mardi 10 mai 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre ANTOINE sur "Judo belge au tapis"

Jean-Luc Crucke (MR). – Je pense que l’on peut être inquiet quant aux performances du judo belge à Istanbul dans le cadre des championnats d’Europe, particulièrement eu égard aux prochains Jeux Olympiques. Nous sommes manifestement loin de renouer avec notre brillant passé. Quel est donc votre sentiment sur l’avenir du judo belge, et surtout du judo francophone ? Que manque-t-il à ce sport pour retrouver ses lettres de noblesse ? Quels sont les moyens octroyés et les objectifs fixés dans la perspective des prochains JO ? Quelle est votre position face au travail réalisé par les dirigeants de la Fédération belge de judo ? Ai-je raison d’être pessimiste ou l’un ou l’autre élément me permet-il de garder espoir ? Quoi qu’il en soit, je considère que, pour l’instant, c’est la Bérézina. . .

André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – Après ses domaines de prédilection que sont le cyclisme, le hockey et le football, voici que M. Crucke m’interroge sur le judo, dans l’attente d’autres disciplines qui feront elles aussi l’objet de questions dans le futur. . . D’un point de vue général, force est de constater que l’internationalisation du judo – je fais allusion aux pays émergents de l’ex-bloc de l’Est – et l’évolution des règles imposées par la fédération internationale (classement et catégorisation des tournois) ont profondément modifié le paysage sportif de cette discipline. La Ligue belge francophone de judo regorge de talents. J’ai ainsi eu l’occasion de rencontrer Charline Van Snick le mois dernier. Il en va de même pour Joachim Bottieau. Tous deux sont actuellement les fers de lance et sont toujours en lice pour une sélection olympique à Londres. Cette sélection sera arrêtée en avril 2012 : top 22 au classement mondial masculin et top 14 au classement féminin. Par ailleurs, Lola Mansour, Toma Nikivorof ou encore Anne-Sophie Jura annoncent la relève. En 2006, nous comptions 256 clubs et 13 686 licenciés et le montant total des subventions s’élevait à 439 697 euros. En 2010, nous comptions 239 clubs et 11 475 licenciés, alors que les subventions atteignaient 690 675 euros. On ne peut donc pas me reprocher de ne pas avoir massivement soutenu cette discipline. Mon administration a rencontré les dirigeants de la fédération à l’occasion de l’élaboration de leur plan-programme 2011 et dans le cadre de leur analyse AFOM (Atouts Faiblesses Opportunités Menaces). La fédération s’est fixé pour cette année les objectifs suivants : favoriser la concurrence et le développement du potentiel pour les entraînements nationaux et francophones ; accroître les possibilités de développer un volume d’entraînement de proximité, avec des entraînements régionaux sur trois zones ; favoriser le travail de proximité ; développer la relation avec les clubs d’élites ; développer le projet Be Gold ; détection et perfectionnement pour les catégories U13-U15 ; développer un cahier des charges pour un centre permanent « sport-études » établi en contact avec les fédérations sportives scolaires. La fédération a procédé à l’engagement d’un nouveau directeur administratif et va entamer une analyse AFOM interne. Les constats suivants ressortent de celle qui a été réalisée de commun accord avec l’administration : érosion du nombre de membres, difficulté de fédérer les clubs et instabilité structurelle. Une évaluation sportive intermédiaire sur les modus operandi développés par la fédération et l’analyse des résultats sont prévues le 16 mai entre la direction technique et le service « vie fédérale » de l’administration. Vous constaterez que nous sommes attentifs à l’évolution du judo et que les moyens budgétaires dont dispose cette discipline sont plus importants qu’auparavant. Nous devons cependant également constater une certaine désaffection envers ce sport. L’administration m’a aussi indiqué que la diversité des arts martiaux amène un nombre croissant de jeunes à s’inscrire dans d’autres disciplines, comme le taekwondo, qui connaissent un succès grandissant ces derniers mois.

Jean-Luc Crucke (MR). – Mes questions ne visent pas toujours à vous faire des reproches, monsieur le ministre, mais bien à vous demander des informations. Quand je lis des articles de presse et que j’estime ne pas avoir été suffisamment informé, je vous interroge. Il est assez logique d’évoquer l’internationalisation. On constate cependant que les grandes nations du judo, dont notre pays faisait partie, le sont restées. Ce n’est plus le cas de la Belgique, tant du côté francophone que du côté néerlandophone. Les chiffres que vous avez cités doivent retenir votre attention. Vous persistez à aider le judo de manière substantielle mais ce sport a perdu dix pour cent de ses clubs et quinze pour cent de ses affiliés en moins de cinq ans. Une fédération faisant état d’un tel bilan doit sérieusement se remettre en cause. Vous disposerez le 16 mai de l’analyse de la fédération et de l’administration. J’espère qu’on y retrouvera certains éléments permettant d’être optimistes pour le futur. Cela dit, les chiffres actuels me semblent réellement inquiétants.

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