Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre MARCOURT sur "la Wallonie Picarde frappée par un tsunami économique appelé 3 Suisses et La Redoute"
M. le Président. L'ordre du jour appelle les questions orales de M. Crucke sur « la Wallonie picarde frappée par un tsunami économique appelé 3Suisses et La Redoute», de M. Senesael sur « la crise du secteur des ventes par correspondance, particulièrement les 3Suisses», de M. Gadenne sur « le départ, vers la France, des entreprises du secteur de la vente par correspondance de Wallonie picarde » et de M. Tiberghien sur « le plan de restructuration annoncé par les 3Suisses à Tournai et la menace de perte de 160 emplois que cela entraînera » à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles.
La parole est à Monsieur Crucke.
M. Crucke (MR). Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, ce sont deux et j'espère qu'ils ne resteront que deux, encore que je n'en suis pas sûr dossiers qui préoccupent la Wallonie picarde, mais le gouvernement également. Monsieur le Ministre-Président s'est d'ailleurs lui-même rendu sur place dans l'une des deux entreprises 3Suisses, avec votre chef de cabinet d'ailleurs. Ces dossiers préoccupent parce que l'on sent bien qu'il y a un tournant qui a été pris par un secteur, qui est un secteur de la correspondance, du commerce par correspondance. Il peut y avoir un avantage et un inconvénient lorsque l'on prend un tournant. L'inconvénient, c'est que si on le prend mal, on peut dérrraper. L'avantage, c'est qu'après un tournant, normalement il y a une ligne droite, on doit pouvoir retrouver un secteur différent sûrement. Mais on doit pouvoir en retrouver un. Or, ici, j'ai quand meme l'impression que, en dehors du fait qu'il y ait restructuration d'un métier pour dire comme ça j'ai aussi l'impression qu'il y a d'autres éléments qui jouent et qui, finalement, font en sorte qu'on a une sorte de goût amer en se disant que la Wallonie et la Wallonie picarde en particulier est peut-être le dindon d'un mauvaise farce ou, en tout cas, d'une décision d'entreprise dans lequel on a une tendance à recentrer vers non pas le core business de l'entreprise, mais vers le siège de l'entreprise plutôt que de tenir compte d'un équilibre qui est un équilibre transfrontalier dans ce cas-ci. Pour La Redoute, le plan qui a été annoncé n'est plus un plan puisque, là, c'est la fermeture, maintenant, qui est annoncée. Ce sont 90 personnes qui se retrouvent sur la route alors que et je m'en souviens pour vous avoir questionné à deux reprises sur ce dossier des offres ont été faites par la Région wallonne. Des aides étaient possibles, étaient matérialisables, négociables. Donc, je pense que, réellement, du côté du gouvernement, on a fait ce qu'il fallait faire pour tenter de sauver la situation. Cependant, pour avoir encore eu une syndicaliste au téléphone hier soir qui m'a dit qu'elle avait l'impression d'être face à un mur. Il n'y a pas de communication. Il n'y a pas de contact. Il n'y a pas de négociations. Manifestement, on ne veut même pas entendre ce que les travailleurs ou la région disent. Dans le cas des 3Suisses, c'est un peu différent puisque l'on annonce un plan de restructuration mais qui pourrait concerner je le mets au conditionnel puisque là les chiffres ont parfois été contestés 160 personnes. Mais, par contre, ce qui n'est pas différent dans un cas comme dans l'autre, c'est que 3Suisses annonce la fermeture d'un secteur logistique pour en construire un autre dans le Nord Pas-de-Calais, à Hem. Et, dans le cas de la Redoute, c'est la meme chose, La Redoute ne disparaît pas! Il se concentre et se construit en France, Nord Pas-De-Calais. Là, je trouve, que, à moment donné, on peut avoir tous les langages policés l'énervement, la méchanceté, la violence du propos n'est sans doute pas ce qui amène la solution mais je pense aussi qu'on doit appeler les choses telles qu'elles sont : appeler un chat un chat. Je considère personnellement que ce dossier est réellement un échec de l'eurodistrict, de ce qu'on a mis sur le devant pendant des semaines, des mois, pour ne pas dire des années: cette collaboration entre le nord de la Frande, la Wallonie picarde et même la Flandre. Dans ce cas-ci la Flandre n'est pas dans le jeu. C'est un échec. En effet, aucun mécanisme n'a permis à ce stade en tout cas, et pour La Redoute, c'est terminé, c'est trop tard de trouver une solution qui soit une solution