mardi 10 mai 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre MARCOURT sur "les résultats wallons de la mission princière en Russie"

la Présidente. L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles, sur « les résultats wallons de la mission princière en Russie » et la question orale de M. Mouyard à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles, sur « l'implantation de Marussia en Wallonie ». La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

Crucke (MR). Merci Madame la Présidente. Monsieur le Ministre vous vous êtes rendu, dans le cadre de la mission princière, à Moscou et à Saint-Petersbourg, donc en Russie, au début du mois d'avril. J'ai d'ailleurs cru comprendre que la Wallonie était parfaitement bien représentée, ce qui était un peu moins le cas pour la Flandre, si j'ai bien compris, qui était au Brésil, à ce moment-là, dans une autre mission. Les commentaires qui sont pour l'instant répertoriés sur cette mission sont des commentaires assez élogieux. Ils semblent dire que la mission était à la fois bien préparée, mais a aussi bien rempli ses objectifs. Ce qui m'intéresse, c'est évidemment de connaître les résultats de la mission pour la Wallonie. Avez-vous pu, dans ce cadre, avoir des contacts importants ? Des contrats ont-ils pu être signés ? A-t-on pu déployer un certain nombre d'activités qui pourront se développer à la fois en Wallonie, mais qui pourront peut-être aussi permettre aux entreprises wallonnes de se développer ou d'investir en Russie ? En dehors du fait que ce sont deux villes magnifiques, ce sont des villes à haut potentiel également. Je pense que c'est effectivement l'endroit où il fallait aller. Y a-t-il un échéancier prévu par rapport à cela ? Je ne veux pas passer sous silence, le constructeur automobile Maroussia. Il paraît que pour les dames, ce monsieur est une coqueluche à la télévision russe. Je ne sais pas s'il vous a fait le même effet. Puisque vous l'avez rencontré, qu'en est-il de cet investissement ? Francorchamps va-t-il trouver une porte d'appui ou est-ce la Russie qui trouve, à travers Francorchamps, une porte d'appui ? Je regarde mon ami Serge Kubla, il aurait été précurseur en la matière en pensant déjà que les russes pourraient revenir ici.

Mouyard (MR). Je ne sais pas qui préside.

Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. C'est M. Noiret.

Mouyard (MR). M. le Président, on pourrait peut-être joindre ma question à celle-ci.

le Président. Si vous aviez écouté, Monsieur Mouyard, vous auriez entendu que les deux questions étaient jointes.

Mouyard (MR). J ai été fort distrait, Monsieur le Président.

le Président.
Mais il n y a pas de problème. Vous avez encore ce droit-là. Il n y a pas de problème. La parole est à M. Mouyard pour poser sa question.

Mouyard (MR). Merci Monsieur le Président. Monsieur le Ministre, lors de cette mission économique en Russie, je pense que c était le 4 avril dernier vous avez rencontré, à Moscou, les dirigeants de la société Marussia, notamment le patron, et je viens d apprendre qu il est fort apprécié en Russie. Les articles de presse font état du fait que la Région wallonne est en discussion avec ce constructeur de voitures de sport russes. Il serait intéressé, en tout cas la société serait intéressée de venir s établir en Belgique pour faire un centre d assemblage en collaboration avec des soustraitants locaux et même avec l Université de Liège parce que l idée serait de fabriquer une voiture de sport électrique. Évidemment, au-delà de l aspect innovant, de l implantation, de la création d emplois, il y a un autre aspect plus symbolique : la firme Marussia est également la nouvelle propriétaire ou, en tout cas, l actionnaire principal de l ancienne écurie « Virgin » qui a d ailleurs été rebaptisée « Marussia Virgin Racing » et notre seul pilote de Formule 1, Jérôme d Ambrosio, court pour cette écurie. J aimerais que vous puissiez plus spécifiquement faire le point sur ce contact et aussi de savoir si cette société a des exigences bien spécifiques quant au fait de venir s implanter sur notre territoire.

le Président. La parole est à M. le Ministre Marcourt.

Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Monsieur le Président, Messieurs les Députés, la mission économique qui s'est tenue au début du mois d'avril est la troisième mission princière en Russie, après celles qui se sont déroulées en 2001 et 2006. Deux cent seize entreprises ont participé à cette mission, dont 42 wallonnes, la plupart actives dans les secteurs de la construction, des sciences du vivant et de la logistique. Il s'agissait, en termes de nombre de participants, de la deuxième mission économique princière la plus importante, après celle qui s'est déroulée en Chine en 2007. Il semble que celle de juin aux États- Unis va battre tous les records C'est là un signe indéniable de l'intérêt de plus en plus grandissant de nos entrepreneurs pour l exportation, ici pour la Russie, alors que, il y a encore peu de temps, la Russie montrait des signes plus difficiles pour être pénétrée. Je n ai pas été à Saint-Pétersbourg, je le regrette car c est une très jolie ville dans laquelle je suis allé, il y a trois ans. Je me suis arrêté à Moscou, mais les entreprises et l AWEX évidemment ont accompagné le Prince à Saint-Pétersbourg. Aujourd'hui, la Russie est un pays continent extrêmement important puisqu elle a des ressources naturelles parmi les plus importantes au monde. D ailleurs, quand on voit les revenus de la Russie, deux tiers de ses revenus viennent des produits fossiles. C est d ailleurs un des projets aujourd'hui de la Russie de transformer ces produits avant de les exporter, avec une population de 142 millions d'habitants, un territoire immense 559 fois la Belgique et une croissance économique importante. La candidature de la Russie est toujours pendante à l'OMC. On espère toujours y arriver, mais ce n est pas encore tout à fait gagné. Depuis le début des années 2000, les exportations wallonnes vers la Russie sont en progression constante, à l exception notable de l'année 2009 où, dans les pays BRIC, la Russie a été la plus impactée. Je pense que la raison est aussi le fait que, comme la Russie exporte beaucoup vers l Europe occidentale et que l Europe occidentale a vraiment vécu la crise, on a importé moins de gaz, moins de pétrole et donc, la Russie a vu ses recettes diminuer. Pour l'année 2010, on remarque une consolidation de nos chiffres à l'exportation avec une croissance de 27 %, soit près de 300 millions d euros de chiffre à l'exportation vers la Russie. Ces chiffres portent désormais ce marché au 15e rang des partenaires commerciaux de la Wallonie, soit le 2e pays BRIC après la Chine. Lors de cette mission, nous avons pu consolider nos relations avec la Russie et la Ville de Moscou, en rencontrant notamment, le Vice-Premier Ministre, les ministres du développement économique et de l'industrie ainsi que le maire de Moscou. Nos entreprises ont pu assister à ces rencontres, et d'autres, où elles ont pu parler de leurs projets, notamment, il faut savoir que les pensions complémentaires et légales sont très faibles. Les pensions sont organisées par les grands distributeurs. Donc, la Ville de Moscou, qui compte dix millions d habitants et qui a un personnel extrêmement important, organise son propre système de santé, et donc décide quel médicament elle rembourse, avec quel taux. Vous qui êtes pointu sur un certain nombre de choses, je sais que cela peut vous intéresser. Ensuite, j'ai participé à une session de travail au Centre d'innovation Skolkovo, projet initié par le Président Dimitri Medvedev qui a l'intention de faire du sud-ouest de Moscou une nouvelle « Silicon Valley » dans les années à venir. C est vraiment un incubateur où manifestement il y a la volonté d avoir un outil technologique extrêmement fort et dans lequel certaines de nos entreprises pourraient s investir parce que, manifestement, ce sera aussi une des clés d entrée pour le marché russe. Le comité directeur de ce centre est encore à la recherche de partenaires privés, mais a déjà réussi à attirer des groupes tels que Boeing, Siemens, Nokia, Cisco. Plusieurs de nos entreprises pourraient être intéressées par une entrée dans ces éléments. Lors du séminaire « Solutions belges innovantes pour sauver des vies », j'ai rappelé l'expertise et le leadership que notre pays a développé en matière de sciences du vivant. A l'occasion du 10e anniversaire de la participation belge au Salon Mosbuild, qui est l'un des plus gros salon de construction européen voire mondial, j'ai introduit le séminaire portant sur la construction durable, en insistant sur le savoir-faire que la Belgique a acquis dans le domaine de la chimie et de la construction écologique. Par ailleurs, dans le cadre de son plan d'extension en Russie, j'ai visité l'usine de production de NMC au sud de Moscou. C est très intéressant de voir comment une PME wallonne entre dans un marché tel que la Russie et grandit et développe ses activités et en fait aujourd'hui un de ses potentiels