jeudi 22 mars 2007

Chômage des jeunes : pourquoi la Flandre parvient à le vaincre et pas nous ?

LA LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE DES JEUNES : LA MÉTHODE FLAMANDE
L'ACTIVATION DES DEMANDEURS D'EMPLOI JEUNES
22 P.W. - C.R.A.C. 80 ( 2006-2007) Commission de l'Economie - mardi 20 mars 2007

M. Jean-Luc Crucke (MR).

La Flandre a opté pour une méthode qui peut paraître dure pour lutter contre
le chômage des jeunes. Mais il se fait que cette méthode volontariste s’avère redoutablement efficace.
Une première évaluation des résultats obtenus dans 13 villes pilotes est plus que positive. Ce sont les jeunes chômeurs de moins de 25 ans et disposant au maximum d'un diplôme d'enseignement secondaire qui sont concernés. À Ostende, pour ce public cible précis, le chômage a baissé de 53 %. Dans d'autres villes, comme Renaix, Alost et la région des charbonnages limbourgeois, on a constaté des baisses de 25 à 40 % selon
les cas. Le cas de Renaix m’interpelle particulièrement, car ce n’est pas du tout une ville flamande-type sur le plan socio-économique. C’est au contraire une ville durement touchée sur le plan du chômage.
Dans le cadre de cette méthode « à la flamande » de lutte contre le chômage des jeunes peu qualifiés, les jeunes concernés sont sans cesse assaillis d'offres d'emploi qui correspondent à leur profil, y compris par SMS.
Ceux qui ne répondent pas aux offres doivent parfois se justifier dès le lendemain auprès de l’Office national de l’Emploi. Dès ce moment, l’homologue flamand du FOREM entre en action et fournit au besoin un accompagnement lors des candidatures ou propose une formation aux jeunes en question. Ceux qui refusent obstinément de collaborer risquent de perdre leurs allocations. Vu les résultats plus que positifs, le ministre
flamand de l’Emploi, Monsieur Frank Vandenbroucke (SP.A), veut à présent étendre le système à l'ensemble de la Flandre. Son objectif est qu'à terme, plus aucun jeune ne vive durablement d'une allocation.
Le coach individuel flamand réapprend aux demandeurs d'emploi les gestes élémentaires à accomplir pour être efficace dans sa recherche. J'ai par ailleurs pu lire dans la presse qu'un agent du FOREM en visite à Renaix a déclaré que les méthodes du VDAB émanaient d'une autre planète. Il ajoutait que sur le temps où, lui, devait retourner quatre fardes pour retrouver un profil, il suffisait à l'agent du VDAB de cliquer une fois sur sa souris.
Comment cela est-il possible ?
La démonstration étant faite de l’efficacité d’une telle méthode, pourquoi s’obstine-t-on, côté wallon, à ne pas vouloir en reconnaître les effets positifs ? Qu’est-ce qui vous empêche de le faire ? Souffrez-vous d’un blocage d’ordre idéologique sur la question ? À quand un plan d’accompagnement « à la flamande » des jeunes
chômeurs trop peu qualifiés en Wallonie ? Quand verrons-nous ONEM et FOREM collaborer à ce point ? Les entreprises sont demandeuses de main d’oeuvre qualifiée et seront, à n’en pas douter, partie prenante à un tel projet. Prendrez-vous une initiative déterminante en ce sens sous peu ?
J'ai des contacts avec mon collègue Franck Vandenbroucke. Nous nous sommes à nouveau rencontrés récemment.
L'objectif est de faire en sorte que le FOREM et le VDAB collaborent encore plus, mais également encore mieux.
Nous voudrions proposer à nos demandeurs d'emploi wallons pas moins de 20.000 offres d'emploi, émanant du VDAB, par an, sur l'ensemble de la Région wallonne.
Ces offres ne s'adresseront pas, de manière discriminante, à nos jeunes, mais à tous les demandeurs d'emploi.
Permettez-moi de revenir sur l'Accord de coopération relatif à l'accompagnement des chômeurs : vous savez
que les moins de 30 ans ont été sollicités dès la mise en oeuvre du Plan. Mais je vous rappelle que, conformément à la Ligne directrice européenne 1, une offre d'accompagnement est également faite à tous les jeunes de moins de 25 ans avant qu'ils n'atteignent six mois de chômage.
Concernant le Plan, une évaluation globale du Dispositif menée par le Fédéral est attendue pour mi-2007.
Sur cette base objectivée, nous serons peut-être amenés à recalibrer l'accompagnement.
Vous savez également qu'il existe au-delà de l'Accord de coopération, un décret wallon organisant la prise en charge individuelle des demandeurs d'emploi, à savoir le Dispositif intégré d'insertion socioprofessionnelle.