respectueurse des intérets des un des autres. Qu'un secteur évolue, qu'un secteur soit rénové, qu'il doive se restructurer meme de manière lourde, je peux le comprendre et je peux même l'accepter. J'ai un peu plus de mal à accepter que ce type d'entreprise n'ait pas vu venir le vent. Les moyens sont ce qu'ils sont. Je pense qu'ils avaient l'occasion de le faire. D'un côté, là où on a besoin de nous comme partenaires dans d'autres dossiers et où systématiquement, on vient nous dire que c'est l'eurodistrict qui est l'avenir d'une région et, d'un autre côté, à la première occasion, où le besoin de solidarité se fait ressentir, on a l'impresssion que ceux qui parlent de l'eurodistrict lui ont tourné le dos. Et donc ce que je demande maintenant au ministre wallon, parce que c'est le Ministre wallon de l'Economie qui a le dossier entre les mains, c'est de me dire si oui ou non il y a encore un espoir dans l'un des deux dossiers. Dans l'autre j'ai compris que ce n'était plus le cas. Il n'y a plu de possibilité. Si oui, quelle est, très pratiquement, la manière dont on peut travailler? Tout à l'heure j'avais critiqué le fait que nous avons des intercommunales sur le même bassin mais elles sont là. Voilà! Est-ce que c'est pas maintenant qu'elles doivent se mouiller à fond, dans une cellule avec la Région wallonne de manière à ce que la capacité des travailleurs qui sont là puissent être rapidement réutilisés. Je pense que tout espoir n'est pas perdu. Mais ne faut-il pas aussi que le Ministre wallon de l'Economie signale à son collègue français qu'on est pas ici dans un Bantoustan où on fait ce qu'on veut. En d'autres termes, je vais etre très crû. Si ces entreprises ont été aidées par la Région wallonne à un quelconque moment dans leur passé, je pense qu'il faut savoir faire le compte aussi. On ne peut pas penser qu'en Wallonie, on vient uniquement chercher la qualité de l'emploi, on sollicite des aides publiques qui sont généreuses et tant mieux parce que c'est un partenariat qui est intéressant et après dire «bye-bye», « laissez-moi tranquille».
Pour ma part, en tout cas, je n'ai pris qu'un engagement et je vous ai dit que j'ai eu hier une syndicaliste au téléphone c'est que je ne laisserai pas ce dossier tranquille, parce que je pense que comme parlementaire et pas local, c'est du sousrégional peut-être ici -, on ne peut pas accepter ce genre de management qui, je trouve, est irrespectueux de beaucoup trop de monde, mais également du pouvoir wallon que vous représentez. Je souhaiterais que ce dossier, vous le traitiez comme vous pouvez le faire avec une certaine fermeté.
M. le Président. La parole est à M. Senesael pour poser sa question.
M. Senesael (PS). Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, déjà lors de la crise rencontrée par La Redoute, j'avais eu l'occasion avec d'autres parlementaires de vous interroger en question d'actualité puis par deux reprises en questions orales sur l'évolution de ce dossier dans lequel vous-même et votre cabinet vous êtes fortement impliqués. Qu'il me soit permis de vous témoigner, en tout cas, nos remerciements et notre reconnaissance même si les résultats n'étaient pas à la hauteur de ce qui avait été escompté. J'avais aussi, lors des prises de parole précédentes, Monsieur le Ministre, craint l'effet domino que pouvait jouer la décision de La Redoute sur les autres entreprises de vente par correspondance qui sont assez florissantes en Wallonie picarde, les 3Suisses en étant une des leurs. Cette société de vente par correspondance, Monsieur le Ministre, annonce que près de 160 des 208 travailleurs qu elle occupe à Tournai sont menacés. Cette restructuration concerne les services marketing, administration générale, relation avec la clientèle et la logistique. Seul l atelier de diffusion publicitaire serait maintenu à Tournai. Les licenciements s étaleraient en trois phases avec 40 pertes d emplois pour fin juin 2011, 40 licenciements pour septembre 2011 et 80 départs pour fin 2012. Il semble que la société souhaite faire évoluer son site web le même processus que celui envisagé par La Redoute et recherche d importants capitaux. Dans cette perspective, elle compte fermer l implantation de Tournai et construire à Hem, dans le nord de la France, une nouvelle implantation logistique pour l'envoi et le retour des colis. Ce qui est différent ici de La Redoute, c'est que La Redoute avait un centre à Watrelot vers lequel