de croissance. Je pense que, pour d autres entreprises, que ce soit dans ce secteur là ou dans d autres, c est un élément tout à fait important. J'ai également inauguré les nouveaux bureaux du groupe UCB à Moscou, qui comptent à présent 200 employés. La Russie représente un grand potentiel pour le développement des entreprises actives dans le secteur de la biopharmaceutique, notamment parce que le Gouvernement russe a décidé de lancer une réforme structurelle en matière de santé en 2008. Des contrats ont été signés. Sur les 11 signatures de MoU à Moscou, six de celles-ci concernaient des entreprises wallonnes. Et on devrait ajouter un septième parce que les cidreries Stassen ont signé un énorme contrat, mais n ont pas pu être intégrées dans la signature officielle. Les cidreries Stassen qui sont redevenues wallonnes, M. Jeholet le sait bien, après être passées sous pavillon étranger et ont des plans de développement extrêmement importants. UCB a ainsi signé un accord de partenariat avec Binnopharm pour la production locale des produits ainsi que l'accès au marché. Prayon a conclu un accord important de prolongation de fournitures. Vous le savez, pour Prayon pouvoir avoir accès aux phosphates. Le paradoxe est que Prayon appartient à cinquante/cinquante entre la SRI et l Office chérifien des phosphates, mais le phosphate marocain ne convient pas pour l usine d Engis. Il faut donc trouver d autres produits et nous les trouvons en Russie, et en échange, il y a eu un transfert de technologies. IBA, chaque fois que nous allons à l étranger pour l instant, je dirai qu on a beaucoup d accords avec IBA. Non seulement il y a la volonté d y implanter des outils, mais aussi une collaboration avec l Institut de recherches nucléaires russe. L'entreprise Lhoist a aussi lancé un très grand marché pour un gisement et a fait un partenariat industriel avec une entreprise russe. MITRA Innovations a signé un MoU avec la Sber Bank Leasing pour la mise à disposition de l'une de ses technologies les plus importantes, tandis que la Brasserie d'Ecaussines va presque doubler son volume d exportations en pénétrant le marché russe. (Mme Bertouille, Présidente, reprend place au fauteuil présidentiel) Il y a aussi Samtech qui a fait un certain nombre d éléments. Globalement, sur tous les MoU signés en Russie, la Wallonie représente 50 %. Je pense que c est un signe encourageant à cet égard. Enfin, pour ce qui concerne le groupe russe Marussia, je les ai rencontrés une fois plus discrètement en Belgique. Si j avais su tout l intérêt que cela suscitait, j aurais fait rencontrer MM . Crucke et Nikolai Fomenko, ancienne vedette de la télévision russe. La professeur que je rencontrais l après-midi m a dit que quand elle avait indiqué à ses étudiants le matin qu elle voyait M. Fomenko, les états dont vous parliez il y a quelques instants, s étaient, semblent-t-ils révélés. L impression sur moi a été autre. (Réaction de M. Crucke) Il est clair que Marussia développe aujourd'hui des voitures de sport en petite série. Cela reste un artisan, mais je dirais, dans ces métiers du haut de gamme, ils vendent aujourd'hui partout dans le monde. Je dirais que les États-Unis et le Moyen- Orient sont parmi leurs principaux clients, mais ils souhaitent avoir accès à d'autres technologies et donc, sont intéressés effectivement par le sport automobile et la proximité du circuit de Spa- Francorchamps leur parle. Comme vous l'avez dit, ils sont devenus actionnaires majoritaires je ne connais pas exactement les conventions de la nouvelle écurie de Formule 1, qui est celle de Jerôme d'Ambrosio. Nous avons mis en place des groupes de travail , non seulement pour voir avec eux s'il est possible, et si oui, dans quelles conditions, d'assembler, en Wallonie, les véhicules actuellement designés, mais aussi de réfléchir sur des véhicules haute gamme qui pourraient être à motorisation électrique. Or là, nous avons aussi, comme vous le savez, avec Green Propulsion, l'Université de Liège et d'autres acteurs, un savoir-faire, puisque Green Propulsion relance aujourd'hui une marque qui a été mythique, qui l'est encore pour les gens de notre âge, peut-être pas pour M. Mouyard qui n'a pas la chance d'avoir le nôtre comme Impéria. J'ai vu récemment le modèle Impéria qui est magnifique et qui permettrait peut-être de trouver des accords. Tout cela est encore aujourd'hui à l'état de projets, mais des groupes de travail sont réalisés et, comme je l'ai indiqué lors de cette visite, malgré le côté enthousiaste des uns et des autres, tant que ce n'est pas signé, ce n'est pas fait. Cependant, des contacts sont sérieux et il y a une vraie volonté de venir en Europe occidentale, le cas échéant, chez nous, mais, tant que ce n'est pas fini, je ne crierai pas victoire. Voilà, Madame la Présidente, car si j'ai bien compris, M. Noiret vous a implicitement cédé la présidence par votre entrée en séance.