Les premiers contrats ont commencés à être signés depuis septembre 2006. J'ai invité le FOREM à tout mettre en oeuvre pour accélérer et multiplier la conclusion de ces contrats. En outre, je viens de prendre la décision, via un arrêté modificatif, de proposer, de manière systématique, aux jeunes de moins de 25 ans qui s'inscrivent comme demandeurs d'emploi à l'issue de leurs études, sans avoir obtenu un diplôme du troisième degré de l'enseignement secondaire, la conclusion d'un contrat crédit insertion. Passer à l'obligation, ne devrait selon moi qu'être envisagé si l'incitation ne suffit pas. Car je veux avant tout des jeunes motivés par un intérêt intrinsèque à s'insérer, tout en sachant que ces mêmes jeunes seront rapidement visés par la procédure de contrôle dans le cadre du PAC.
Pour l'ensemble de ces outils de suivi individuel du demandeur d'emploi, 352 conseillers sont mobilisés
Par ailleurs, lorsque j'examine le montage du projet de nos amis flamands, je constate que ce sont des mesures d'ores et déjà existantes, en ce compris chez nous, qui sont exploitées :
la formation ;
l'individualisation des offres d'emploi. En Région wallonne, nous avons fait en sorte que la prise en charge des demandeurs d'emploi se concrétise également par un renforcement de la transmission des offres d'emploi. Des instructions très claires allant dans ce sens ont été données aux Conseillers du FOREM. À ce niveau, les partenariats favorisant l'insertion sont multipliés, notamment avec les agences de travail intérimaire ;
la collaboration avec l'ONEM. À ce sujet je vous rappelle que le FOREM transmet à l'ONEM des
informations rigoureuses et objectives ;
le partenariat avec des acteurs en prise directe avec le territoire et l'environnement sur lesquels ils interviennent : je vise ici les Missions régionales qui jouent un rôle essentiel dans la construction de « passerelles » entre les entreprises et les demandeurs d'emploi les plus fragilisés, et notamment les jeunes, et ce, via divers outils comme le « job coaching ».
Les CPAS sont également des partenaires de choix. Une convention les lie au FOREM.
Je rappelle encore l'initiative que j'ai prise de lancer des projets pilote dans les quartiers en difficulté : un partenariat FOREM-MIRE — Associations culturelles et sportives et Trace va se mobiliser pour proposer des offres d'emploi aux jeunes de ces quartiers, avec un suivi rapproché, si nécessaire, par des coaches.
Je souligne également l'importance des appels à projets lancé par le FOREM afin d'augmenter et diversifier l'offre de services à destination des demandeurs d'emploi.
Le FOREM doit donc agir, certes, mais en phase avec le monde de l'entreprise, avec les autres acteurs du marché de l'emploi et en phase avec les politiques initiées par le Gouvernement wallon à travers le Contrat d'Avenir, la DPR et le Plan Marshall.
Enfin, vous devez savoir que le nouveau contrat de gestion du FOREM prévoit une mesure systématique et spécifique de la participation des moins de 25 ans aux actions du FOREM et de ses partenaires. Cette mesure
sera appréciée chaque année afin de déterminer dans la foulée d'éventuelles réorientations ou amplifications de certaines actions particulières adaptées aux jeunes.
Bien entendu, le plan d'entreprise qui contient les voies et moyens pour atteindre les objectifs fixés dans le contrat de gestion et qui sera actualisé sur une base annuelle doit intégrer cette préoccupation.

M. Jean-Luc Crucke (MR).
Vous dites que M. Vandenbroucke vous a fait part de résultats contrastés en fonction des sous-régions concernées, ce n'est pas du tout ce qu'il déclare au Parlement ou dans la presse.
Vous dites également que les crédits d'insertion se veulent l'équivalent de ce qui se fait en Flandre. Seul le temps nous dira si des résultats peuvent être comparables. Je note néanmoins qu'en Flandre, les fruits ne se font pas attendre.
Comment expliquez-vous que les méthodes flamandes soient beaucoup plus efficaces que les nôtres ? Voyez l'exemple de Courtrai qui connaît un taux de 5 % de chômage alors qu'à une portée de fusil, la ville de Mouscron connaît un taux de chômage de 25 %. Ne peut-on pas rapprocher les différentes offres et lutter en commun contre ce fléau qu'est le chômage.

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