistique; 26 % proviennent du centre de la Wallonie, le Brabant wallon pour ne pas le citer, et 11 % de l'Est de la Wallonie. Comme je l'évoquais lors de la commission du 23 novembre, il m'apparaît important de ne pas détricoter évidemment les actions conjointes entre le FOREM et le VDAB car il nous faut aussi prévoir la reprise économique.
Du reste, et vous me posiez la question, des actions sont entreprises pour renforcer encore
l'efficience du dispositif mis en place: cadre de référence stratégique;fixation d'objectifs communs;
adaptation du cadre de travail communs et définition plus précise des rôles et responsabilités;
accompagnement et coaching des équipes, d'une part.
D'autre part, dans le cadre du plan Marshall 2.Vert, cette action sera complétée par une augmentation des moyens de rencontres avec des entreprises situées en Flandre offrant des emplois susceptibles d'être occupés par des demandeurs d'emploi wallons indemnisés.
En ce qui concerne la France, les initiatives existent aussi. Le FOREM fait partie du réseau EuresChannel, regroupant les services publics de l'emploi et les partenaires sociaux de la région
Hainaut Nord Pas de Calais Flandre qui a pour objet de faciliter la mobilité transfrontalière de l'emploi dans la région frontalière franco-belge. P.W. - C.R.I.C. N° 70 (2009-2010) - Lundi 1 février 2010 41
Le prochain plan d'activitÉ 2010-2013 de ce réseau prévoit des actions plus systématiques encore
du matching franco-belge en termes d'offres et demandes d'emploi. À la veille de l'application de la nouvelle convention fiscale, le FOREM intensifie sa collaboration avec le pôle emploi pour mieux
structurer ses échanges d'offres et conclure des conventions de partenariat. Du reste, et j'ai le plaisir de vous l'annoncer, un évènement sur les opportunités d'emploi en France sera organisé le 2 mars prochain dans les locaux du FOREM de Tournai. Nous y serons. Le Forum de l'emploi Euro Métropole, avec Lille, Courtrai et Tournai, rassemblant 120 entreprises frontalières, est organisé chaque année en alternance. Cette année-ci, ce Forum se déroulera à Courtrai comme vous le savez. Vous voyez donc que nous travaillons d'arrachepied à cette mobilité interrégionale et transfrontalière.

Mme la Présidente
. La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). Monsieur le Ministre, je vous remercie évidemment pour votre réponse. Les chiffres concernant la Flandre sont positifs. Quand les choses sont bonnes, j'ai tendance à le dire également. Ce que je regrette, quand je vous entends, c'est finalement les réductions budgétaires qui ont été imposées au Plan Langues parce que, vous-même, dans votre réponse, vous précisez que le bilinguisme est une de ces portes qui permettent de trouver ce travail en Flandre. Les chiffres que j'ai sur le Plan Langues, dans le budget, sont des chiffres qui sont en réduction. Tant mieux si vous me faites signe du contraire, parce que je pense que c'est là une des clés qui a permis de trouver du travail en Flandre. Il y a un minimum qu'il faut connaître, mais on peut jamais pénaliser quelqu'un de connaître un maximum non plus.
Pour la France, je prends acte des mesures entreprises et entre autres, cette initiative du 2 mars 2010 à Tournai que j'ignorais qui se trouve être une bonne initiative également. Nous reviendrons donc ensuite sur le bilan de celle-ci.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil