mardi 13 décembre 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre SIMONET sur "Formation en ligne pour les professeurs en ce qui concerne la dyslexie"

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Madame la ministre, je voudrais revenir sur un sujet déjà évoqué maintes fois en commission. Je me permets d’y revenir aujourd’hui car j’ai pris connaissance d’un élément qui n’a, à ma connaissance, jamais été débattu. Il s’agit de la formation des professeurs pour détecter et aider les élèves dyslexiques. La dyslexie n’est pas reconnue comme handicap et n’est dès lors pas prise en compte par la sécurité sociale. On constate pourtant que cinq à dix pour cent des enfants en sont atteints. Ce n’est pas rien ! Au cours de mes lectures, j’ai constaté qu’une formation en ligne destinée aux enseignants avait été mise au point par M. Vincent Goetry, docteur de psychopédagogie de l’ULB. Si j’ai bien compris, la Communauté française aurait financé ce dispositif. Est-il opérationnel ? Ce modèle fonctionne-t-il in concreto ? Cet outil estil utilisé en pratique ? Est-il complémentaire aux formations qui sont données par l’Institut des formations en cours de carrière ou les remplace-t-il ? Un enseignant confronté à un cas de dyslexie peut-il faire appel à cette nouvelle formation en ligne ? Peut-il disposer de ce matériel afin d’être opérationnel ? Quel en est le fonctionnement ? Le système est-il performant ? Quel en est le coût pour l’utilisateur et la Communauté française ? Enfin, si cette méthode s’avère performante, ne serait-il pas opportun d’en informer les milieux concernés ?

Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale. – La formation sur les troubles de l’apprentissage destinée aux membres du personnel des établissements d’enseignement et des CPMS est évidemment l’une de mes préoccupations. On estime en effet que cinq à dix pour cent de la population scolaire sont atteints de pareils troubles. Sous la précédente législature, j’ai soutenu personnellement et financièrement DyslexiaInternational pour la réalisation de cette formation originale. Cet organisme a par ailleurs bénéficié de fonds de la Fondation Roi Baudouin, ainsi que de la Loterie nationale de Belgique. En 2009, j’ai également financé la réalisation d’un film sur la dyslexie complémentaire à la formation en ligne. Les formations en ligne, en français et en anglais, ont été présentées le 5 février 2010 à l’Unesco à Paris, au cours du Forum mondial sur la dyslexie. La version française avait déjà été pilotée par de futurs enseignants de la Haute école de Bruxelles, section Defré, tandis que la version anglaise de la formation a été menée par des enseignants de plusieurs écoles internationales d’Europe. Ce dossier me tient particulièrement à coeur. Les résultats de ce premier pilotage ont été très encourageants. En moyenne, la formation en ligne a reçu quatre-vingt trois pour cent d’évaluations positives par les francophones, dont quarante pour cent d’évaluations très positives. Les anglophones ont accordé nonante-cinq pour cent d’évaluations positives parmi lesquelles soixante pour cent d’évaluations très positives. Les scores supérieurs de la version anglaise s’expliquent par le fait que cette formation était déjà une version améliorée de la version initiale en français. Cette formation en ligne pour les enseignants a été conçue pour être utilisée de façon systématique dans les programmes nationaux et locaux de formation des enseignants. Le cours se réparti en trois sections.
La première fournit une définition simple et objective de la dyslexie et de ses causes ainsi qu’une liste de ses conséquences personnelles, sociales et scolaires. La seconde section fournit des tests informels aux enseignants, afin qu’ils puissent détecter si un enfant est susceptible d’être dyslexique. Ces tests leur permettront d’identifier les forces et les faiblesses de l’élève en vue d’adapter leur enseignement à ses besoins éducationnels spécifiques. En concertation avec l’équipe du CPMS et les parents, l’élève devrait alors être examiné par un spécialiste. En effet, ces derniers ont un rôle à jouer. Ils doivent examiner l’élève pour déterminer s’il éprouve des difficultés importantes. La dyslexie peut présenter différents stades avec des formes plus ou moins graves ou plus légères. La troisième section se focalise sur la manière d’inclure les élèves dyslexiques dans des classes ordinaires lorsqu’il est possible de le faire et sur les techniques et outils qui rencontrent leurs besoins, en particulier en vue de l’acquisition de la lecture et l’écriture. La formation n’est pas encore opérationnelle en Communauté française, mais elle fait l’objet d’un projet ambitieux que nous développons avec l’IFC en collaboration avec M. Vincent Goetry, professeur à l’ULB et cheville ouvrière de la conception de la formation en ligne chez Dyslexia International. Je n’ai pas l’intention de diffuser l’information sur la formation en ligne sans accompagner le processus auprès des équipes éducatives, des responsables de l’enseignement et des CPMS organisés ou subventionnés par la Communauté française. Les membres du comité d’accompagnement du projet créé dans mon cabinet pensent que la formation sera plus efficace si elle fait l’objet d’une présentation par des formateurs présents physiquement dans un premier temps. Deux formateurs internes formés par M. Goetry pour la maîtrise de l’outil de formation seront engagés par l’IFC. Ensuite, une campagne d’information sera organisée auprès des directions des écoles fondamentales, secondaires et des CPMS pour proposer la formation d’une ou de plusieurs personnes relais. Dans un premier temps, celles-ci devront s’approprier les concepts liés à la dyslexie, en partie en salle de cours et en partie à distance à partir du site du professeur Goetry. Elles seront amenées à s’intéresser aux objectifs, aux contenus et aux méthodologies sous-jacentes des animations et exercices de ce site. Les personnes relais devront enfin être capables de concevoir et d’animer sur cette thématique une réunion d’équipe pour les membres du personnel de leur établissement. Ce système mérite une mise en oeuvre par les personnes relais et une personne de référence dans les écoles. Si les équipes manifestent un intérêt pour ce projet, les organismes de formation des réseaux pourraient à terme intervenir sur ce sujet dans les formations sur site pour l’ensemble du personnel. La formation des formateurs internes commencerait au cours du premier trimestre de l’année prochaine. Des formations qui rencontrent un succès croissant sont déjà organisées par l’IFC pour les membres du personnel. Pour cette année scolaire, douze sessions sont proposées sur ce thème et 154 personnes y sont déjà inscrites, ce qui prouve le succès du projet. La fonctionnaire dirigeante de l’IFC me signale que les formateurs issus de l’UCL et de l’ULB sont de grande qualité, qu’ils ont une excellente pratique clinique avec les enfants dyslexiques et que l’ULg dispose également de personnes compétentes pour concevoir des offres de formation dans ce domaine. Le projet de formation en ligne est donc complémentaire aux autres formations déjà proposées par l’IFC mais il se différencie de celles-ci par l’aspect de formation en présence et en ligne. Par ailleurs, une campagne d’information sera organisée par circulaire et sur le site enseignement.be pour promouvoir la formation en ligne des membres du personnel, voire des parents, qui désirent uniquement se former ainsi. Mon intention est d’aider les enseignants et les membres du personnel des CPMS à prendre en compte les besoins des élèves dyslexiques. Cela me semble être la meilleure façon d’utiliser ce logiciel que je soutiens tout à fait, comme vous pouvez le constater.

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Je remercie la ministre pour la qualité de sa réponse. Je me réjouis de toutes ces bonnes nouvelles. Il suffit maintenant d’attendre cette circulaire et je me porte garant du fait qu’elle ne sera pas critiquée. Si elle permet de lutter de manière efficace contre la dyslexie, une circulaire supplémentaire est toujours la bienvenue. C’est surtout le système qui doit être opérationnel le plus rapidement possible.

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