la Présidente. Vous savez qu'il suffit que j'apparaisse. La parole est à M. Crucke.

Crucke (MR). Je remercie M. le Ministre qui confirme les échos extrêmement positifs de cette mission princière et d'autant plus positifs que, pour la Wallonie, l'on peut dire que le travail qui a été fait est un travail bien fait, qui, sans aucun doute, aura une répercussion. Depuis longtemps, je pense que la Russie est un pays intéressant et pas seulement pour des origines familiales, que les choses soient claires. Mais, même si on sait qu'il y a encore toujours ce problème des droits de l'homme qui continue à perturber parfois certaines relations, je pense que sur un plan économique, les pays de l'Europe de l'ouest ont vraiment intérêt à voir dans un pays comme la Russie, certes qui reste un pays de l'est, non pas seulement une opportunité de travail et l'idée d'entreprendre, mais aussi l'opportunité de croître. Nous avons bien besoin des uns et des autres et inversément. C'est vraiment du win win qui peut se faire à cet égard-là. Vous savez Monsieur le Ministre, vous parliez tout à l'heure des produits pharmaceutiques, la Belgique a une énorme aura en Russie depuis que que nous avons soigné, en autres, un oligarque russe qui était brûlé assez gravement et qui était venu en Belgique pendant plusieurs mois pour se faire soigner. C'est aussi une des manières dont on est connu. Ce n'est pas par hasard. Il faut savoir que les produits pharmaceutiques sont des produits qui peuvent ouvrir et transpercer le marché. J'espère évidemment que le projet qui apparaît tout le temps, qui est le plus visible car il est lié à la compétition automobile, encore qu'il s'agisse d'un véhicule électrique, aboutira et que ce sera la cerise sur le gâteau de cette mission.

la Présidente. La parole est à M. Mouyard.

Mouyard (MR). Je remercie Monsieur le Ministre pour ses explications sur le contact avec Marussia. J'entends qu'il y aurait des groupes de travail qui sont en train de plancher sur le projet et de voir s'il y a une possibilité. Je me permettrai, ultérieurement, de revenir vers vous pour voir s'il y a des avancées à ce sujet-là. Simplement, vous vous souviendrez que lorsque l'on a parlé d'une faillite j'hésite sur le nom, je pense que c'est Cartomills, c'était à Mettet, je vous avais dit : « c'est un site qui est amené à disparaître, il y a le circuit permanent, on pourrait faire de Mettet un pôle d'attraction qui tourne autour de l'automobile, et caetera ». Cela peut être également une idée parce que à Spa-Francorchamps, on n'est pas dû tout dans la même catégorie de circuit, mais c'est pas un circuit permanent. De plus, il y a de la place. Voilà, je me permets une réflexion comme cela. Je viens de penser à cela

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