mardi 10 avril 2007

"la difficulté de trouver du personnel le lundi de Pâques "

Chambre 09 Avril 2008. Question de M. Jean-Luc Crucke à la vice-première ministre et ministre de l'Emploi et de l'Égalité des chances sur la difficulté de trouver du personnel le lundi de Pâques.


10.04 Jean-Luc Crucke (MR): Monsieur le président, le dossier devrait être réglé dans le courant de cette année, étant donné que le lundi de Pâques vient de passer. Je vous rassure, la problématique ne vise pas uniquement le lundi de Pâques!
Le président: Si vous le souhaitez, on peut organiser des auditions pour l'année prochaine. Cela ne pose aucun problème!

10.05 Jean-Luc Crucke (MR): Nous verrons bien par la suite s'il y a lieu d'en organiser!
La problématique vise aussi un certain nombre de jours où la plupart des gens sont en congé – légitimement d'ailleurs – mais où d'autres travaillent. Il s'agit souvent d'indépendants ou leur personnel, de professions(boulangers, pâtissiers, restaurateurs, etc.) qui, lorsque d'autres s'amusent et se reposent, doivent travailler.
Madame la ministre, mon attention a été attirée par le communiqué du SNI, le Syndicat national des indépendants, qui dit éprouver de plus en plus de difficultés à recruter du personnel pour ces jours, pas uniquement le lundi de Pâques. C'est en soi un peu contradictoire avec les taux de chômage qui ne sont pas tous aussi bas qu'en Flandre. Or, certaines fonctions ne requièrent pas des BAC+5. C'est pourtant une réalité à laquelle sont confrontés les acteurs de terrain.
Certains employeurs préfèrent dès lors fermer ce jour-là pour éviter d'épuiser leur personnel. Ils craignent de voir leur personnel partir ailleurs et de tomber dans des pénuries. Je tente de suivre la logique; ce sont des logiques qui comportent beaucoup de contradictions. Et, la matière de l'Emploi comporte de nombreuses contradictions. C'est peut-être cela qui la rend intéressante dans son traitement!
Le recours aux étudiants est aussi possible mais, à certaines périodes, ceux-ci sont proches des examens et étudient pour réussir.
L'activation du chômage pour ces jours fériés ou certains week-ends se trouve confrontée à l'insuffisance d'offres, nonobstant les réalités que l'on connaît et qui sont traduites dans les chiffres que j'ai évoqués.
Madame la ministre, mes questions sont les suivantes. Une concertation est-elle en cours à ce propos avec le secteur? Le communiqué du Syndicat national des indépendants a-t-il donné lieu à une concertation?
Prendrez-vous en compte les inquiétudes légitimes soulevées par les indépendants et leur personnel? En effet, nous ne sommes pas dans un schéma employeur contre employé. C'est le milieu du travail en général qui en souffre.
Ce sont des cas où l'on pourrait répondre à ce qu'on appelle le "salaire poche" et qui rendraient parfois possibles ces revenus qui permettent un train de vie convenable. Madame la ministre, y a-t-il, dans vos cartables, des possibilités d'élargir cette offre, à savoir la masse de personnel disponible pour ces jours
particuliers dont les recettes sont importantes et qui font fonctionner l'économie du marché.
10.06 Joëlle Milquet, ministre: Monsieur le président, monsieur Crucke, je suis prête à rencontrer le syndicat pour aborder la problématique avec lui. Je suis très heureuse que nous parlions du lundi de Pâques et pas du 2 mai, ce qui viendra sans doute plus tard.
Le président: C'est la question suivante! Nous n'avons pas de question sur le 1er avril mais bien sur le 2 mai.
10.07 Joëlle Milquet, ministre: Il est évident que la problématique est réelle et il faut reconnaître que la législation belge par rapport aux jours fériés propose pas mal de souplesse. Le tout est de pouvoir utiliser cette souplesse à bon escient.
Je suis désireuse de respecter la concertation sociale, c'est d'ailleurs un souhait du gouvernement qui a été écrit à maintes reprises dans l'accord de gouvernement. Dès lors, si un débat doit avoir lieu à ce sujet, il doit se tenir au sein de la commission paritaire concernée.
En ce qui concerne l'offre de travail, on sait qu'il peut y avoir une attractivité liée aux rémunérations, puisque pour un jour férié, le salaire est plus important. On peut utiliser les contrats à durée déterminée ou les contrats de travail étudiants. Le lundi de Pâques, ces derniers ne sont pas encore en blocus. Lors du débat
que nous allons avoir, il conviendra de considérer s'il s'agit d'un secteur en pénurie de main-d'oeuvre. Nous evrons également parler de l'immigration économique par rapport à certains secteurs. Il y a donc là aussi une nouvelle offre de main-d'oeuvre qui va pouvoir être imaginée. Nous devrons avancer en discutant de ce
sujet avec les Communautés, les Régions et les partenaires sociaux, d'autant plus que ce dossier est couplé avec des avancées en matière de régularisations. C'est donc également une possibilité de réponse.
Fondamentalement, je crois qu'il revient aux partenaires sociaux de décider mais je suis toute prête à rencontrer le syndicat national, à entendre ses problèmes et à évoquer avec lui les différentes pistes les plus praticables pour solutionner cette problématique.
10.08 Jean-Luc Crucke (MR): Monsieur le président, je remercie la ministre.
J'entends sa réponse positive d'accepter la rencontre. C'est déjà un pas car c'est évidemment avec les acteurs que ce sujet doit pouvoir être débattu en premier chef.
Madame la ministre, je pense néanmoins que la problématique est tout à fait spécifique. On touche des jours particuliers, les jours fériés. On touche aussi à un besoin limité dans le temps en personnel. C'est un engagement très provisoire. J'ai vécu une expérience récemment que je vais relater ici. Je vais être très bref mais je pense que cela va intéresser la ministre de l'Emploi et les membres de la commission.
Dans toutes les communes, on est partout confronté au phénomène de jet des canettes le long des voiries. Il
n'y a pas que des canettes – je rassure les fabricants – mais il y en a aussi.
J'offrais la possibilité d'engager 20 demandeurs d'emploi pour une période de 8 à 15 jours, de préférence de
ma commune sur le territoire de laquelle on dénombre 400 chômeurs. Cela représentait donc 9%. Savezvous
combien ont posé leur candidature? 6! Ces 6 personnes vont travailler un mois. Tant mieux pour elles.
C'est un problème réel car il s'agit d'un besoin spécifique limité dans le temps. Je n'ai pas les moyens
d'engager – quand je dis "je", il s'agit de la commune évidemment – 20 personnes sur une année pour
réaliser ce travail. En revanche, on sait que c'est maintenant qu'il est préférable de le faire avant que les
herbes repoussent. 6 personnes se sont présentées. Je ne jette pas la pierre à ceux qui n'ont pas réagi. Je
me pose simplement la question et remercie les 6 qui sont venus. Leur travail est remarquable.
Pour la petite histoire – cela concerne le ministre pour le Développement durable –, ce travail représente
400 sacs poubelles ramassés en une semaine pour une commune de 11.000 hectares dont un quart a été
traité.
Telles sont les réalités de terrain. Je comprends le syndicat lorsqu'il pose cette question. On a intérêt à
ouvrir ce jour-là. Ce sont des bons jours; les recettes sont importantes. Forcément, les recettes fiscales à la
clé sont importantes aussi, or on finit par fermer car on ne trouve pas le personnel nécessaire. Je pense qu'il
y a une réflexion à entamer sur le sujet.
L'incident est clos.
Het incident is gesloten.

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