elle compte rapatrier l'activité mouscronoise alors que, pour les 3Suisses, on envisage la création d'un site. J y reviendrai tout à l'heure dans le cadre de l'Eurométropole. Après l annonce de la société La Redoute de l importante opération de licenciements sur le site de Dottignies, cette nouvelle crise démontre les difficultés et les défis auxquels doit faire face le secteur de la vente par correspondance ; secteur très important dans le tissu économique de la Wallonie picarde faut-il le rappeler. Il est très important de maintenir un maximum d emplois sur notre territoire. Tout le monde le concède. Dans ce contexte, il importe, Monsieur le Ministre, d insister sur la très grande expérience des employés du site tournaisien pour tout ce qui touche à la relation clientèle. Je pense notamment au site web ou au call center. Cette expérience dont la grande qualité, et d ailleurs reconnue par les Français, constitue certainement un argument fort pour maintenir ces emplois chez nous. Qu'en est-il de la situation réelle des 3 Suisses ? Quelles dispositions sont disponibles pour soutenir la Wallonie picarde et le secteur de la vente par correspondance en particulier ? Comment l'aider à s'adapter au contexte commercial actuel ? Quelles pistes de solutions pourraient-elles être explorées ? Dans le cadre du Plan Marshall, Monsieur le Ministre, y a-t-il, là, des possibilités qui peuvent être exploitées concernant cette particularité? D'autant que, notre Collègue M. Crucke l'a rappelé, dans le contexte de l'Eurométropole qui nous concerne, il y a des contacts privilégiés qui pourraient être entrepris à cet effet. Monsieur le Ministre, je ne vous ferai pas l'injure de vous rappeler que, à votre initiative, nous avons installé en Wallonie picarde le centre de logistique du FOREM lors de la législature précédente parce qu'on avait pu démontrer toute l'importance de la logistique au sein de notre région. C est un outil précieux et intéressant qui n est peut-être pas suffisamment mis en exergue en collaboration avec votre collègue actuel, M. le Ministre Antoine, dans le cadre des dispositions qui pourraient être prises pour valoriser tout ce secteur de logistique en Wallonie picarde. Vous ressentez à travers nos interrogations, les inquiétudes d'une région pour l'emploi, pour notre économie, mais aussi pour la qualité sociale que nous souhaitons rencontrer au sein des différentes entreprises concernées par ces restructurations. Monsieur le Ministre, d'avance, je vous remercie de vos réponses et surtout de l'appui que vous pourrez apporter, avec votre collaborateur, pour
essayer de régler une partie si ce n'est l'ensemble des problèmes et problématiques rencontrés.
M. le Président. La parole est à M. Gadenne pour poser sa question.
M. Gadenne (cdH). Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues, il y a un mois, La Redoute annonçait son souhait de fermer le site logistique de Dottignies pour transférer ses activités en France. Depuis, la direction n a pas donné suite à vos propositions ni à celles de l Intercommunale IEG. Le personnel a d ailleurs débrayé pour dénoncer l attitude de la direction. La semaine passée, c'était les 3Suisses. Le plan de restructuration envisagé concernerait près de 160 travailleurs. J ai eu un contact avec un membre du personnel qui m a signalé que le centre d accueil téléphonique serait particulièrement touché. Les 3Suisses souhaitent se tourner exclusivement vers les commandes en ligne. On a déjà entendu à plusieurs reprises ce message : « Internet a créé une nouvelle concurrence à laquelle ce secteur doit faire face». Apparemment, la réponse donnée par le secteur est la suppression d emplois. J ai également entendu que le catalogue papier qui sera revu, serait désormais produit en France et que la chaîne d expédition logistique sera déplacée vers le site de Croix ou Hem, en France. Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, me confirmer ces informations ? D autres services seront-ils déplacés en France ? Quelle est l analyse que vous portez sur ces départs groupés vers la France et, plus globalement, sur l avenir du secteur de la vente par correspondance qui semble particulièrement touché ces derniers temps ? La Région wallonne ne peut-elle rien faire pour freiner cet exode ? Par ailleurs, j ai appris que M. le Ministre- Président Rudy Demotte s était rendu à l entreprise. Quels sont les résultats de cette intervention ?
