Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre SIMONET sur "le remplacement d'un enseignant en immersion"
M. Jean-Luc Crucke (MR). – La pénurie d’enseignants est un problème évoqué régulièrement en commission. Elle entraîne l’impossibilité pour les pouvoirs organisateurs de pourvoir au remplacement des professeurs native speakers dans l’enseignement en immersion par des enseignants possédant les titres requis ou suffisants. La circulaire 2 770 du 25 juin 2009 autorise le cas échéant l’école à faire une déclaration de suspension de l’immersion linguistique et à engager, fût-ce provisoirement, un enseignant francophone. L’administration a-t-elle depuis reçu des déclarations de suspension et si oui, combien ? Le choix pédagogique de l’immersion permet à l’enfant de pratiquer une langue étrangère. Quelles solutions envisagez-vous pour recourir le moins possible aux suspensions et maintenir le continuum pédagogique immersif ? Avez-vous abordé cette question au cours de votre dernière rencontre avec votre homologue flamand ? Des avancées peuvent-elles être attendues pour l’échange d’enseignants entre Communautés pour faire face à
cette pénurie ? J’imagine que nos voisins du Nord connaissent les mêmes problèmes.
Mme Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement obligatoire et de promotion sociale.– Cette question est liée au succès de l’immersion et de l’enseignement plus précoce d’une langue étrangère. La pénurie existe et la question centrale concerne la manière d’y faire face. Le manque d’enseignants en langues s’inscrit dans ce contexte général, mais l’immersion est plus délicate car elle nécessite des savoir-faire spécifiques. La Déclaration de politique communautaire
évoque largement la problématique de la pénurie d’enseignants et surtout les pistes que j’aimerais mettre en place sous cette législature. Il faut d’abord augmenter l’attractivité de cette profession.
Je suis convaincue que l’important effort budgétaire consenti pour augmenter l’encadrement de l’enseignement différencié améliorera les conditions de travail des professeurs et attirera de nouveaux candidats. Ensuite, les titres et fonctions posent problème depuis des dizaines d’années. J’ai l’intention de mener à bien ce vaste chantier. Bien qu’il n’éradiquera pas la pénurie, il l’atténuera. M. Smet m’a précisé que la Communauté flamande connaissait la même déperdition d’enseignants pour les cinq premières années. Nous sommes tous deux convaincus qu’il faut renforcer les échanges d’enseignants entre les deux Communautés. J’en viens plus précisément à la pénurie d’enseignants native speakers. La circulaire du 25 juin 2009 permet effectivement aux établissements de suspendre provisoirement l’immersion en cas d’absence d’un tel professeur et de le remplacer par un francophone. Ce n’est pas l’idéal mais c’est mieux qu’une classe en déshérence. L’objectif premier de l’enseignement est la maîtrise des compétences. Pour ce faire, il est impérieux d’assurer les cours. Pour répondre à votre question portant sur le nombre de suspensions d’immersion, d’après les éléments qui m’ont été fournis par l’administration et les inspections générales du fondamental et du secondaire, aucun établissement n’a dû y recourir depuis le début de cette année scolaire. Rappelons que la rémunération d’un intérimaire est subordonnée à l’envoi d’une notification aux autorités que je viens de citer. Cela ne doit pas nous empêcher de multiplier les collaborations avec les autres Communautés.
J’ai évoqué avec mon collègue flamand Pascal Smet la question des projets pilotes. Le 27 mai 2009, un accord visant à mettre en place des échanges temporaires d’enseignants, entre autres,dans l’enseignement obligatoire a été conclu entre les trois communautés. Actuellement, onze accords de partenariat ont été signés avec la Communauté flamande. Lors de mon entrevue avec le ministre Smet, il a été convenu de faire évaluer le processus en fin d’année scolaire par un groupe rassemblant les cabinets et administrations des deux communautés afin d’essayer d’augmenter le nombre de ces accords. Le but est d’établir une trentaine de partenariats impliquant soixante écoles.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Le fait que la Flandre soit elle-même en pénurie ne facilite pas les projets d’immersion. Quant au nombre de suspensions, je puis vous affirmer qu’il n’est pas nul. Il faudrait peut-être attirer à nouveau l’attention des pouvoirs organisateurs sur l’obligation de déclarer une suspension. La circulaire est claire sur ce point : la rémunération de l’enseignant remplaçant est liée à cette déclaration. À défaut d’une démarche de ce type, je crains quelque mauvaise surprise pour certains établissements. Je pense également qu’il faut multiplier autant que faire se peut les accords de collaboration.
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