Les investissements a géométrie variable du canal seine-nord-europe (suite)
Parlement wallon, 19 avril 2010
[QO] Question orale de M. CRUCKE à M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine, sur « les investissements a géométrie variable du canal seine-nord-europe »
M. Crucke (MR). – Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers Collègues, ce dossier avance à une vitesse différente selon que l'on se place du côté français, du côté flamand ou du côté wallon.
Si on prend l'angle français de la liaison entre la Seine nord et l'Europe, liaison capitale économiquement pour les régions traversées, les candidats pour la réalisation du canal sont connus dans le cadre d'un partenariat public-privé, le chantier est prévu début 2011 avec une mise en service pour 2015. Les fonds européens suivent.
Du côté flamand, il semble que l'amélioration de la navigabilité du projet Seine-Escaut a été convenue avec un passage à un gabarit de 4500 tonnes. Les travaux ont commencé en mars et le cofinancement européen de 20% est d'ores et déjà assuré.
Du côté wallon, j'ai été inquiet suite à un article de presse dans lequel la parole est donnée au Directeur général de la Direction Mobilité et Voies hydrauliques du SPW. Il reconnaît que «
les projets ont pris du retard, la priorité ayant été accordée aux plans pour la construction d'une quatrième écluse à Lanoye ».
Y-a-t-il retard
? Sui oui, comment l'expliquer ? L'information est-elle parcellaire ?
Vous connaissez l'intérêt stratégique, je n'ai pas besoin de vous l'exposer. Je pense que 2015 est une date pour laquelle on doit être prêt. Le serons-nous
? J'ai aussi l'impression que la France privilégierait, poussée par la Région flamande, un axe France-Flandre. Ce serait une catastrophe pour l'économie wallonne, pas seulement pour le Tournaisis.
Les études qui étaient en cours sont-elles terminées
? Les adjudications sont-elles lancées ? Les cofinancements européens sont-ils assurés. En un mot, faisons le point sur ce dossier.
Pour le dossier le Pont des Trous à Tournai, vous m'avez dit que vous souhaitiez vous concerter avec la Ville. Rien de plus normal. La concertation a-t-elle eu lieu
? Si non, quand aura-t-elle lieu ? J'aimerais qu'on puisse booster ce dossier. Je ne vous cache pas que j'ai été contacté par des industriels de la région qui suivent ce dossier et qui partagent les mêmes inquiétudes que moi suite à la lecture de l'article.
Mme la Présidente. – La parole est à M. le Ministre Lutgen.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. – Ce dossier est un dossier majeur pour l'ensemble de la Wallonie, pour le développement économique de notre Région, par rapport à cette liaison Seine-Escaut. C'est un objectif majeur d'un point de vue fluvial, à mettre en parallèle avec l'élargissement des écluses liégeoises puisque les gabarits sont les mêmes.
Quant à l'avancement pratique du dossier, la nature du projet en Wallonie ne concerne pas la création d'un nouveau canal, mais bien l'amélioration de la navigabilité de canaux existants et de fleuves. La réalisation d'un tel projet implique des études préliminaires et spécifiques pour chaque ouvrage. Les études communes seront terminées fin de cette année - début de l'année prochaine, d'ici une bonne année. Il y a l'étude environnementale, socioéconomique, l'étude des ressources en eau pour alimenter les canaux à long terme, l'étude sur la navigabilité, etc.
Les études spécifiques comportent des levées topographiques et géotechniques des sites, des études de projet pour le génie civil et les équipements électromécaniques, des études d'incidence sur l'environnement. Certaines sont terminées, d'autres le seront dans un avenir très proche.
La réflexion sur le Pont des Trous à Tournai se poursuit avec les autorités communales et les associations concernées. L'objectif est une solution conciliant l'aspect architectural et patrimonial et l'efficience économique du réseau fluvial. Ce n'est pas terminé. J'ai transmis les données aux responsables communaux. Tous ceux qui m'ont demandé l'étude je leur ai donnée. Maintenant, il faut pouvoir trancher. Pour moi, il y a moyen de concilier l'un et l'autre. Il y a même moyen de revaloriser le Pont des Trous au travers de ces aménagements, même s'il ne sera plus comme avant naturellement
; des modifications ont déjà eu lieu en 1948, les choses ne sont pas figées.
