Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre Benoît LUTGEN sur "l'accident sur la RN60 à Dergneau"
M. le Président. – L'ordre du jour appelle la question orale de Crucke à M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine, sur « l'accident sur la RN60 à Dergneau ».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.
M. Crucke (MR). – Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers Collègues, vous savez qu'il n'est pas dans mes habitudes de venir sur un problème qui est plus local, mais en l'occurrence cette fois-ci, c'est un problème que j'avais déjà abordé avec votre prédécesseur.
Ce qui vient d'arriver à cet endroit-là, l'histoire parlementaire pourrait montrer que je l'avais prédit. Je n'en tire aucune gloire, que du contraire : avec l'accident qui s'est passé le 1er novembre, nous avons eu beaucoup de chance. Parce que si les personnes avaient été dans leurs habitations à 4 heures 30 du matin - heureusement elles étaient en vacances - et si le 1er novembre n'avait été un jour de congé, je peux vous assurer que cela aurait été le carnage. J'ai une petite photo de l'événement où on montre trois maisons prises par un camion, à un endroit où il faut rouler à 50 Km /h, c'est un tournant connu pour cela.
Certains aménagements ont été faits, dans le temps, mais beaucoup trop légers. Je suis sûr qu'à 50 Km/h, il n'y a pas d'accident. Les choses doivent être très claires : si on respecte la vitesse, il n'y a pas d'accident. Toutefois, lorsque les gens ne respectent pas la vitesse, certains endroits sont plus dangereux que d'autres.
Et dans ce cas-ci, pour celui qui ne respecte pas la vitesse, il y a d'office un risque qui est pris. Vous imaginez un camion qui rentre dans trois façades et ce que cela aurait pu donner si les gens avaient été dans leur habitation. Il y avait en plus du brouillard, c'est vous dire si les circonstances devaient peser, nous serons relativement d'accord.
Il y a deux difficultés à cet endroit-là : outre le fait que l'on a affaire à un virage très serré, une courbe très prononcée, on a affaire aussi à une déclivité importante de la route. Il faut également savoir qu'il y a un carrefour, qui permet de traverser le village de Dergneau (de Frasnes-les-Anvaing) et qui relie de l'autre côté Renaix à Leuze, très fréquenté qui permet de rejoindre l'autoroute A8. Les Flamands la prennent pour rejoindre l'A8.
Je sais qu'un détournement a été imaginé et qui devrait, avec le temps, peut-être un jour, voir le jour, mais pour l'instant il n'y a pas de budget pour cela et ce dossier-là est au point mort.
Entre-temps, on ne peut pas continuer à se regarder en se disant, du côté de la commune que c'est une route régionale et du côté de la région que des travaux ont déjà été faits. Je pense qu'il faut vraiment prendre le taureau par les cornes, prendre ce dossier à bras-le-corps.
Monsieur le Ministre, a-t-on déjà pu chiffrer l'ampleur des dégâts dans ce dossier ? Et par rapport au virage concerné et au carrefour - il faut aborder les deux en même temps -, plusieurs hypothèses de travail sont mises sur la table.
Il y a certes des plots en plastique : ils sont très bien pour attirer l'attention, mais par rapport à la force d'inertie d'un véhicule, qu'il soit camion ou pas, ces plots ne servent pas à grande chose.
Je pense qu'on peut les remplacer : il faut imaginer leur remplacement par des éléments plus lourds, plus catégoriques et plus résistants. On évoque le placement de feux lumineux, ce qui à mon avis a pour avantage de respecter le carrefour - cela ralentira évidemment la circulation, mais ce n'est pas un mal en l'occurrence par rapport à cet endroit -, d'autres évoquent un rond- point. Y a-t-il la possibilité de faire un rond-point sans devoir imaginer des travaux qui exproprieraient des maisons ? On évoque également la pose d'un radar fixe - je pense que c'est aussi une bonne solution. Enfin, il faut peut-être envisager une conjonction de l'ensemble de ces éléments-là avec un pré-phasage, un avertissement en amont.
