Question orale de Jean-Luc CRUCKE au Ministre André ANTOINE, sur "Comité Olympique et Interfédéral belge (COIB) et paysage institutionnel du pays"
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Lors de la conférence de presse du 26 janvier, M. Pierre-Olivier Beckers, président du COIB a souligné le caractère fructueux de la réunion qui regroupait les trois ministres des sports, MmeWeykmans,M. Antoine et M. Muyters. Il a également salué l’accord conclu par les parties. J’aimerais en savoir plus sur le processus de travail qui a été défini, les groupes et les accords. La question du bi-communautarisme a-t-elle été soulevée ? Dans ce cas, est-ce que cela ne contrarie pas le projet de développement du centre unique en Communauté française ? Comment concilier ce projet avec les ambitions du COIB qui s’occupe du sport de haut niveau ?
M. André Antoine, vice-président et ministre du Budget, des Finances et des Sports. – Je remercie M. Crucke de son intérêt pour ce dossier.
Notre politique sportive a quelque peu souffert de divisions, d’oppositions et d’approches différentes.
Les délégations au plus haut niveau n’ont pas toujours été l’unisson et n’ont pas toujours conjugué leurs moyens. Rien ne nous empêche de travailler ensemble dans le respect des compétences communautaires voire régionales. Il a fallu un peu de temps pour que tout le monde se connaisse, mais c’est le cas aujourd’hui. Au nom du COIB, M. Becker a présenté la délégation de Vancouver au cours d’une conférence de presse. Cette délégation a d’ailleurs une valeur historique. En effet, depuis 1948, nos athlètes n’ont jamais été aussi nombreux : dix dont deux francophones. Il est vrai qu’un francophone est d’origine néerlandophone, mais il a quand même été formé en Wallonie. Ses parents m’ont d’ailleurs remercié lors de la cérémonie des Mérites sportifs à Mons. Je crois que leur intérêt pour la Communauté française ne souffre pas de discussion.
Comme l’a souligné M. Becker, la rencontre était historique puisque, sur ces 20 dernières années, depuis que le sport est communautarisé, les différents ministres ne se sont jamais réunis à l’invitation du COIB. Si c’est exact, c’est de bon augure pour la suite puisque nous étions tous présents au rendez-vous. Quelles que soient nos appartenances politiques, les majorités ou les communautés, nous avons une réelle volonté d’oeuvrer ensemble. Il s’agit donc plus d’une alliance des communautés que d’une quelconque forme de renationalisation. Nous avons convenu de nous rencontrer très rapidement pour structurer les relations entre le COIB et les communautés. C’est un sujet sensible car nos amis flamands voudraient que les fédérations flamandes soient mieux représentées au COIB, alors que, par nature, ce dernier oeuvre au niveau national et est le correspondant attitré au niveau international. Pour notre part, nous avons l’obligation constitutionnelle de travailler sur une base communautaire. Nous allons donc tenter de mieux articuler le travail de nos fédérations, celui des fédérations nationales qui existent encore et le COIB. Ce dernier a d’ailleurs fait part de ses souhaits pour l’avenir. C’est une bonne base de travail. Tous les ministres présents ont réaffirmé leur volonté de travailler au sport d’élite. C’est évidemment ce qui intéresse le plus le COIB, même si, pour nous, la pratique sportive et la formation priment sur l’élite sportive. La formation des jeunes cyclistes en est l’illustration. Le COIB, s’est montré très heureux qu’à défaut d’un centre national, on puisse mettre sur pied un centre de la Communauté française. Le viceprésident du COIB a d’ailleurs beaucoup plaidé en ce sens.
Le troisième thème concerne l’emploi et le sport. La question est la suivante : comment, à l’instar de ce qui est fait pour le Centre cycliste francophone, utiliser nos leviers régionaux de l’emploi pour débarrasser nos jeunes espoirs d’élite des soucis matériels afin qu’ils puissent progresser dans leur carrière ? Nous avons décidé d’augmenter les contrats pour autant que nous ayons des sportifs à promouvoir. En effet, il ne s’agit pas de créer de l’emploi mais bien des conditions favorables à l’amélioration des performances sportives.
Quatrième élément : je souhaite impliquer le COIB dans les compétitions sportives scolaires. Certaines fédérations sportives scolaires datent d’une époque où les réseaux s’affrontaient ailleurs que sur les terrains sportifs. Il serait intéressant de mieux structurer ces compétitions pour susciter l’émulation tout en promouvant les valeurs sportives reprises dans la charte de Coubertin : fairplay,
tolérance et respect. Je voudrais donc que ces compétitions se fassent sous l’étendard du COIB.
On pourrait envisager qu’elles aient lieu une année à l’échelle de la Communauté française et l’autre année, entre Communautés. Mme Weykmans, M. Muyters et le COIB lui-même ont compris l’intérêt d’impliquer ce dernier à la pratique et à la formation sportives. Ce projet fera l’objet d’un groupe de travail très prochainement. Par ailleurs, nous avons tenté de rapprocher les points de vue communautaires dans la lutte contre le dopage. J’ai demandé au COIB qu’il le
fasse dans une optique sportive et non pas politique. Vous connaissez le problème du whereabouts de l’AMA. En Communauté française, l’Adeps possède une plate-forme sportive que je viens de présenter à toutes les fédérations au moulin de Beez. Nous espérons pouvoir la présenter et la « vendre » à d’autres fédérations, car son utilisation est beaucoup plus simple que le système de l’AMA et offre davantage de garanties de confidentialité et de respect de la vie privée. Généralement, le décret précède l’outil informatique. Le nôtre est prêt avant le décret, ce qui est rare. Je suppose que les germanophones vont calquer leur position sur la nôtre. Les désaccords
se situent plutôt entre Communauté française et Communauté flamande, notamment sur la plateforme et le recours. La Communauté flamande épouse plutôt le modèle « AMA », contrairement à nous. Enregistrer les espoirs et les sportifs nationaux dans ce système qui ne les intègre pas dans son classement produira des centaines d’utilisateurs dont la plupart ignorent le maniement. Le décret sera proposé au cours de cette année et fera l’objet de l’une de mes premières préoccupations en septembre. Tous les sujets ont été évoqués mais j’en ajouterai cependant un : les moyens financiers. À ce titre, je me permets de rappeler que, pour la première fois, la Communauté française a liquidé en un seul exercice, en 2009, la dotation destinée aux JO de Londres. Elle s’élève à 3,6 millions pour les francophones. La subvention des flamands quant à eux ne se chiffrait même pas à 2 millions, malgré l’évolution de leurs moyens. Je tiens à souligner ici notre large contribution et l’espoir du COIB de voir un geste plus significatif venir du côté du Nord. N’oublions pas que la grande majorité des sportifs qui vont participer aux JO est flamande. Cependant, l’heure étant à l’unisson dans le sport plutôt qu’à la division, je
n’aborderai pas les questions linguistiques.
M. Jean-Luc Crucke (MR). – Le COIB a en effet sa place dans le parcours sportif. Il joue non seulement un rôle de trait d’union, mais il a également un rôle incitatif et impulsif. Je retiens cette différence de moyens que j’ignorais. La logique aurait en effet voulu qu’il y ait une parité dans le financement. Je ne manquerai pas d’utiliser cette information ultérieurement.
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