jeudi 24 février 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "Dopage dans les salles de fitness"

M. Jean-Luc Crucke (MR). – Le dopage nuit à la santé des personnes qui y recourent, mais également à l’image du sport. En effet, en plus de travestir le résultat, le dopage abuse les supporters. Pour sa part, la Communauté flamande intensifie depuis quelques années sa politique de lutte contre le dopage dans les salles de fitness, propices semble-t-il à ce genre de pratiques. C’est ainsi qu’en 2010, 25,6 % des « sportifs » auraient été contrôlés positifs, essentiellement aux anabolisants. Ces contrôles n’étant pas effectués quotidiennement, on peut se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Bien que je ne les connaisse pas, cela m’étonnerait que les chiffres soient différents en Communauté française. Premièrement, existe-t-il pour 2006-2010, des statistiques sur le nombre de contrôles effectués, sur la manière dont ils le sont, sur leurs résultats, et sur la sollicitation éventuelle des services de police ? Deuxièmement, comment lutter efficacement contre le dopage dans les salles de fitness ? Je suis toujours étonné de trouver à l’entrée de certaines salles, une série de produits mis en vente afin d’améliorer les performances des usagers. C’est leur premier contact avec la salle. Ne faudrait-il pas y réfléchir ? Troisièmement, des contacts ont-ils été pris avec le parquet ou le ministère de la justice ? Enfin, comme le soulignait un article de la presse flamande, contrairement à de nombreux sports, le fitness ne possède pas de fédération et par conséquent aucun interlocuteur privilégié. Cette absence de fédération ne participe-telle pas à l’anarchie juridique ? N’y a t il pas une politique à mettre en place dans ce sens ?


Réponse de M. André Antoine vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports :Suite à votre question sur la disponibilité de statistiques relatives aux salles de fitness, j’ai alerté la cellule anti-dopage de la Communauté française afin qu’elle me fournisse le nombre de contrôles effectués dans ces salles et lors des compétitions de bodybuilding. Aucun contrôle n’a été effectué en 2006. Pour 2007, sur vingt-six sportifs contrôlés en compétition et quarante-neuf hors compétition, dix-sept étaient positifs, soit 22,67 %. Les substances détectées étaient essentiellement des stimulants, cannabis, anabolisants, testostérone, diurétiques, etc. En 2008, les neufs sportifs contrôlés en compétition ont été déclarés positifs. Je dois préciser que les salles contrôlées étaient déjà considérées comme suspectes, ce qui biaise les statistiques. Pour 2009, sur 40 sportifs contrôlés en compétition, dix-huit étaient positifs, soit 45 %. Les substances détectées étaient quasi les mêmes que lors de contrôles de 2007. Enfin, en 2010 sur douze sportifs contrôlés en compétition, sept ont été reconnus positifs, soit 58 %. Toute notre législation est basée sur la notion de discipline interne. En vertu du décret du 8 mars 2001, il incombe aux fédérations de sanctionner leurs membres fautifs. Le Conseil d’État a du reste consacré le principe de la liberté d’association. Considérant que l’autorité créée par nos amis flamands est une autorité administrative, le Conseil d’État a précisé que les recours doivent lui être adressés.
Nous ne sommes pas restés inactifs en l’absence de fédération sportive, ainsi qu’en atteste le contrôle de compétitions dans des salles « suspectes ». Par ailleurs, je vous rappelle l’existence de sanctions pénales. Nous avons conclu un accord avec les parquets prévoyant l’échange régulier d’information. Il impose la transmission d’une copie certifiée conforme des procès verbaux établis par les médecins contrôleurs et la notification au parquet général de toute sanction disciplinaire.
Les médecins sont souvent victimes de menaces ou d’intimidation lorsqu’ils se rendent dans les salles. Depuis la signature du protocole, les contrôles se font en présence de policiers de façon à prévenir les dérapages. Cette manière de procéder est d’autant plus nécessaire que nous contrôlons en priorité les salles soupçonnées par les services judiciaires d’arrondissement de distribuer ou de revendre des produits prohibés. Bien sûr, cela reste insuffisant, raison pour laquelle nous avons chargé le cabinet Vanden Eynde de dresser un état des lieux de la législation et de préparer – avec mon cabinet et l’administration – un projet de reconnaissance, d’agrément et de labellisation des centres de fitness. L’objectif est d’offrir des garanties de qualité de l’encadrement aux personnes désireuses de s’inscrire dans une salle. J’espère être en mesure de le soumettre au parlement à la rentrée. Je crois aussi que nous pourrions mettre à profit l’émergence du tribunal sportif de première instance que constituera l’AISF sur la base du décret antidopage. L’AISF serait la première instance pour la partie sportive, en attendant l’apparition d’une fédération des salles de fitness et de body building. Cela aura évidemment des conséquences en termes d’agrément, de labellisation et de mise en garde des sportifs vis-à-vis des salles n’offrant pas les conditions élémentaires de santé. Je vous demande un peu de patience. Le cabinet est en train de recenser les législations en vigueur dans d’autres pays, y compris en communauté flamande.
J’espère pouvoir saisir le gouvernement de ce texte en première lecture en juin ou en septembre. Les éléments sont suffisamment inquiétants. Les services judiciaires connaissent ce qu’il en est de certaines salles mais pas le grand public. Nous souhaitons dès lors légiférer pour mieux protéger et prévenir.

Réponse de M. Jean-Luc Crucke (MR) :Je remercie le ministre pour sa réponse complète. Comme il le souligne, il y a de quoi s’inquiéter à double titre. Certaines salles sont connues, ciblées et surveillées. Le ministre cite les chiffres de contrôles dans les salles mais aussi lors des compétitions. Ils montrent que des sportifs dopés prennent le risque de se présenter aux épreuves. Il faut plaider pour une augmentation des contrôles et n’avoir de cesse de poursuivre le milieu du dopage. Je vous félicite pour les démarches menées avec le parquet et le recours à la police. L’accueil de l’inspecteur est parfois difficile, il n’est donc pas inutile de lui fournir un tel appui.
Proposer un décret de labellisation est une bonne initiative qui permettra aux sportifs pratiquant leur discipline dans les règles de l’art de recevoir l’aval des autorités.

Réaction de M. Crucke :« Je trouve cela inquiétant de voir le taux de positivité du nombre de sportifs ayant recourt au dopage. Impressionnant et inquiétant. Cela prouve qu’on est dans une zone de non droits où le pire côtois parfois le meilleur mais où manifestement certains n’hésitent pas à mettre leur santé et celle des autres en danger pour des futilités telles que la gloire d’un physique plus musclé. C’est réellement et je le redis, très inquiétant. » Jean-Luc Crucke

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