Je suis revenu dimanche des État-Unis, j'ai été directement voir les personnes en question. Je peux voir dire qu'elles sont sous le choc. Je leur ai dit que je vous interpellerais et que je ne ferais pas de manière contentieuse, parce que le but n'est pas d'en faire un contentieux. Le but est de vraiment trouver une solution, d'avancer et de mettre tout le monde autour de la table - à la fois la Région wallonne, la commune, les riverains - et vraiment de montrer que l'on s'attèle à ce dossier de manière positive.
parce que des accidents, il y en aura encore : je crains malheureusement que ce ne soit pas le dernier. Et donc, tout doit être mis en oeuvre pour qu'un jour il n'y ait pas, s'il y a encore un accident, des dégâts malheureusement déjà prévisibles.
M. le Président. – La parole est à M. le Ministre Lutgen.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. – Je remercie M. Crucke pour la façon dont il a posé sa question, sur le ton, sur la forme et sur le fond.
Je voudrais vous dire combien je suis attaché évidemment à la réalité de la sécurité routière. C'est un défi pour toute la Wallonie, pour toutes les autorités responsables. J'en fais partie au niveau des infrastructures. Nous avons un rôle important à jouer au niveau de la Wallonie. Les bourgmestres aussi, les zones de police, etc.
Cette préoccupation, ce défi s'est traduit par une politique qui a changé : d'une part, concernant la priorité qui est donnée au niveau des travaux publics en termes de moyens, mais aussi en termes de priorités de pouvoir hiérarchiser en fonction d'un critère de sécurité routière, ce qui permet d'être plus objectif que par le passé. cela permet aussi de faire en sorte que les infrastructures contribuent au maximum à réduire le nombre d'accidents, mais sans pouvoir éviter tous les accidents. Différentes études ont été réalisées en la matière, on sait très bien que les infrastructures routières ne sont pas la cause principale des accidents, contrairement à ce que beaucoup d'automobilistes croient.
Deuxième élément, prenant aussi mes responsabilités concernant la mise en place de radars, soit préventifs, soit répressifs, dans ces zones à haut risque en Wallonie. Pas pour qu'ils soient rétributifs et faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État et, indirectement, par voie de conséquence, vers les zones de police en termes de ventilation, mais d'abord dans un souci d'épargner des vies, d'éviter des drames personnels, familiaux.
J'en viens maintenant à l'accident survenu effectivement il y a quelques jours de cela. Je pense que vous avez bien rappelé les choses, et je vous en remercie, notamment sur les aspects de brouillard, de vitesse inadaptée, d'après les informations que j'ai pu obtenir. On me dit également que cette section de la RN60 n'est pas une zone à forte concentration d'accidents corporels. Ce n'est pas pour cela qu'on ne doit pas agir. Elle n'est pas, aujourd'hui, répertoriée par le SPW comme une zone à haut ou moyen risque. Cela n'empêche pas d'agir. Il y a effectivement les priorités qui interviennent, c'est de dire : « c'est d'abord là où il y a le plus d'accidents qu'on va intervenir », et ce sont les statistiques qui parlent. Mais il faut encore avoir la lucidité, sinon on n'aurait pas besoin d'agir dans des endroits en fonction de ce qu'on peut ajuster, faire évoluer, en fonction des données, en fonction de quatre traits particuliers. L'un n'empêche pas l'autre, on ne sait pas remettre en cause tout un plan. Il faut pouvoir adapter l'un ou l'autre élément, en le justifiant, en expliquant pourquoi. Bref, il ne faut pas attendre un drame et se dire « maintenant ... », sinon on a besoin d'un ordinateur qui classe les travaux. Il y a quand même une dimension qui intervient et qui doit être remise à jour.
Que pouvons-nous mettre en oeuvre pour éviter un maximum d'accidents, en sachant que l'alcool, la vitesse, la drogue, sont des facteurs importants d'accidents ? Évidemment, ces facteurs sont renforcés de façon exponentielle lorsqu'on arrive dans des endroits qui sont, de par la configuration des lieux, malgré les aménagements, plus dangereux qu'ailleurs. Vous avez eu l'honnêteté de le dire, si tout le monde roulait à 50 km/h à cet endroit-là, il n'y aurait pas d'accident. Des accidents, tout au plus, mais des accidents graves, je ne crois pas qu'il y en aurait.
