Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre LUTGEN sur "A quand un CA pour l'APAQ-W?"
M. le Président. L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine, sur « à quand un conseil d'administration pour l'APAQW ?».
La parole est à M. Crucke pour poser sa question.
M. Crucke (MR). Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers Collègues, l'Union des agricultrices wallonnes qui s'est tenue à Frasnes-lez- Anvaing, le 9 septembre dernier, avait pour sujet
«Marketing et alimentation, promotion, manipulation». Lors de cette journée, Mme Fonck était d'ailleurs présente, l'Union wallonne des agricultrices a exprimé, mais de manière assez radicale quand je dis radicale, là, c'est assez tranché, son mécontentement face au travail de l'APAQ-W. Mécontentement qui, à la limite, ne vise pas seulement des mesures prises ou plutôt qui ne sont pas prises, mais je dirais même un peu le B.A.BA, c'est l'image qui est donnée du monde agricole, ou des agricultrices, l'image que certains comparent à celle du foulard à pois rouges, avec les sabots. En dix ans, on a quand même un peu évolué dans l'agriculture. Évidemment cette ranc ur se renforce par le fait
que l'APAQ-W n'est pas un organisme gratuit en ce qui concerne le monde agricole. L'obole du monde agricole y est versée. On sent bien qu'il s'agit plus d'une attente qui réponde à une vision des agriculteurs dans la société et des perspectives que l'agriculture peut encore développer, nonobstant toutes les difficultés que ce milieu connaît et que vous connaissez aussi bien que moi, si pas mieux. Monsieur le Ministre, concernant l'APAQ-W, qui, pour l'instant, est aux mains du Ministre de l'Administration et le Conseil d'orientation, c'est comme cela qu'on l'appelle, confirmez-vous qu'il y aura des transformations avant 2012 ? Est-on bien dans cette échéance-là? Il semblerait qu'on puisse passer d'un parastatal de type A à un parastatal de type B où le public et le privé seraient présents, avec une demande du monde agricole d'être présent également au sein du conseil d'administration. Où en est-on aujourd'hui dans les négociations? Si le monde agricole est présent, comment le sera-t-il ? À
quel pourcentage ? Peut-on considérer qu'on aboutira assez rapidement à accord? Avez-vous obtenu et reçu des propositions du monde agricole? Etes-vous êtes prêt à les prendre en compte et donc aussi à les suivre ?
M. le Président. La parole est à M. le Ministre Lutgen.
M. Lutgen, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine. Comme vous le savez, c'est le décret du 19 décembre 2002 qui a transformé l'ORPAH, il y en a encore qui disent l'ORPAH, cela m'arrive encore, je m'en excuse, qui est un pararégional doté d'un conseil d'administration en APAQ-W, sous la forme d'un pararégional de type A. Vous connaissez bien le fonctionnement, pararégional de type A qui répond à des règles strictes. J e me suis toujours fait un point d'honneur à respecter l'ensemble de ces règles. Concernant le bilan de l'agence depuis sept ans,
les différents rapports d'activité publiés, on en a encore un qui est passé il y a quinze jours, sont là pour en tout cas avoir un bilan complet des activités. Je suis certain que le décret du 19 décembre 2002 a pu montrer ses limites. Il sera réformé dans les prochains mois. Comme le précise la DPR, je prépare un projet de décret qui fera de l'APAQ-W un pararégional de type B doté d'un conseil d'administration de quinze membres, où la représentation du secteur agricole sera évidemment parfaitement assurée. Cette proposition, comme l'ensemble de la proposition de réforme, a d'ailleurs été concertée avec les organisations représentatives au sens large, la FWA, la FEVIA, etc., comme des conseils d'ailleurs de filières. Dans le futur, les actions de l'APAQ-W s'inscriront dans une stratégie de promotion de nos produits agricoles à long terme et seront déterminées par période trois ans dans le cadre d'un contrat de
gestion passé entre l'agence et le Gouvernement. Voilà ce que je peux vous dire sur ce que vous avez relevé, notamment en termes d'image des agriculteurs, ou agricultrices plus spécifiquement, la façon dont les choses sont présentées. Je peux être d'accord avec vous sur certains points. Cela étant, il y a quand même des représentants du monde agricole qui se situent déjà à l'intérieur de l'APAQW aujourd'hui. Je peux vous donner des exemples très concrets, mais je crois que ce soit en termes d'image véhiculée, que ce soit en termes de marketing, que ce soit en termes d'image des produits agricoles wallons en général, on est toujours en déficit. Je n'accuse pas l'APAQ-W, certainement pas, l'APAQ-W fait un travail justement qui est important de promotion, en déficit par rapport à d'autres pays. Je pense singulièrement à la France, qui, en termes de présentation, en termes de marketing, en termes de publicité, de commercialisation et autres, a quand même, on va dire, une certaine notoriété, une certaine expérience en la matière. Des choses très bien ont été réalisées. Je crois qu'on peut encore augmenter la réalité