Sur le plan budgétaire, pour fin de cette année, ce seront 3 millions d'euros qui auront été investis dans ces études. Les premiers travaux vont consister à la mise à gabarit de la Lys, ils pourraient débuter l'année prochaine, tout début de l'année suivante, notamment pour ce qui est du canal.
Au niveau du financement, sur un total nécessaire estimé à 300 millions d'euros, 80 sont éligibles au cofinancement européen durant la période 2007-2013. Il faut donc aller vite budgétairement. La Commission intergouvernementale associant la Wallonie, la Flandre et la France a été officiellement mise en oeuvre en novembre 2009. Les représentants de la Wallonie ont été désignés dans les différents organes de la Commission, le directeur général des voies hydrauliques y siège, ainsi que d'autres agents du SPW.
Pour le reste, je ne m'emploierai pas à corriger ou à nuancer les propos d'un fonctionnaire, quel que soit son grade, son niveau, ses compétences. Je m'y refuse. Les commentaires de ce type, je l'ai déjà dit, sont faits pour leur hiérarchie et personne d'autre, commentaires qui demandent parfois bien plus de nuance.
Mme la Présidente. – La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). – Je remercie M. le ministre pour sa réponse.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. – Puis-je ajouter un élément ?
Vous dites
: « Attention, Flandre, France ». Croyez bien que j'y suis attentif. La commission qui a été installée est aussi faite pour faire en sorte que nous puissions avoir une collaboration entre les trois, puisque la Flandre est aussi concernée. On ne va pas avoir un axe France-Wallonie sans considérer la Flandre. D'ailleurs des projets ont été mis en oeuvre entre ces trois entités par rapport à toute une série de projets importants. Si je prends quelque chose que j'ai eu à gérer en son temps, toute la nappe phréatique et toute sa gestion entre les trois entités - France, Flandre et Wallonie -, je trouvais que des accords étaient intelligents, avec une vraie collaboration entre les différentes entités.
Il est clair qu'ici, en termes de développement économique pour la Wallonie, c'est majeur, donc nous sommes particulièrement attentifs à ce que ces axes soient à trois et que, à un moment donné, on ne se fasse pas doubler de quelque façon que ce soit par un axe qui se développerait entre la Flandre et la France. À l'heure où je vous parle, ce n'est pas le cas, mais il faut rester très attentif. Vous avez parfaitement raison de le dire.
Mme la Présidente. – La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). – Il y a eu ce type de phrase d'un fonctionnaire dans un article où, justement, on joue les comparaisons. Je ne dis pas que c'est le fonctionnaire qui fait les comparaisons. Mais la presse fait aussi son travail, donc elle donne cette impression, quand on lit l'article, qu'on va à des vitesses différentes et qu'on pourrait rater le bon train.
Effectivement, il faut être prudent dans ce que l'on communique à l'extérieur parce que le dossier est immense sur le plan financier, vous l'avez cité, il y a 300 millions d'euros, on ne peut pas jouer avec cela. Là, vraiment, il faut être très sérieux.
Je vous remercie pour l'échéancier que vous avez tracé, cela permet d'avoir une bonne visualisation du dossier. Merci aussi de partager le point de vue que j'ai par rapport à ce dossier du Pont des Trous à Tournai. À un moment donné, la récréation doit se terminer, la Ville de Tournai doit prendre ses responsabilités. Je vous demanderai simplement de leur rappeler. On ne peut pas attendre ad vitam aeternam.
Enfin, j'ai pris note, dans votre dernière intervention, le souci qui est le vôtre de garder un équilibre entre les Régions et les États. Je ne demande pas que les Flamands soient écartés du dossier, ce dossier ne peut réussir que dans une tripartite, mais comme chat échaudé craint l'eau froide ou les connaissant un peu, j'aimerais que, dès qu'ils voient une brèche dans un canal - c'est le cas de le dire -, ils ont tendance à s'approprier la partie du gâteau qui peut-être ne leur revient pas. Ce serait une erreur car, comme je le dis, ils ont besoin du passage par la Wallonie. Encore ne faut-il pas qu'on leur donne le bâton pour leur taper dessus.
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