jeudi 9 février 2006

Question orale de M. Crucke à M. Lutgen, sur « l'évolution du trafic fluvial en Wallonie »

Mme la Présidente. – L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine, sur « l'évolution du trafic fluvial en Wallonie ».

La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

M. Crucke (MR). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, le trafic fluvial est un des éléments souvent mis en avant dans ce qu'on appelle la qualité de services d'une économie et d'un pays. Si on prend des statistiques - de 1995 à ce jour -, on peut constater que, manifestement, en Région wallonne, ce trafic a subi une augmentation de 39% sur ces années pour arriver, à quelques kilos près, à 45 millions de tonnes transportées, ce qui est un bon résultat.

Quand je vous cite le chiffre de 39%, je fais la comparaison entre 1995 et 2008. Je suis tombé sur un article néerlandophone donnant les statistiques qui visaient plus spécifiquement, pour la Flandre, l'année 2009, où la Région flamande signale que, pour 2009, elle perd, en termes de trafic, 13%. Il y a, derrière cela, la situation économique qui s'est ralentie et qu'on peut bien comprendre.

La question est très simple : a-t-on, au niveau wallon, la même tendance ? Alors que depuis des années, il y a une croissance certaine, a-t-on aussi ce type de décroissance ? quelle est la conclusion, les réglementations que vous pouvez en tirer ?

Deuxième pan d'analyse : en fonction des différents grands ports que compte la Région et les bassins provinciaux, peut-on détailler ou déterminer des différences plus substantielles dans un bassin que dans un autre ?

Enfin, en matière fluviale, les investissements sont généralement prévus à long terme : ce qui est décidé pour 2010 n'a pas été décidé à la fin de l'année 2009, ce sont des investissements qui sont, en termes financier, extrêmement lourds, mais ils le sont aussi en termes de génie civil. Les statistiques, pour autant qu'elles soient à la baisse, ont, d'une quelconque manière, influencé ces investissements pour 2010. Sinon, quels seront ces grands investissements pour 2010 en matière fluviale ?

Mme la Présidente.
– La parole est à M. le Ministre Lutgen.

M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. – Merci à M. Crucke qui, de séance en séance, suit avec beaucoup d'intérêt la réalité du transport et du trafic fluvial dans notre Région.

M. Crucke (MR). – Je remercie M. le Ministre. Je l'ai fait chez M. le Ministre henry qui le fait également. J'apprécie cette manière de travailler où, lorsqu'on dit à un Parlementaire qu'un document sera envoyé, il est envoyé, sans qu'on doive revenir avec une question ou un rappel. C'est votre cas et je trouve que cela fait preuve de sérieux.

M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. – La crise financière, économique et maintenant sociale que nous connaissons touche les activités, en ce compris le trafic fluvial et l'ensemble du transport au niveau logistique.

La diminution de près de 13% en Flandre est semblable en Région wallonne, d'après les chiffres qui sont en ma possession. Nous sommes même un peu au-delà, d'après les éléments.

D'où vient cette baisse ? C'est surtout la région de Charleroi, au travers notamment de Carsid, qui est à l'arrêt complet - ou quasiment - en 2009. Carinox d'une part, et Carsid d'autre part, sont deux gros utilisateurs de la voie d'eau. Il n'y a quasiment plus eu de trafic, ou très peu. C'est la cause principale de la baisse.

D'après les éléments qui sont en ma possession, la tendance concerne tous les types de marchandises, avec une singularité plus importante au niveau de tout ce qui est sidérurgique, tout ce qui est combustible solide. Mais il n'y a pas un endroit où on peut se dire qu'il y a eu une augmentation. il y a une diminution générale, avec parfois des éléments parfois plus singuliers.

Tout cela doit-il nous détourner des investissements, de l'accélération de ceux-ci, en disant « les chiffres ne sont pas bons, quand va-t-il y avoir la reprise » ? Non, plus que jamais, le moment est venu d'appuyer sur l'accélérateur pour faire en sorte que les investissements tels qu'ils sont prévus puissent se réaliser le plus rapidement possible.

je ne vais pas retomber dans le débat que nous avons eu avant sur l'incompressible des marchés publics, des cahiers de charge, de différents éléments. Les investissements, vous les connaissez : il y a toute la zone portuaire de Farciennes et de Tubize, ainsi qu'une plate-forme multimodale pour environs 9,5 millions d'euros ; toute la plate-forme multimodale de Garocentre, 12 millions d'euros au total ; la plate-forme multimodale d'Auvelais, 6,5 millions d'euros. Ce sont les différents ports autonomes qui sont à la manoeuvre en la matière.