M. le Président. La parole est à M. Tiberghien pour poser sa question.
M. Tiberghien (Ecolo). Monsieur le Ministre, on peut résumer maintenant car avec l accumulation de questions qui vous parviennent sur le sujet, vous vous rendez bien compte du séisme que cela provoque pour notre sous-région, mais aussi pour l ensemble de la Wallonie parce que quand on parle de 250 emplois perdus, cela dépasse largement les enjeux d une sous-région. Il y a deux constats. Je crois que le premier constat à faire est qu on est vraiment face à une révolution technologique et face à des entreprises qui ont compris beaucoup trop tard l évolution de ce type de commerce. Je pense qu il faut vraiment faire ce constat que ces entreprises n ont pas bougé et amènent des drames comme celui d aujourd'hui. Je pense qu'il ne fallait pas être très malin pour se rendre compte que ce système de commerce était quand même un peu dépassé avec le web et l'évolution d'internet. A la librairie où j'achète mon journal le Soir, j'étais régulièrement confronté à un quart d heure d'attente parce qu on cherchait un paquet dans un amas de paquets de La Redoute ou 3Suisses, et parce que d autres ramenaient des marchandises qui ne correspondaient pas. Le deuxième constat soulevé par plusieurs collègues, c est ce regroupement. C est vraiment une tendance à regrouper les activités au sein de leur société-mère, et ce, principalement dans la banlieue lilloise toute proche. On l a dit pour les 3Suisses, mais c est également vrai pour La Redoute. Pour La Redoute, je dirais quand même que le dossier n est pas terminé. En effet, si les 94 emplois ont l air d être définitivement condamnés vu l attitude de la direction et malgré les efforts de votre part, du propriétaire du bâtiment et de l Intercommunale IEG, apparemment, c est un veto face à ces propositions. Mais il reste quand même une entreprise importante sur Estaimpuis. Je pense donc qu il ne faut certainement pas rester inactif par rapport à cette entreprise La Redoute parce qu il pourrait y avoir encore des conséquences bien plus importantes à l avenir. Je ne reviendrai pas sur les chiffres des 3Suisses et le plan commercial enfin axé vers le web pris avec beaucoup de retard à la place du catalogue papier. Ce sont les relations avec la clientèle et le regroupement à Hem qui pose beaucoup de questions, évidemment. Vous n êtes pas resté sans réagir tout comme l ensemble des autorités de Wallonie. M. le Ministre-Président, dans sa sous-région évidemment, a fait une apparition très rapidement sur le terrain. Mais, il avait l air optimiste, sans dévoiler aucunement certaines actions qui pourraient être entreprises et qui sont d ailleurs beaucoup plus de votre ressort que du sien. Il nous semble intéressant de savoir aujourd'hui quelles démarches vous pouvez faire comme Ministre et avec le gouvernement pour maintenir un maximum d emplois chez nous? En effet, il faut quand même remarquer que les 3Suisses, contrairement à La Redoute qui ne donne plus aucun espoir aux 94 emplois, parlent quand même d une perte de 160 emplois, au pire. Il faut retenir ce mot : au pire. Cela veut dire qu il y a peutêtre un espoir d en sauver parmi ces 160. C est làdessus, à mon avis, qu il faudrait agir. Une des causes des difficultés de l entreprise, c est la lenteur de son adaptation. Que pourrait-on faire aussi, en lien sans doute avec M. le Ministre Antoine? Que peut faire la Wallonie pour ces entreprises mais aussi d autres qui existent encore dans le même domaine pour qu il y ait peut-être une formation pour ce nouveau travail puisque, finalement, c est une nouvelle profession par rapport à ce que ces personnes font actuellement?
Enfin, s il y a des aides proposées par la Région wallonne, je suppose, Monsieur le Ministre, que nous devons avoir des garanties pour que l entreprise ne délocalise pas totalement ses activités vers la France une fois les aides obtenues... En effet, cela reste réellement sous-entendu dans certains propos et il s'agit d'un vrai danger pour nous. Ce serait quand même malheureux d en venir à des aides qui ne se retrouvent pas en Wallonie mais qui seraient utilisées pour un regroupement d activités vers la France.