du niveau de la perception parce qu'on a des produits formidables, sans doute parmi les meilleurs du monde, en tout cas d'Europe, en termes de qualité intrinsèque de nos produits, transformés notamment, mais la matière première aussi. On voit, au travers de la présentation à la fois de ceux et celles qui façonnent ces produits, qui les fabriquent, mais aussi les produits eux-mêmes, s'améliorer l'image de marque, et cela, j'en suis parfaitement convaincu, parfaitement persuadé et on doit le faire en pleine concertation avec les représentants du secteur. Sachant que, et je terminerai par là, à plusieurs reprises, je l'ai dit, à chacun son métier. Et il faut pouvoir accepter aussi bien sûr, sur l'aspect de l'image de l'agriculture et des agricultrices plus particulièrement, si je reprends les éléments que vous m'avez dits, sur l'aspect marketing, de promotion etc., que les agriculteurs participent aux décisions. Cela me paraît important mais je crois qu'ils doivent aussi, et je n'ai pas peur de le dire, faire preuve de l'écoute nécessaire et s'adresser à des professionnels dans ce secteur-là ; et c'est le rôle de l'APAQ-W. J'ai essayé de quitter le change de l'autopromotion de l'agriculture en Wallonie, donc d'éviter que des moyens très importants soient accordés pour rassurer les agriculteurs, parce que c'était un peu cela! Comme dans le temps, il y avait dans Plein Champs des pages de publicités pour promouvoir le Blanc Bleu Belge ou le lait wallon. Cela rassure peut-être l'agriculteur qui lit cela en se disant: « on s'occupe de nous, on fait de la publicité pour nous, c'est bien, merci M. le Ministre». Mais je ne suis pas sûr que cela soit d'une grande efficacité, je suis même sûr du contraire. Donc, j'ai voulu changer cela. Est-ce que j'y suis arrivé complètement ? Sûrement pas! Est-ce qu 'il reste du chemin à parcourir ? Sûrement, et on va le faire ensemble avec tous les acteurs, mais que chacun aussi puisse voir l'autre comme étant le plus performant. Il y a des agents spécialisés en termes de marketing et il y a aussi un point qui est très important, et j'en conclus, Monsieur le Président, veuillez m'excuser d'être un peu long, c'est au-delà, il y a des formations qui sont extraordinaires et les femmes ont joué un rôle très important là-dedans, les
agricultrices, en termes de transformation des produits. Elles ont suivi des formations pour pouvoir accéder à certains statuts et autres, leur permettant de transformer leurs produits. Cela demande un investissement personnel au-delà de la gestion de la ferme, de devoir suivre en cours du soir toute une série de formations. Je pense notamment à tout ce qui est fromages, transformation en glaces, etc., mais il y a d'autres types de diversification bien sûr, et cela demande un gros investissement. Je crois qu'il y a une porte qui doit aussi être ouverte en termes de formation pour la présentation des produits, pour le marketing et autres. Que l'on peut jouer un rôle la fois de soutien à ce type de formation, de pouvoir faire en sorte que de gros professionnels du métier de la communication et du marketing puissent soutenir les agriculteurs, et en même temps, faire un travail sur l'ensemble des produits que nous présentons. Prenez l'exemple de la brochure qui a été envoyée un peu partout « Produits près de chez vous». On a des produits qui sont franchement exceptionnels sur le plan de la qualité intrinsèque du produit et on doit pouvoir encore améliorer la réalité de l'image de marque.
Mme la Présidente. La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). Je me rends compte, à l'entendre dans le cadre de sa réponse, que ma question était mal posée parce que ce que je vous rapporte est conforme à la réalité, c'est-à-dire que quand on est dans une réunion annuelle et où on entend un critique sévère sur l'APAQ-W, on ne peut que se poser un certain nombre de questions. Je pense aussi que la vérité se trouve sans doute entre les deux et c'est pour cela que je dis que ma question était mal posée parce que ce qui est intéressant, c'est de faire le bilan, et c'est le rapport annuel que vous recevez qui permet de le faire. Bilan de l'APAQ-W, des choses sont convenablement réalisées et d'autres qui manifestement ne le sont pas. En tout cas, où le message ne passe pas à l'égard du monde agricole, et rien que cela nécessite une clarification, des rencontres, des négociations. C'est vraiment le sentiment que j'en ai ressenti : d'abord que des gens étaient blessés par ceux qui les représentent, alors que d'une certaine manière, ils ont à relayer le message mais aussi de dire, on paie et si on paie, on doit exiger la qualité, ce en quoi je suis assez d'accord. Si on a une participation financière, raison de plus pour être assez exigeant sur la qualité. Quand je vous remercie, c'est parce que vous avez eu l'intelligence d'aller au-delà de ma question et de ne pas vous limiter simplement. C'était pour moi un échange intéressant.
(M. Crucke, Commissaire, prend place au fauteuil présidentiel).
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