Je dois quand même vous dire que le SPW n'a pas attendu qu'il y ait à nouveau cet accident pour s'intéresser à des études d'aménagement ou de réaménagement, puisqu'une réflexion est en cours sur une bonne partie de cette RN60, afin qu'une attention particulière soit accordée à cet endroit. J'ai demandé que la Commission provinciale de Sécurité routière puisse se réunir pour que toutes les autorités compétentes examinent ensemble les solutions d'aménagement physique de la chaussée, donc les aménagements les plus adéquats pour ralentir le trafic à l'approche de ce virage. Instruction a été donnée, je peux aussi envoyer un courrier supplémentaire, je dis cela à mon collaborateur.
Je peux d'ores et déjà vous dire que, par rapport aux solutions que vous évoquez, la solution notamment du remplacement des plots en plastique qui sont plus un avertissement qu'une protection physique, qui disent « ok, j'adapte ma conduite en fonction des éléments que je peux trouver le long d'une chaussée ». Je ne pense pas que c'est le remplacement de ces éléments en plastique par des éléments durs qui va protéger efficacement les habitations situées le long de la chaussée. Il suffit de voir les photos que vous m'avez montrées. Je suppose que c'est un poteau électrique qui s'est fait culbuter, donc ce n'est pas des plots en béton qui vont améliorer la situation.
Mais laissons chacun prendre ses responsabilités, que cette réunion soit organisée, en fonction de ce qui a déjà été réfléchi au niveau du SPW, présenté à la Commission provinciale de Sécurité routière, et que chacun puisse venir avec propositions, remarques, critiques, mais surtout suggestions, pour qu'on puisse, après cela, envisager des aménagements.
Voilà ce que je peux vous dire aujourd'hui. Ce n'est pas parce que, aujourd'hui, ce n'est pas une zone à haut risque ou à moyen risque corporel que nous ne pouvons ou ne devons pas agir. Puisque tout le travail qui peut être réalisé maintenant en termes d'étude, d'aménagement et autre, va servir pour être mis en oeuvre en essayant d'étudier les solutions les plus performantes et les moins coûteuses possible.
M. le Président. – La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Je trouve qu'avoir sollicité, aussi rapidement qu'il l'a fait, la réunion de la Commission provinciale de Sécurité routière est une bonne chose et je l'en remercie. Je serai présent - ou représenté - à cette réunion.
Je peux aussi vous dire que la commune est disposée, même si c'est une route régionale, à mettre des moyens complémentaires si besoin en est, parce que je pense qu'il faut aussi tenir compte de l'élément que vous avez avancé en premier, une politique qui a un raisonnement qui doit soutenir cette politique-là. Je ne vais pas vous le reprocher, puisque vous l'avez suffisamment défendu. C'est vrai que ce n'est pas considéré, actuellement, comme une zone à haut ou à moyen risque, encore que les gens me disent que les accidents ne sont pas toujours répertoriés, indiqués ou annoncés. Peu importe, les statistiques sont là pour servir d'indicatif dans une politique, et je veux la comprendre. C'est bien une raison pour laquelle nous, nous disons, parce que nous connaissons aussi l'endroit, que nous tenons à éviter l'irréparable un jour et, dans ce cadre-là, la participation de la commune me semble tout à fait logique.
Je pense que l'élément le plus important, en dehors de toute phase d'aménagement, qui demande une réflexion, qui demande d'être tracée, qui demande une étude, qui demande des investissements -on sait que cela prend du temps- le plus raisonnable, à l'heure actuelle, de tout ce que j'ai entendu comme conseil, c'est réellement le placement d'un radar répressif.
Vous savez, les personnes qui habitent là, à un kilomètre de chez elles, se trouve la Flandre. Elles savent que, lorsqu'elles rentrent en Flandre, elles se font flasher. Il y a la séparation de Frasnes-lez-Anvaing et Renaix, la frontière linguistique, c'est un radar, et qui fonctionne. C'est pour dire bonjour aux Wallons qui ne sauraient pas qu'en Flandre il faut ralentir. Alors, ils se disent parfois : « est-ce que ce radar n'aurait pas été plus utile à un autre endroit ? ». Il faut leur expliquer que ce sont deux régions différentes, ce n'est pas toujours aussi simple qu'on ne le pense. Je pense qu'on pourrait intervenir en la matière aussi. Peut-être que si la Région fait un effort, que si la commune en fait un, on arrivera plus vite à une solution opportune pour les citoyens.
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