M. le Président. La parole est à M. le Ministre Marcourt.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Monsieur le Président, Messieurs les Députés, ce dont nous avons à traiter dans le cadre de ces questions orales conjointes doit être une source de réflexion sur comment être à l avant-garde et un jour se retrouver dépassé. Voilà des gens qui ont été à l avant-garde d une autre forme de commerce et qui ont anticipé la distribution logistique par correspondance et qui, aujourd'hui, parce qu ils n ont pas nécessairement anticipé, alors que c était sous leurs yeux, on ne peut pas dire que cela s est fait en cachette, ils ont vu le web avancer, la vente par internet se développer dire aujourd'hui qu'il faut faire des révolutions comportementales et technologiques. Je pense que dans les cours de management, c est intéressant. Cela ne résout pas le problème douloureux des travailleurs mais je pense que tout qui s intéresse à l économie et à l évolution des pratiques économiques devrait s intéresser à ce casus de manière importante.
Deuxièmement, il y a dans les deux cas quelque chose de frappant : c est le repli sur le territoire de base. Au moment où on parle de l Europe en général, on peut s étonner de voir cet élément alors que la Wallonie est reconnue par H&M, par Johnson&Johnson et par bien d autres comme la terre de logistiques. On aurait pu donc se dire qu on allait profiter d une situation plus intéressante plutôt que de voir ce sentiment. Ce sont des éléments qui ne sont pas directement ancrés dans le dossier, mais qui doivent nourrir notre réflexion. On peut s étonner de voir deux grandes sociétés comme celles-là, ne pas avoir compris que, dans l évolution, internet allait effectivement modifier de manière radicale la manière de commercer. Donc, aujourd'hui, ce qui est indiqué, c est que la vente par correspondance classique a une chute du chiffre d affaires. Cela ne paraît pas étonnant. Ce qui est dramatique par contre, c est la conséquence puisqu on parle de 250 travailleurs concernés, un peu plus de 90 pour La Redoute, 160 vous avez utilisé «au pire» qui sont concernés aujourd'hui chez 3Suisses. Nous avons eu des contacts, que ce soit avec les organisations représentatives des travailleurs ou avec la direction des deux sociétés mais pour commencer de La Redoute pour faire un état des lieux. Nous avons indiqué à la direction de La Redoute que nous étions prêts et vous avez très justement rappelé à faire un certain nombre d aides pour justifier du maintien voire même du développement de leur activité chez nous. Les organisations syndicales étaient prêtes à faire des efforts, que ce soit en termes de prépension, d aménagement du temps de travail pour avoir un impact sur les frais généraux et fixes de l entreprise. Le propriétaire du site a indiqué qu il était prêt à réduire le prix de location. L IEG a même proposé trois ans de gratuité pour y arriver puisqu on nous indiquait qu il fallait absolument réduire le volume général des coûts de manière à réorienter les masses financières libérées afin d'être plus agressif via internet. Constatons que malgré tous les efforts conjoints de toutes les parties, nous n'avons eu qu'une fin de non recevoir. En ce qui concerne les 3Suisses, ils nous disent que le site de Tournai est déficitaire ainsi d'ailleurs que le concept de manière général à l'international. Par conséquent, l'entreprise souhaite faire deux choses: d'une part, se redresser économiquement et d'autre part, mettre l'accent sur internet. L'entreprise va investir dans un tout nouveau site industriel. Le regret que j'ai est qu'on ait pas mis Tournai en évidence et qu'on ait pas pu regarder pourquoi ce n'était pas Tournai qui avait l'ensemble de ces éléments. De nouveau, le constat que je mets en évidence se fracasse sur la volonté du propriétaire de l'entreprise. Si j'écoute la direction des 3Suisses, le plan de restructuration n'est pas définitif mais il est question que l'entreprise en tout cas le site de Tournai se sépare de 160 travailleurs sur les 370, 70 ouvriers et 90 employés, 40 personnes du département Service Marketing et Administration générale partiront pour le 30 juin 2011, 40 personnes du département relation client pour décembre 2011 et 80 personnes dans le département logistique. Il nous est indiqué qu'il s'agit là de chiffres maximum qui pourraient être revus à la baisse. La direction a rappelé qu'elle souhaitait pérenniser un maximum d'emplois dans la région, qu'elle était présente en Belgique depuis 1933 et qu'elle souhaitait y rester. Une réunion s'est tenue à ce sujet le 8 février dernier à l'initiative du Ministre Président. Je tiens à redire aujourd'hui spécialement aux 3Suisses puisque pour le dossier de La Redoute je n'ai plus guère d'espoir que nous sommes prêts à envisager toutes les solutions en ce compris de permettre aux 3Suisses de faire l'économie d'un investissement total à Hem et de le faire à Tournai. Ce serait un preuve d'un ancrage européen fort.
