mardi 10 mai 2005

Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre MARCOURT sur "la crise dans l'industrie textile"

la Présidente. L'ordre du jour appelle la question orale de M. Crucke à M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles, sur « la crise dans l'industrie textile ». La parole est à M. Crucke pour poser sa question.

Crucke (MR). Madame la Présidente, Monsieur le Ministre, chers collègues, j'ai envie de dire une crise qui persiste depuis de nombreuses années et on connaît les causes évidemment avec les salaires qui sont, dans d'autres pays, nettement moins élevés. Récemment Fedustria faisait un peu le point sur le dossier et rappelait que 2008-2009 avait été une année extrêmement noire : 27 % des chiffres d'affaires en moins. En 2010, on avait récupéré 5 %, mais on est encore loin de ce que cela a été, pour autant qu'un jour cela puisse encore revenir aux performances du passé. Il y a évidemment les salaires, il y a les coûts de l'énergie qui sont liés à la production, mais en ce qui concerne la Wallonie, c'est essentiellement deux bassins qui restent concernés : Verviers et le Tournaisis. On garde, par une tradition, des entreprises textiles. Monsieur le Ministre, je voulais faire le point avec vous par rapport à ce secteur. Qu'avez-vous comme information aujourd'hui sur ce secteur ? Est-ce qu'il y a une pérennisation du secteur qui est entamée, qui est donc possible ? Y a-t-il des activités, des marchés particuliers qui ont été ciblés ? Je me souviens d'un plan qui avait été mené dans le nord de la France sur des niches sur le plan textile et qui a fonctionné, qui fonctionne encore, il ne faut pas le mettre au passé, mais on a vraiment reciblé le textile, on l'a réorienté dans des marchés de niches. Je revenais à un débat que nous avions déjà eu, j'ai envie de dire, en novembre 2005 où vous évoquiez la possibilité d'un cluster textile. A ma connaissance, ce cluster n'a pas vu le jour. Je suppose donc que c'est resté à l'état d'idée, mais il y a sans doute des raisons pour lesquelles cela n'a pas vu le jour. Qu'en est-il ? Est-ce que, réellement, il n'y a pas matière, dans le textile comme ailleurs, à tenter de faire travailler les entreprises ensemble pour peutêtre justement leur permettre de mieux progresser ?

la Présidente. La parole est à M. le Ministre Marcourt.

Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Madame la Présidente, Monsieur le Député, en 2009, Fedustria comptait quelque 450 entreprises membres dans ce secteur, entreprises qui font partie de cinq groupes différents : textile d'intérieur ; textile d'habillement ; textiles techniques ; ennoblissement textile ; filatures. Ces dernières années, l'industrie textile belge a perdu plus d'un quart de son volume de production en deux ans, 2008 et 2009, et ce, en raison de la crise. En 2010, 5 % environ du volume de production a pu être récupéré, ce qui à ce stade ne constitue qu'une compensation partielle des pertes encourues. En effet, le volume de production textile se situe en moyenne encore 21 % en dessous de celui de 2007. D'un point de vue de la confiance des entrepreneurs du secteur textile, il ressort des enquêtes de conjoncture de la Banque Nationale que la courbe a recouvré un niveau acceptable, sans avoir cependant atteint le niveau qui était celui d'avant crise. Pour ce qui concerne le chiffre d'affaires, après avoir enregistré une perte de près de 2,1 milliards d'euros pendant cette période, il a augmenté de 7 % en 2010, mais il faut évidemment tenir compte du fait que l'augmentation du chiffre d'affaires tient compte de l'augmentation des prix. De ce fait, il se situe toujours aujourd'hui à 22 % par rapport à celui qui était le sien avant la crise. Des trois grands segments d'application, ce sont les textiles techniques qui ont connu la meilleure évolution : + 15,9 %. De même, le textile d'habillement a connu une année 2010 relativement satisfaisante. Toutefois, l'activité la plus faible a été attribuée au segment « textiles d'intérieur » où domine le secteur des tapis, qui est le segment de produits principal. Environ 79 % de la production textile belge est exportée. La hausse des exportations pour 2010 peut être estimée à plus ou moins 6,5 %. Les exportations ont raisonnablement augmenté dans les trois segments d'application importants, tant le textile d'intérieur, les tissus d'habillement que les textiles techniques. Le marché de l'Union européenne représente 88 % environ de l'ensemble des exportations textiles belges. La France constitue le principal marché. Les livraisons textiles belges y ont progressé de 5,1 %. Les exportations textiles vers l'Allemagne ont augmenté de 16,4 %, c'est le deuxième marché pour nous. Le Royaume-Uni, le troisième, a une nouvelle fois acheté moins de textile belge (- 1,8 %). Durant les neuf premiers mois de 2010, les importations textiles en Belgique ont augmenté de 3,9 % en valeur. Avec une part de 13,8 %, la Chine demeure le deuxième fournisseur principal de textile sur notre marché. L'Allemagne conserve, pour l'instant, la première place avec une part de 15,6 %. À la mi-2010, l'emploi dans le textile s'élevait à 24 224 personnes, ce qui était 19,3 % de moins par rapport à la mi-2008. Sur l'année 2010, le chômage temporaire, avec 10,9 %, se situe sous le niveau de 2009 (15,7 %), mais reste à un niveau plus élevé qu'avant la crise (7,2 % en 2007). Pour ce qui concerne l'intervention de la Région dans les entreprises du secteur textile, la SOGEPA a, à ma demande, réalisé une note sur la situation du secteur. Le futur de ce secteur repose désormais sur l'innovation, tant au niveau de la création que de la technologie, et la mise en uvre d'une stratégie de consolidation afin de permettre une rationalisation des parcs machines et une optimalisation des différents services grâce à la mise en uvre des synergies indispensables. La plupart des entreprises textiles ont d'ailleurs résolument opté pour la voie de l'innovation. On assiste à cet égard depuis fin 2009, début 2010, à certains rapprochements qui devraient permettre aux groupes ainsi constitués de maintenir, voire de consolider leur place dans ce secteur, par exemple : Balta-Domo. Je souhaite également souligner les différentes interventions de la région dans ce secteur et notamment l'octroi, en 2009, d'un prêt à Bruphils à hauteur de 250 000 euros, ainsi que l'octroi d'un prêt à DPF à hauteur de 400 000 euros. Enfin, l'entreprise Vanoutryve a également sollicité la région. Depuis lors, des contacts réguliers se sont tenus entre l'entreprise, mon cabinet et la SOGEPA, mais aujourd'hui, ce dossier n'est toujours pas finalisé. Je voudrais terminer en indiquant, sur votre dernière question des clusters que je suis toujours ouvert à le faire, mais qu'il faut vraiment qu'il y ait une dynamique qui vienne des entreprises. Ca ne peut pas être quelque chose que l'on greffe. On peut l'animer, ne fusse que s'il y a une marque embryonnaire d'intérêt, mais il faut vraiment que les entreprises disent : « c'est quelque chose qui nous intéresse », alors je répondrais présent.

la Présidente. La parole est à M. Crucke.

Crucke (MR). Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Les chiffres de l'année prouvent que le secteur continue à être un secteur si pas en difficulté, à être malgré tout relativement malade, mais il y a quand même une lueur d'espoir dans ce que vous avez exprimé : c'est les chiffres à l'exportation et à l'exportation proche qui sont en augmentation. Il ne faut pas se leurrer, on ne va pas pouvoir exporter beaucoup plus loin. Cela veut dire qu'il ne faut renverser les logiques, on n'ira pas exporter en Chine, encore que je pense qu'il faut vraiment insister sur un certain nombre de niches, on pourrait être leader. Cependant, je fais le lien avec votre dernière remarque, c'est un milieu que je connais bien, le textile, c'est un peu le principe « aide-toi et le ciel t'aidera ». Souvent, on a à faire à un milieu très individualiste où le concurrent est souvent considéré comme étant celui qui vient pêcher l'idée pour peut-être en tirer le profit. Je pense qu'il faut, comme ailleurs, une évolution des mentalités pour se dire que c'est sans doute à travers de nouvelles méthodologies de travail et de recherches que ce textile pourrait continuer à avoir ses lettres de noblesse chez nous.

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