mardi 13 décembre 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre André ANTOINE sur "la situation ubuesque du Taekwondo"

M. Jean-Luc Crucke (MR). – En Communauté française, coexistent deux fédérations de taekwondo, l’Association belge francophone de taekwondo, l’ABFT, et la Fédération belge francophone de taekwondo, la FBFT. Cette dernière est membre de l’Union nationale belge de taekwondo. En toute logique, elle devrait donc être reconnue par la Communauté française, recevoir une aide et nous représenter dans les compétitions nationales ou internationales.
Or c’est l’Association belge francophone de taekwondo, qui n’est plus membre de l’Union nationale de taekwondo, qui jouit de cette reconnaissance. Elle est subventionnée et participe à des évènements européens et mondiaux. Cela dit, elle le fait grâce à un stratagème. L’ABFT a en effet obtenu l’autorisation de la République centrafricaine de concourir sous les couleurs de ce pays dans les compétitions européennes. Monsieur le ministre, je suppose que vous êtes au courant cette situation ubuesque. Je sais que vous avez tenté d’établir un dialogue entre l’ABFT et l’Union nationale, et que cela ne s’est pas bien passé puisqu’une série de procès a ruiné l’ABFT. Où va-t on ? Que fait le ministre ? Qu’attendil pour agir ? Quand va-t-il aider ceux qui en ont besoin ? Quand arrêtera-t-il de soutenir ceux qui ne doivent pas l’être ?

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – À l’instar de ce qui s’est passé dans d’autres organisations pourtant très respectables, il s’agit essentiellement de conflits de personnes. Lorsque ces relations conflictuelles perdurent, elles peuvent dégénérer. Elles n’ont dès lors plus rien de rationnel et reposent sur de la passion, des excommunications, des révocations mutuelles et débouchent parfois sur des actions en justice.
J’ai donc d’abord demandé à Mme Rase, grande athlète de taekwondo, de tenter de rapprocher les points de vue. Cela n’a pas donné de grands résultats. Ensuite, nous avons sollicité l’AISF et le COIB. Nous les avons réunis au cabinet et nous étions quasiment parvenus à un accord, moyennant un certain nombre d’engagements. Ces engagements de l’association portaient sur le renouvellement de son conseil d’administration ; la restitution des documents comptables et la mise en concordance de ses statuts avec ceux de l’Union nationale belge de taekwondo. Ces demandes sont tout de même minimales et légitimes ! Un accord de réintégration a même été scellé. Ensuite, les commentaires des uns et des autres ont généré de la rancoeur et, finalement, une opposition ce qui nous a conduit au statu quo. Dans cette lutte d’ego, ce sont finalement les athlètes qui risquent d’être pénalisés. L’enjeu est bien la capacité des athlètes à atteindre le niveau minimum de qualification pour les Jeux olympiques. Ce sport est en plein développement et il est regrettable que ces athlètes de très haut niveau soient pris en otages pour sauvegarder des points de vue personnels. Vendredi, en marge de la journée des fédérations, à Jambes, j’ai eu un contact avec l’un des protagonistes du dossier. Il m’a rappelé que les conditions sur lesquelles ils avaient marqué leur accord étaient réglementaires et statutaires. Je me dois de faire respecter les décrets. Ceux qui regimbent n’auront plus leur place. Je me suis donc engagé à une ultime tentative de conciliation mais si elle ne devait pas aboutir, je prendrai mes responsabilités. Tant pis pour celles et pour ceux qui n’ont pas mesuré les dégâts qu’ils occasionnent pour les sportifs en méprisant les règles les plus élémentaires. Tous devront faire des efforts et montrer de la bonne volonté. Je rencontrerai donc M. Grommen, président de l’Union nationale belge de taekwondo, dès que sa santé le permettra, dans un dernier effort de réconciliation. Si celui-ci échoue, je prendrai mes responsabilités, sur la base du rapport de l’AISF. La situation que vous avez évoquée concerne principalement M. Benoît Hannart qui a dû s’affilier à la Fédération centrafricaine afin d’atteindre les minimums de sélection pour les JO.

M. Jean-Luc Crucke
(MR). – Monsieur le ministre, je ne vous demandais pas d’acte de contrition. Ce sont effectivement des conflits interpersonnels qui sont à l’origine de la situation. Je suis d’accord avec vos constats, mais vous le dites vous-même : la comptabilité doit être restituée et les statuts doivent être conformes. Rien de cela n’a été fait. Vous savez que l’Union nationale belge de taekwondo ne reconnaît et ne reconnaîtra que la Fédération et non l’Association et ce, pour de nombreuses raisons, notamment des décisions de justice. Dès lors, comment expliquez-vous, vous qui êtes responsable de la bonne application des décrets, qu’aujourd’hui l’Association soit encore subventionnée ? Comment pouvez-vous accepter que plusieurs athlètes de haut niveau, qui ont quitté l’Association pour la Fédération, soient aujourd’hui sanctionnés par l’Adeps ? Ils ne reçoivent aucun soutien de l’Adeps. Peut-on admettre que l’Adeps continue d’aider l’Association alors qu’elle n’est pas reconnue ? Je pense qu’il est de votre devoir de clarifier les choses.

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – L’Adeps est bien structurée, il faut le reconnaître. Même le Conseil supérieur des sports n’abonde pas dans votre sens.

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Si vous êtes le gardien des décrets, comme vous l’affirmez, appliquez la législation telle qu’elle est ! Il n’est pas normal qu’une association qui n’est pas reconnue par une fédération continue à être subsidiée et à concourir sur le plan européen, en usant d’un stratagème.Ce n’est pas correct.

M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – Vous avez choisi votre camp, nous l’avons compris.

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Non, j’ai choisi la légalité. Je déplore qu’il faille la rappeler au ministre

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