M. le Président. La parole est à M. Crucke.
M. Crucke (MR). Monsieur le Ministre, je vous remercie, bien évidemment, pour la réponse que vous apportez mais je suis tristement moins optimiste que vous, même pour les 3Suisses.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Je ne sais pas où vous avez vu mon optimisme...
M. Crucke (MR). Non. Je n'ai pas dit que vous étiez optimiste, d'ailleurs. Ce n'est pas ça que je veux dire. Mais sincèrement, quand deux entreprises pensent d'abord pour l'une à agrandir son dépôt logistique pour en construire un nouveau du côté de la France et vient annoncer ensuite les mesures de restructuration en Belgique à quelques kilomètres tout ça se passe à quelques kilomètres des un des autres je vous avoue que j'ai du mal à croire le message de cette entreprise, à crédibiliser tout message de cette entreprise. Quand il y a un problème, on parle restructuration. Ca c'est une évidence. Mais ici, c'est un procédé différent qui a été utilisé. Et je pèse mes mots. Ils ne dépendent que de moi et je les assume totalement: ce sont des procédés de voyous. Deuxièmement, pour bien vous faire comprendre ce que vivent les travailleurs dans une région comme la notre dans ce secteur, je pense qu'ils sont touchés par un double mal. Quand vous êtes trompé par quelqu'un, c'est toujours douloureux, mais quand vous l'êtes en plus par un ami : le Nord-Pas-de- Calais, l'Eurodistric, les Chtis comme on dit, la Wallonie picarde, voilà! Tout le monde était tellement heureux de voir Dany Boon faire ses études en Belgique, faire son film en France. Les journaux sont plein d'histoire des deux côtés. Ce sont des amis. Quand des amis jouent ce jeu-là, ça fait doublement mal. C'est cruel. C'est cela que ressentent les travailleurs, en première ligne, mais également j'ai envie de vous dire le monde politique. Je suis vraiment blessé par l'attitude du patronat français et blessé par le silence des politiques français. Je n'ai pas entendu un politique de quelque parti que ce soit en France de droite comme gauche se lever pour dire : on ne peut pas accepter ça. C'est la loi du silence ! Et bien je crains sur le devenir de structures commes l'eurodistrict quand les uns et les autres sont capables de se taire sur des dossiers qui sont des dossiers où l'avenir est commun. Vous savez c'est pas les 20 kilomètres de différence qui vont faire que l'on va gagner plus d'argent en France en Belgique. C'est totalement incompréhensible.
Enfin, vous n'avez pas répondu à cette question là mais je pourrais y revenir même par une question écrite, vous savez que quand je suis un dossier, j'essaie d'aller jusqu'au bout je veux savoir si La Redoute a bénéficié de fonds publics wallon.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Non, excusez-moi.
M. Crucke (MR). Non mais c'est bien. Vous me répondez donc je pense que c'est une assurance.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Si je peux me permettre...
M. le Président. Je vous en prie Monsieur le Ministre.
M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Et il est clair que toutes les aides que nous donnons sont toujours conditionnées à la pérennité de l'emploi et des conditions d'emploi. Voilà, pour répondre aux deux questions que vous avez posées.
Excusez-moi de ne pas l'avoir fait.
M. Crucke (MR). Non mais c'est très bien. Je pense que, là, au moins, la réponse a le mérite d'être claire. Ils n'ont pas bénéficié d'argent public wallon. Ils pouvaient en solliciter pour se restructurer et finalement on a laissé ça sur le côté.... Aucune considération pour tout ce qui a été proposé. C'est parfaitement lamentable.
M. le Président. La parole est à M. Senesael.
M. Senesael (PS). Merci Monsieur le Ministre pour les réponses que vous nous avez apportées. Comme vous, on peut légitimement s'interroger sur cette modification radicale de la praticabilité du commerce et du manque de proactivité de l'entreprise quant à l'utilisation d'internet. C'est un fait.