Le financement de ces investissements est assuré par le Plan Marshall 1, via la SOWAFINAL, et par des subventions régionales directes. J'ai d'ailleurs dégagé une enveloppe de dix millions d'euros en décembre dernier, qui a permis le bouclage financier de ces trois projets.

Il faut aller plus vite, pourquoi ? Parce que ces investissements publics, c'est aussi de l'activité pour l'ensemble des éléments qui correspondent aux constructions, aux modifications et autres. Ce sont des entreprises, derrière, qui ont du travail. Au-delà, cela nous permet de nous mettre en ordre le plus rapidement possible pour la suite des évènements.

Le quatrième projet, vous le connaissez aussi, même s'il est de l'autre côté de la Wallonie par rapport à vous, c'est le Trilogiport de Liège, pour un montant de 160 millions d'euros, avec des fonds européens, des fonds wallons, mais aussi des investisseurs privés qui vont rentrer à l'intérieur de la réalité de ces investissements.

Je signale aussi que nous avons déjà eu des discussions sur ce dossier, que le permis et les différents éléments concernant notamment le site, j'y ai répondu la semaine dernière à Mme Cremasco, il y a une volonté d'aller très vite par rapport à ce dossier parce que cela fait partie de la pièce manquante au travers de l'ensemble des investissements.

Au-delà de cela, il y aura encore d'autres compléments d'investissements au travers de la SOFICO. j'en ai parlé tout à l'heure au travers des écluses ou autres éléments. Cela demandera un financement complémentaire en matière d'emprunt au niveau de la Banque européenne d'investissement.

une année charnière, l'année 2010-2011, où les ZAC doivent intervenir, où les travaux, dans certains endroits, doivent commencer le plus rapidement possible. On parle d'une toute autre dimension, puisqu'il y aura aussi la partie Seine-Escaut, avec tous les aspects du Pont des Trous, mais surtout d'être un peu plus créatifs sur le plan des investissements des partenariats public-privé et d'être en lien beaucoup plus fort avec la France. Celle-ci a un projet d'envergure sur le plan financier, mais qui l'est aussi sur le plan de l'ouverture aux capitaux privés. On doit l'envisager de la même façon, au niveau de la structure-même de l'organisation de cette partie.

Voilà le bilan, à la fois chiffré, mais aussi les investissements, la réalité d'un redémarrage le plus rapidement possible et une augmentation du transport fluvial ; ce qui voudrait dire que l'économie reprend son cours, d'une part, et d'autre part, que la voie d'eau permet des économies importantes d'émissions de CO2, ce qui est important pour tout un chacun.

Mme la Présidente. – La parole est à M. Crucke.

M. Crucke (MR). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Comme vous le dites, on ne peut pas s'étonner d'avoir des chiffres très différents entre Régions, que ce soit 13 ou 15%. C'est toujours malheureux, mais on a là le reflet de la situation économique et il n'y a aucune raison qu'elle ne se répercute pas sur le fluvial non plus.

Vous avez raison, il faut poursuivre les investissements plus que jamais. C'est quand il y a crise qu'on peut parler d'une politique keynésienne ou post-keynésienne, chacun le déterminera comme il veut, mais c'est bien là que ces budgets doivent être dépensés, dans ces voies d'eau. Je suis certain que c'est un bon choix. Je suis heureux que, malgré la crise, il n'y ait pas de dégâts par rapport aux investissements programmés.

peut-être qu'il faudra aller plus loin à travers le Plan Marshall 2.vert, parce qu'il y a sans doute des budgets qui pourront être dépensés. Là, je me suis un peu inquiété de voir que la philosophie retenue était celle de dire qu'on dépense 20% de l'enveloppe sur cinq ans par année. En matière, justement, de travaux lourds, comme sont ces travaux sur le plan fluvial, ces critères, s'ils sont fixes - M. le Président m'a dit qu'il y avait moyen d'élargir et de ne pas voir cela de manière trop fixe justement, parce que c'est clair qu'en termes d'investissement, vous savez comme moi que si vous lui mettez un des pourcentages, vous serez coincé.

Il faut pouvoir, maintenant et surtout maintenant, allez plus vite et plus fort. j'ai entendu que c'était votre message.

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