Deuxièmement, il n'empêche que le but et les objectifs poursuivis, que ce soit par La Redoute et les 3Suisses, en modifiant leur marketing, c'est bien entendu, minimum de maintenir, ambitions avérées : augmenter leur nombre de ventes et donc leur chiffre d'affaire. Pour ce faire, il faudra toujours acheminer les colis et donc que une importance croissante de la logistique si leur plan s'avère concret et concluant. Je pense qu'il faut s'interroger. Pourquoi y a-t-il cette délocalisation vers la France tant pour La Redoute que pour les 3suisses ? Je le répète pour La Redoute, avec un site existant, pour les 3Suisses avec un site à construire, à établir. Personnellement, je crois qu'il serait pertinent, Monsieur le Ministre, que votre administration analyse les raisons, les coûts financiers différenciés entre le maintien de l'emploi en Wallonie et en Wallonie picarde en particulier et l'établissement de cet emploi en France. Quand on avait reçu la directrice de La Redoute... L syndicats avaient parlé quand même d'un coût qui pouvait être différent, jusqu'à 30% de la valeur du montant des salaires à payer. Je pense que là il faudrait en tirer les enseignements, mesurer les conséquences et voir les solutions qui pourraient être adaptées voire adoptées par le ministre que vous êtes, les intercommunales et les pouvoirs locaux concernés. Je ne m'inscrirai pas dans les termes utilisés par notre collègue, M. Crucke. Je ne dirai surtout pas que ce sont des procédés de voyous parce que je pense qu'il faut absolument analyser les choses de manière claire et clairvoyante et voir justement dans cette europemétropole quels sont les liens qui sont nécessaires à mettre en place pour faire évoluer les choses d'une manière tout à fait différente. Je pense que les vertus du dialogue en ce qui concerne les 3Suisses peuvent encore être très importantes. Elles peuvent encore être très positives. Je voudrais encore vraiment miser sur les possibilités qui exigent de veiller à ce que le plan qui a été annoncé pour les 3Suisses ne soit pas mis à exécution. Je pense que l'utilisation du vocabulaire peut aussi être très importante.
M. le Président. La parole est à M. Gadenne.
M. Gadenne (cdH). Je voudrais remercier M. le Ministre pour ses réponses. Je le remercie aussi pour toute son action dans ces dossiers. Je dirais que ça n'a pas été évident et c'est une catastrophe pour notre région. Au-delà de cela, c'est peut-être aussi surtout le chômage féminin puisque, dans ces deux entreprises, énormément de femmes vont perdre un emploi. Cela veut dire des familles dans la misère et, sans doute, encore beaucoup d'éléments dans la région qui vont changer. Je crois que, au-delà de remonter la pente en essayant de trouver de nouveaux emplois féminins dans la région, ce serait très important.
M. le Président. La parole est à M. Tiberghien.
M. Tiberghien (Ecolo). Monsieur le Ministre, moi aussi, je vous remercie pour votre réponse. Je pense pouvoir faire le constat avec vous, et en fonction des évolutions du dossier que, pour La Redoute, quoi qu'on ait pu faire, quelque initiative qu'on ait pu prendre, la décision était de toute façon prise. On peut espérer encore sur les 3Suisses, avoir un espoir, si pas de sauver 160 emplois, au moins une partie d'entre eux. Je compte sur vous là-dessus. Il faut garder cette ligne d'espoir avant d'aller dans l'injure ou dans les qualificatifs trop poussés. Je voudrais vous dire que je suis content que vous ayez ajouté le dernier mot sur les aides régionales wallonnes parce qu'il y a eu une époque une autre époque bien avant la vôtre à votre fonction où il n'y avait pas ces aides conditionnées à la garantie de maintien de l'emploi en Wallonie. Je pense que vous avez pris cette option-là maintenant depuis un certain temps et je m'en réjouis parce qu'on vous en voudrait tout autant d'avoir aidé une entreprise qui ensuite s'échappe de notre territoire. Gardez cette ligne mais je pense que je n'ai pas perçu beaucoup d'optimisme quand vous dites pourquoi pas l'implantation entière à Orcq plutôt qu'en France. Je pense que c'est une très belle proposition mais, pour moi, elle est tellement optimiste que je n'y crois pas trop. Il n'empêche, nous sommes tous là pour d'abord essayer de sauver une partie des emplois des travailleurs occupés actuellement.
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